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En Tunisie, la contestation sociale explose à nouveau...

vendredi 22 janvier 2016, par Robert Paris

Révolte sociale en Tunisie

Affrontements à Bizerte, Zarzouna et Mateur

Emeutes à Ettadhamen, Intilaka, Ariana, Sidi Bouzid, Kram

Emeute et pillage à Bizerte et Menzel Bourguiba

Chômage : émeute à Douz, Médénine, Beja, Sidi Bouzid, Kasserine, Skhira

La contestation contre le chômage et l’exclusion sociale, partie de Kasserine (centre), a gagné jeudi plusieurs autres villes de Tunisie, cinq ans après la révolution largement motivée par ces fléaux.

Face à l’accroissement du nombre de manifestations, le Premier ministre Habib Essid a écourté sa visite en Europe, où il participait au Forum de Davos, et annoncé qu’il présiderait samedi un conseil des ministres exceptionnel et donnerait une conférence de presse.

Des mouvements de protestation —parfois marqués par des accrochages avec la police— ont de nouveau eu lieu jeudi et gagné de nouvelles villes, rappelant les manifestations qui avaient emporté le régime du dictateur Zine El Abidine Ben Ali fin 2010-début 2011.

 ’Marre des promesses’ -

A Kasserine, dans le centre défavorisé du pays, la police a comme la veille fait usage de gaz lacrymogène pour disperser des manifestants qui bloquaient des routes et jetaient des pierres, selon une journaliste de l’AFP.

C’est dans cette ville que les troubles ont commencé après le décès samedi d’un chômeur de 28 ans, Ridha Yahyaoui, électrocuté après être monté sur un poteau. Le jeune homme protestait avec d’autres contre son retrait d’une liste d’embauches dans la fonction publique.

"Nous en avons assez des promesses et de la marginalisation. Nous avons fait la révolution et nous ne nous tairons plus", a dit à l’AFP une manifestante de Kasserine, Marwa Zorgui, reflétant le sentiment d’exclusion et de ras-le-bol de nombreux habitants de la région.

La veille, un policier est mort durant la dispersion d’une manifestation à Feriana, à une trentaine de km de Kasserine, selon le ministère de l’Intérieur. Une source de sécurité a affirmé à l’AFP que le véhicule du policier s’était renversé lors de la dispersion du cortège.

Une source à l’hôpital régional de Kasserine a fait état de 240 blessés parmi les civils et de 74 policiers depuis le début des troubles.

Jeudi matin, plus d’un millier de personnes, souvent jeunes, s’étaient rassemblées devant le gouvernorat à Kasserine sous très forte présence sécuritaire pour obtenir des renseignements sur le recrutement de 5.000 chômeurs annoncé la veille en urgence par le gouvernement.

 Remèdes ’sélectifs’ ? -

Mais alors qu’elle visait à calmer la situation, cette annonce a créé des remous ailleurs, comme à Siliana (nord-ouest).

"La marginalisation, on n’y remédie pas de manière sélective parce que Kasserine a protesté et pas Siliana", a lancé l’élu Salah Bargaoui en marge d’un rassemblement pour réclamer des emplois devant le siège du gouvernorat.

A Sidi Bouzid, d’où était partie la révolution de 2011, plusieurs routes ont été coupées par des pneus en flammes et des manifestants, pour la plupart très jeunes, ont jeté des pierres sur la police, qui a répliqué par du gaz lacrymogène, selon un correspondant de l’AFP.

Le centre-ville, où le vendeur ambulant Mohamed Bouazizi s’était immolé par le feu en décembre 2010, déclenchant alors le soulèvement, a été bouclé.

Des manifestations ont aussi eu lieu à Jendouba, Gafsa ou encore Kébili, ont rapporté des médias locaux.

"C’est comme si nous étions encore à la fin 2010-début 2011", a écrit jeudi le quotidien arabophone Al Chourouk. "De Bouazizi à Yahyaoui, les motifs et la manière se répètent. Les résultats seront-ils les mêmes ?", s’est demandé le journal.

