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Les leçons de la Grèce : la pseudo-gauche au pouvoir

dimanche 19 juillet 2015, par Robert Paris

A lire encore sur la "crise grecque"

Les leçons de la Grèce : la pseudo-gauche au pouvoir

Les événements survenus en Grèce depuis l’arrivée au pouvoir fin janvier du gouvernement dirigé par Syriza sont une immense expérience stratégique pour la classe ouvrière internationale.

Les actions de la « Coalition de la gauche radicale » sont parmi les plus grandes trahisons de la classe ouvrière ces dernières décennies. Porté au pouvoir par une vague d’opposition populaire aux diktats de l’Union européenne, Syriza a accepté ce qui équivaut à transformer la Grèce en colonie de l’impérialisme allemand et européen.

Cette trahison est d’autant plus éhontée qu’elle a eu lieu dans les jours qui ont suivi une répudiation populaire des ultimatums de l’UE lors d’un référendum auquel le gouvernement lui-même avait appelé et qui faisait partie d’une manoeuvre politique cynique.

Lundi, l’ancien ministre des Finances du premier ministre Alexis Tsipras, Yanis Varoufakis, a donné une interview à l’Australian Broadcasting Corporation confirmant que Syriza, tout en appelant publiquement les électeurs à rejeter les demandes d’austérité de l’UE, ne s’attendait pas, ni ne souhaitait, une victoire du « non » au référendum du 5 juillet. Le véritable objectif était d’obtenir un « oui » de sorte que Syriza puisse blâmer le peuple grec pour sa propre capitulation.

Quand le journaliste Phillip Adams lui a demandé s’il était vrai que Tsipras ne s’attendait pas à un vote en faveur du « non », Varoufakis a répondu : « Moi non plus, je ne m’attendais pas à un ‘non’ ». Il a ajouté, « avec toute une semaine de banques barricadées et de distributeurs de billets donnant au maximum 60 euros par carte, par personne et par jour, j’avais supposé et, je crois, le premier ministre aussi, que notre soutien, et le ‘non’, s’évaporerait de manière exponentielle ... "

Varoufakis a dit que le soir du référendum, après que plus de 61 pour cent de la population eurent voté contre les exigences austéritaires de l’UE, il y avait dans le bureau du Premier ministre « un certain sentiment de résignation », « un air de défaite ».

Cette interview confirme l’analyse faite alors par le World Socialist Web Site : l’appel à un référendum était une « fraude réactionnaire, visant à donner un vernis de légitimité démocratique au pillage de la Grèce par les banques. » Elle confirme aussi le compte-rendu la semaine dernière du chroniqueur du Daily Telegraph Ambrose Evans-Pritchard qui écrit que le plan de Tsipras était « de livrer une bonne lutte, d’accepter une défaite honorable [au référendum] et de rendre les clés de la Villa Maximos. »

La classe ouvrière grecque a subi une sérieuse défaite politique. La réaction en Grèce comme à l’étranger celle du choc et de la colère. Comment un gouvernement qui prétend être de gauche, et même socialiste, en arrive à soutenir des attaques de la classe ouvrière allant au-delà de tout ce qui a précédé ? La capacité de la classe ouvrière à se remettre de cette défaite et d’éviter des trahisons similaires dans toute l’Europe et au plan international, exige une compréhension claire des forces politiques qui en sont responsables.

Cela signifie tout d’abord comprendre la nature de Syriza et de ses condisciples politiques que le WSWS a défini comme la « pseudo-gauche. » Les mesures prises par Tsipras découlent inexorablement de la base de classe de Syriza, un parti bourgeois s’appuyant sur les couches les plus privilégiées de la classe moyenne supérieure. Syriza n’a pas pu résister aux exigences des banques européennes parce qu’il faudrait pour ce faire une mobilisation de la classe ouvrière contre la bourgeoisie nationale grecque elle-même qui fonctionne comme une cinquième colonne de l’impérialisme européen.

Si des groupes comme Syriza se servent parfois d’une phraséologie d’apparence radicale ou marxiste, ils ne le font que pour couvrir une politique de droite et une défense du système capitaliste. En Grèce, la pseudo-gauche est au pouvoir et son caractère a été démontré de façon concluante.

