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Le capitalisme peut-il durablement se passer des crises ?

samedi 5 septembre 2015, par Robert Paris

La courbe du désinvestissement productif en capital privé

Léon Trotsky écrit dans "Le marxisme et notre époque" :

« Karl Marx avait dit : " Le capitalisme ne sera jamais aussi vulnérable que quand il atteindra son apogée." »

Karl Marx, Le Capital, livre III :

« Les crises ne sont jamais que des solutions momentanées et violentes des contradictions existantes, des éruptions violentes qui rétablissent pour un moment l’équilibre troublé ».

Karl Marx, Le Capital, livre III, paragraphe 3, chapitre XV :

« La plus-value étant le but de la production capitaliste, la baisse du taux du profit ralentit la formation de capitaux nouveaux et favorise la surproduction, la spéculation, les crises, la surabondance de capital et la surpopulation. Aussi les économistes comme Ricardo, qui considèrent la production capitaliste comme une forme définitive, constatent-ils qu’elle se crée elle-même ses limites et attribuent-ils cette conséquence, non pas à la production, mais à la Nature (dans la théorie de la rente). Ce qui les épouvante surtout dans la baisse du taux du profit, c’est le sentiment que le régime capitaliste rencontre dans le développement des forces productives, des bornes qui n’ont rien à voir avec la production de la richesse en elle-même, des limites qui établissent le caractère historique, passager, du mode capitaliste et montrent qu’à un moment donné il doit forcément se trouver en conflit avec les conditions mêmes de son développement. »

Karl Marx dans "Principes d’une critique de l’économie politique" :

« La force productive déjà existante et acquise sous la forme de capital fixe, les conquêtes de la science, le sort des populations etc., bref les immenses richesses et les conditions de leur reproduction dont dépend le plus haut développement de l’individu social et que le capital a créées dans le cours de son évolution historique - cela étant on voit qu’à partir d’un certain point de son expansion, le capital lui même supprime ses propres possibilités. Au delà d’un certain point, le développement des forces productives devient une barrière pour le capital ; en d’autres termes, le système capitaliste devient un obstacle pour l’expansion des forces productives du travail. Arrivé à ce point, le capital ou plus exactement le travail salarié, entre dans le même rapport avec le développement de la richesse sociale et des forces productives que le système des corporations, le servage, l’esclavage et il est nécessairement rejeté comme une entrave. »

Le capitalisme peut-il durablement se passer des crises ?

Non ! S’il le fait, c’est qu’il a atteint sa limite et ne fait plus que perdurer par force

Au cours de son histoire, le capitalisme a connu des crises économiques multiples et variées (1637, 1720, 1792, 1797, 1810, 1817, 1819, 1825, 1837, 1847, 1857, 1866, 1873, 1884, 1890, 1893, 1900, 1907, 1929, 1939, 1949, 1953, 1966, 1970, 1979, 1982, 1987, 1990, 1994, 1997, 2000, 2001, 2007-2008 pour finir par 2015 avec la dernière crise chinoise) et il n’a jamais pu s’en passer pour réguler son fonctionnement, même s’il a cherché à intervenir sur ces crises ou, après celles-ci, par des moyens étatiques ou par le crédit. Ce qui est certain, c’est que les crises lui ont permis, après coup, de mettre en adéquation offre et demande, investissements et demande de capitaux, et les différents secteurs de la production et de la distribution de marchandises en se servant des mises en faillite pour éclaircir l’ambiance des affaires et de débarrasser des secteurs non rentables.

Ce qui caractérise la situation mondiale du capitalisme depuis 2008, c’est que le système mondial ne laisse plus les crises et les faillites se dérouler et se développer, ni celles des bourses, ni celles des banques, ni celles des financiers, des grands assureurs, des grands capitalistes et des trusts. Ils les aide immédiatement et massivement, interdisant qu’ils coulent…

C’est complètement nouveau et c’est général. Ce n’est pas propre à tel ou tel pays ni à telle ou telle situation, tel ou tel capitaliste. Tous sont « sauvés »…

C’est la première fois historique que cela se déroule dans le système capitaliste.

L’interruption brutale et artificielle de la dernière crise chinoise de juillet 2015 en est l’illustration… Elle montre que les aides massives des banques centrales aux trusts, aux assurances et aux banques ne sont que la démonstration que le système n’est plus capable de tolérer les crises cycliques et est contraint d’employer sans cesse des moyens financiers centraux pour combler toutes les fissures jusqu’à ce que… le Titanic prenne l’eau de manière irrémédiable, les banques centrales ne pouvant pas durablement pallier aux dysfonctionnements généralisés du système et à la chute des investissements privés.

Le capitalisme n’a jamais pu se passer de la crise, comme respiration et mode de régulation, certes catastrophique

1637 : Crise des tulipes aux Pays-Bas - Après plusieurs années de spéculation, les prix s’effondrent, provoquant de nombreuses faillites. C’est le premier exemple de bulle spéculative.

1720 : krach financier - En 1720, à quelques mois d’intervalle, deux crises financières interviennent en France et en Angleterre concernant les titres de compagnies exploitant les ressources du Nouveau Monde, la Compagnie des mers du Sud et la Compagnie du Mississippi de John Law. Ces crises sont connues sous le nom de South Sea Bubble et Mississippi Bubble. La Révolution financière britannique est affectée.

1780 : naissance du capitalisme anglais

1792 : « The Panic » de 1792 - Les prêts massifs de la première Banque centrale américaine, créée en 1791, font monter rapidement la corbeille. Mais la remontée des taux provoque une crise boursière.

1797 : crise monétaire - Le 26 février 1797, la Banque d’Angleterre, à court de réserves, décide de suspendre les paiements en espèces devant l’afflux des demandes de conversion auxquelles les banques du pays sont confrontées. Des bruits d’invasion ont en effet conduit une foule de particuliers, fermiers et petits commerçants à retirer leurs avoirs auprès des banques de province. La banqueroute de plusieurs d’entre elles renforcera le mouvement et il en résultera ce qui est considéré comme la première panique bancaire.

1810 : crise du crédit - En 1810, alors que l’Angleterre est soumise au blocus de Napoléon, le système de crédit s’effondre, provoquant de nombreuses faillites. Les causes en sont multiples au-delà du blocus lui-même. D’une part, la livre, détachée de l’or pour ne pas augmenter les impôts en dépit de la situation de guerre, était minée par l’abus du crédit et par l’inflation. D’autre part, l’Angleterre était confrontée à des difficultés de recouvrement de ses ventes en Amérique du Sud. Enfin, la politique des licences et la contrebande avaient conduit à une réduction des réserves bancaires. Le marasme qui s’ensuivit donna notamment naissance au luddisme.

1817 : récession

1819 : crise financière d’origine américaine - La crise de 1819 est la première crise financière de grande ampleur aux États-Unis. Elle marque la fin de l’expansion qui a suivi la Guerre de 1812, dont le financement avait asséché les réserves bancaires et conduit à une suspension des paiements en espèces en 1814. Il en est résulté une inflation des émissions monétaires privées qui se sont investies dans des placements fonciers spéculatifs avant que la Banque centrale (Second Bank of the United States) n’engage une politique restrictive qui provoquera une vague de faillites et une profonde récession agricole et industrielle.

1825 : crise économique à partir de la Grande-Bretagne - crise de surproduction industrielle, première crise capitaliste. En 1825, à la suite de spéculations intenses sur les investissements latino-américains (banques, assurances, armement de bateaux, construction de canaux...), le cours de ces valeurs s’effondre à la Bourse de Londres. De nombreuses banques font banqueroute et, dans la seule année 1826, environ 3300 entreprises font faillite. Cette crise, qui a principalement touché la Grande-Bretagne, est l’une des premières crises boursières de l’histoire.

1836-39 : En 1836, l’Angleterre connaît un nouveau krach boursier à la suite de la décision du président américain Andrew Jackson de subordonner la vente de terres d’État à un paiement en métaux précieux. Cette décision donne un brusque coup d’arrêt à la spéculation foncière en Amérique. Les banques américaines ayant contracté des emprunts à Londres, la crise financière touche durement le Royaume-Uni et aura des répercussions jusqu’en Allemagne. Peu après, le 10 mai 1837, la bulle spéculative éclate aux États-Unis lorsque les banques américaines suspendront leurs paiements en espèces. Récession en 1837.

1846-48 : crise de sous-production agricole- Crise économique à partir de la Grande-Bretagne - En Angleterre et en France, l’engouement pour les actions des compagnies de chemin de fer et la sous-estimation du coût des travaux d’investissement ont fait monter les actions à des cours démesurés. L’effondrement des cours de Bourse en 1847, à la suite de nouveaux appels de fonds qui ont mis fin à la confiance, révèle une crise du crédit qui provoque une panique bancaire et la faillite de nombreuses banques ainsi que la suspension de l’activité de plusieurs compagnies. Peu après, la révolution politique en France engendre une panique boursière qui entraîne une nouvelle vague de faillites.

1857 : Crise bancaire - En août 1857, la banque Ohio Life and Insurance Company, confrontée à une forte demande de crédit, suspend ses paiements. Elle est rapidement suivie par les banques de New York, du Maryland et de Pennsylvanie, puis par d’autres banques importantes à Baltimore, Philadelphie et Boston. Le taux de l’escompte s’accroît fortement et, dans le courant de septembre, les actions de chemin de fer enregistrent une forte baisse à la Bourse de New York. La crise américaine se propage immédiatement en Angleterre sous la forme d’une crise de change qui se complique rapidement d’une crise de crédit intérieur. Bien que moins violente, elle atteint également la France où la Bourse de Paris connaît une forte baisse. Elle est suivie d’une récession économique dans tous les pays unis par des liens monétaires, financiers et économiques. Et aussi première crise industrielle et financière (Etats-Unis, Grande Bretagne puis France)- Crise économique à partir des Etats-Unis

1866 : Des prises de risques considérables (notamment sur le secteur ferroviaire) suivent l’introduction de la responsabilité limitée en 1862 pour les companies (notamment les banques). Elle est précédée d’un ralentissement boursier qui s’est propagé à travers toute l’Europe au début de l’année. La faillite de la maison d’escompte Overend & Gurney le 10 mai 1866, due à un défaut de paiement de la Mid-Wales Railway Company déclenche un krach boursier le vendredi 11 mai (Black Friday), et une panique bancaire qui entraîne une crise de liquidité, avec une série de faillites en chaîne.