Présent au forum de Davos, le Premier ministre a déclaré que le chômage était "le problème essentiel (...) et l’une des priorités du gouvernement". Mais "nous n’avons pas de baguette magique pour en finir en peu de temps", a dit Habib Essid.

La Tunisie doit "trouver un nouveau modèle de développement (...) qui s’appuie sur la justice sociale", a-t-il ajouté, reconnaissant "beaucoup de disparités entre les régions".

Si la Tunisie a pu malgré les difficultés organiser des élections libres et adopter une nouvelle Constitution, devenant une "exception" parmi les pays du "Printemps arabe", elle ne parvient pas à relancer son économie, notamment affectée par l’instabilité et les attentats jihadistes.

Le chômage dépasse 15% au niveau national et atteint le double chez les diplômés. Ces taux sont encore supérieurs à l’intérieur du pays.

C’est la suite....

Messages

  • La police tunisienne a fait usage de gaz lacrymogènes pour disperser plusieurs centaines de manifestants qui voulaient s’en prendre à des bâtiments gouvernementaux dans plusieurs villes du pays jeudi, au troisième jour de protestations pour dénoncer le chômage.

    Plusieurs milliers de jeunes Tunisiens ont manifesté devant les bureaux de la préfecture à Kasserine, ville défavorisée du centre du pays où le mouvement de protestation a débuté après le suicide d’un homme qui se serait vu refuser un emploi dans la fonction publique.

    Les forces de l’ordre sont également intervenues dans les villes de Jamdouba, Beja et Skira, ainsi qu’à Sidi Bouzid où les protestataires scandaient "du travail ou une autre révolution", selon des témoins et les médias locaux.

    A Guebeli, dans le sud du pays, un poste de police a été incendié et à Kef, dans le Nord-Ouest, les policiers ont dû abandonner sous la pression des manifestants le bâtiment où ils se trouvaient, a rapporté le ministère de l’Intérieur.

    Dans la soirée, les manifestations se sont étendues à la capitale Tunis. Un petit poste de police a été incendié dans le quartier défavorisé de Cité El Intilaka. A Cité Ettadhamen, des rues ont été barrées par des pneus enflammés, a rapporté un témoin.

    Un policier a été tué mercredi après avoir été attaqué par des manifestants à Feriana, au sud de Kasserine, a annoncé le ministère de l’Intérieur.

    Le Premier ministre Habib Essid a décidé d’écourter son séjour au Forum économique mondial de Davos, en Suisse, ont annoncé ses services. Il réunira un conseil des ministres avant de se rendre samedi à Kasserine.

    Le gouvernement du président Béji Caïd Essebsi a annoncé mercredi qu’il allait embaucher plus de 6.000 jeunes actuellement au chômage à Kasserine et lancer des projets de construction. Jeudi, des centaines de personnes se sont présentées pour trouver du travail dans cette localité où la tension reste forte.

    "Je suis sans travail depuis 13 ans et je suis un technicien qualifié. On ne demande pas la charité mais seulement un droit au travail", a déclaré Mohamed Mdini, un des manifestants de Kasserine alors que la foule chantait "Travail, liberté, dignité".

    La "révolution de jasmin", qui a donné le coup d’envoi du printemps arabe, était partie des émeutes ayant suivi la mort, le 4 janvier 2011, de Mohamed Bouazizi, un vendeur ambulant qui s’était immolé par le feu à Sidi Bouzid.

  • En Tunisie comme en Egypte comme partout dans le monde...

    Ne comptons ni sur les Etats bourgeois, ni sur les partis réformistes, ni sur les élections, ni sur les bureaucrates syndicaux, ni sur les chefs militaires radicaux ! Organisons nos propres conseils de travailleurs et prenons le pouvoir sur nos luttes comme sur toute la société !