La réaction des promoteurs de Syriza est de justifier ce qu’il a fait avec l’énergie du désespoir pour éviter qu’une critique de Syriza ne conduise à une rupture avec la politique petite-bourgeoise qui a produit la catastrophe. Pour se défendre, ils cherchent à blanchir leur propre rôle et, enfilant politiquement parlant leurs gilets de sauvetage, ils se préparent à quitter le navire en perdition.

Une de leurs stratégies est de fouiller désespérément le paysage politique pour trouver une « tendance de gauche » supposée au sein de Syriza. L’Organisation Internationale Socialiste (ISO) aux Etats-Unis promeut les opinions de la Gauche internationaliste ouvrière (DEA), une force de premier plan dans la soi-disant « Plateforme de gauche » de Syriza. Pendant six mois, après la victoire électorale et la prise du pouvoir de Syriza, la Plateforme de gauche a accompli la tâche de couvrir les mensonges et les manœuvres de Tsipras. Ses critiques vides visaient à convaincre la classe ouvrière que Syriza pouvait être poussé à gauche.

Les actions de la Plateforme de gauche ces deux dernières semaines illustrent son rôle malhonnête et dénué de principes. Le 1er juillet, elle a publié une déclaration, reprise sur le site web de l’ISO, et déclarant : « La décision du gouvernement de rejeter l’ultimatum des créanciers, de refuser de signer un nouveau protocole pour imposer une hyper-austérité et de demander que se manifeste par référendum la volonté du peuple le 5 juillet est une décision qui transforme la politique grecque ».

Selon cette déclaration, le référendum, « libère Syriza et les espoirs populaires de changement de l’impasse que constitue la poursuite de négociations avec les créanciers ». L’appel pour le référendum, dit-elle encore, « prouve ce sur quoi nous, qui sommes parmi les voix les plus critiques au sein de Syriza, avons insisté dans les mois écoulés depuis l’élection : Syriza ne peut pas facilement être transformé en parti d’austérité ... Une victoire le 5 juillet ne fera pas retourner la situation au point où les négociations ont échoué suite à l’ultimatum méprisable des créanciers ».

Avec quelle rapidité ces affirmations ont été démasquées !

Même après que Syriza est retourné aux négociations avec l’Union européenne et a précisé qu’il accepterait des exigences encore plus lourdes que celles rejetées lors du référendum, le dirigeant de la DEA Antonis Davenellos a déclaré (le 10 juillet) que l’« ampleur inattendue » du vote en faveur du « non » avait « donné un coup de pouce important au gouvernement et à la direction de Syriza ». Il a ajouté, « il est parfaitement compréhensible que le gouvernement se sente obligé de prendre part à de nouvelles négociations avec les créanciers », dans le but supposé de parvenir à un « compromis honorable ».

Il fallait défendre Syriza à tout prix, a insisté Davenellos. « Le lien entre le pouvoir du peuple exprimé dans le vote pour le « non » et la stratégie et la tactique dont la gauche radicale a besoin pour affronter les nouvelles conditions après le référendum, ne peuvent être autre chose que le parti de Syriza ».

Le même genre de commentaires se trouve dans International Viewpoint, la publication de la pseudo-gauche anti-trotskyste qui a rompu avec la Quatrième Internationale il y a plus d’un demi-siècle. Cette publication, liée au groupe Antarsya (Coopération de la gauche anticapitaliste pour le renversement) en Grèce, a écrit le 7 juillet : « Les victoires de Syriza, comme les avancées de Podemos dans l’État espagnol, montrent le chemin à suivre dans tous les pays d’Europe ... »

Le 13 juillet, même après la capitulation éhontée de Tsipras, Panagiotis Sotiris un membre d’Antarsya, a attaqué ceux qui critiquaient Syriza dans un article publié dans le magazine Jacobin. Tout en déclarant que ces derniers jours avaient marqué le « bout du chemin tant pour Syriza que pour Tsipras », Sotiris a attaqué la « pathologie du sectarisme et les micro-intrigues de la gauche radicale ».