1873 : Crise économique à partir de l’Allemagne et de l’Autriche - baisse de la production de biens d’équipement, hausse du prix du charbon, baisse du rendement des chemins de fer et de la sidérurgie puis crise boursière et bancaire (Allemagne, Autriche, Etats-Unis) La Crise bancaire de mai 1873, démarrée par un krach le 9 mai à Vienne, est née d’une spéculation immobilière effrénée qui se retourne quand l’Exposition universelle de 1873 se révèle décevante. Berlin, dopée par loi monétaire prussienne du 4 décembre 1871, et Paris, portée par les spéculations du Baron Haussmann, sont les plus touchées par le retour de manivelle. Les faillites de banques se multiplient, elles se méfient les unes des autres. Aux États-Unis, les difficultés de la Jay Cooke & Co déclenchent la Panique du 18 septembre 1873. Suit la « grande stagnation » de l’économie mondiale entre 1873 et 1896.

1882 : Crise économique à partir de la France - faillite bancaire en France puis spéculations boursières sur fond de chute agricole française et anglaise face aux USA - C’est une scorie du Krach de 1873. Le 19 janvier le cours des titres de la banque s’effondre provoquant sa faillite et une crise boursière et bancaire de grande ampleur essentiellement circonscrite à la France. Créée quatre ans plus tôt, l’Union Générale avait fondé un développement fulgurant sur des investissements hasardeux, notamment dans les mines, les assurances et les sociétés foncières, en particulier en Russie, en Autriche-Hongrie et dans les Balkans, et la spéculation boursière.

1890-93 : croissance économique zéro. Faillite à la bourse de Londres sur fond de baisse de la production européenne et américaine. La plus ancienne banque britannique est en faillite en raison de son exposition à la dette souveraine de l’Argentine, surendettée et en défaut de paiement. La banque d’Angleterre, soutenue par la Banque de France, viendra à son secours pour éviter des faillites en chaîne, mais les banques londoniennes cherchèrent à compenser leurs pertes sur les titres argentins en vendant des titres sur la place de New York contribuant ainsi à transmettre la panique. En 1891, crise économique et financière en Italie. Aux USA, grandes grèves et trois millions de chômeurs. Un krach financier eut lieu aux États-Unis en 1893 lorsque les investisseurs tentèrent de convertir leurs avoirs fédéraux en or. En 1893, crise aux USA, en Argentine et en Australie.

1900 : récession

1907 : crise économique et sociale au Japon. La panique bancaire américaine de 1907, aussi nommée Panique des banquiers, survient lorsque le marché boursier s’effondre brusquement, perdant près de 50 % de la valeur maximale atteinte l’année précédente. Partie de New York, la panique se propage à tout le pays, de nombreuses banques et entreprises étant acculées à la faillite.

1913 : essoufflement des industries de la première industrialisation, endettement, inflation et contraction des échanges, crise à laquelle les classes dirigeantes répondent par la guerre mondiale.

1920-1923 : crise mondiale d’après-guerre puis crise monétaire en Allemagne

En Allemagne, l’hyper-inflation atteint son apogée en novembre 1923. Sa cause immédiate est l’exigence française de réparations de guerre (« le Boche paiera »). L’armée française occupe la Ruhr comme gage, paralysant la première région industrielle du pays. En quelques mois, les denrées s’achètent en milliards de marks et il faut une brouette pour transporter les billets. La crise monétaire s’aggrave d’une agitation intérieure (communistes en Saxe et Thuringe, putsch de Hitler à Munich). Américains et Britanniques, qui ont de gros intérêts en Allemagne, convainquent la France de réduire ses prétentions et d’évacuer la Ruhr.

1929-1932 : crise boursière US suivie d’une récession mondiale - Après plusieurs années de spéculation aux Etats-Unis, la brutale remontée des taux d’intérêt conduit au célèbre krach boursier de 1929. Le monde plonge dans la Grande Dépression. Le Krach du New York Stock Exchange entre le 24 octobre et le 29 octobre entraîne une crise bancaire qui précipite les États-Unis dans la Grande Dépression.

1939 : au retour menaçant de la crise, les classes dirigeantes répondent par la deuxième guerre mondiale

1949 : petite récession

1953 : récession américaine

1966 : crise américaine du crédit - Après plusieurs années de forte croissance de l’économie, les banques américaines se trouvent à court de réserves dans un contexte où la Réserve Fédérale conduit une politique restrictive afin de contenir l’inflation. La crise se traduira par une chute des cours boursiers, une baisse des liquidités et une hausse des taux d’intérêts provoquant un fort ralentissement de l’activité économique. Elle est considérée comme la première crise moderne, des épisodes similaires de resserrement du crédit se reproduisant en 1969 et 1974.

1970-75 : crise du dollar, puis crise pétrolière et récession - Suspension unilatérale le 15 août 1971 par les États-Unis de la convertibilité en or du dollar. Après une période de transition, cela mènera à l’adoption en février 1973 (accords de Washington) du système des changes flottants, encore en vigueur aujourd’hui, qui fut effectivement mis en place le 19 mars 1973 et fut entériné par les accords de la Jamaïque du 8 janvier 1976. Le 26 juin 1974, dépôt de bilan effectif de la banque allemande Herstatt alors que la partie en dollars américains des opérations de change de la banque, à cause du décalage horaire, n’est pas dénouée. Première prise de conscience du risque systémique sur les marchés financiers modernes. Le choc pétrolier fait chuter les obligations anglaises car il aggrave une inflation déjà présente. Le gouvernement travailliste est obligé de demander 3,9 milliards de dollars au FMI en 1976, en raison d’un marché obligataire boycotté, après un pic d’inflation à 25 % en 1975.

1979 : second choc pétrolier - À partir du mois d’octobre, le nouveau gouverneur de la banque centrale américaine, Paul Volcker, fait monter les taux au jour-le-jour du marché monétaire américain, qui dépasseront plusieurs fois 20 %, afin de mettre - avec succès et au prix d’une sévère récession - un terme à l’inflation élevée caractéristique des années 1970.

1980-82 : récession- À la suite du choc pétrolier de 1973, les pays en voie de développement s’étaient lourdement endettés, et ce d’autant plus facilement que les banques de dépôt cherchaient à utiliser les énormes dépôts de pétrodollars dont elles disposaient. Mais cet endettement servait principalement à couvrir des déficits budgétaires, pas à financer l’investissement, ce qu’a encore aggravé le deuxième choc pétrolier de 1978, alors que les banques étaient encore plus enclines à prêter. Une partie importante de la dette des PVD était à taux variable et à court terme. La hausse des taux courts américains décidée fin 1979 a donc considérablement alourdi la charge de la dette. Le pays où la situation de la balance des paiements s’est dégradée le plus rapidement a été le Mexique, qui a fait défaut brusquement en août 1982. Cela a eu un effet de raréfaction générale du crédit et provoqué une crise bancaire mondiale.

1982 : Mexique en cessation de paiements

1987 : krach boursier US dû au déficit de la balance commerciale américaine - Le durcissement de la politique monétaire aux Etats-Unis provoque une chute brutale des marchés boursiers, qui flirtaient avec leurs plus hauts. Krach du marché obligataire - À partir de janvier 1987, à cause du déséquilibre causé sur le marché des changes par les accords du Louvre, qui ont enrayé de force la baisse du dollar, les taux d’intérêt à long terme américains remontent considérablement, tandis que les marchés d’actions continuent, eux, de progresser. À la fin de l’été, les taux à 10 ans sont ainsi remontés de 300 points de base, rendant illogique la valorisation des actions, qui amorcent un important mouvement de repli. Le 19 octobre, la hausse des taux à 10 ans sur l’année atteint même brièvement 400 points de base et provoque finalement le krach le plus spectaculaire jamais enregistré en une journée sur un marché d’actions. La banque centrale américaine décide d’intervenir massivement comme prêteur de dernier ressort pour éviter des faillites en chaîne de maisons de titres et banques d’investissement.

1990 : krach boursier de Tokyo

1994-95 : crise mexicaine - L’ancrage fixe du peso mexicain au dollar était, à terme, incompatible avec le niveau élevé de l’inflation au Mexique. Néanmoins, cet ancrage donnait l’illusion générale d’une garantie de change. Ajouté à la suppression d’obstacles structurels aux mouvements de capitaux, il provoque de 1990 à 1993 un afflux considérable de liquidités étrangères dans l’économie mexicaine : plus de 90 milliards de dollars, lesquels viennent dollariser l’économie mexicaine et, surtout, nourrir un boum des crédits bancaires au secteur privé, qui croissent de 25 % par an pendant la période. Mais l’inflation érode petit à petit la compétitivité mexicaine et les comptes extérieurs du pays se détériorent, le déficit de la balance des paiements atteignant 8 % du PIB. À partir du 20 décembre 1994, les sorties de capitaux s’accélèrent et le peso dévisse. Bill Clinton, président des États-Unis, proche voisin économique du Mexique, intervient pour stopper cette crise, et les États-Unis avec des organisations internationales, prêtent 50 milliards de dollar US au Mexique une semaine après le début de la crise, dont 18 via le FMI. En 1995, la chute du PIB mexicain sera de 7 %. Krach obligataire de 1994. A l’époque, la Fed décide de fermer le robinet du crédit pour combattre l’inflation. Le marché des obligations s’effondre dans la panique générale.

1997-98 : crise financière « asiatique » et russe : crise des monnaies et fuite des capitaux

2000 : bulle internet - Les milliards injectés par les Banques centrales sont investis massivement dans la nouvelle économie. Mais la « bulle Internet » finit par éclater, emportant toutes les Bourses mondiales. Crise de surinvestissement dans les télécoms, de surendettement d’une partie des sociétés, et de négligence de certaines contraintes : pour acheter un article par internet, il suffit de quelques clics, mais pour le livrer dans la qualité et les délais prévus, il faut une logistique que nombre de "net-vendeurs" n’avaient pas.