  • La révolte continue en Tunisie :

    Affrontements à Sidi Bouzid, Rgueb, Tozeur, Nabeul

    A noter que l’UGTT est resté muette sur ces émeutes…

    Le syndicat essaie aujourd’hui de temporiser, de calmer le jeu car ces émeutes menacent un édifice déjà extrêmement fragile, contrairement à 2011, où elle fut un acteur de premier plan de la fausse transition politique démocratique bourgeoise dont le syndicat est un des piliers, action de collaboration pour laquelle il a été récompensé par un prix Nobel : lire ici

    Ce n’est pas tout à fait une nouveauté : si la base du syndicat participait à la révolution arabe, le sommet participait à la trahison de celle-ci. lire ici

  • Cinq ans après que l’auto-immolation de Mohamed Bouazizi, vendeur de légumes malgré ses diplômes, a déclenché des manifestations de masse contre le chômage, devenues ensuite des luttes révolutionnaires ayant conduit à la chute du président tunisien Zine El Abidine Ben Ali, des manifestations de masse de travailleurs et d’étudiants ont de nouveau éclaté contre le chômage dans toute la Tunisie.

    Après la mort, dans une manifestation samedi dernier, de Ridha Yahyaoui, jeune homme cherchant un emploi d’enseignant dans la ville de Kasserine dans le sud tunisien, les protestations se sont propagées du sud et de l’ouest de la Tunisie à la capitale Tunis et jeudi à l’ensemble du Pays. Un policier est mort lorsque son véhicule s’est renversé, et un nombre non spécifié de manifestants ont été blessés jeudi lors d’affrontements à Kasserine, où les forces de sécurité avaient tué des dizaines de manifestants durant le soulèvement de 2011.

    « Je suis sans emploi depuis 13 ans, et je suis technicien qualifié. Nous ne voulons pas la charité, seulement notre droit au travail », a dit Mohamed Mdini, un électricien, à l’agence Reuters lors d’une manifestation à Kasserine.

    Après un rassemblement de diplômés d’université au chômage jeudi à Tunis, qui réclamaient des emplois et la chute du régime, l’Etat a déclaré un couvre-feu de 20 heures à 5 heures hier dans toute la Tunisie. Le ministère de l’Intérieur a averti que les protestations causaient des « dommages aux biens publics et privés. » Il a menacé de poursuivre toute personne défiant le couvre-feu, bien que des manifestants aient déjà défié, à Kasserine, un couvre-feu local déclaré dans leur région plus tôt dans la semaine.

    L’éruption en Tunisie de protestations de masse montre qu’aucun des griefs ayant poussé la classe ouvrière dans la lutte révolutionnaire il y a cinq ans contre la dictature de Ben Ali d’abord, puis contre celle de Moubarak en Égypte, n’a été résolu. Les États-Unis et les principaux pouvoirs européens ont dépensé des milliards de dollars dans des guerres qui ont dévasté la région, de la Libye au Mali. Dans le même temps, les puissances de l’OTAN et la classe capitaliste tunisienne n’ont répondu ni aux besoins sociaux fondamentaux des travailleurs ni respecté les droits démocratiques fondamentaux.

    Après un intermède où le parti islamiste Ennahda a été au pouvoir, le parti de Ben Ali, le RCD (Rassemblement constitutionnel démocratique), rebaptisé Nidaa Tounes, est revenu au pouvoir en 2014, avec le soutien d’une bureaucratie syndicale tunisienne corrompue et de groupes de « gauche » de la classe moyenne.

    Les protestations ont débuté il y a une semaine, lorsque Ridha Yahyaoui est mort électrocuté après avoir grimpé sur un poteau pour s’adresser à un rassemblement de chômeurs à qui le ministère de l’Éducation avait refusé des emplois. Il était l’un des sept chômeurs diplômés privés d’emploi après avoir organisé une occupation l’an dernier et une rencontre avec les autorités locales au début de l’année pour présenter des revendications.

    Salem Ayari, le secrétaire général de l’Union des diplômés chômeurs, a dit au Huffington Post–Maghreb que Yahyaoui « avait récemment découvert que son nom avait été retiré de la liste des fichiers à être remis au Premier ministre afin de régulariser leur situation... La liste a été modifiée et manipulée sans consultation avec le maire ou le député qui s’occupaient de la question. »

    La mort tragique de Yahyaoui, comme celle de Bouazizi, a déclenché des manifestations à travers les régions industrielles et minières déprimées du Sud tunisien, où sont situées Kasserine et Sidi Bouzid.

