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Anti-islamophobie : un bourbier réactionnaire ou s’enlisent des "trotskistes" du NPA (3)

samedi 29 octobre 2016, par Alex

Cet article est un commentaire de cet article écrit par des "marxistes anti-islamophobes" et prend la suite des deux précédents :
article 1 et
article 2

Récemment une réunion publique a été annulée dans une université de la région parisienne, sans doute sur ordre du premier ministre. Elle mêlait des militants anti-Loi travail et des militants anti-islamophobie. Le fait que des militants compagnons de route du mouvement ouvrier puissent s’égarer avec des anti-islamophobes est encouragé par une partie de l’extrême gauche (surtout NPA qui appelle a de tels meetings ). Le sujet du présent article est donc malheureusement d’actualité.

La revue Convergences prétend qu’on reconnait facilement un juif

Un élément de l’ article qui le rend insupportable et le met en dehors du marxisme et même de toute conception s’appuyant sur la science moderne, l’héritage de la philosophie de Lumières dont Marx et Engels se disaient les héritiers est l’affirmation que

les Juifs (...) à la fois très minoritaires et aisément identifiables, constituent une cible facile.

On est ahuri de lire que « les juifs » sont « aisément identifiables ». Certes le PCF stalinien avait donné des prétendues caractéristiques physiques des juifs en tenant en 1940, dans une brochure, des propos antisémites contre Léon Blum, ce dirigeant social-démocrate que les députés du PC emprisonnés appelaient le Maréchal Pétain à juger, en tant que

chacal (...) à la puante hypocrisie (...) aux contorsions et sifflements de reptile répugnants , il doit voir avec terreur le sang innocent qui tache ses mains aux doigts longs et crochus de chacal (...) à la puante hypocrisie (...) aux contorsions et sifflements de reptile répugnants

La revue Convergences ne verse certes pas dans cette littérature ... mais ne donne aucun critère permettant de reconnaitre les juifs. Car de tels critères n’existent pas, Arthur Miller l’a bien illustré dans son roman « Focus », qui a une époque était un des romans de la liste de base des lectures des militants de Lutte Ouvrière et donc de Convergences qui se voit comme une section de LO injustement expulsée.

Laisser entendre qu’on « reconnait un juif » est créditer le concept de race physique, c’est inadmissible.

On entend les rédacteurs de Convergences se justifier : « c’est évident qu’on n’est pas raciste et qu’on sait qu’on ne peut pas reconnaitre les juifs et que les races n’existent pas ». Alors pourquoi l’écrire et le diffuser ? Mystère. Et tout cela est-il évident dans la classe ouvrière ? En Chine où vit le plus nombreux contingent de la classe ouvrière les manuels des écoliers leur apprennent que l’Homme est apparu à différents endroits de manière indépendante, nous n’appartenons donc pas vraiment tous à la même race humaine. Et la croyance dans les différentes races, le racisme sous toutes ses formes, l’antisémitisme, le machisme sont très répandus dans le prolétariat. Y affirmer et ré-affirmer qu’il n’y a pas de races, que la différence homme-femme est négligeable populariser, le Darwinisme et l’origine africaine de tous les êtres humains reste une tache fondamentale.

Ces principes qui comme découvertes scientifiques sont englobées dans le Marxisme, sont absents des préliminaires de l’article de Convergences. Or c’est sur cette base scientifique que combattre le racisme devient possible.

La revue Convergences qui se prétend anti-islamophobe ... tient des propos islamophobes

Compagnon de route du mouvement réactionnaire anti-islamophobe, la revue Convergences a sans doute peu de contact avec des "musulmans" , qu’elle prétend défendre car ils n’auraient pas laissé passer la bourde suivante. On lit dans cet article qui se veut, rappelons-le, anti-islamophobe :

l’Islam [est] un vecteur de l’homophobie, du machisme ou de la bigoterie sous toutes ses formes.

On a du mal à y croire ! Comment un musulman sincère pourrait-il confier la défense de son droit à avoir des croyances religieuses à des gens qui voient ainsi l’Islam ? Car c’est du mépris pour l’Islam que montre la revue Convergences, aucune étude ne serait-ce superficielle que de cette religion, de ses courants.