2001 : krach du Nasdaq et scandales financiers américains, crises argentine, turque et brésilienne. Non seulement un certain nombre d’établissements financiers de première importance avaient des services divers dans les tours du World Trade Center et aux alentours, mais plusieurs nœuds de communication vitaux pour les systèmes de paiement et de compensation des marchés financiers furent touchés par l’attaque. La banque centrale américaine, la Fed, a réagi avec une grande promptitude et une vigueur impressionnante. Elle a injecté immédiatement sans limite toutes les liquidités demandées par les banques qui étaient victimes d’une asymétrie dans leurs règlements, c’est-à-dire qui avaient des règlements à effectuer mais n’avaient pas encore été créditées par leurs autres contreparties. L’injection fut si massive que le taux au jour-le-jour du marché interbancaire domestique américain, dit taux des Fed Funds, tomba à zéro pendant plusieurs jours. La Fed continua pendant plus d’une semaine à fournir à volonté les liquidités demandées par les banques, préférant ne pas jouer avec le risque systémique. De son côté, la Banque centrale européenne (BCE) accorda 130 milliards d’euros de liquidités supplémentaires aux banques européennes. Enfin, il y eut une baisse surprise concertée des taux directeurs de la Fed, de la BCE et de la Banque d’Angleterre.

2007 : crise des organismes de prêt au logement US et crise boursière - La crise éclata pendant l’été 2007 (connu alors comme la crise des subprimes). Elle s’est manifestée par une baisse de l’immobilier, un effet domino provoquant l’effondrement de diverses grandes banques dans le monde et une baisse des bourses d’actions. Les banques centrales (BCE et Fed principalement) ont injecté d’importantes liquidités. L’adoption d’un plan de sauvetage du système bancaire aux États-Unis (plan Paulson) et d’autres mesures prises notamment en Europe n’ayant pas suffi à rétablir la confiance, une chute des bourses mondiales s’est déroulé en octobre 2008. Le marché interbancaire est de son côté presque totalement paralysé par des taux d’intérêts très élevés et une crise de confiance généralisée. L’économie non financière commence de son côté à être atteinte par la crise. Les fonds de retraite des États-Unis ont à ce moment perdu 2000G$ US en un an. Après des années d’euphorie, l’éclatement de la bulle immobilière aux Etats-Unis fait imploser le système financier et bancaire mondial. En un peu plus d’un an, entre le 29 décembre 2007 et le 31 mars 2009, la capitalisation boursière de la banque HSBC est passée de 199,9 à 68 milliards de dollars (soit une baisse de deux tiers), celle de Bank of America de 194,6 à 31,1 milliards, celle de Citygroup de 151,3 à 13 milliards, celle de Natixis de 29,8 à 4,9 milliards, etc. Entre les séances du 29 juin 2007 et celle du 1er avril 2009, les indices des principales places financières ont chuté de 53 % (Cac 40) à 43 % (Dow Jones).

2008 : la chute. Le 15 septembre 2008, la banque d’investissement Lehman Brothers était déclarée en faillite. Dans la foulée, les grandes économies occidentales tombaient dans une spirale de tensions dramatiques. Cinq ans plus tard, les cicatrices de cette crise sont visibles partout. Plusieurs grandes banques ont disparu, la taille du bilan des banques centrales a explosé, les économies européennes peinent à redémarrer… Provoquée par une bulle généralisée de liquidités, la crise a été propagée par les banques.

2015 : crise chinoise. Les marchés chinois sont en débandade. Le principal indice boursier a plongé de 32% en moins d’un mois. En trois semaines, la Bourse de Shanghai a perdu 30%, soit 3.000 milliards de dollars qui se sont envolés, plongeant les investisseurs et les autorités dans la panique. L’Etat chinois a finalement répondu autoritairement en interdisant toute vente d’actions de grandes sociétés chinoises pour six mois. Le Monde du 10 juillet 2015 titre : « La crise financière chinoise est un signal d’alarme pour le monde. »

Ils empêchent artificiellement la crise chinoise

La bourse de Shanghai a chuté de 10% en deux jours entrainant à la baisse tous les marchés financiers du monde. Plus grave, les remèdes de Pékin se révèlent inopérants. La bourse chinoise avait suspendu les échanges d’actions de presque 1.500 sociétés (50 pour cent du marché total), gelant ainsi des capitaux valant 2.600 milliards de dollars. Même ce chiffre sous-estime cependant la crise du marché. Selon les régulations boursières chinoises, on suspend l’échange d’une action dès que son prix baisse de plus de 10 pour cent. Selon une estimation, presque 90 pour cent des actions chinoises auraient été suspendues ou ont atteint cette limite journalière.

En tout, plus de 3.000 milliards $ de richesse se sont volatilisés et les marchés ont chuté de plus de 30 pour cent depuis leur pic il y a un mois. Les sommes qui ont disparu dépassent la valeur totale des bourses française et espagnole réunies et équivalent presque au produit intérieur brut de l’Allemagne, la quatrième économie mondiale.

En réponse et pour bloquer la crise, la bourse chinoise a suspendu de force les échanges d’actions de presque 1.500 sociétés (50 pour cent du marché total), gelant ainsi des capitaux valant 2.600 milliards de dollars. Même ce chiffre sous-estime cependant la crise du marché. Selon les régulations boursières chinoises, on suspend l’échange d’une action dès que son prix baisse de plus de 10 pour cent. Selon une estimation, presque 90 pour cent des actions chinoises auraient été suspendues ou ont atteint cette limite journalière.

En tout, plus de 3.000 milliards $ de richesse se sont volatilisés et les marchés ont chuté de plus de 30 pour cent depuis leur pic il y a un mois. Les sommes qui ont disparu dépassent la valeur totale des bourses française et espagnole réunies et équivalent presque au produit intérieur brut de l’Allemagne, la quatrième économie mondiale.

Il est remarquable que le monde capitaliste de la « libre entreprise » ne s’indigne pas du fait que la Chine interdise aux propriétaires d’actions chinoises de les vendre, suite à l’effondrement des cours, et que la presse occidentale se fasse très peu l’écho de cet effondrement arrêté de manière si peu orthodoxe pour au moins six mois…
La seule explication, c’est que le monde occidental capitaliste serre les fesses à l’idée d’un effondrement boursier chinois, craignant l’effondrement mondial….
Les bourses occidentales font tout pour ne pas s’affoler de la bulle chinoise sur laquelle elles n’ont aucune visibilité...
La crise interrompue par force : interdit de vendre les actions des trusts et banques et même obligation d’en acheter pour relever les cours

Sur les bases de la crise chinoise

La Chine ouvrière face à la crise

La crise en Chine en 2008

La crise en Chine en 2009

La crise en Chine en 2011

Chine : il n’y aura pas d’atterissage en douceur...

Depuis 2008, ils ont empêché toutes les faillites du grand capital

19 mille milliards de dollars : c’est la chute de la capitalisation boursière due au krach de 2008. Pour comparaison, la totalité du PIB américain est de 12 mille milliards de dollars.

2.100 milliards de dollars : c’est l’estimation du coût de ce qu’a déjà représenté en trois ans la crise du crédit pour l’économie globale.

700 milliards : c’est le montant, en dollars, du plan Paulson voté le 3 octobre par la Chambre des représentants américains pour venir en aide au secteur bancaire, « victime » de la crise des subprimes.

780 milliards de dollars : c’est le coût du plan Obama.

Etc, etc… avec d’autres milliers de milliards du Japon, de la Chine, de l’Inde, de l’Europe, etc, etc…

Prenons l’exemple d’une seule banque autrichienne. Depuis la crise de 2008, Hypo Alpe Adria (HAA) est incapable de sortir la tête de l’eau, empêtrée dans toutes sortes de placements toxiques. En grave difficulté depuis 2014, ses problèmes viennent pour l’essentiel de sa filiale Heta, spécialisée dans les investissements à risque. Pour maintenir ses activités, HAA se voyait régulièrement aidée par les fonds publics : entre 2008 et 2015, ce sont 5,5 milliards d’euros qui ont été versés, sans contrepartie ni remboursement, par l’Etat autrichien à la banque. Face à la colère des contribuables, et à l’impasse de la situation, l’Autriche a pris une décision le 1er mars dernier : ne plus donner un euro à Heta, dont les actifs ne représentaient plus alors que 280 millions d’euros. Mais cette structure était organiquement liée à de nombreux acteurs financiers, en Europe de l’Est et également en Allemagne.

Où sont passés ces milliers de milliards de dollars que les Etats ont engloutis pour « sauver les banques » après la déroute de 2008 ? Une partie de la réponse est : ils ont servi à… sauver le système. Non, ils ont seulement servi à retarder un peu la chute en bloquant toutes les faillites, en empêchant les mécanismes classiques des crises…

Le caractère particulier de l’intervention financière des Etats et des banques centrales depuis 2008 ne consiste pas seulement dans son caractère inconditionnel et massif (des centaines de milliards de dollars) mais dans son caractère d’investissement à contre-rentabilité.
Le mode d’intervention massive des banques centrales et des Etats nous montre que nous sommes sortis de la phase des crises classiques car jamais, au grand jamais, au cours des multiples crises du capitalisme que l’histoire a connues, elles n’ont agi en ce sens, pour empêcher des faillites, pour inhiber le mécanisme même de la crise capitaliste.

Un nouveau capitalisme sans crise ?!!

Dans les crises classiques du capitalisme, les crises cycliques qui ont jalonné le 19e siècle et le début du 20e siècle, l’effondrement des prix accompagnait la phase de dépression, accentuant l’effondrement du marché. Ces phases poussaient les capitalistes les plus faibles vers la faillite ou vers leur rachat par des concurrents plus puissants.