Il proposait de récupérer ce qui pouvait l’être de la boue puante de Syriza. « Nous avons besoin exactement de la convergence des forces politiques et de la dynamique de mouvement qui pourrait, d’une certaine manière, intégrer dialectiquement et en même temps dépasser l’héritage de Syriza comme front élargi, l’expérience d’Antarsya comme unité anticapitaliste et l’expérience de toutes les formes d’organisation dans le mouvement ».

Les actions de Syriza ont démontré aux travailleurs à l’échelle internationale que tous ces groupes et mouvements soi-disant « anticapitalistes » sont des pièges mortels pour la classe ouvrière. Si l’un d’entre eux avait été à la place de Syriza, il aurait agi exactement de la même manière que Tsipras.

(...)

Par Joe Kishore- WSWS

Messages

  • Le vote parlementaire avec lequel le premier ministre grec Alexis Tsipras a fait passer en force mercredi plus de 900 pages de mesures d’austérité de l’Union européenne (UE) dictées par Berlin a parachevé la terrible trahison du peuple grec par Syriza (‘Coalition de la gauche radicale’).

    Syriza a adopté l’austérité pratiquement du jour au lendemain comme si c’était la politique la plus naturelle du monde, répudiant et sa promesse de mettre fin au Mémorandum de l’UE et le vote contre l’austérité au référendum du 5 juillet. Ses mesures d’austérité et ses privatisations à hauteur de dizaines de milliards d’euros dévasteront la Grèce. Les conséquences seront catastrophiques pour des millions de travailleurs déjà confrontés à la faim, au chômage et au manque de soins.

  • Tsipras, qui pendant les élections de janvier s’était présenté comme un politicien très à gauche, s’est avéré être un banal et réactionnaire libéral. Les médias le comparent déjà à François Mitterrand, le chef du Parti socialiste élu président de la France sur un programme national de réformes en 1981 et qui, moins de deux ans après, avait renié son programme et lancé son « tournant de la rigueur » pour attaquer la classe ouvrière. Un parallèle plus adéquat, pour ce qui est de l’impact brutal de la politique de Tsipras, serait cet autre politicien français, Pierre Laval, qui s’était prétendu socialiste avant de devenir le bras droit du maréchal Pétain sous l’Occupation.

    Pour contenir l’énorme colère des travailleurs et des jeunes en Grèce, une partie de Syriza se présente comme des dissidents de gauche afin de concocter des excuses, se regrouper politiquement et éviter qu’aucune leçon ne soit tirée de leur trahison. Une des déclarations de ces fripouilles est le « Communiqué de la Jeunesse de Syriza sur l’accord-mémorandum et l’avenir de Syriza ». Elle a été publiée sur International Viewpoint , un journal pseudo de gauche qui tente à tout prix d’empêcher que la révélation de la nature de Syriza ne nuise aux groupes similaires dont ils font la promotion internationalement, comme Podemos en Espagne et le NPA en France.

  • Il n’y a pas eu de « coup d’Etat » contre Syriza en Grèce. Tsipras est resté au pouvoir tout le temps et a supervisé, en consultation avec l’Union européenne, la planification, la négociation et l’adoption de mesures d’austérité draconiennes. L’UE a insisté, comme il fallait s’y attendre, sur l’austérité – c’est pour s’y opposer que Syriza avait été élu. Syriza a capitulé plusieurs fois : il a accepté de prolonger le Mémorandum d’austérité de l’UE en février, puis il a imposé de nouvelles mesures d’austérité en juillet.