Insistons sur le fait que le principal différend que des marxistes ont avec l’Islam comme avec toute religion c’est avant tout leur matérialisme qui implique qu’un esprit (donc tout Dieu, dont Allah) est le produit de la matière, et non l’inverse. Dieu n’existe pas ... nous sommes donc athées. Ce principe n’est pas rappelé dans l’article de Convergences ! Le machisme, l’homophobie, la superstition existent autant chez les athées, les républicains bourgeois, les chrétiens, les religieux en général. C’est avant tout le fait que Dieu n’existe pas qui nous opposera toujours aux religieux, même à ceux qui pourraient prendre le parti de la révolution prolétarienne et se dire féministes.

Mais surtout, résumer l’islamisme et seulement l’islamisme à l’homophobie, au machisme, a la superstition est une erreur, qui nous mettrait à dos des musulmans sincères s’appuyant sur le Coran pour combattre certains héritages féodaux. Ce ne sont pas les militants communistes que des musulmans perçoivent derrière de tels propos, mais le mépris d’un petit bourgeois représentant de l’impérialisme français qui vient le ’civiliser’ (comme quand la police française prétend libérer la femme en l’obligeant a se déshabiller sur la plage).

Un musulman qui est contre l’homophobie et la superstition peut trouver des arguments dans le Coran. Si des révolutionnaires sont ignorants de ce fait, qu’il existe des croyants musulmans qui se battent au nom de l’islam pour les droits des musulmans à ne pas être punis a cause de leur homosexualité, ou contre les dirigeants de confréries qui plument leurs adeptes en utilisant les outils de la superstition, ces militants "démocrate" musulmans tourneront immédiatement le dos a ces "trotskistes" qui ont des préjuges anti-islamiques depuis longtemps véhicules par notre impérialisme, car un "musulman", c’était avant tout un "colonisé".

Actuellement des travailleurs noirs Mauritanien mènent en France une lutte contre les castes, et il le font, on peut certes le regretter, en partie au nom de l’Islam. Mahomet a combattu le tribalisme, la dictature des oncles dans sa tribu (sourate 111), de la famille en général. C’est un aspect toujours éminemment révolutionnaire du Coran. Décréter que l’islam n’est qu’un amas de préjugé serait faux et contre productif. Car l’Islam a eu ses tendances ultra-rationalistes, scientifiques, anti-cléricales et plus ou moins égalitaires, universalistes qui furent un progrès ... comme ce fut le cas dans le Christianisme. C’est le manifeste d’une révolution politique : l’instauration d’un Etat centralisé contre le régime tribal.

Le recours aux devins ou aux sorciers est mentionné comme 3eme pêché majeur dans l’Islam dans le grand classique très réactionnaire « Les pêchés majeurs dans l’Islam » d’al Dhahabi (1274-1348).

La punition des homosexuels par un l’Etat musulman n’est pas mentionnée dans le Coran, Mahomet ne la réclame pas. Dans ce même livre « Les pêchés majeurs dans l’Islam » la « pédérastie », vient seulement à la 11eme place sur 70 dans le classement. L’auteur n’est pas parvenu a trouver une seule citation du Coran appelant les musulmans a punir des homosexuels hommes ou femmes. L’auteur est obligé de mentionner les Hadiths (Faits et dits attribués a Mahomet, dont six recueils font autorité : ceux de al Bukhari et al Muslim au premier plan, puis ceux de al Sijistani, al Tirmidhi, al Nasa’i, ibn Majah)

Toute une idéologie anti-superstition (astrologie, marabouts etc) est véhiculée par une littérature de musulmane bourgeoise, bénéficiant de l’appui financier de « Nos amis les rois » d’Arabie Saoudite, des Emirats Arabes Unis, par exemple au travers de l’International Islamic Publidhing House, IIPH). L’un de ces auteurs est par exemple le jamaïcain Bilal Philips. Dans son ouvrage « Les fondements du Tawhid (monothéisme islamique) » des chapitres entiers sont des réquisitoires contres les superstitions, les astrologues, les diseurs de bonne aventure.

Dans une ville "musulmane" comme Abu Dhabi, des homosexuels peuvent s’afficher, bien qu’avec discrétion, sans être lapidés. Un pourcentage de steward homosexuel semble même exister de fait au sein de la compagnie aérienne<. Etihad. Des femmes travailleuses apprécient cette ville car c’est une des rares au monde ou les femmes sont relativement protégées du harcèlement dans la rue. Et tout cela au nom de l’Islam. Ignorer ces faits rendrait la lutte contre les préjugés religieux complètement inefficace.

Les "marxistes" anti-islamophobes, qui s’embarquent a mon avis a tort dans ces histoires de défense d’une religion, puisqu’ils choisissent de le faire, devraient se donner la peine d’étudier et de discuter sur la base du B-A BA de l’islam, comme les démocrates révolutionnaires le firent en Europe au XIXème siècle relativement au Christianisme : lecture critique de la Bible etc.