Mais, dans les crises classiques du capitalisme, la dépression était suivie d’une phase de reprise plus ou moins rapide. La dépression permettait de liquider les stocks, d’éliminer les entreprises les moins rentables, d’ajuster l’offre à la demande. Cet ajustement était brutal mais il permettait aux capitalistes « survivants » de retrouver des taux de profit élevés et à la production industrielle de repartir... jusqu’au prochain krach. La crise est le seul moyen existant, dans une économie de marché, de purger l’économie des canards boiteux, des déséquilibres entre les différents secteurs de la production.

Le hic, avec la financiarisation massive de l’économie, c’est que depuis quarante ans, après les krachs et les phases de dépression, la phase de redémarrage est poussive, jamais massive, quand elle a lieu. Les détenteurs de capitaux préfèrent les orienter vers les opérations financières susceptibles de rapporter plus ou moins rapidement plutôt que vers la production.
Ce qui montre bien que ce n’est pas une crise cyclique classique…

Bien entendu, nous savons bien que tout au long de l’Histoire, il y a eu des interventions d’Etat pour aider l’économie, pour aider les intérêts privés, pour prendre en charge des secteurs non immédiatement rentables et nécessaires au fonctionnement d’ensemble. Nous savons aussi que l’existence de titres pourris n’existe pas seulement depuis quelques années de même que la ponction des spéculations financières sur l’ensemble des capitaux investis, les profits issus de l’exploitation du travail humain étant répartis entre l’ensemble des capitaux, y compris les capitaux financiers et spéculatifs. Mais il y a une grande différence entre ces ponctions sur la plus-value et une situation où l’essentiel des profits sont réalisés par des investissements fondés sur les dettes, sur les pertes, sur les chutes, c’est-à-dire un fonctionnement nécrophile du capital privé qui agit en sciant la branche du système, les Etats se contentant de nourrir par leurs interventions ces capitaux nécrophiles. Ce sont également les Etats et les banques centrales qui nous montrent qu’ils n’ont plus aucune confiance dans la dynamique des investissements privés puisque, depuis 2008, ils ne cessent d’injecter des milliers de milliards de dollars dans les circuits financiers et économiques.

Toutes les politiques, économiques ou autres, des classes dirigeantes et des Etats à leur service montrent qu’elles savent qu’il n’y a aucune confiance à faire à l’avenir dans la stabilité de la société bourgeoise. A preuve les efforts qu’ils font pour semer des sources de guerre aux quatre coins du monde. Témoin également leurs efforts pour semer des causes de guerre civile à l’intérieur même des pays, y compris les pays riches. Témoin aussi leurs efforts pour préparer des troupes fascistes et des idéologies servant à les justifier. Témoin la reprise des affrontements inter-impérialistes qui étaient mis en veilleuse depuis la fin de la politique des blocs et depuis le 11 septembre 2001. Témoin les efforts des classes dirigeantes pour pousser violemment les classes moyennes contre la classe ouvrière présentée comme privilégiée et comme protégée, en faisant croire que les sommes colossales déversées par les Etats, au détriment des classes moyennes, le seraient pour « sauver les emplois et les salaires ». Témoin tout le travail politique des classes dirigeantes pour discréditer la classe ouvrière y compris à ses propres yeux, les classes dirigeantes sachant que l’avenir est à une attaque d’ampleur encore jamais vécue contre le prolétariat mondial.

Malgré les aides étatiques les plus importantes de toute l’histoire du capitalisme, les Etats n’ont aucune confiance dans la possibilité de redonner une dynamique au système puisqu’ils ne préparent politiquement et socialement que les risques liés à son effondrement… Bien entendu, rien de tout cela ne se reflète dans les statistiques du PIB mondial puisqu’il ne mesure que les résultats de ces interventions économiques sur la masse de richesses totale, masse qui incluse ces interventions financières centrales. A ce tarif, tout compte ne peut qu’être faussé et arbitraire puisque, pour le moment, les Etats et les banques centrales ne se donnent pas de limite à leurs interventions. A une telle échelle des interventions étatiques, toute loi économique est faussée. Il faut voir par exemple comment le nouveau gouvernement japonais a multiplié les interventions financières pour comprendre que la hausse factice des succès du PIB japonais n’est nullement la preuve d’une dynamique du capitalisme au Japon mais, au contraire, un témoignage de ses soubresauts mortels. Les Etats et les sociétés privées ont la même politique consistant à fausser leurs bilans afin d’attirer les investisseurs, d’où les faux comptes des entreprises et des banques et les faux calculs du PIB. C’est ainsi que les Etats introduisent de plus en plus l’économie mafieuse dans ces chiffres, de la drogue à la prostitution, au grand banditisme et aux activités illicites. C’est ainsi qu’ils comptent des dettes (titrisées ou pas) dans les valeurs, c’est-à-dire qu’ils totalisent des crédits et des débits. Loin de régler les problèmes du capitalisme, ces méthodes confortent les possesseurs privés de capitaux dans leur perte de confiance dans la pérennité du système. En fait, ce sont les peuples qui continuent à croire à la durabilité et à l’irremplaçabilité du capitalisme, y compris les travailleurs et même y compris… la plupart des militants révolutionnaires !!! Et c’est la bourgeoisie capitaliste qui n’y croit plus puisqu’elle exige des garanties d’Etat pour mettre le moindre centime dans des investissements productifs… Au contraire, les révolutionnaires qui se revendiquent du prolétariat militent tellement pour que celui-ci prenne le pouvoir qu’ils semblent polarisés par cette action indispensable au point de croire qu’elle est la seule capable de faire chuter le capitalisme. Au point qu’ils ne peuvent imaginer qu’un système social périsse en se heurtant à ses propres limites ! Pourtant, c’est bel et bien le cadre trop étriqué de la propriété privée des moyens de production qui fait que les possibilités technologiques apparemment illimitées (elles ont permis de réduire considérablement le temps de travail socialement nécessaire pour produire toutes les marchandises) ne peuvent pas être exploitées dans le cadre du système. Par exemple, les trusts pharmaceutiques mettent de plus en plus de médicaments en rupture de stock, en cessant tout simplement de les produire, estimant que la rentabilité minimale n’est atteinte que si les Etats les aident et ils font donc un chantage à la santé pour obtenir ces aides comme ils font un chantage à l’emploi dans le même but. Le pouvoir étatique devient ainsi le principal investisseur dans la production, les capitalistes se transformant en assistés des Etats. Qu’on me dise que cela n’est que momentané si on se sent capable de me le démontrer mais qu’on ne me dise pas qu’un système qui devient fondé sur ce pillage des fonds d’Etats, c’est cela même le capitalisme !!! Et que l’on ne me dise pas qu’un mode de production ne peut chuter que par la révolution sociale, laissant place à un mode de production supérieur car cela n’est pas du marxisme mais plutôt un fatalisme historique et une conception linéaire de la transformation historique qui ne ressemble en rien à celle de Marx. Nous ne connaissons pas un mais des centaines d’exemples de civilisations qui ont chuté du fait des contradictions internes, de l’intérieur, sans laisser place à une société, à un système supérieur. Il n’y a pas de fatalité que le capitalisme cède la place au pouvoir des travailleurs, au socialisme et au communisme. Par contre, avec l’effondrement du système, il devient urgent que les prolétaires prennent conscience de l’imminence du danger et de l’importance de leur prise de conscience de leur rôle historique.

Ce n’est pas une crise de surproduction de marchandises (ou de sous consommation) mais une crise de surproduction ... de capital ! La suraccumulation du capital a pris des proportions telles que le seul moyen trouvé par les Etats pour éviter une ffondrement total et immédiat du capitalisme en 2008 a été de continuer à faire croitre les capitaux privés en injectant des centaines de milliards des banques centrales et institutions financière sinternationales... Ce qui est reculer pour mieux sauter ! Ils ont ainsi accru la taille du problème tout en étendant aux etats l’endettement... Il n’y a pas de possibilité pour le capitalisme de s’en sortir par des moyens classiques, par des politiques économiques. l’effondrement du système a été retardé mais ce n’est que partie remise.

Toutes les mesures les plus fantasmagoriques prises par les Etats ou les grandes institutions financières ont beau déverser des centaines de milliards sur les marchés, elles ne parviennent pas à recréer la circulation des capitaux normale. Cela revient à étayer les murs d’une cathédrale dont la voûte s’est effondrée. Cela ne reconstruira jamais l’édifice !

Dans ces conditions, le pire des mensonges consisterait à prétendre qu’il s’agirait simplement d’une crise dans laquelle les riches se débrouilleraient pour faire payer les pauvres. Non, c’est la fin d’un système qui est annoncée et il convient de s’y préparer si on ne veut pas mourir avec... Politiquement, socialement, dans les luttes, dans la propagande politique, les conséquences sont considérables. les organisations révolutionnaires qui refusent de prendre la mesure des événements iront dans le sens inverse des intérêts du prolétariat révolutionnaire...
Les crises "classiques" du capitalisme n’étaient rien d ’autre que le mode de respiration (l’expiration) indispensable au système. Pour catastrophiques qu’elles aient pu être parfois, détruisant des masses de capitaux et de biens, ces anciennes crises étaient indispensables au fonctionnement du capitalisme, nettoyant périodiquement les actifs qui ne correspondaient plus à une activité rentable. Le fonctionnement d’un grand nombre d’acteurs indépendants agissant en aveugle nécessitait ce type de régulation après coup. Des crises financières, des crises de la dette se sont surajoutées aux crises de surproduction sans changer le caractère "normal" des crises du capitalisme.

Ce qu’on voit depuis 2007 est bien différent. La dette privée suivie de la dette publique et l’effondrement des banques ne sont que les conséquences (et plus les causes) des mesures précédentes de sauvetage du système. La catastrophe n’a pas commencé en 2007. En 2000, elle se profilait déjà aux USA (effondrement d’Enron, de Vivendi Universal, des compagnies aériennes et menace de krach au World Trade Center) et les classes dirigeantes ne sont parvenues à retarder la catastrophe qu’en produisant d’autres catastrophes. La course à l’endettement privé n’a été que l’une de ces mesures. la course à la guerre en a été une autre. L’accélération de l’ultra-libéralisme du commerce, des marchés financiers et de la gestion des Etats (privatisation des services publics notamment) a été la troisième. Mais ces médicaments ont atteint leur limite d’efficacité et se sont transformés en nouvelles formes de la maladie. ils ne sont pas cependant la véritable cause de celle-ci.

