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Le chômage est un crime social et le chômage permanent de masse une condamnation à mort du système d’exploitation

lundi 12 septembre 2016, par Robert Paris

Edito

Le chômage est un crime social et le chômage permanent de masse une condamnation à mort du système d’exploitation

Les gouvernants du monde ne cessent de nous casser les oreilles sur les grands moyens étatiques qu’ils développent pour « lutter contre le chômage » et le caractère politicien de leurs discours mensongers n’est pas l’essentiel. Ce qui l’est, c’est qu’ils camouflent un fait essentiel : le grand capital n’est plus capable d’exploiter les salariés et abandonne massivement cette activité qui était pourtant le « cœur de métier » du système capitaliste.

Média, politiciens, Etats, syndicats et autres associations essaient tous de nous faire croire que la lutte contre le chômage, qu’ils disent mener, avec une grande énergie verbale, serait une lutte difficile, que la situation économique est défavorable à l’emploi ou encore que les emplois sont volés par d’autres pays comme la Chine ou l’Inde. Mais on apprend en même temps que l’emploi salarié régresse en Chine comme en Inde et que l’activité ne s’y maintient que là où les Etats investissent des sommes fabuleuses.

Le fait historique, inédit, est que le capital privé, lui, n’investit plus dans l’emploi productif, pourtant le seul domaine d’activité économique producteur de plus-value. Certes, les bourses, les banques, les financiers, les commerciaux, le secteur des services, toutes ces activités périphériques prétendent « dégager des profits » mais cela n’a jamais été vrai. Ils émargent à la distribution des parts de profits dégagés de la production, de la plus-value tirée du travail humain productif, et c’est tout !

L’explication qui nous est donnée de ce nouvel état de la planète – plus d’investissements productifs privés et l’emploi qui chute irrémédiablement encore soutenu seulement par des fonds étatiques et des banques centrales – est la récession mais l’explication sonne en creux car il n’y a plus ni crise ni récession ni reprise, vu que depuis 2008, les interventions étatiques et des banques centrales n’ont eu d’autre but que de contrer les mécanismes « naturels » des crises capitalistes. La dernière en date, la crise des banques italiennes, n’a pas eu lieu. La précédente, la crise japonaise, n’a même pas eu à être annoncée, noyée qu’elle a été dans le plus grand plan d’intervention étatique au monde. La crise chinoise, elle-même, a été étouffée dans l’œuf et l’Etat est sans cesse contraint de réintervenir pour empêcher qu’elle ne ressorte la tête ! Donc de crise point et de reprise pas davantage du coup !

Il n’y a donc aucune raison d’attendre de reprise économique ni de reprise des embauches massive. La démarche qui pousse les capitaux privés à se retirer de leurs investissements productifs est même favorisée par les interventions étatiques puisque celles-ci produisent de nouvelles sources de rentabilité sans investissements dans la sphère productive. Plus les Etats s’endettent, plus ils déversent d’aides aux grand capital, plus ils soutiennent les bourses, plus ils interviennent dans la sphère productive, plus le grand capital trouve des intérêts à ne pas s’y investir pour leur part !

Contrairement à ce que prétendent les défenseurs nationalistes de l’emploi, qui diffusent l’idée que les emplois ont seulement été délocalisés, on constate qu’en réalité aucun pays ne connaît une hausse des emplois, pas plus les pays émergents que les USA ou les anciens impérialismes comme le Japon et l’Europe. Pas plus l’Afrique que l’Asie ou l’Amérique du sud. Dans toutes ces régions, les aides étatiques sont au plus haut niveau historique et les emplois baissent sans discontinuer, que les statistiques officielles le reconnaissent ou qu’elles le cachent.

C’est tout à fait contradictoire avec toute l’histoire du capitalisme. Celui-ci a connu des crises plus ou moins générales, plus ou moins systémiques, plus ou moins dangereuses économiquement, socialement ou politiquement. Mais il n’a jamais connu d’effondrement sans crise, sans fermetures de trusts et de banques, sans chute et sans… reprise ! En période de reprise économique, il n’a jamais distribué des aides étatiques massives pour pousser le capital privé à s’investir sans y parvenir du tout. Il n’y a jamais eu besoin de le pousser à surexploiter les prolétaires, même s’il ne s’est jamais gêné pour les jeter à la rue, en période de crise.

Aujourd’hui, c’est exactement l’inverse : rien ne parvient à le convaincre d’exploiter la force de travail des prolétaires. Les Etats et les banques centrales ont beau dépenser des milliers de milliards de dollars pour solliciter le capital privé de mettre sa fortune dans la production, ce dernier s’en détourne de plus en plus. Le capital privé accepte évidemment d’empocher l’argent public pour se distribuer des dividendes mais ceux-ci sont moins que jamais fondés sur l’accumulation de plus-value extraite de la production, c’est-à-dire de l’exploitation du prolétariat, du temps de travail impayé et volé à tous ceux qui ne possèdent pas leurs moyens de production et sont contraints de vendre leur force de travail pour vivre.

