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Capitalismexit ? La loi du Capital est-elle une règle du passé ?

lundi 24 avril 2017, par Robert Paris

Edito

Karl Marx avait raison : Capitalismexit !

Brexit, Frexit, Grexit, Ecosse-exit, Catalogne-exit ou plutôt... Capitalisme-exit, quelle est la véritable perspective d’avenir pour les peuples ?

La loi du Capital est-elle une règle du passé ?

L’Angleterre sort de l’Union européenne et la Grèce ou la France en parlent, l’Ecosse ou l’Irlande du sud parlent de sortir de l’Angleterre, comme la Catalogne de l’Espagne, la Corse de la France et on en passe… Sortir des institutions, des monnaies, des banques communes, des alliances internationales comme le font les USA avec Trump et L’Europe, certains le proposent comme Mélenchon, Tsipras ou Le Pen. Mais, qu’ils se disent de gauche de la gauche, de la social-démocratie, de la droite ou de l’extrême droite, aucun de ces hommes ou de ces partis politiques ne propose la seule sortie qui pose le véritable problème de la situation internationale, celle qui est à l’origine de la crise mondiale actuelle comme de ses retombées politiques, sociales ou guerrières : la sortie tout simplement du… système capitaliste. La fin du capitalisme, c’est-à-dire la fin de la société fondée sur la propriété privée des moyens de production par l’infime minorité des possesseurs de capitaux qui ne visent que l’accroissement du capital par la plus-value extraite du travail humain !

Tous les commentateurs bourgeois, même ceux qui se disent communistes, socialistes, radicaux et autres, tous sont persuadés, ou voudraient nous persuader, que le capitalisme serait un horizon indépassable et qu’envisager un autre avenir qu’un capitalisme, ayant pourtant démontré qu’il a atteint ses limites, ne pourrait que mener que dans l’impasse. Eh bien, c’est faux : c’est le capitalisme qui est dans l’impasse et il s’avère tout à fait incapable d’en sortir, au point que même ses adeptes se gardent bien de parler de le réformer, eux qui n’ont que le mot de réformes à la bouche, quand il s’agit de réformer les travailleurs, les services publics, le code du travail ou les aides sociales, c’est-à-dire de casser le monde du travail et les milieux populaires.

Bien sûr, les opinions publiques sont, nous dit-on, convaincues que le capitalisme est éternel. Même s’il était vrai que la chute du mur de Berlin ait convaincu les peuples d’une telle opinion absurde, il n’en est pas moins vrai objectivement qu’aucun régime, qu’aucun système économique et social, qu’aucune forme des rapports sociaux n’a jamais été éternelle au cours de l’Histoire. Tous les empires se sont effondrés et leurs ruines nous rappellent qu’ils se disaient eux aussi éternels. L’empire capitaliste n’est pas davantage éternel.

Même la crise de l’Europe n’est rien d’autre qu’une conséquence de la crise mondiale, de même que la fin des bonnes relations Europe-USA. Si l’Union européenne n’est plus une perspective, pas plus que l’entente avec les Etats-Unis ou que la mondialisation, qui était la religion dominante et qui est remplacée dorénavant par la montée des protectionnismes, c’est bien que la perspective d’un retour au développement économique est écartée, de même que l’est le retour à des investissements productifs privés massifs et spontanés.

La limite que le capitalisme a atteinte, c’est celle de l’accumulation du capital. Autrefois, et il faut bien employer ce terme puisqu’on parle là d’une époque révolue qui paraît très lointaine, il n’était nullement nécessaire d’inciter les capitalistes privés par des aides sur fonds publics pour les pousser à développer des entreprises de production, à investir leurs capitaux, à embaucher un nombre toujours plus grand de salariés, à étendre spontanément sans cesse la taille de leurs entreprises et cette augmentation, à peine interrompue par les crises économiques, n’avait nullement besoin d’être poussée par les Etats et les banques centrales.

Aujourd’hui, c’est exactement l’inverse : même avec des aides massives des Etats et des banques centrales, les capitalistes ne veulent plus investir dans la production les plus-values, même celles extraites de la production. Du coup, ils ne veulent plus embaucher. Ils débauchent même massivement et pas de manière conjoncturelle mais permanente, ce qui ne s’était jamais produit sous le capitalisme dans les périodes précédentes. Les baisses massives d’emplois ne s’étaient produits que durant les crises mais pas dix ans après comme c’est le cas actuellement. Jamais les désinvestissements productifs n’avaient continué ainsi bien après la crise. Mais aussi jamais le capitalisme n’avait empêché, comme il l’a fait en 2007-2008, tous les capitalistes en faillite de chuter. C’est vraiment cela qui montre que cette crise là marque le tournant historique de l’empire capitaliste, signe même l’annonce de sa fin, les capitalistes eux-mêmes montrant qu’ils ne croient plus dans la capacité du système de s’autoréguler par les crises, comme il l’avait toujours fait.