Le capitalisme a évité la chute brutale en 2008 et, à l’aide de moyens financiers étatiques d’une exceptionnelle quantité, il est parvenu à une chute en pente douce qui se poursuit et se généralise. Cependant, cela ne change rien à l’avenir : récession et inflation, chômage de masse, destruction des services publics et misère massive ne pouvant que mener à des désordres extraordinaires au plan politique et social. Et, il n’y a plus qu’à attendre le prochain effondrement boursier, financier ou économique... Pour arriver à ce résultat, tous les états du monde se sont mis en faillite. Il n’y a pas d’issue économique pour le capitalisme. Pour les classes dirigeantes, il est indispensable de préparer un avenir fait d’affrontements ethniques, régionaux, raciaux, de guerres, de dictature et de fascisme.

La signification des crises capitalistes et leur rôle nécessaire pour le fonctionnement du système

Friedrich Engels, « La situation de la classe laborieuse en Angleterre » :

« Crise, prospérité, crise, ce cycle éternel dans lequel se meut l’industrie anglaise s’accomplit ordinairement, nous l’avons dit, en cinq ou six ans. »

Friedrich Engels, « Anti-Dühring » :

« Depuis 1825, date où éclata la première crise générale, la totalité du monde industriel et commercial, la production et l’échange de l’ensemble des peuples civilisés et de leurs satellites plus ou moins barbares se détraquent environ une fois tous les dix ans. Le commerce s’arrête, les marchés sont encombrés, les produits sont là aussi en quantités aussi massives qu’ils sont invendables, l’argent comptant devient invisible, le crédit disparaît, les fabriques s’arrêtent, les masses travailleuses manquent de moyens de subsistance pour avoir produit trop de moyens de subsistance, les faillites succèdent aux faillites, les ventes forcées aux ventes forcées. L’engorgement dure des années, forces productives et produits sont dilapidés et détruits en masse jusqu’à ce que les masses de marchandises accumulées s’écoulent enfin avec une dépréciation plus ou moins forte, jusqu’à ce que production et échange reprennent peu à peu leur marche. Progressivement, l’allure s’accélère, passe au trot, le trot industriel se fait galop et ce galop augmente à son tour jusqu’au ventre à terre d’un steeple chase complet de l’industrie, du commerce, du crédit et de la spéculation, pour finir, après les sauts les plus périlleux, par se retrouver... dans le fossé du krach. Et toujours la même répétition. Voilà ce que nous n’avons pas vécu moins de cinq fois déjà depuis 1825, et ce que nous vivons en cet instant (1877) pour la sixième fois. Et le caractère de ces crises est si nettement marqué que Fourier a mis le doigt sur toutes en qualifiant la première de crise pléthorique. On voit, dans les crises, la contradiction entre production sociale et appropriation capitaliste arriver à l’explosion violente. La circulation des marchandises est momentanément anéantie ; le moyen de circulation, l’argent, devient obstacle à la circulation ; toutes les lois de la production et de la circulation des marchandises sont mises sens dessus sens dessous. La collision économique atteint son maximum : le mode de production se rebelle contre le mode d’échange, les forces productives se rebellent contre le mode de production pour lequel elles sont devenues trop grandes. Le fait que l’organisation sociale de la production à l’intérieur de la fabrique s’est développée jusqu’au point où elle est devenue incompatible avec l’anarchie de la production dans la société, qui subsiste à côté d’elle et au-dessus d’elle - ce fait est rendu palpable aux capitalistes eux-mêmes par la puissante concentration des capitaux qui s’accomplit pendant les crises au prix de la ruine d’un nombre élevé de grands capitalistes et d’un nombre plus élevé encore de petits capitalistes. L’ensemble du mécanisme du mode de production capitaliste refuse le service sous la pression des forces productives qu’il a lui-même engendrées. Le mode de production ne peut plus transformer cette masse de moyens de production tout entière en capital ; ils chôment, et c’est pourquoi l’armée de réserve industrielle doit chômer aussi. Moyens de production, moyens de subsistance, travailleurs disponibles, tous les éléments de la production et de la richesse générale existent en excédent. Mais “ la pléthore devient la source de la pénurie et de la misère ” (Fourier), car c’est elle précisément qui empêche la transformation des moyens de production et de subsistance en capital. Car, dans la société capitaliste, les moyens de production ne peuvent entrer en activité à moins qu’ils ne se soient auparavant transformés en capital, en moyens pour l’exploitation de la force de travail humaine. La nécessité pour les moyens de production et de subsistance de prendre la qualité de capital se dresse comme un spectre entre eux et les ouvriers. C’est elle seule qui empêche la conjonction des leviers matériels et personnels de la production ; c’est elle seule qui interdit aux moyens de production de fonctionner, aux ouvriers de travailler et de vivre. D’une part, donc, le mode de production capitaliste est convaincu de sa propre incapacité de continuer à administrer ces forces productives. D’autre part, ces forces productives elles-mêmes poussent avec une puissance croissante à la suppression de la contradiction, à leur affranchissement de leur qualité de capital, à la reconnaissance effective de leur caractère de forces productives sociales.C’est cette réaction des forces productives en puissante croissance contre leur qualité de capital, c’est cette nécessité grandissante où l’on est de reconnaître leur nature sociale, qui obligent la classe des capitalistes elle-même à les traiter de plus en plus, dans la mesure tout au moins où c’est possible à l’intérieur du rapport capitaliste, comme des forces de production sociales. »

Karl Marx :

« La crise n’est rien d’autre que la mise en œuvre de l’unité des phases du procès de production, qui se sont autonomisées l’une vis-à-vis de l’autre… Les crises du marché mondial doivent être comprises comme regroupant réellement, et égalisant violemment, toutes les contradictions de l’économie bourgeoise ».

Karl Marx, Le Capital, Livre III, paragraphe 5, chapitre XXXI :

« La statistique des exportations et des importations donne une mesure de l’accumulation du capital effectif, c’est-à-dire du capital productif et du capital - marchandise. Elle montre que dans la série de cycles de dix ans chacun, qui caractérisent le développement de l’industrie anglaise de 1815 à 1870, la prospérité maximum qui a été atteinte dans chaque cycle immédiatement avant la crise se retrouve comme prospérité minimum dans le cycle suivant, qui donne lieu ensuite à une prospérité maximum plus considérable. En 1824, une année de prospérité, la valeur déclarée des produits exportés par la Grande-Bretagne et l’Irlande s’élève à 40.326.300 £ ; la crise de 1825 la fait diminuer et la ramène pendant les années suivantes à un chiffre variant de 35 à 39 millions. La prospérité renaît en 1834 et avec elle les exportations remontent au niveau maximum du cycle précédent (41.649.191 £), mais le dépassent bientôt pour atteindre, en 1836, un nouveau maximum, cette fois, de 53.368.571 £. En 1837, éclate la crise ; la valeur des produits exportés tombe à un minimum de 42 millions, plus élevé que le maximum de 1824, et oscille ensuite entre 50 et 53 millions. Le retour de la prospérité fait monter l’exportation à 58 1/2, millions en 1841 et lui fait dépasser le maximum de 1836. Elle atteint 60.111.082 £ en 1845, tombe à 57 millions en 1846, remonte à 59 millions en 1847, retombe à 53 millions en 1848, s’élève à 63 1/2 millions en 1849, à 99 millions en 1853, à 97 millions en 1854, à 94 1/2 millions en 1855, à 116 millions en 1856, pour atteindre le point culminant de 122 millions, en 1857. Elle tombe ensuite à 116 millions en 1858, et passe successivement par 130 millions en 1859, 136 millions en 1860, 125 millions (un nouveau minimum plus grand que le maximum précédent) en 1861 et 146 1/2 millions en 1863. »

Karl Marx dans le Manifeste communiste :

« Depuis trente ans au moins, l’histoire de l’industrie et du commerce n’est que l’histoire de la révolte des forces productives contre les rapports de propriété, qui sont les conditions d’existence de la bourgeoisie et de son régime. Y suffit de mentionner les crises commerciales, qui, par leur retour périodique, mettent de plus en plus en question l’existence de la société bourgeoise. Chaque crise détruit régulièrement non seulement une masse de produits déjà créés, mais encore une grande partie des forces productives elles-mêmes. Une épidémie qui, à toute autre époque, eût semblé un paradoxe s’abat sur la société - l’épidémie de la surproduction. ( ... ) Comment la bourgeoisie surmonte-t-elle ces crises ? D’une part, la destruction forcée d’une masse de forces productives ; d’autre part, par la conquête de nouveaux marchés et l’exploitation plus parfaite des anciens. C’est-à-dire qu’elle prépare des crises plus générales et plus formidables et diminue les moyens de les prévenir. »

Karl Marx (« Le Capital », Livre I, VIIe section, chapitre XXV) :

