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Bulletin La Voix des Travailleurs de l’Hôpital Public

vendredi 16 janvier 2015, par Robert Paris

LA VOIX DES TRAVAILLEURS DE L’HÔPITAL PUBLIC

« Travailleurs de tous les pays unissez-vous »

Karl Marx


Des personnels qui sont à bout

On assiste de plus en plus souvent à des situations où des personnels sont en souffrance, à bout de forces, ne peuvent plus tenir sous la pression de la charge de travail croissante des services. Certains sont en burn out. D’autres sont en dépression. Certains sont victimes de l’alcoolisme. D’autres sont simplement épuisés. Ils tentent généralement de s’accrocher à leur travail jusqu’à devenir un danger pour eux-mêmes et pour les malades. L’encadrement et la direction sont parfaitement au courant de ces situations mais ils ne font rien. Ils attendent seulement que la situation devienne intenable ou catastrophique. Ils prennent alors des mesures administratives et répressives : mise à pied puis licenciement. Les concernés sont démolis ou détruits quand ils ne se suicident pas comme cela a été récemment le cas dans plusieurs hôpitaux. Au lieu de cela, il faudrait entourer ces personnes, les réorienter provisoirement, leur proposer des postes aménagés ou des congés provisoires et surtout des soins. Mais la santé des personnels a toujours été le cadet des soucis de la direction des hôpitaux.

Situation grave de manque d’effectif

Le 3 janvier dernier, il y a encore eu une situation critique du fait du manque d’effectifs en Médecine interne à l’hôpital Tenon. Ce type de situation exceptionnelle arrive de plus en plus souvent. En effet, l’équipe de nuit s’est retrouvée sans relève ! Le manque d’effectifs a concerné plusieurs étages ! Il a fallu menacer du droit de retrait pour que l’administrateur de garde daigne consentir à gérer la situation. Et cela ne s’est fait que plusieurs heures après et seulement en imposant à des collègues de quitter de force leur service et en prenant un seul intérimaire. De telles situations sont devenues récurrentes. Il a même fallu il y a quelques temps recourir à la grève pour les dénoncer !

Douze mais pas douces… heures

De plus en plus d’études sont effectuées sur le travail en douze heures. Ces études nous expliquent que, souvent, cette organisation du travail est demandée par les collègues les plus jeunes afin de mieux concilier vie professionnelle et vie personnelle, en étant moins présents à l’hôpital. Mais on sait, dans les faits, que ce sont souvent les directions qui imposent cette organisation du travail afin de faire des économies de personnel. Ces différentes études et rapports ont pour but de préparer les personnels à une éventuelle généralisation des 12 heures en présentant les soi-disant « fort nombreux avantages » et ne citant que quelques inconvénients. Ne nous laissons pas imposer cette réorganisation du travail !

Fatigue supplémentaire

Face à la baisse de notre pouvoir d’achat (gel du point d’indice depuis 2010), de plus en plus de collègues font des heures supplémentaires. En effet, tout augmente (transports, logements, énergie sauf les salaires) et les fins de mois se font de plus en plus difficiles. Les personnels sont épuisés et estiment qu’ils n’ont pas le choix. Pourtant, une alternative est possible : se battre tous ensemble pour 300€ de plus sur la paie pour tous !

Faux semblant et faire semblant

Avez-vous vu passer ces petites feuilles dans les services ? Lesquelles ? Celles nous parlant du risque psychosocial au travail. Mais oui, vous savez, sous ce vocable à la mode on nous parle bien de nos conditions de travail. Fatigue, stress, pressions de l’encadrement, refus de formation, sous effectif, rappel sur les jours de repos… Des situations vécues au quotidien par les personnels et que la direction tente d’ignorer. Ces questionnaires ne seront nullement un moyen de mener à une amélioration de nos conditions de travail. Il s’agit, pour la direction, d’un énième leurre, elle qui diminue les affectifs, restructure, ferme des services, octroie des prime au mérite…