N’ayant pas laissé la crise se dérouler « normalement », les classes dirigeantes sont sorties définitivement des rails et sont incapables d’y réentrer, quelles que soient leurs désirs d’y parvenir.

Depuis l’effondrement de 2007 et le choix de 2008 d’interrompre artificiellement la crise en sauvant tous les trusts et toutes les grandes banques du monde sur fonds publics, nous sommes dans une transition de sortie du capitalisme, sortie vers le socialisme ou vers la barbarie, mais sortie dans les deux cas… La meilleure preuve de cette incapacité de remettre le train sur les rails, c’est le fait qu’aucun Etat capitaliste, pas même celui des USA, n’envisagent plus de réformer le système, qu’ils continuent d’aider les capitalistes sur fonds publics.

Quelles que soient les aides d’Etat, quelles que soient les politiques incitatives pour aider les investissements productifs, ceux-ci ne sont pas repartis à la hausse, ni dans un pays ni dans l’ensemble du monde. C’est cela qui fait que la tendance à la financiarisation du capital reste exponentielle et que le système est toujours suspendu à l’attente de la prochaine crise financière qui ne peut qu’être beaucoup plus forte que celle de 2007, les causes de la crise de 2007 s’étant encore aggravées, avec la production de titres non fondés sur l’économie productive mais sur des dettes (privées et publiques) et des faillites, ce qu’on appelle les titres nocifs et que les banques centrales continuent de racheter systématiquement pour éviter une telle crise financière qui serait alors incontrôlable.

C’est le système capitaliste lui-même qui annonce ainsi que les fondements de son système, la propriété privée des moyens de production, l’exclusion de l’immense majorité de la population de cette propriété et du pouvoir économique qu’elle engendre ainsi que du pouvoir politique qui en découle, en particulier sur le pouvoir d’Etat, ces fondements sont rentrés en contradiction diamétrale avec le développement économique, avec le développement social, avec le développement pacifique, avec tout développement humain du monde.

Evidemment, on connaît toutes les objections qui sont développées contre l’idée de la sortie du capitalisme, à commencer par tous ceux qui rappellent que, dix ans après la crise de 2007, nous serions toujours sous le capitalisme mondial. Et aussi tous ceux qui rappellent que rien n’a ressemblé, depuis ces dix ans, à une autre perspective sociale, rien n’a ressemblé à une lutte cherchant en finir avec la propriété privée des moyens de production. Tout est même fait, au contraire, pour que les peuples se tournent vers tout autre chose que la lutte des classes. Tout est fait pour les pousser à la lutte entre les régions, les races, les religions, les nations, les sexes, les genres, et on en passe… Mais ces efforts des classes dirigeantes pour détourner de la lutte des classes, que démontrent-ils sinon que le capitalisme ne se stabilise qu’en opposant violemment les peuples entre eux, loin de ses grandes déclarations, à l’époque de la « chute du mur de Berlin » quand il prédisait être entré dans une ère de prospérité et de paix mondiale ainsi que de domination éternelle du capitalisme !

Mais les sceptiques ont bien raison de demander des preuves de ce tournant historique. Car elles existent et sont nombreuses.

Pour citer un exemple tout récent, on peut remarquer le dernier prêt aux banques de la BCE, la banque centrale européenne. Il est en effet remarquable puisque c’est un prêt à taux négatifs !!! La BCE paie les banques privées pour les pousser à lui emprunter, on aura tout vu et certains disent que l’on est toujours dans un cours classique du capitalisme !!! Et quelle est la condition de ces prêts plus qu’avantageux ? Eh bien, c’est que les banques acceptent d’aider les investissements privés ! Pourtant quel était, en système capitaliste, le rôle principal des banques, comme des bourses, sinon de mobiliser les épargnes en faveur des investissements capitalistes ?!! Eh bien, maintenant, il faut des moyens publics pour les convaincre de continuer à faire cela ! Il faut même que les fonds publics leur fournissent l’argent et les paie pour faire cela. Quelle meilleure démonstration que le capital, spontanément, se détourne de ce qui était, de manière spontanée, son intervention en faveur des investissements productifs.