« Cette marche singulière de l’industrie, que nous ne rencontrons à aucune époque antérieure de l’humanité, était également impossible dans la période d’enfance de la production capitaliste. Alors, le progrès technique étant lent et se généralisant plus lentement encore, les changements dans la composition du capital social se firent à peine sentir. En même temps l’extension du marché colonial récemment créé, la multiplication correspondante des besoins et des moyens de les satisfaire, la naissance de nouvelles branches d’industrie, activaient, avec l’accumulation, la demande de travail. Bien que peu rapide, au point de vue de notre époque, le progrès de l’accumulation vint se heurter aux limites naturelles de la population, et nous verrons plus tard qu’on ne parvint à reculer ces limites qu’à force de coups d’État. C’est seulement sous le régime de la grande industrie que la production d’un superflu de population devient un ressort régulier de la production des richesses. Si ce régime doue le capital social d’une force d’expansion soudaine, d’une élasticité merveilleuse, c’est que, sous l’aiguillon de chances favorables, le crédit fait affluer à la production des masses extraordinaires de la richesse sociale croissante, de nouveaux capitaux dont les possesseurs, impatients de les faire valoir, guettent sans cesse le moment opportun ; c’est, d’un autre côté, que les ressorts techniques de la grande industrie permettent, et de convertir soudainement en moyens de production supplémentaires un énorme surcroît de produits, et de transporter plus rapidement les marchandises d’un coin du monde à l’autre. Si le bas prix de ces marchandises leur fait d’abord ouvrir de nouveaux débouchés et dilate les anciens, leur surabondance vient peu à peu resserrer le marché général jusqu’au point où elles en sont brusquement rejetées. Les vicissitudes commerciales arrivent ainsi à se combiner avec les mouvements alternatifs du capital social qui, dans le cours de son accumulation, tantôt subit des révolutions dans sa composition, tantôt s’accroît sur la base technique une fois acquise. Toutes ces influences concourent à provoquer des expansions et des contractions soudaines de l’échelle de la production. L’expansion de la production par des mouvements saccadés est la cause première de sa contraction subite ; celle-ci, il est vrai, provoque à son tour celle-là, mais l’expansion exorbitante de la production, qui forme le point de départ, serait-elle possible sans une armée de réserve aux ordres du capital, sans un surcroît de travailleurs indépendant de l’accroissement naturel de la population ? Ce surcroît s’obtient à l’aide d’un procédé bien simple et qui tous les jours jette des ouvriers sur le pavé, à savoir l’application de méthodes qui, rendant le travail plus productif, en diminuent la demande. La conversion, toujours renouvelée, d’une partie de la classe ouvrière en autant de bras à demi occupés ou tout à fait désœuvrés, imprime donc au mouvement de l’industrie moderne sa forme typique. Comme les corps célestes une fois lancés dans leurs orbes les décrivent pour un temps indéfini, de même la production sociale une fois jetée dans ce mouvement alternatif d’expansion et de contraction le répète par une nécessité mécanique. Les effets deviennent causes à leur tour, et des péripéties, d’abord irrégulières et en apparence accidentelles, affectent de plus en plus la forme d’une périodicité normale. Mais c’est seulement de l’époque où l’industrie mécanique, ayant jeté des racines assez profondes, exerça une influence prépondérante sur toute la production nationale ; où, grâce à elle, le commerce étranger commença à primer le commerce intérieur ; où le marché universel s’annexa successivement de vastes terrains au Nouveau Monde, en Asie et en Australie ; où enfin les nations industrielles entrant en lice furent devenues assez nombreuses, c’est de cette époque seulement que datent les cycles renaissants dont les phases successives embrassent des années et qui aboutissent toujours à une crise générale, fin d’un cycle et point de départ d’un autre. Jusqu’ici la durée périodique de ces cycles est de dix ou onze ans, mais il n’y a aucune raison pour considérer ce chiffre comme constant. Au contraire, on doit inférer des lois de la production capitaliste, telles que nous venons de les développer, qu’il est variable et que la période des cycles se raccourcira graduellement. »

Karl Marx (« Le Capital », livre III, tome I) :

« La contradiction de ce mode de production capitaliste réside dans sa tendance à développer absolument les forces productives, qui entrent sans cesse en conflit avec les conditions spécifiques de production, dans lesquelles se meut le capital, les seules dans lesquelles il puisse se mouvoir. On produit périodiquement trop de moyens de travail et de subsistance pour pouvoir les faire fonctionner comme moyens d’exploitation des ouvriers à un certain taux de profit. On produit trop de marchandises pour pouvoir réaliser et reconvertir dans un capital neuf la valeur et la plus-value qu’elles recèlent dans des conditions de distribution et de consommation impliquées par la production capitaliste, c’est-à-dire pour accomplir ce procès sans explosion se répétant sans cesse. »

Marx (« Le Capital », livre III, tome II,) :

« Si le développement du système de crédit, écrit Marx, peut faire figure de levier principal de la surproduction et de la surspéculation commerciale, c’est seulement parce que le procès de reproduction, par nature élastique, se trouve ici presque à l’extrême limite, étant donné qu’une grande partie du capital social est utilisée par ceux qui ne le possèdent pas et qui par conséquent se mettent à l’ouvrage bien autrement que le propriétaire, qui, s’il est lui-même actif, supporte peureusement les limites de son capital privé. Il en ressort simplement que la mise en valeur du capital basée sur le caractère contradictoire de la production capitaliste (la contradiction entre l’appropriation privée des moyens de production et le caractère social de la production - S. J.) ne permet le développement véritablement libre que jusqu’à un certain point et constitue en réalité une entrave immanente et une barrière à la production constamment rompue par le système de crédit. »

« Le système de crédit accélère par conséquent le développement matériel des forces productives et la constitution du marché mondial ; la tâche historique de la production capitaliste est justement de pousser jusqu’à un certain degré le développement de ces deux facteurs, base matérielle de la nouvelle forme de production. »

Marx (« Le Capital », livre III, tome II) :
« Le crédit accélère en même temps les explosions violentes de cette contradiction, les crises, et partant les éléments qui dissolvent l’ancien mode de production. »

Marx :

« La dépréciation périodique du capital existant, qui est un moyen immanent de la production capitaliste pour retarder la baisse du taux du profit et accélérer l’accumulation grâce à la formation de capital nouveau, trouble les processus de circulation et de reproduction du capital, et détermine des arrêts subits et des crises de la production. Le recul du capital variable relativement au capital constant, qui accompagne le développement des forces productives, stimule l’accroissement de la population ouvrière et la formation d’une surpopulation artificielle. Quant à la baisse du taux du profit, elle ralentit l’accumulation du capital en tant que valeur pendant qu’elle multiplie les valeurs d’usage, effet dont le contrecoup se manifeste bientôt par une reprise de l’accumulation de valeur-capital. Sans cesse la production capitaliste s’efforce de vaincre ces entraves qui lui sont inhérentes et elle ne parvient à les surmonter que par des moyens qui les font réapparaître et les renforcent. La véritable barrière de la production capitaliste, c’est le capital lui-même. Le capital est le point de départ et le point d’arrivée, la raison et le but de la production capitaliste. Cette production est production pour le capital, au lieu que les moyens de production servent à un épanouissement grandissant de la vie sociale des producteurs. Les limites dans lesquelles la valeur-capital peut être conservée et mise en valeur, fondées sur l’expropriation et l’appauvrissement de la masse des producteurs, entrent continuellement en conflit avec les méthodes auxquelles le capital a recours pour augmenter la production sans fin, produire pour la production et développer les forces productives. Le moyen, le développement illimité des forces productives de la société, se heurte sans cesse avec le but limité, la mise en valeur du capital existant. Si, historiquement, la production capitaliste est un moyen pour développer la force productive matérielle et créer un marché mondial en adéquation, elle est néanmoins en conflit continuel avec les conditions sociales et productives de cette mission historique. »