  • Le 15 janvier 2018 a été soumis au Parlement grec, et par la suite adopté par la majorité de SYRIZA-ANEL [Grecs indépendants], le projet de « loi-valise », par lequel le gouvernement Tsipras assure le « bon » déroulement de la 3e évaluation de la situation économique grecque par les créanciers. Ainsi, ce gouvernement suit sa route vers la fin formelle du programme du 3e mémorandum (signée le 14 août 2015), annoncée pour août 2018.
    D’ici à cette date le gouvernement doit encore éviter deux récifs. D’une part, les « stress tests » (tests de résistance bancaire) des banques grecques [Banque nationale de Grèce, Piraeus Bank, Alpha Bank et Eurobank], où il espère que les créanciers et la Commission européenne accepteront l’application de critères moins stricts, afin d’éviter le scénario d’une nouvelle recapitalisation des banques qui ferait exploser la vision optimiste de l’économie grecque actuellement diffusée. D’autre part, la stratégie de communication de Tsipras qui, malgré tous les problèmes, est déjà en train de préparer les prochaines élections. Il a encore en perspective la 4e évaluation (au printemps 2018), qui débouchera sur de nouvelles mesures d’austérité supplémentaires.
    A condition que le gouvernement arrive à surmonter ces risques, il pourrait espérer obtenir une promesse favorable à des mesures « d’allégement » de la dette grecque, principalement un plus grand étalement dans le temps des indispensables remboursements. Dans tous les cas, les créanciers, pour l’instant, déclarent que le débat sur la dette sera officiellement ouvert après août 2018.
    Il convient de noter que la fin formelle du 3e mémorandum ne signifie pas la fin des politiques mémorandaires brutales. Comme il a été explicitement convenu lors de la signature par Tsipras du 3e mémorandum, la totalité des lois, règles et règlements, associés au mémorandum, l’ensemble des contre-réformes néolibérales des huit dernières années, resteront en vigueur, au même titre que la mise sous « surveillance » de l’économie grecque jusqu’en… 2060 (c’est-à-dire jusqu’à ce que soient remboursés au moins les 75% de la dette) !
    • L’article le plus controversé dans cette loi est celui qui autorise les banques et les administrations publiques de procéder par voie électronique à la mise aux enchères des domiciles des familles populaires qui sont dans l’incapacité de régler leurs dettes. Le gouvernement a déjà essayé de procéder à des ventes aux enchères en grand nombre. Mais il a rencontré une résistance importante, entre autres par des mobilisations (au sein desquelles l’Unité Populaire – LAE – a tenu le premier rôle) qui ont empêché les tribunaux de tenir audience et de rendre les décisions de mises aux enchères. Le gouvernement a tenté la répression, et il a lamentablement échoué, provoquant la présence encore plus nombreuse des manifestant•e•s devant et à l’intérieur des tribunaux. Aussi, l’apparition du Parti communiste grec (KKE) dans ces actions, qu’il a rejointes avec beaucoup de retard, a aidé à affermir la conviction que nous pouvions arrêter les décisions gouvernementales sur cette question, cruciale pour les banques et les créanciers. Le gouvernement tentera d’éviter cet affrontement en organisant dès à présent des ventes aux enchères électroniques, dans des centaines d’études de notaires de tout le pays. Mais le programme de vente aux enchères concerne un tel grand nombre de cas qu’existe l’espoir réaliste que le mouvement de résistance se déplacera vers les quartiers pour y livrer la bataille afin de mettre un cran d’arrêt aux expulsions.
    • Un emblématique tournant réactionnaire a été également la modification radicale de la loi qui régissait le droit de grève. Cette loi a été conquise de hautes luttes ouvrières pendant la période ayant suivi la chute de la dictature [1974]. Aujourd’hui, un gouvernement, dont seul le nom renvoie au terme de gauche, a décidé que pour qu’une grève soit déclarée, 50% +1 des travailleurs d’une entreprise ou d’une branche doivent être présents et approuver la décision d’entrer en grève. Une telle réglementation fut pendant des décennies le souhait des cadres dirigeants capitalistes les plus extrémistes, un souhait qui semblait jusqu’à présent irréalisable.