Propos déplacés, malencontreux ou inacceptables

La ministre Marisol Touraine, en tenant à remercier les personnels de santé de leur intervention durant les événements, a trouvé ceux-ci disponibles pour toutes les aides qui leur étaient demandées mais elle oublie de dire que ce sont les moyens (matériels, financiers et en effectifs) qui continuent à manquer à ces personnels pour assurer correctement leur service, en cas de situation exceptionnelle ou pas. L’intervention de Hirsch ne valait pas plus cher, lui qui déclarait autoriser les personnels à défiler en blouse ! Dans certains hôpitaux, la direction a convoqué les personnels pour une assemblée où la minute de silence a été suivie d’un discours de la direction. Et on n’a donné la parole qu’à la direction de l’hôpital. Là encore, on sort du simple rassemblement de protestation contre les actes terroristes et on entre dans l’exploitation politique de l’événement. Lors de la minute de silence à l’hôpital Tenon pour réagir aux attentats atroces contre Charlie Hebdo, le personnel était extrêmement nombreux et la direction a tenu à en faire une démonstration en sa faveur, ce qui n’était nullement le propos du personnel qui s’était assemblé. De la démonstration silencieuse, on est passé à un discours de la direction, ce qui n’était nullement légitime, personne n’ayant à exploiter en sa faveur un tel rassemblement.

Donner l’impression que les personnels sont entièrement derrière leur direction, c’est utiliser l’émotion de l’événement dans un but d’unité nationale derrière les dirigeants. C’est une exploitation sociale et politique inacceptable de l’émotion légitime des personnels. Elle ne fait que suivre l’exploitation politique de l’événement par le gouvernement qui veut ainsi imposer l’unité derrière lui et faire ainsi passer sa politique antisociale et policière pour une politique de défense du pays…

Le virus des profiteurs

Le patron de Renault est fier d’annoncer qu’il apporte une aide décisive aux pays d’Afrique frappés par le virus Ebola. Alors que les milliers de morts s’empilent, alors que les grands pays riches et leurs trusts multimilliardaires n’ont toujours pas fait le geste de faire produire par les labos pharmaceutiques les dizaines de millions de doses d’antivirus pourtant trouvés depuis longtemps, eh bien Renault, lui, a fait un geste « afin de venir en aide aux populations touchées par le virus Ebola ». Oui, le trust automobile a offert à la Croix Rouge du Libéria… une Logan ! Mourir dans une Logan, que peut-on rêver de mieux ?!!!


Le terrorisme est notre ennemi : tous les terrorismes et pas seulement celui qui se couvre de la religion pour commettre ses crimes

Il ne faut pas se contenter de dénoncer les crimes qui viennent d’avoir lieu contre des journalistes de Charlie Hebdo qui ne faisaient que des dessins satiriques (qu’on les apprécie ou pas) et contre un supermarché juif. Il faut voir dans ces attentats non une simple atteinte à la liberté d’expression, pour l’un, un simple attentat raciste dans l’autre, mais une opération politique très dangereuse dont il faut chercher l’objectif pour mieux le combattre.

Il faut comprendre qui aurait intérêt à faire basculer la situation en France, en lançant un affrontement entre Musulmans et non-Musulmans, entre pro-Juifs et anti-Juifs, transformant le pays en une suite des guerres et des guerres civiles qui ont lieu actuellement au Moyen Orient, en Syrie, en Irak, en Palestine, au Pakistan ou en Afghanistan. Et ce ne sont pas seulement les intégristes musulmans.

On l’a vu le soir même et le lendemain avec des attentats de l’extrême droite contre les lieux de culte musulman, au Mans et dans plusieurs provinces. Certains considèrent que c’est le moment de radicaliser la situation en France sur le modèle de ce qui se passe en ce moment en Allemagne, en Grèce ou en Italie avec des mouvements de masse anti-Musulmans qui exploitent la colère populaire, colère issue aussi bien du terrorisme que de la situation économique et sociale explosive. Ils cherchent à détourner la colère sociale en colère raciale, xénophobe, nationaliste. Et les classes dirigeantes ne sont pas blanches dans cette tentative : elles ont cherché, depuis que la crise du capitalisme s’avère insoluble, à monter l’une contre l’autre des fractions des travailleurs et des milieux populaires, à semer la haine, la guerre et la guerre civile. Que ce soit Valls ou Sarkozy ou encore Le Pen, les gouvernants montent les communautés les unes contre les autres. Un Valls ne déclarait-il pas il y a peu qu’ « il faut voir si l’Islam est compatible avec la démocratie » !!! Et ce n’est pas un hasard si cela arrive en un moment où les classes dirigeantes s’attaquent ouvertement aux milieux populaires, remettent en question tous les droits sociaux, menacent massivement les emplois, les services publics, les retraites, la sécu et les chômeurs. Et aussi profitent de la situation pour prétendre qu’il faudrait être tous unis derrière eux…

Il ne faut pas seulement s’indigner : il faut réfléchir. Il faut se demander qui a intérêt à désigner du doigt l’ensemble de la communauté juive ou de la communauté musulmane ou franco-maghrébine, à opposer violemment deux parties des milieux populaires et des travailleurs dans une période où la crise économique et sociale pourrait justement permettre aux milieux populaires de s’unir contre les classes dirigeantes.