« La surproduction de capital, qu’il ne faut pas confondre avec la surproduction de marchandise - bien que celle-là n’aille jamais sans celle-ci - revient donc simplement à une suraccumulation. La suraccumulation serait absolue si elle n’affectait pas telle ou telle branche, mais l’ensemble des activités. Il y aurait surproduction absolue si la production capitaliste, qui a pour but la mise en valeur du capital, c’est-à-dire l’appropriation du surtravail, la production de la plus-value et la récolte du profit, cessait d’exiger du capital supplémentaire. Il y aurait donc surproduction si le capital avait pris, relativement à la population ouvrière, une importance telle qu’il y aurait impossibilité d’augmenter le temps absolu de travail ou la partie de la journée représentant le surtravail (cette dernière éventualité n’est pas à envisager puisque la demande de travail serait très forte et qu’il y aurait tendance à une hausse des salaires) ; ce qui aboutirait à cette situation que le capital accru de C à C’ = C + ∆C ne produirait pas plus ou produirait même moins de profit que le capital primitif C. Dans les deux cas, il y aurait une baisse considérable et subite du taux général du profit, due à la modification de la composition du capital et résultant non du développement de la productivité, mais de l’accroissement de la valeur monétaire du capital variable (les salaires ayant augmenté) et de la diminution du surtravail par rapport au travail nécessaire. En pratique, les choses se passeraient de telle sorte qu’une partie du capital resterait entièrement ou partiellement inoccupée, faute de pouvoir évincer le capital en fonction, et que l’autre partie serait mise en valeur à un taux de profit réduit, sous la pression de la première. Peu importerait qu’une partie du capital supplémentaire vînt ou non se substituer à une partie égale du capital en fonction ; on aurait toujours d’un côté un capital donné en activité et de l’autre un capital supplémentaire. La baisse du taux du profit serait accompagnée d’une diminution de la masse du profit, car selon notre hypothèse la force de travail employée ainsi que le taux et la masse de la plus-value ne pourraient pas augmenter, et cette masse réduite du profit devrait être rapportée à un capital total accru. Même si le capital en fonction continuait à rapporter du profit à l’ancien taux et si par conséquent la masse de profit restait invariable, il faudrait rapporter cette dernière à un capital total agrandi, ce qui impliquerait la baisse du taux du profit. Lorsqu’un capital de 1000 rapportant 100 de profit est porté à 1500 rapportant également 100, le taux du profit tombe de 100 à 66 % ce qui revient à dire qu’un capital de 1 000, dans les nouvelles circonstances, ne donne pas plus de profit qu’un capital de
666 engagé dans les conditions précédentes. Il est clair que cette dépréciation effective du capital ancien, de même que cette entrée en fonction du capital supplémentaire ∆C, ne se feraient pas sans lutte, bien que ce ne soit pas celle-ci qui donne lieu à la baisse du taux du profit et que ce soient au contraire la baisse du taux du profit et la surproduction de capital qui aggravent la concurrence. La partie de ∆C se trouvant entre les mains des anciens capitalistes serait laissée inoccupée par ceux-ci, afin d’éviter la dépréciation de leur capital original et son éloignement de la production. Peut-être aussi l’appliqueraient-ils même avec une perte momentanée, afin de contraindre leurs concurrents et les nouveaux capitalistes à laisser leurs capitaux inoccupés. Quant aux nouveaux capitalistes détenant l’autre partie de ∆C, ils chercheraient à prendre place aux dépens des anciens, en s’efforçant de substituer leur capital à une partie de celui de ceux-ci. Dans tous les cas, il y aurait immobilisation d’une partie du capital ancien, qui ne pourrait plus fonctionner comme capital et s’engrosser de plus-value. L’importance de cette partie résulterait de l’énergie de la concurrence. Nous avons vu, en étudiant le taux général du profit, que tant que les affaires marchent bien, la concurrence fait les parts d’une manière fraternelle, en les proportionnant aux sommes risquées. Mais lorsqu’il s’agit de se partager non plus des bénéfices mais des pertes, chacun cherche à ramener sa part au minimum et à grossir le plus possible celle des autres. La force et la ruse sont la règle et la concurrence devient une lutte féroce entre les frères ennemis. L’antagonisme entre les intérêts de chaque capitaliste et ceux de la classe capitaliste s’affirme, alors que, précédemment, la concordance de ces intérêts était pratiquement réalisée par la concurrence. Comment ce conflit s’apaisera-t-il et comment les conditions favorables au mouvement « sain » de la production capitaliste se rétabliront-elles ? Une partie du capital - de l’importance de tout on d’une partie de ∆C - sera immobilisée ou même détruite jusqu’à un certain point. La répartition des pertes ne se fera pas d’une manière égale entre tous les capitalistes, mais résultera d’un conflit dans lequel chacun fera valoir ses avantages particuliers et sa situation acquise, de sorte que d’un côté il y aura un capital immobilisé, de l’autre un capital détruit, d’un autre côté encore un capital déprécié. Pour rétablir l’équilibre, il faudra condamner à l’immobilisation ou même à la destruction une quantité plus ou moins grande de capital. Des moyens de production, du capital fixe comme du capital circulant cesseront de fonctionner et des entreprises seront supprimées ; car, bien que le temps déprécie tous les moyens de production (excepté le sol), une interruption de fonctionnement les ruine davantage.
L’effet de la crise revêtira cependant son caractère le plus aigu pour les capitaux-valeurs. La partie de ceux-ci qui représente simplement des titres à une plus-value éventuelle, sera dépréciée dès que la baisse du revenu qui lui sert de base sera connue. Une partie de la monnaie d’or et d’argent sera inoccupée et ne fonctionnera plus comme capital. Des marchandises sur le marché subiront une dépréciation considérable - d’où une dépréciation du capital - faute d’achever leur circulation et leur reproduction aux prix antérieurs. Il en sera de même d’éléments du capital fixe. Comme la reproduction ne peut se faire qu’à des conditions de prix déterminées, elle sera complètement désorganisée et jusqu’à un certain point paralysée. Ce trouble retentira sur le fonctionnement de la monnaie ; la chaîne des engagements pour les paiements aux différentes échéances sera brisée en mille endroits et le système de crédit, qui s’est développé avec le capital, sera ébranlé. Il y aura des crises violentes, des dévalorisations aussi soudaines que forcées, un déclin effectif de la reproduction. Mais d’autres facteurs entreront en même temps en jeu. Le ralentissement de la production condamnera au chômage une partie de la population ouvrière et contraindra les travailleurs occupés à accepter une réduction de salaire même au-dessous de la moyenne. Cela, pour le capital, aura le même résultat qu’une augmentation de la plus-value absolue ou relative, sans augmentation de salaire. Ce résultat se manifestera avec d’autant plus d’intensité que la période de prospérité avait augmenté la natalité et diminué la mortalité. (Ce qui, sans accroître la population effectivement occupée - bien que cette augmentation puisse avoir lieu - aurait le même effet, au point de vue des relations entre travailleurs et capitalistes, qu’une extension de l’effectif mis a l’œuvre. D’autre part, la baisse des prix agissant en même temps que la concurrence poussera chaque capitaliste à appliquer de nouvelles machines, des méthodes perfectionnées et des combinaisons plus efficaces pour réaliser une production supérieure à la production moyenne, c’est-à-dire augmenter la productivité du travail, réduire le capital variable relativement au capital constant, en un mot déterminer en supprimant des ouvriers une surpopulation artificielle. Mais bientôt la dépréciation des éléments du capital constant interviendra pour provoquer une hausse du taux du profit, car, à la faveur de sa diminution de valeur, la masse de ce capital ne tardera pas à s’accroître par rapport au capital variable. Le ralentissement de la production aura préparé son épanouissement ultérieur (toujours dans le cadre capitaliste) et le capital, un certain temps déprécié par l’arrêt de son fonctionnement, reprendra son ancienne valeur. Le même cercle vicieux recommencera donc, mais avec des moyens de production plus considérables, un marché plus étendu, une force de production plus importante. »

Extrait du "Capital" de Karl Marx :

« Dans les premiers temps du commerce mondial, durant la période de 1815 à 1847, les crises se répétaient de cinq en cinq ans environ ; de 1847 à 1867 les cycles furent visiblement de dix ans ; serions-nous dans la phase préparatoire d’un nouveau krach mondial d’une violence inouïe ? Plus d’un symptôme semble l’annoncer. Depuis la crise de 1867 de grands changements se sont produits. Le développement colossal des moyens de communication - les steamers, les chemins de fer, le télégraphe, le canal de Suez - ont établi le véritable marché mondial. Il s’est aussi trouvé beaucoup de défenseurs traditionnels du libre marché pour appuyer les interventions des gouvernements. De nombreux économistes partisans des théories de Milton Friedman ont plaidé pour des injections monétaires dans le système financier. Mark Mullins, le patron de l’Institut Fraser de Vancouver, le plus important think tank canadien défendant des politiques s’appuyant sur le libéralisme économique, a écrit dans le National Post que « the capitalist system that has created the greatest prosperity and quality of life in history is inherently cyclical and emotional [...] » et s’est dit en faveur de certaines formes d’interventions… La justification pour intervenir semble toujours s’appuyer sur la peur de revivre la Grande Dépression. Si nous laissons trop d’institutions s’effondrer pour cause d’insolvabilité, nous dit-on, il y a risque d’un effondrement généralisé des marchés financiers, ce qui entraînerait un assèchement complet des flux de crédit et des effets catastrophiques sur tous les secteurs de la production. Cette opinion, que partagent Ben Bernanke, Henry Paulson, et une bonne partie de l’establishment politique et économique de droite, se fonde sur la thèse de Milton Friedman selon laquelle la Réserve fédérale aurait provoqué la Dépression en n’injectant pas suffisamment d’argent dans le système financier suite au krach de 1929. Les gouvernements tiennent absolument à faire quelque chose, et ils ont décidé de tenter futilement de prolonger le boom artificiel des dernières années. Ils ne font ainsi que continuer de creuser plus profondément le trou dans lequel nous nous trouvons. Le réajustement nécessaire n’en sera que plus prolongé et dévastateur pour plus de gens, comme l’a été la Grande Dépression à cause d’interventions semblables du gouvernement Roosevelt... L’évolution de notre civilisation vers le capitalisme n’est certainement pas une fatalité.... »

Karl Marx, dans le "New York Tribune", 6 décembre 1856 :

« La caractéristique chronique que l’actuelle crise financière a pris ne fait qu’annoncer une issue encore plus violente et désastreuse de cette crise. L’Europe se trouve en ce moment dans la situation d’un homme au bord de la banqueroute qui est obligé, à la fois de continuer à exercer toutes ses entreprises qui l’ont mené à la ruine et à saisir tous les moyens désespérés possibles avec lesquels il espère différer et empêcher l’ultime krach effroyable… Manifestement l’Empire français se distingue du romain en ceci : l’un craignait sa mort de l’avance des barbares, l’autre du recul des spéculateurs en bourse. »

Karl Marx dans « Gundrisse » (Principes) :
« La limite du capital apparaît dans le fait que tout ce développement se déroule de manière antagonique et que l’éclosion des forces productives, de la richesse générale, du savoir etc., se manifeste de telle façon que le travailleurs s’aliène lui-même… Mais cette forme antagonique est elle-même transitoire et produit les conditions de sa propre abolition… Parvenu à un certain niveau, le développement des forces productives matérielles – qui implique celui des forces de la classe laborieuse – entraîne l’abolition du capital lui-même. »

Karl Marx, Le Capital, livre Trois

« La véritable barrière de la production capitaliste, c’est le capital lui-même : le capital et sa mise en valeur par lui-même apparaissent comme point de départ et point final, moteur et fin de la production ; la production n’est qu’une production pour le capital et non l’inverse : les moyens de production ne sont pas de simples moyens de donner forme, en l’élargissant sans cesse, au processus de la vie au bénéfice de la société des producteurs. Les limites qui servent de cadre infranchissable à la conservation et la mise en valeur de la valeur-capital reposent sur l’expropriation et l’appauvrissement de la grande masse des producteurs ; elles entrent donc sans cesse en contradiction avec les méthodes de production que le capital doit employer nécessairement pour sa propre fin, et qui tendent à promouvoir un accroissement illimité de la production, un développement inconditionné des forces productives sociales du travail, à faire de la production une fin en soi. Le moyen développement inconditionné de la productivité sociale entre perpétuellement en conflit avec la fin limitée : mise en valeur du capital existant. Si donc le mode de production capitaliste est un moyen historique de développer la force productive matérielle et de créer le marché mondial correspondant, il représente en même temps une contradiction permanente entre cette tâche historique et les rapports de production sociaux qui lui correspondent. »

Henry Ford :

« Il est appréciable que le peuple de cette nation ne comprenne rien au système bancaire et monétaire, car si tel était le cas, je pense que nous serions confrontés à une révolution avant demain matin. »

Léon Trotsky écrit dans "Le marxisme et notre époque" :