A ce sujet dans le même livre de Bilal Philips on trouve une piste très intéressante pour trouver dans l’Islam des auteurs qui comme Spinoza n’écartaient pas Dieu mais franchissaient un pas vers le matérialisme : Philips dénonce Ibn Arabi et les Mou’tazilah (dont Wasil Ibn Ata et Amar Ibn Oubayd) comme des mauvais musulmans. Spinoza et Hegel étudiaient Dieu qui faisait partie de leur système. Rejeter d’un revers de main ces géants de la pensée est une absurdité, mais les "marxistes" anti-islamophobes ne se donnent pas la peine de creuser ces contradictions qui sont des témoins des progrès de la pensée, qui eurent lieu au sein, non a l’extérieur, de l’islam comme du judaïsme et du christianisme.

Bref on voit une renonciation au travail théorique dans l’article de Convergences sur l’Islam. L’article de Convergences a-t-il raison de dire que l’Islam est réactionnaire, doit-on répondre "non l’Islam est aussi ceci et aussi cela" comme nous venons de le faire ? Le pire est de lancer et maintenir la discussion sur ce terrain, car proclamer que "l’Islam est ceci" ou "l’Islam n’est pas ceci", quelle que soit celle des deux affirmations qui semble la plus juste, est une démarche réactionnaire. C’est reprendre la phraséologie du gouvernement français ; c’est une forme d’idéalisme (philosophique). L’Islam en tant que tel n’existe pas, il est une idéologie produit par une classe, des classes, incluant leurs oppositions. Le Coran est une constitution (d’un Etat) disent à juste titre les Frères musulmans et les rois Saoudiens. La revue Convergences se place donc sur le terrain de l’idéalisme. Ce serait positif s’il s’agissait d’une démarche philosophique, mais les anti-islamophobes de l’extrême gauche ne font que se comporter en opportunistes : ils se présentent comme l’aile d’extrême gauche de la bourgeoisie. Le gouvernement attaque " l’ Islam " ? alors Convergence attaque "encore plus " l’Islam d’un point de vue "progressiste". Le gouvernement défend l’Islam (non aux amalgames etc) ? alors Convergences défend "encore plus" l’Islam toujours d’un point de vue "progressiste" (c’est la religion des pauvres donc de notre classe etc). Les deux tons en apparence contradictoires pro- et anti-islam que l’on trouve dans l’article de Convergences ne sont que le reflet de ces deux tons que l’impérialisme français emploie depuis le temps des colonies vis-à-vis de l’islam : promotion de l’Islam qui est un opium du peuple, divise les travailleurs entre musulmans et autres, est un voile efficace pour promouvoir l’extrême droite arabe au sein du prolétariat, et en même temps dénonciation de l’Islam pour se poser en "civilisateur", exciter les "progressistes" ouvriers et petit-bourgeois contre les tendances "réactionnaires" des prolétaires.

La première chose à faire est donc de revenir aux fondamentaux et montrer que l’Islam en tant que tel n’existe pas indépendamment de la lutte des classes.

Prenons un épisode important de l’histoire arabo-islamique qui correspond à un tournant politique avec ses conséquences sur la situation des femmes. C’est l’institution du Califat des Abbassides (grosso modo 500 ans de 750 à 1250, capitale Bagdad) qui n’a plus grand chose à voir avec l’Islam du monde tribal des débuts de Mahomet :

Et l’Arabie, de son côté, était devenue totalement étrangère à l’Empire. Jamais une conquête n’avait aussi peu profité au pays qui lui avait donné naissance. Au fur et à mesure que s’étaient développées les opérations militaires, le centre de gravité de l’Islam s’était dépassé. La capitale s’était transférée à Damas, puis à Bagdad et au Caire, et les Califes s’étaient désintéressés de tout ce qui n’était pas inclus dans les limites de leurs royaume. Ils ne parlaient plus de l’ Yémen ou du Nedjd qu’en termes méprisants.