Ceux qui assassinent des Musulmans sur les places en Grèce, les agressent en Italie ou posent des bombes contres des Mosquées, des quartiers ou des foyers ne valent pas plus cher que les terroristes qui se drapent dans la religion pour commettre leurs crimes contre des Juifs ou des journalistes. On ne doit pas basculer dans un camp terroriste ou fasciste sous prétexte des crimes de l’autre camp… On a vu ce qui est arrivé aux pays où le peuple travailleur a été pris en otage par l’affrontement entre deux bandes armées utilisant le terrorisme, la lutte armée et imposant à chacun de prendre parti pour l’un ou pour l’autre camp : que ce soit en Palestine, en Syrie, en Irak, en Ukraine ou ailleurs…

Tous parlent de « guerre contre le terrorisme » mais qu’est-ce qui a le plus permis le développement du terrorisme sinon la prétendue « croisade contre l’Islam » de Bush ou la « guerre contre le terrorisme » de Obama, soutenue par les gouvernants français, de Sarkozy à Hollande.

Ces guerres, qui utilisent, ne l’oublions pas, des moyens terroristes, ont prétendu libérer les peuples des dictatures et les sauver mais elles les ont jeté dans des souffrances sans fin. Aucune de ces guerres n’a permis à un peuple de retrouver la paix et le développement sans parler même de la liberté et de la démocratie. Il ne reste que des ruines partout où les grandes puissances ont mené leur prétendues « guerres contre le terrorisme »…

Ne cherchons pas contre qui les classes dirigeantes du monde capitaliste sont en guerre : c’est contre nous, les prolétaires ! Cherchons plutôt comment nous allons faire pour nous préparer à un autre avenir que le capitalisme, maintenant que celui-ci n’est plus synonyme d’emploi mais de chômage, plus de paix mais la guerre permanente en attendant la guerre mondiale. Cherchons plutôt comment faire en sorte que nos luttes défensives deviennent des luttes pour renverser le système d’exploitation, cherchons à remettre en question l’ordre social et la mainmise des capitalistes sur la société. Là est notre avenir et celui de nos enfants !

Messages

  • La ministre Marisol Touraine déclenche le plan Orsan pour faire face à une épidémie de grippe qui rend la gestion des urgences complètement ctastrophique. Mais elle ne fait que répartir les moyens sans les augmenter...

    Un peu plus tôt, jeudi, les urgentistes avaient dénoncé la "situation sanitaire critique" dans les hôpitaux surchargés en raison de l’épidémie et réclamé au gouvernement la réouverture de lits. La "sur-saturation des services d’urgence est comparable à celle de l’été 2003", durant lequel la canicule avait fait 15 000 morts, a estimé le président du Samu-Urgences de France François Braun.

    Problème, selon Gérard Kierzek, médecin-urgentiste à l’Hôtel Dieu de Paris, les annonces de Marisol Touraine ne changeront rien à la situation.

    "Elle reconnaît qu’il y a une situation exceptionnelle. Le problème, ce sont les mesures proposées à savoir la coordination des acteurs du système de santé entre les établissements d’urgence et les professionnels libéraux. Des choses que l’on fait déjà au quotidien. En revanche, il n’est pas proposé de nouveaux lits alors que l’on déborde de malades", s’emporte-t-il dans Bourdin Direct. Et de mettre en garde : "Le verre est déjà plein et il suffit d’une goutte d’eau…"

    A l’heure actuelle, la grippe saisonnière a déjà touché plus de 2 millions de personnes, dont 728 cas jugés graves depuis le 1er novembre et 72 décès.

    Les urgentistes jugent toujours la situation "intenable"

  • Dans le rouge !

    Le déficit de l’hôpital public est inquiétant. Il va atteindre 1,3 milliard, et on nous demande en plus 1,6 milliard d’économie…Mais les dépenses de construction de bâtiments neufs sont organisées de manière folle partout et par les mêmes qui disent qu’il faut économiser sur les effectifs et sur les moyens pour soigner et pour accueillir les patients !!!