Et ce n’est qu’un exemple des comportements hors normes auxquels nous assistons actuellement dans la société de transition qui se qualifie encore elle-même de capitalisme mais qui n’en a que l’apparence.

Un autre exemple remarquable, c’est celui de la dernière crise : la crise chinoise. Celle-ci a été interrompue à peine démarrée. N’est-ce pas une preuve de bien-être du système ? Pas du tout ! C’est une preuve de totale incapacité du capitalisme de fonctionner « normalement », en laissant les crises détruire les « canards boiteux », de laisser chuter les faillis ! Non seulement l’Etat chinois est intervenu sur fonds publics pour sauver les entreprises capitalistes menacées de chuter mais il a mis tous les moyens dictatoriaux de l’Etat chinois maoïste pour interdire, policièrement pourrait-on dire, toute vente de titres des entreprises menacées et toute action spéculative contre elles. Il a interrompu en somme le cours normal économique des relations financières et cela sans qu’aucun Etat au monde, sans qu’aucun homme politique bourgeois, sans qu’aucun capitaliste, sans qu’aucun journal bourgeois n’y trouve à redire, ne reproche cette excès d’interventionnisme de l’Etat agissant contre le cours naturel, vous savez la fameuse sacro sainte « liberté d’acheter et de vendre », la « loi de l’offre et de la demande », cette loi inattaquable et indiscutable ! Vous voyez : nous vivons dans une transition qui n’est pas simplement marquée par les lois du capitalisme !

Mieux que cela, en Chine, des mois après que cette crise ait démarré, la mise en place de cet interdit de vente des actions menacées n’a toujours pas été levée !!! C’est dire la confiance dans le système des autorités du pays qui semblait le plus dynamique sur le terrain des investissements productifs mondiaux, le fameux « atelier du monde » ! En Chine comme ailleurs, les emplois productifs sont en chute malgré les aides massives de l’Etat chinois et malgré les sommes colossales dont cet Etat dispose ainsi que les moyens coercitifs qui sont les siens !

Il y a un certain nombre de faits fondamentaux qui dénotent que, dans la transition actuelle, les lois du capitalisme sont suspendues, que les fonctionnements usuels, même en période de crise, ne sont pas respectés, que nous assistons à une situation historiquement nouvelle, que le capitalisme n’a jamais connu et qui vont à l’encontre de ses lois…

Et tous ces faits, que nous allons citer maintenant, ne concernent jamais un Etat en particulier, un capitaliste en particulier, une situation particulière, mais le monde entier en permanence depuis 2008 !

Le premier de ces faits probants est l’engagement, public et affiché, de tous les Etats et de toutes les banques centrales, depuis le sauvetage de la banque Lehman Brother par l’Etat américain de Bush, de sauver tous les trusts, toutes les grandes banques, toutes les institutions financières, toutes les grandes assurances, tous les financiers, toutes les bourses, en cas de faillite particulière ou générale. Et cet engagement n’est pas que verbal. A chaque fois qu’une grande banque, par exemple, a chuté, les Etats et les banques centrales n’ont pas lésiné sur les milliards et dizaines de milliards pour les sauver. Ces sommes se sont rajoutées aux centaines de milliards des plans Bush, Obama et des autres plans de sauvetage de toutes les banques mondiales et des trusts entre 2008 et 2010. Un des engagements de ces Etats consiste aujourd’hui dans le droit, donné désormais aux banques et établissements financiers, de saisir toutes les sommes dans les comptes et épargnes privés, en cas de faillite catastrophique d’un de ces établissements financiers !!! Cela signifie que les pouvoirs centraux savent désormais que leur propre intervention ne suffit plus à susciter la confiance du grand capital dans son propre système et qu’ils sont prêts à sacrifier toutes les fortunes de la petite bourgeoisie et de la population laborieuse pour les sauver ou pour éviter la panique du grand capital. C’est déjà un témoignage que les classes dirigeantes n’estiment nullement que la crise catastrophique serait derrière nous !!!! Il convient de remarquer que le sauvetage de l’ensemble des capitalistes faillis dans une crise capitaliste est une grande première qui date de 2008, qui ne s’est jamais produite lors d’aucune des crises générales précédentes du capitalisme, qui sont pourtant nombreuses et variées. Il convient aussi de remarquer que l’on ne peut concevoir le fonctionnement « normal » du capitalisme sans les crises, car le capitalisme, si la « libre concurrence » y règne, ne peut agir qu’aveuglément dans ses investissements et que corriger, ensuite et de manière drastique, les erreurs de la concurrence non limitée et aveugle. Supprimez les crises économiques, empêchez les faillites mais ne dites pas ensuite que nous sommes toujours dans le système capitaliste « normal » !!!