Rares sont les commentateurs qui osent faire remarquer que la situation économique actuelle n’a rien à voir avec celles connues dans les crises du passé car la seule conclusion possible est que le capitalisme a cessé de fonctionner, qu’il n’a plus aucun avenir, qu’il scie lui-même la branche sur laquelle il était assis.

Si la classe des prolétaires reçoit en pleine figure la menace du chômage et sa réalité qui est assassine, qui détruit des millions de vies humaines, si elle leur semble la preuve que les capitalistes parviennent à s’en passer, que le rapport de forces entre prolétaires et capitalistes bascule de plus en plus en faveur de ces derniers, rendant les luttes plus dures et plus rares, plus inefficaces aussi, la réalité sociale historique dit tout autre chose : que le grand capital est à l’agonie, même s’il se distribue toujours des profits. Si l’accumulation de richesses n’a jamais été aussi grande entre les mains de l’infime minorité des possesseurs de capitaux, cela a eu comme résultat que cette accumulation a atteint un tel niveau qu’elle a dépassé les capacités du système tout entier, que cette accumulation n’est plus capable de se poursuivre de manière autonome et dynamique, qu’elle est de plus en plus poussive, qu’elle a de plus en plus besoin de sa béquille étatique, que cette accumulation privée de capital est à l’agonie.

Le chômage de masse, mondial et permanent, est la preuve que les prolétaires n’ont désormais plus rien à attendre du grand capital, même pas la possibilité de se faire exploiter ou même surexploiter car le capital privé n’en est plus capable. Sa recherche du profit à tout prix s’est retournée et est devenue une recherche du profit privé au prix de… la mort du système ! Au prix de spéculer sur sa chute, sur son endettement massif, sur son effondrement, sur la toxocité de ses actions, sur la chute de ses banques et de ses Etats ainsi que de ses banques centrales, sur tous les endettements possibles, privés comme publics…

Les politiques publiques, les banques centrales, toutes les interventions étatiques parviennnent à peine à retarder cet effondrement inéluctable. Les discours des gouvernants comme ceux des média ou des organisations réformistes ou centristes de toutes sortes, politiques, syndicales ou associatives, parviennent de plus en plus difficilement à camoufler cette réalité d’un capitalisme en soins palliatifs, sous perfusion, qui se prépare, couteaux à la main, à saigner les peuples travailleurs de la planète pour éviter la révolution sociale menaçante.

Certes, durant des décennies, les prolétaires ont accepté, non sans révolutions, de laisser l’essentiel des moyens de production aux mains du grand capital, payant cette situation de leur soumission à ses lois. Aujourd’hui, le grand capital est plus riche que jamais mais il délaisse lui-même l’utilisation des grands moyens de production, recherchant son profit dans des méthodes de sangsue financière seulement prédatrice de la création de richesses.

Du coup, le fait que le grand capital ait volé aux travailleurs leurs droits sur les moyens de production et sur les richesses produites, sur les entreprises, sur les machines, sur les matières premières, sur les marchandises produites, n’est plus compensé par la possibilité de disposer d’un salaire, de moyens de subsister et de faire subsister une famille, nourriture, logement, santé, éducation, sécurité…

Ce qui a changé, ce n’est pas que les exploités ne veulent plus…, c’est que le grand capital ne peut plus…

C’est le grand capital qui sonne le glas de son propre système, ayant atteint ses limites et incapable de les dépasser.

Marx disait déjà que, le jour où le grand capital serait incapable d’aller plus avant dans l’exploitation du travail, l’agonie du capitalisme serait annoncée. Les défenseurs du capitalisme ont longtemps ironisé sur cette affirmation selon laquelle le capitalisme, pas plus que les arbres, ne pouvait monter au ciel et avait ses limites objectives. Aujourd’hui, c’est Marx qui est à l’ordre du jour et pas les thèses des économistes du capitalisme, pas plus que de ses sociologues ou de ses politiques.

Désormais, une seule chose peut sauver la domination des classes dirigeantes, ce sont les mensonges des organisations réformistes et l’heure de leur rôle déterminant de trahison a sonné. Seuls les réformistes peuvent détourner les capacités révolutionnaires des prolétaires du monde de la nécessité de s’organiser en nouvelle classe dirigeante, dépossédant totalement l’ancienne classe bourgeoise de ses richesses et de son pouvoir étatique. Aux travailleurs de ne pas se laisser tromper par tous ceux qui affichent « des solutions » pour réformer le capitalisme quand celui-ci n’est plus bon que pour être mis à la réforme, c’est-à-dire au rebus, afin de passer à la suite de l’histoire de l’Humanité.

La suite...

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