    Des ouvriers de la construction et des journaliers de Béja ont rejoint les manifestations, exigeant des papiers et des conditions de travail normales. Les manifestants ont défilé, bloqué les routes et tenté d’occuper les bâtiments municipaux dans des villes de tout le sud et du centre de la Tunisie, dont Meknassi et Sousse. Lorsque le gouvernement a tenté de mettre fin à ce mouvement mercredi, en offrant des concessions à Kasserine et en promettant de créer quelques milliers d’emplois, les travailleurs d’autres villes de Tunisie ont rejoint le mouvement. Sidi Bouzid, Béja, Kébili, Meknassi, Mazouna, Gabès, Sfax, Sousse ont toutes été la scène de protestations.

    Plusieurs bâtiments publics, à Jendouba et Tozeur entre autre, furent occupés par des étudiants et des chômeurs exigeant des emplois. Les protestations ont également touché des quartiers populaires de Tunis où les manifestants auraient bloqué les routes et mis le feu à un poste de police.

    Le gouvernement s’alarmant de la propagation des protestations à la fin de la semaine, le Président Béji Caïd Essebsi, ancien responsable du régime Ben Ali, a parlé au peuple tunisien dans un discours télévisé le 22 janvier au soir. Prétendant un court instant éprouver de la sympathie pour les masses il a admis que « les chômeurs ne pouvaient pas attendre éternellement », puis il a attaqué des personnes, non identifiées, actives dans les manifestations qui « avaient contribué à attiser les flammes et ordonné des actes de sabotage et de pillage. »

    Essebsi a cyniquement dit qu’il allait créer des emplois sans dépenser d’argent supplémentaire, disant qu’il était sûr que l’Etat pouvait « trouver les fonds nécessaires, au besoin en les enlevant d’autres projets. » Il a promis cependant que quelle que soit l’action de son gouvernement, ce dernier respecterait « tous ses engagements, financiers et autres, auprès de ses partenaires étrangers », c’est à dire les grandes banques et les gouvernements des pays impérialistes d’Europe et d’Amérique.

    Nonobstant les promesses toutes rhétoriques d’Essebsi, les cinq dernières années ont montré de façon concluante que les revendications des masses laborieuses pour les droits fondamentaux, sociaux et démocratiques étaient incompatibles avec la domination capitaliste de l’Afrique du Nord et en particulier avec l’escalade des interventions militaires des puissances impérialistes. La Tunisie a été privée d’investissement et d’emploi, frappée par l’effusion de sang débordant de la Libye voisine après que l’OTAN et ses alliés islamistes y eurent renversé, dans une guerre sanglante, le régime du colonel Mouammar Kadhafi.

    En Tunisie, le chômage est à plus de 15 pour cent (et de plus d’un tiers pour les jeunes), l’économie parallèle équivaut à 54 pour cent du produit intérieur brut et le pouvoir d’achat a chuté de 40 pour cent depuis le début de la révolution, rapporte Tuniscope.

    Les cinq années écoulées depuis l’effondrement du régime Ben Ali ont surtout montré qu’aucune protestation sociale quelle que soit sa force ne peut amener une victoire de la classe ouvrière sans qu’elle ait à sa tête un parti révolutionnaire. Les soulèvements de 2011 en Tunisie et en Égypte étaient de puissantes luttes révolutionnaires mobilisant des masses de travailleurs qui ont rapidement brisé la résistance des forces de sécurité de dictatures redoutées qui semblaient invincibles.

    Mais en l’absence d’un parti révolutionnaire combattant pour mener la classe ouvrière en Tunisie, en Égypte et au-delà à la prise du pouvoir d’État et la création d’une société socialiste, les deux régimes ont pu finalement se stabiliser. Après que le pouvoir soit brièvement passé dans les mains des islamistes, des personnages de l’entourage des anciens autocrates — Essebsi en Tunisie, et le général Abdel Fattah al-Sisi en Égypte — ont finalement réussi à revenir au pouvoir avec le soutien de diverses organisations de « gauche » petites-bourgeoises.