    Incontestablement, la « loi-valise » contient bien d’autres mesures critiques, telles que des coupes majeures dans les allocations familiales et les retraites, ainsi que des modalités facilitant encore plus les privatisations au sein des « secteurs stratégiques » comme ceux de l’électricité ou de l’eau.
    Cette politique gouvernementale a été systématiquement aidée par la direction des bureaucraties syndicales des secteurs public et privé qui, sous la houlette d’une coalition de cadres du PASOK, de Nouvelle Démocratie et de SYRIZA, ont tout fait pour faire obstacle au démarrage et à l’organisation de sérieuses mobilisations. Ainsi les grandes confédérations se sont abstenues de décider la grève en laissant sans protection et appui les travailleurs et travailleuses qui avaient l’intention de s’engager dans de telles luttes.
    Tout le poids est retombé sur les épaules des syndicats de base où la gauche est une force motrice. Mais, encore à ce niveau, l’attitude du KKE proposant une seule journée de grève au moment du vote de la « loi-valise », sans mobilisations préalables, réduisait l’importance de cette grève, la transformant en action symbolique « pour l’honneur ». Tenant compte de toutes ces données et de notre expérience, nous estimons que la participation à la grève était plus grande que prévu, mais largement insuffisante à l’aune de ce qui aurait fallu pour arrêter l’offensive gouvernementale.
    La grève s’est étendue en particulier dans les transports publics (près de 100%) et dans le secteur de la navigation. Néanmoins, cette grève dans transports faisait obstacle à la possibilité de se rendre sur les places où étaient appelées les manifestations. Ainsi, les rassemblements se sont essentiellement appuyés sur les militants déterminés de la gauche politique.
    Une fois de plus l’expérience de l’après 2015 a été confirmée en Grèce : les gens sont indignés et en colère, mais pour l’heure cela ne se traduit pas dans une action directe de masse, car Tsipras, en capitalisant sur la déception populaire et ouvrière, opère donc un déplacement rapide de sa base sociale et se tourne vers les classes dominantes.
    SYRIZA a déjà organisé autour d’elle une alliance avec le cercle de capitalistes qu’elle appelait avant 2015 « la face obscure de l’entrepreneuriat ». Des capitalistes qui ont construit des fortunes sur divers trafics, sur le jeu, sur le blanchiment d’argent, sur leur présence forte dans le football et qui, toujours, dépendent des bonnes relations avec les gouvernements respectifs.
    SYRIZA étend ses relations en direction des « familles » les plus traditionnelles de la bourgeoisie, mettant ainsi à profit ses relations avec les banques et une instrumentalisation particulière des privatisations. C’est-à-dire qu’elle prend soin, tout en attirant des investissements étrangers, d’assurer une place et un rôle des capitalistes autochtones en tant que « partenaires locaux » des fonds internationaux et des transnationales, prétendant ainsi résister, face aux forces supérieures des « marchés internationaux », à « la déshellénisation des entreprises ».
    Mais principalement, la direction de SYRIZA met en avant sur tous les tons l’argument de la stabilité. C’est-à-dire l’affirmation que le gouvernement SYRIZA-ANEL a appliqué à vive allure les dispositions mémorandaires, tout en réduisant sensiblement les réactions populaires et des masses laborieuses, en installant dans le pays un climat de « paix sociale » pour la première fois depuis des années.
    L’ambition de servir les intérêts de la classe dominante dans son ensemble se prolonge, sans que ce soit un hasard, jusqu’au soutien à des velléités les plus inflexibles du nationalisme grec dans la région.
    Le gouvernement, avec pour figures de proue les ministres de la Défense Panos Kammenos (Anel) et des Affaires étrangères Nikos Kotzias (SYRIZA), a poursuivi sans problème la politique de la droite à propos du Moyen-Orient et de la Méditerranée Orientale : le soutien ouvert aux Etats-Unis, l’intensification de la présence de l’OTAN en mer Egée, le renforcement de « l’axe » avec l’Etat d’Israël et avec la dictature de Sissi, avec pour but l’isolement de la Turquie d’Erdogan, instable et ambivalente. Le gain serait la participation au partage du pétrole et du gaz en Méditerranée orientale et du sud-est, et le renforcement du centre de gravité grec au niveau des développements et des perspectives à Chypre.