Ibn-Séoud ou la Naissance d’un Royaume (J. Benoist-Méchin)

La base sociale et politique (iranienne) du Califat des Abbassides n’est plus du tout même n’est plus la même que celle de Mahomet, l’Islam des Abbassides n’est donc plus l’Islam de Mahomet sur de nombreux plans. Les écrivains des lumières savaient faire comprendre cela en quelques lignes. L’épisode du "balai sacré" du conte arabe "Vathek" par William Beckford (1760-1844) fait comprendre sans jargon sociologique le fait que l’Islam des tribus de La Mecque et celui des Abbassides correspondaient à deux Islams différents car à deux classes sociales différentes. Le Calife Vathek se moque des descendants de Mahomet restés à La Mecque, comment un musulman citadin parvenu se moque de musulmans villageois arriérés qui sont censés être vénérés comme les papes "historiques" de l’Islam :

Vathek, neuvième Calife de la race des Abbassides, était le fils de Motassem et petit-fils d’Haroun Al-Rachid. (...) Il ne croyait pas, comme Omar Ben Abdleaziz, qu’il fallût se faire un enfer de ce monde, pour avoir le paradis dans l’autre.(...) Sur ces entrefaites revint l’ambassade qu’on avait envoyée à la Mecque, dans des temps plus pieux. Elle était composée des plus révérends Mollahs. Leur mission était parfaitement remplie et ils apportaient un de ces précieux balais, qui avaient nettoyé le sacré Cahaba : c’était un présent vraiment digne du plus grand prince de la terre.

Le Calife se trouvait dans ce moment retenu en un lieu peu convenable pour recevoir des ambassadeurs. Il entendait la voix de Bababalouk qui criait derrière les portières : "voici l’excellent Edris Al Shafei et le séraphique Mouhateddin, qui apportent le balai de la Mecque, et qui avec des larmes de joie désirent ardemment de le présenter à votre Majesté." - "Qu’on porte ce balai ici", dit Vathek ; "il peut y être de quelque utilité." - "Comment ? " répondit Bababalouk, hors de lui. "Obéis !" reprit le Calife, "car c’est ma volonté suprême ; c’est ici, et nulle autre part, que je veux recevoir ces bonnes gens qui te mettent en extase."

L’eunuque s’en alla en murmurant, et dit au vénérable cortège de le suivre. Une sainte joie se répandit parmi ces respectables vieillards, et , quoique fatigués de leur long voyage, ils suivirent Babalouk avec une agilité qui tenait du miracle. Ils enfilèrent les augustes portiques et trouvaient bien flatteur que le Calife ne les reçût pas, comme des gens ordinaires, dans la salle d’audience. Bientôt ils parvinrent dans l’intérieur du sérail, où, à travers de riches portières de soie, ils crurent apercevoir de grands beaux yeux bleus et noirs qui allaient et venaient comme des éclairs. Pénétrés de respect et d’étonnement et pleins de leur mission céleste, ils s’avançaient en procession vers de petits corridors qui semblaient n’aboutir à rien, et les conduisaient à cette petite cellule, où le Calife les attendait.

"Le Commandeur des Fidèles serait-il malade ?" disait tout bas Edris Al Shafei à son compagnon. "Il est sans doute à son oratoire", répondit Al Mouhateddin. Vathek qui entendait ce dialogue, leur cria "Que vous importe où je suis ? avancez toujours." Alors il sortit la main à travers la portière, et demanda le sacré balai. Chacun se prosterna avec respect, aussi bien que le corridor le permit, et même dans un assez beau demi-cercle. Le respectable Edris Al Shafei tira le balai des linges brochés et parfumés qui en défendaient la vue aux yeux du vulgaire, se détacha de ses confrères, et s’avança pompeusement vers le prétendu oratoire. De quelle surprise, de quelle horreur ne fut-il pas saisi ! Vathek, avec un rire moqueur, lui ôta le balai qu’il tenait d’une main tremblante, et, fixant quelques toiles d’araignée suspendues au planchera zuré, il les balaya et n’en laissa pas une seule.

Les vieillards pétrifiés n’osaient pas lever leur barbe de dessus la terre. Ils voyaient tout ; car Vathek avait négligemment tiré le rideau qui les séparait de lui. Leurs larmes mouillaient le marbre. Al Mouhateddin s’évanouit de dépit et de fatigue, pendant que le Calife , se laissant aller à la renverse, riait et battait des mains sans miséricorde. "Mon cher noiraud", dit-il enfin à Babalouk, "va régaler ces bonnes gens de mon vin de Shiraz. Puisqu’ils peuvent se vanter de mieux connaître mon palais que personne, on ne saurait leur faire trop d’honneur." En disant ces mots, il leur jeta le balai au nez, et s’en alla rire avec Carathis. Bababalouk fit son possible pour consoler les vieillards, mais deux des plus faibles en moururent sur-le-champ ; les autres, ne voulant plus voir la lumière, se firent porter dans leur lit, d’où ils ne sortirent jamais.