    Internationalement, la bourgeoisie est bien consciente du rôle joué par ces forces et les a généreusement récompensées. L’Union générale tunisienne du travail (UGTT) et la Ligue tunisienne des droits de l’Homme (LTDH) se sont partagé le Prix Nobel de la Paix 2015 avec divers groupes d’entreprises et professionnels. Le comité Nobel a salué leur « contribution décisive à la construction d’une démocratie pluraliste en Tunisie. »

    Comme les manifestations tunisiennes le montrent maintenant, l’UGTT et la LTDH n’ont pas construit une démocratie, mais une nouvelle façade pour le retour de l’ancienne dictature, construite sur l’oppression économique intense et la répression de l’opposition de masse de la classe ouvrière. Nonobstant leurs prétentions démocratiques, ils essaient maintenant d’étrangler les protestations et aident à justifier la répression policière en diffusant des histoires horrifiantes de manifestations infiltrées par des terroristes venus de Libye.

    L’UGTT, un pilier du régime de Ben Ali, a publié une déclaration appelant brièvement les exigences des manifestants « légitimes », pour proposer ensuite le déploiement de ses membres autour des bâtiments de l’Etat et de les protéger contre les manifestants. L’UGTT a dit dans une déclaration qu’elle dénonçait « le pillage et le vol commis par des gangs criminels qui tentent de manipuler la protestation sociale... et fait appel à une mobilisation générale de ses membres pour protéger les installations des institutions publiques et privées. »

    Hamma Hammami, le dirigeant du Parti des travailleurs, élément clé du Front populaire, un regroupement de « gauche » de la classe moyenne qui s’est allié avec Nidaa Tounes avant les élections de 2014, a montré clairement que son parti aussi voulait de nouveau bloquer une révolution en Tunisie. Parlant à Mosaïque FM, Hammami a dit que tandis que les membres du Front populaire « se joignent certes aux protestations, » ceci était « avec l’objectif de leur donner une structure, afin qu’ils conservent un caractère pacifique et ne soient rien d’autre. »

  • La société française Cotusal exploite « l’or blanc » du pays en vertu d’une convention datant de… 1949. N’est-il pas grand temps de la revoir ?

    Zakaria Hamad, le ministre tunisien de l’Industrie, de l’Énergie et des Mines, s’attendait à parler pétrole et phosphates avec les élus de l’Assemblée des représentants du peuple (ARP) lors des discussions portant sur le budget 2016 de son portefeuille. Mais ils l’ont pris au dépourvu en mettant le sel au cœur des débats.

    L’essentiel de son exploitation échappe en effet au pays. Depuis 1949, sa production est gérée par la Compagnie générale des salines de Tunisie (Cotusal), une société française passée au travers de la vague de nationalisations lancée après l’indépendance de 1956, puis du collectivisme qui avait mis en coupe réglée le tissu productif tunisien entre 1963 et 1969.

    La filiale du groupe français Salins réalise près de 18 millions de dinars (plus de 8 millions d’euros) de chiffre d’affaires avec une production annuelle de 1 million de tonnes de sel (sur 1,5 million de tonnes extraites au total dans le pays), dont 750 000 tonnes sont destinées à l’exportation. Soit à peine plus de 1 % des exportations minières du pays, dont la valeur s’élève à 1 680 millions de dinars. Mais les députés, piqués au vif, en font une question de souveraineté nationale, estimant qu’aucune ressource n’est négligeable et que le sel est le nouvel or blanc. Ils s’insurgent aussi contre près d’un siècle de quasi-monopole : la Compagnie résulte de la fusion de quatre entreprises qui exploitaient les salines de Khniss, Sidi Salem, Thyna et Radès depuis 1903, et un premier concurrent n’a été introduit sur le marché qu’en 1994.

    Lancés dans un véritable réquisitoire nationaliste contre la compagnie française, les représentants du peuple remarquent que la Cotusal ne divulgue ni ses résultats ni la composition de son conseil d’administration et que la convention – toujours en vigueur – prévoit le paiement « d’une redevance d’occupation du domaine public fixée à 1 franc par hectare et par an pour la totalité des superficies du domaine public concédées ». Plus curieux encore, la convention, renouvelable tous les quinze ans, ne peut être résiliée qu’après un préavis de dix ans.

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