  • Après la victoire du « non », Tsipras a foulé aux pieds la voix des 61 pour cent de la population qui avaient voté « non » et imposé des dizaines de milliards d’euros de nouvelles coupes sociales en échange du maintien de l’accès des banques grecques et des classes possédantes à l’UE et à l’euro.

    L’hostilité de Syriza envers les travailleurs est de plus en plus effrontée. Le projet de loi qu’il avait entériné au Parlement en janvier, comprenait non seulement des milliards en coupes dans les retraites et en privatisations. Elle limitait également le droit de grève – un droit inscrit dans la constitution grecque de 1975 pour se prémunir contre le type de dictature capitaliste sans entrave que la Grèce a connu sous l’occupation nazie, ainsi que sous la junte des colonels soutenue par la CIA en 1967-1974.

    Syriza expédie également des armes en Arabie saoudite pour sa guerre au Yémen, soutenue par Washington, et gère des camps de détention européens brutaux pour les réfugiés fuyant de Syrie et d’Irak vers la Grèce.

    Alors que Tsipras s’exprimait, la colère montait face à l’incapacité de Syriza à gérer les incendies dévastateurs en Grèce. Après que les plans d’austérité aient imposé des réductions budgétaires de plus de 30 pour cent aux sapeurs-pompiers grecs, au moins 92 personnes sont mortes le 23 juillet dans des feux de forêt à Mati. Le ministre de la défense de Tsipras, Panos Kammenos, du parti d’extrême droite les Grecs indépendants a été hué à son arrivée à Mati.

    Tsipras a affirmé que la fin du plan de sauvetage européen, suite à laquelle la Grèce empruntera sur les marchés financiers privés, marquait le début d’un nouvel âge d’or. Il a dit : « Les mémorandums d’austérité, de récession et de dépeuplement social ont finalement pris fin. Notre pays retrouve son droit de définir sa propre fortune et son avenir, comme un pays européen normal, sans aucune contrainte extérieure ».

    C’est encore plus de mensonges. Les travailleurs et les jeunes de Grèce échapperont à l’esclavage de la dette en se mobilisant contre Syriza et en appelant les travailleurs du reste de l’Europe, qui, de plus en plus, font grève contre l’austérité, à une lutte solidaire avec leurs frères et sœurs de classe en Grèce.

    Le bilan du gouvernement Syriza démasque non seulement Tsipras, mais aussi toute une série de partis de pseudo-gauche des classes moyennes aisées – tels que l’Organisation socialiste internationale aux États-Unis, le Socialist Workers Party britannique, le Parti de gauche en Allemagne et le Nouveau parti anticapitaliste en France – qui ont salué l’élection de Syriza et en ont fait un modèle à suivre. Syriza promet à présent de continuer à rembourser des centaines de milliards d’euros aux banques.

  • Le gouvernement d’Alexis Tsipras a ainsi continué à appliquer docilement les politiques de privatisation des entreprises grecques. Mais les salaires et les pensions diminuent et la pauvreté et l’extrême pauvreté continuent d’augmenter. C’est le résultat normal d’une telle politique.

    Or, désormais ce libéralisme, voir cet ultralibéralisme, s’accompagne d’une politique de plus en plus répressive à l’égard des opposants. Et notamment à l’égard des opposants de gauche qui s’offusquent, à juste titre, de ces choix. Ainsi, des lois spéciales ont été votées, la police anti-émeute est de plus en plus déployée et des manifestations sont également interdites. Alors qu’avant les élections de 2015 les militants et les élus de Syriza s’opposaient aux ventes aux enchères des logements de ceux ne pouvant payer leur loyer, ce gouvernement, issu des rangs de Syriza organise désormais la répression contre ceux continuant à s’opposer à de telles pratiques.

  • La Ligue du Nord se débarrasse de Cinq Etoiles après avoir gouverné avec !

    La bourgeoisie grecque se débarrasse de Syriza après l’avoir utilisé pour imposer l’austérité !

    La bourgeoisie espagnole se débarrasse de Podemos !

    Les fausses extrêmes gauches opportunistes n’ont fait que se discréditer et aider la bourgeoisie !!! Et cautionner la gauche bourgeoise, les bureaucraties syndicales et même parfois l’extrême droite.

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