Le second point, encore plus remarquable que le premier, est l’aggravation de la financiarisation de toute l’économie, le grand capital qui se détache des investissements productifs, ne pouvant pas se mettre en réserve et laisser mourir ses capitaux, est obligé de trouver ou de créer des investissements fictifs et spéculatifs, quitte à miser sur des faillites, des dettes (comme les dettes des acheteurs de l’immobilier, les subprimes, ou comme celles des étudiants américains), des investissements pipeaux, des actifs dits nocifs, investissements qui ponctionnent tout développement économique réel non seulement parce que ces titres nocifs ponctionnent les capitaux qui pourraient s’investir normalement mais parce que la rentabilité de ces investissements fictifs ne sont pas, eux, fictifs et entrent en concurrence avec la rentabilité de l’investissement productif. Plus les capitaux se ruent vers ces investissements nocifs, plus ces derniers deviennent artificiellement rentables du fait de l’engouement spéculatif, indépendamment de toute réalité leur servant de base de rentabilité réelle. C’est au point que toutes les banques utilisent l’essentiel de leurs capitaux pour spéculer sur les titres nocifs puisqu’il est nécessaire de leur faire cadeau de capitaux pour les inciter à investir sur autre chose, cadeau qui se sont montés par exemple à la peccadille de 233 milliards le 23 mars 2017 lors de l’adjudication de la BCE aux banques européennes avec des taux d’emprunt de moins 0,4%, moins signifie un cadeau de 0,4% des 233 milliards prêtés !!! Tous les trusts font de même, se transforment en financiers, en banquiers, en spéculateurs… Aucun Etat au monde n’est capable de les en empêcher, pas même l’Etat dictatorial chinois !!!!

La simple existence d’une longue période dans laquelle les capitaux privés se détournent massivement des investissements productifs est tout à fait nouveau et étrange dans l’histoire, pourtant agitée, du capitalisme passé. Le fait que tous les capitaux du monde s’en détournent à chaque fois qu’ils ne reçoivent pas des aides publiques est tout à fait une nouveauté historique et que cela se produise non dans un cas local mais partout dans le monde, non de manière conjoncturelle mais en permanence depuis 2008 et sans discontinuer, tout cela démontre que nous sommes entrés dans une phase de l’histoire sociale et économique du monde qui ne peut plus être qualifiée de domination du système capitaliste mais de sortie du capitalisme.

Bien entendu, nous ne voulons pas dire par là que le grand capital n’existe plus, ni qu’il a perdu le pouvoir politique et social. Nous n’avançons pas non plus l’idée qu’un autre pouvoir ou qu’une autre société commence à voir le jour.

Certains auteurs, remarquant l’augmentation des interventions des Etats et banques centrales dans l’économie, affirment qu’il s’agirait seulement d’une espèce de « capitalisme d’Etat » qui commencerait à se mettre en place pour réguler l’économie. Certes, l’intervention des Etats est devenue considérable même si les gouvernants ultra libéraux continuent à dominer dans les gouvernants capitalistes. Mais dire que ce seraient les Etats qui tireraient leur épingle du jeu est complètement faux : ils s’endettent de manière folle en achetant à perte des titres nocifs, en sauvant à perte des banques en faillite et des trusts qui ne valent pas mieux. Ils aident des investissements productifs à perte encore une fois. Certes, ce ne serait pas la première fois dans l’histoire du capitalisme que les Etats donneraient un grand soutien à l’économie capitaliste mais c’est la première fois qu’ils le font contre la rentabilité du capital et ça change tout ! Des interventions anticrise ont déjà eu lieu dans l’histoire, en particulier suite à la crise de 1929 mais jamais dans ces situations on n’a vu l’ensemble des capitalistes de tous les pays se détourner durablement des investissements productifs. A ces époques, il y avait une chute des achats liée à une surproduction mais pas de suraccumulation globale et mondiale du grand capital, pas de limite infranchissable des investissements productifs.

On peut relever bien d’autres changements radicaux comme la chute durable des investissements en termes de recherche, de santé, de bien-être public, la chute aussi de la démocratie et du caractère pacifique de la société et tout cela est lié….