  • La dénonciation bat son plein

    C’est inédit dans l’histoire des hôpitaux. Plus de mille médecins et cadres de santé, venant de toutes sortes d’établissements, hôpital local comme centre universitaire, répartis sur toute la France, ont signé un appel s’alarmant de la situation dramatique des hôpitaux français et pointant un système de financement, avec la tarification à l’activité (T2A), à bout de souffle, devenant une menace pour la qualité des soins. Cette pétition est née de l’entretien donné dans Libération par la ministre de la Santé, Agnès Buzyn, en décembre. Celle-ci évoquait sans fard la crise hospitalière : « Nous sommes arrivés au bout d’une histoire et d’un système, disait-elle. Avec la tarification à l’activité, la T2A, ce système a fait croire à l’hôpital public qu’il devait se concentrer sur des activités rentables, qu’il devait se sentir une âme d’entreprise. […] Nous avons risqué de faire perdre le sens de la mission de l’hôpital aux équipes en leur faisant croire qu’elles ne devaient faire que la rentabilité. Les équipes hospitalières ont été malheureuses de ce virage. Et cette logique est arrivée à son terme. » Que ce soit cette pétition ou les dénonciations du type « dénonce ton hosto », il serait temps de passer de la dénonciation à… l’organisation des personnels. Et ce qui est nécessaire, c’est de dépasser l’organisation de type syndicale pour passer à l’organisation par-delà les limites des hôpitaux, des corporations, des centrales, et organiser ensemble les travailleurs du service public. Là, les gouvernants commenceraient à s’inquiéter !!!

  • Si on réanimait… l’hôpital public ?!!!

    Cela a été la catastrophe au niveau des lits de réanimation sur toute l’APHP pendant les fêtes car beaucoup fermés pour cause de vacances et manque de personnel, pour le coup apparemment cela devenait extrêmement compliqué de trouver un lit de réanimation disponible sur Paris, et après ils disent qu’ils mettent en place un plan hivernal, un plan attentat ou autre alors que c’est la gestion permanente de la pénurie et encore plus pendant les périodes de vacances...

  • C’est fou !

    Dans plusieurs hôpitaux, les soignants en psychiatrie dénoncent la dégradation de leurs conditions de travail et le manque de moyens, qui arrivent à un stade catastrophique alors que les plans d’austérité se succèdent et ne cessent d’aggraver la situation. Dans beaucoup d’hôpitaux psychiatriques, les centres d’accueil et centres de crise sont fermés la nuit et en week-end, faute de médecins, pourtant les pires périodes pour les malades. C’est de la folie !

  • L’APHP veut des licenciements économiques !

    La possibilité de procéder à des licenciements économiques dans les hôpitaux publics existe depuis 1986. Elle est prévue dans les statuts de la fonction publique hospitalière. Mais cette disposition est peu pratiquée, notamment par l’absence d’un décret. C’est l’un des projets du gouvernement Macron que révèle le syndicat FO : le gouvernement s’apprêterait à faire paraître un décret fixant les modalités de licenciement économique dans les hôpitaux publics…

  • Le monde hospitalier est en souffrance. Comme un cri d’alarme, les personnels des urgences de l’hôpital Lyon Sud ont lancé une pétition pour appeler à un mouvement national. "Aux urgences, les patients attendent plusieurs heures avant de voir un médecin (parfois 6 à 8 heures). Certaines personnes âgées ont attendu plus de 24h sur un brancard en attente d’examen ou d’un lit d’hospitalisation. Du fait de l’insécurité sanitaire, les patients se retrouvent en danger par pertes de chances, aggravation de leur état de santé, retards de traitements, manque de soins d’hygiène, de confort et de temps d’accompagnement dans la dignité" écrivent-ils. Ne pouvant assurer une prise en charge de qualité face au manque d’effectif et de moyens, le sentiment d’impuissance et la souffrance au travail se diffusent.

  • La sécu va désormais se servir de ses informations médicales sur les malades, leurs arrêts, leurs médicaments pour informer les patrons de la nature de la maladie de leurs salariés !!! Rupture du secret médical, pressions aggravée pour faire reprendre le travail, chasse aux « faux malades », possibilités de pressions sur le salarié : voilà la nouvelle réforme !!! On voit que ce gouvernement n’est pas au service de la Santé publique mais des profits capitalistes !!!

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