Quelles sont les conséquences pour les femmes ?

A Damas, à la cour des Ommeyades, on n’en continue pas moins de goûter les histoires de l’antiquité arabe où des femmes de race noble, orgueilleuses et fières, gagnent le coeur des hommes, où l’esprit combatif des jeunes filles et des épouses incite ceux-ci à accomplir des prouesses, et où l’approbation féminine reste le plus grand titre de gloire du mâle.

Veuve d’un riche marchand et première épouse du Prophète Mahomet, Chadicha, qui au cours d’une union de vingt-quatre ans lui donna six enfants, fut elle aussi une femme indépendante mêlée à la vie publique. La femme de noble extraction, consciente de sa valeur, intelligente et combattive, continue d’incarner l’idéal de l’aristocratie arabe. Elle doit, selon le désir du Prophète lui-même, chercher à s’instruire au même titre que l’homme. D’éminents légistes souhaitent que des femmes exercent les fonctions de juge. On voit alors des femmes juristes donner des conférences publiques dans les mosquées et interpréter les lois. Parmi elles figure la "Maîtresse des femmes juristes", professeur de droit public réputé. Car l’érudite Chachda, dite "la fierté des femmes", jouit d’une grande renommée : après avoir étudié sous l’égide des coryphées les plus divers, elle obtient l’autorisation d’enseigner et de porter à son tour le flambeau de la connaissance. Comme autrefois, et sans que personne y trouve à redire, les poétesses continuent de rivaliser avec les poètes.

Non, de telles femmes arabes ne sont ni opprimées ni asservies, et elles ne le seront pas aussi longtemps que l’aristocratie arabe donnera le ton. Mais cet état de chose va changer du tout au tout.

A Bagdad, à la cours des Abbassides, le vent souffle d’une autre direction, il vient du Nord. Avec les esclaves grecques et persanes dont on fait des concubines et mères de califes, voiles et harem envahissent peu à peu le monde arabe, vestiges de l’ancienne servitude profondément ancrée dans le dualisme iranien et de la totale subordination de la femme persane. La loi islamique n’avait rien formulé de tel, n’avait pas intimé aux femmes l’ordre de se voiler le visage ni de s’isoler de l’extérieur. Et lorsque Mahomet avait exigé des "croyants" l’humilité et la pudeur, il s’était adressé aux hommes autant qu’aux femmes ! (...) Ce qui n’est d’abord qu’une mode bien inoffensive devint dès lors, sous le regard sombre des théologiens, une obligation religieuse. Et le confinement dans le harem (de modèle persan) sous la surveillance d’eunuques (selon la coutume byzantine) qui ne fut d’abord qu’un usage de bon ton chez les femmes de classes aisées tourna bientôt , en vertu de l’interprétation du "Restez chez vous !" lancé par le Prophète à ses propres épouses, au bannissement brutal de la femme et à son éviction totale de la vie publique.

Cette cruelle disgrâce, les femmes musulmanes la durent en partie aussi au complexe d’infériorité d’un souverain désireux de masquer sa faiblesse par un acte d’autorité, aux mesures draconiennes prises par ce calife à l’esprit borné : Al-Kadir.

Mais la polygamie en usage chez les Arabes depuis les temps les plus reculés eut également sa part de responsabilité dans un tel état de choses. A l’origine, elle avait permis aux tribus du désert de consolider leur prestige, de nouer de puissants liens familiaux et d’accroitre leur puissance militaire grâce à une nombreuse descendance, tout en remédiant à l’appauvrissement d’effectifs consécutif à leurs luttes intestines comme à de continuelles migrations. Avec la propagation de l’Islam, la nécessité s’imposa derechef aux Arabes de s’affirmer par la force et le nombre en tant que peuple souverain vis-à-vis des peuples assujettis sous peine d’être absorbés par eux. Le fait est que les Ommeyades pouvaient , pour livrer bataille aux Berbères, appeler sous les armes dix mille membres au moins de leur famille, et qu’au temps d’Al-Mamoun la maison des Abbassides pouvait se glorifier d’une armée de trente-trois mille membres. (...)

Derrière les grilles des harems, la polygamie est fatale aux femmes arabes.

Le Soleil d’Allah brille sur l’Occident (Sigrid Hunke)

La suite dans le prochain article :

La méthode de la revue la revue Convergences pour combattre l’antisémitisme .... accabler les juifs de reproches !

L’antisémitisme serait un racisme contre les riches alors que l’islamophobie serait un racisme différent car contre les pauvres

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