« La théorie de la catastrophe
« L’esprit et le cœur des intellectuels de la classe moyenne et des bureaucrates syndicaux furent presque complètement hypnotisés par les réalisations du capitalisme entre l’époque de la mort de Marx et l’explosion de la guerre mondiale. L’idée d’un progrès graduel continu semblait établie pour toujours, cependant que l’idée de révolution était considérée comme un pur vestige de la barbarie. Aux pronostics de Marx, on opposait les pronostics contraires d’une distribution mieux équilibrée du revenu national, de l’atténuation des contradictions de classes et d’une réforme graduelle de la société capitaliste. Jean Jaurès, le plus doué des sociaux-démocrates de l’époque classique, espérait remplir graduellement la démocratie politique d’un contenu social. C’est en cela que consiste l’essence du réformisme. Tels étaient les pronostics opposés à ceux de Marx. Qu’en reste-t-il ? La vie du capitalisme de monopole de notre époque n’est qu’une succession de crises. Chaque crise est une catastrophe. La nécessité d’échapper à ces catastrophes partielles au moyen de barrières douanières, de l’inflation, de l’accroissement des dépenses gouvernementales et des dettes, etc..., prépare le terrain pour de nouvelles crises, plus profondes et plus étendues. La lutte pour les marchés, pour les matières premières, pour les colonies, rend les catastrophes militaires inévitables. Celles-ci préparent inéluctablement des catastrophes révolutionnaires. Vraiment, il n’est pas facile d’admettre avec Sombart que le capitalisme devient, avec le temps, de plus en plus « calme, posé, raisonnable » ! Il serait plus juste de dire qu’il est en train de perdre ses derniers vestiges de raison. En tout cas, il n’y a pas de doute que la "théorie de l’effondrement" a triomphé de la théorie du développement pacifique. »

Trotsky dans sa préface de 1937 au « Manifeste communiste » de Marx :

« Marx enseignait qu’aucun ordre social ne quitte la scène avant d’avoir épuisé ses possibilités créatrices. Le « Manifeste » flétrit le capitalisme parce qu’il entrave le développement des forces productives. Cependant, à son époque, de même que pendant les décennies suivantes, cette entrave n’avait qu’un caractère relatif ; si dans la seconde moitié du XIX° siècle, l’économie avait pu être organisée sur les fondements socialistes, le rythme de sa croissance aurait été incomparablement plus rapide. Cette thèse, théoriquement incontestable, ne changeait rien au fait que les forces productives continuaient à croître à l’échelle mondiale sans interruption jusqu’à la guerre mondiale. C’est seulement dans les vingt dernières années que, malgré les conquêtes les plus modernes de la science et de la technique, s’est ouverte l’époque de la stagnation et même de la décadence de l’économie mondiale. L’humanité commence à vivre sur le capital accumulé, et la prochaine guerre menace de détruire pour longtemps le bases mêmes de la civilisation. Les auteurs du « Manifeste » escomptaient que le capital se briserait longtemps avant de se transformer d’un régime réactionnaire relatif en un régime réactionnaire absolu. Cette transformation ne s’est précisée qu’aux yeux de la génération actuelle et a fait de notre époque celle des guerres, des révolutions et du fascisme »

A Londres, le Daily Telegraph écrit :

« Le 13 octobre 2008 restera dans l’histoire comme le jour où le système capitaliste britannique a reconnu avoir échoué. »

« Le capitalisme est-il une fatalité ? » par Martin Masse :

« Karl Marx a fameusement émis l’hypothèse que le système capitaliste comporte des contradictions internes qui provoquent des crises économiques et qui mèneront inévitablement à son autodestruction. Alors que nous entrons dans une période de bouleversements économiques qui pourraient rivaliser avec ceux de la Grande Dépression, cette thèse revient à la mode et s’exprime de diverses façons. Même la plupart de ceux qui ne souhaitent pas renverser le capitalisme en acceptent la prémisse, celle de l’instabilité chronique de ce système. Une instabilité que l’État aurait la responsabilité de tempérer en intervenant pour sauver le capitalisme de ses contradictions. Pratiquement tous les gouvernements du monde sont intervenus d’une façon ou d’une autre en 2008 pour imposer de nouvelles couches de réglementation et « injecter » des centaines de milliards de dollars de fonds publics ou de crédit créé par les banques centrales pour relancer une économie en panne. On ne se surprendra évidemment pas de voir des gouvernements de gauche profiter de cette crise pour instaurer de nouvelles mesures étatistes. Mais même des gouvernements perçus comme étant plus favorables aux principes de marché ont emboîté le pas. Aux États-Unis, le président George W. Bush et son secrétaire au Trésor Henry Paulson ont ainsi présidé à la plus gigantesque intervention étatique dans l’économie de l’histoire du monde dans le but de sauver les marchés financiers de la déroute. Le président français Nicolas Sarkozy parle quant à lui de « refonder » le capitalisme. »

Le milliardaire américain Warren Buffet à chaîne américaine CNBC lundi 9-03-2009, parlant de « Pearl Harbour économique » :

« L’économie est tombée d’une falaise. ( …) Je n’ai jamais vu un tel niveau de peur auparavant. »

Le 23 octobre 2008, audition d’Alan Greenspan, ancien directeur de la FED, la réserve fédérale américaine par la commission chargée du contrôle de l’action gouvernementale (Greenspan a été l’un des défenseurs ardents de la financiarisation et de la dérégulation qui ont été présentées comme les seuls moyens de sortir le système de la crise et qui sont accusées d’être les causes de la crise) :

"Oui, je reconnais que j’ai vu une faille. Je ne sais pas à quel point elle est significative ou durable, mais cela m’a plongé dans un grand désarroi. (...) Je suis choqué, parce que cela faisait quarante ans et même plus que, de façon très évidente, cela fonctionnait exceptionnellement bien. (...) La crise cependant a pris une dimension beaucoup plus grande que ce que j’avais imaginé. (...) C’est un tsunami comme on en voit un par siècle. (...) Les banques centrales et les gouvernements se retrouvent contraints d’adopter des mesures sans précédent."

L’économiste Frédéric Lordon :

"Spécifique, générique, la crise est singulière également. Cette crise financière n’est pas que financière. Surtout, comme aucune autre auparavant elle exprime les contradictions du régime d’accumulation en vigueur et signale son arrivée aux limites."

Jacques Cotta, sur le site La Sociale :

"Le point de départ de la crise financière à laquelle nous assistons n’est donc pas à rechercher, comme on voudrait nous y inviter, dans la finance en soi, mais bien dans l’organisation du système capitaliste qui produit des crises successives au sein de l’économie réelle et qui pousse au développement des marchés financiers pour tenter d’y faire fructifier l’argent qui y est misé. Si aujourd’hui les indices boursiers continuent de faire du yo-yo et si la mine inquiète des spéculateurs remplace l’air réjoui des deux derniers jours, c’est uniquement parce qu’on assiste aux premiers effets de la crise financière qui à son tour agit sur l’économie réelle. De crise financière et crise bancaire, elle affecte les capacités d’emprunt des entreprises comme des particuliers et menace en fin de course l’emploi, les entreprises elles-mêmes et la production [...]. La crise économique profonde du système capitaliste qui traverse le monde trouvera son prolongement sur le terrain social. Dans chaque pays et en France. L’emploi, les salaires, les services publics, la sécurité sociale – dont le déficit de 11 milliards d’euros était abyssal alors que 360 milliards pour les banques sont débloqués en une soirée- les retraites, l’éducation… tout ce qui constitue le ciment de la vie collective va être mis à rude épreuve". Et d’ajouter : "Il est assez cocasse dans ce contexte d’entendre tous les discours et de voir toute l’agitation dont le seul but est la préservation du système capitaliste qui pourtant porte en lui la tempête qui se déchaîne sous nos yeux".

Paul Jorion, anthropologue, économiste, praticien de la finance :

« La machine était en panne et l’on a tenté de la réparer avec du sparadrap. Et aujourd’hui, la machine est arrêtée car son coeur financier a entièrement fondu. Il suffit de lire la presse financière tous les jours pour s’en convaincre. Les banquiers eux-mêmes le reconnaissent en privé. Et pourtant, on continue d’inonder le système financier de liquidités ou d’appliquer de vieilles recettes, comme l’austérité, qui risquent d’aggraver les choses et d’accélérer le délitement du système. Comme au Moyen-Age, on pratique la saignée, quitte à tuer le malade ! »

En conclusion :

Des milliers de milliards, ce sont les sommes que les Etats de la planète injectent dans l’économie pour pallier à l’incapacité de la classe capitaliste à faire du profit par l’investissement privé. Des trusts aussi productifs que General Motors, Chrysler, General Electric, les fleurons U.S. de l’industrie de consommation, ne survivent plus que par le truchement des injections d’argent public. Et ces sommes ne sont jamais suffisantes ce qui signifie que la crise de l’endettement qui a gagné toute l’économie est en train de mettre en faillite les Etats. Et pourtant, cela ne peut pas être une manière de relancer l’économie capitaliste qui est fondée sur l’investissement privé de capital. Les banques aidées rechutent peu de temps après car les mêmes causes entraînent les mêmes effets, ce qui montre que les causes fondamentales de la crise ne sont enrien soignées par ces injections massives d’argent étatique. On peut donc bel et bien dire que le capitalisme est en panne bien plus qu’en 1929 et que les conséquences ne seront pas seulement un recul social sans précédent avec des licenciements massifs et une misère d’ampleur exceptionnelle. Les classes dirigeantes ont choisi de retarder cet effondrement afin de préparer une réponse. Celle-ci comprendra certainement une répression accrue des travailleurs, la remise en cause des libertés et la marche à la guerre ... mondiale. Sans être devin, cet avenir est assuré si... les travailleurs et les peuples n’y mettent pas fin ! Ils en ont la force. Ils sont la plus grande puissance à l’échelle mondiale. Il leur manque la conscience de cette force et de cette perspective.

« Il ne s’agit pas de savoir ce que tel ou tel prolétaire, ou même le prolétariat tout entier, se propose comme but momentanément. Il s’agit de savoir ce que le prolétariat est et ce qu’il doit faire historiquement, conformément à son être. Son but et son action historiques lui sont tracés, de manière tangible et irrévocable, dans sa propre situation historique, comme dans toute l’organisation de la société actuelle. »

Karl Marx, « La sainte famille »

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