Mais le point essentiel est le fait qu’aucune mesure économique prise par les Etats et les banques centrales n’aille dans le sens d’une quelconque tentative de sortir le monde capitaliste de sa crise, aussi bizarre que cela puisse paraître. En effet, les aides aux banques, aux trusts, aux capitalistes en général, ne font qu’alimenter le trop plein de capitaux qui accentue la part trop grande des fonds par rapport aux investissements réels rentables, rapport dont l’accroissement aggrave la spéculation et accroît la rentabilité de cette spéculation, rendant de plus en plus difficile l’investissement productif. Cela signifie que les autorités qui dirigent le monde capitaliste ont, dès 2008 et sans changement depuis, renoncé à l’idée de sauver vraiment le fonctionnement du système. Ils se sont contentés de prendre des mesures pour retarder l’effondrement financier et ont continué de considérer que le capitalisme n’était pas sauvable mais qu’il fallait retarder seulement une échéance inévitable.

Et ils ont profité du temps qui leur était offert pour préparer socialement et politiquement un détournement de la colère populaire vers des dérives d’extrême droite, en montant les populations contre les musulmans, contre les migrants, contre les orientaux, contre les russes, les chinois, contre les femmes, contre les noirs, contre les homos et bien d’autres…

Un autre point qui caractérise la situation du capitalisme dans l’impasse : un chômage de masse, mondial, sans cesse en train de grimper dans tous les pays, sans hauts et bas réels, dont les seules dimuntions sont celles du taux d’augmentation ou des augmentations de la précarité et de l’emploi partiel, et dont les seuls reculs statistiques sont factices et produits par des changements de mode de calcul. Dans toutes les crises capitalistes du passé, on n’a pas vu une telle montée permanente du chômage… Elle provient à la fois de la chute des emplois privés et de celle des emplois publics, les premiers étant causés par le désinvestissement massif du grand capital privé et le second par le désinvestissement massif des fonds publics auprès des services publics pour mieux se consacrer à l’aide massive de ceux-ci aux entreprises privées.

Cette dérive de la société capitaliste est, elle aussi, une démonstration du fait que le capitalisme n’est pas dans une crise classique. On remarque aussi qu’aucun pays capitaliste n’est épargné dans cette dérive d’extrême droite. Cela aussi est démonstratif. La montée de la contre-révolution démontre en effet que les classes dirigeantes craignent la montée de la révolution sociale. En effet, celle-ci a montré sa menace dans les pays arabes, en Afrique, en Orient comme dans les pays de l’Est ou au Brésil, pour ne citer que ces régions et pays.

Certes, le monde capitaliste est toujours marqué par la propagande capitaliste contre le communisme, propagande selon laquelle les pays de l’Est étaient des pays communistes et la dictature des régimes staliniens et leur retour dans le grand marché capitaliste prouverait la non viabilité du communisme. Personne ne leur fait remarquer à quel point le monde capitaliste semble très bien s’accomoder du régime stalinien de Chine et ce pays lui-même semble très bien s’accomoder du capitalisme puisque la Chine est présentée paradoxalement comme le plus dynamique des pays capitalistes. On peut également remarquer les mensonges des pays occidentaux qui s’étaient dits violemment opposés aux régimes de l’Est pour des raisons de manque de démocratie marqués notamment par le goulag russe. Eh bien, on peut noter que le goulag chinois ou laogaï, tout aussi violente, massif et horrible que le goulag russe, n’est jamais dénoncé en occident. On voit aussi que ce n’est pas le régime chinois que craint l’occident capitaliste, comme il le prétendait. Par contre, la multiplication des politiques servant à faire monter des mouvements contre-révolutionnaires démontre que les classes dirigeantes, qui ont affirmé, avec le retour des pays de l’Est dans le giron capitaliste, que la lutte des classes avait disparu, croient moins que jamais à leurs propres mensonges.

Certes, les peuples travailleurs sont toujours sous le coup des échecs passés, des trahisons aussi, enfin des politiques qui ont permis d’enfermer la classe exploitée dans les carcans divers du stalinisme, de la social-démocratie et du réformisme syndical. Certes, ils ne sont toujours pas convaincus de la nécessité de donner le pouvoir à la classe ouvrière et de le retirer définitivement à la classe capitaliste. Nul ne peut dire aujourd’hui au cours de quelle lutte ni par quelles étapes le prolétariat reprendra le chemin de sa propre avancée vers le pouvoir aux travailleurs en reprenant lui-même la direction politique de sa lutte de classe. Mais chacun peut être convaincu que cela viendra nécessairement. C’est la situation objective qui le rend inévitable car elle rend impossible à la classes capitaliste de se tirer d’affaire et de pérenniser le capitalisme. La conscience est, comme souvent, en retard sur la réalité mais ce retard ne remet pas en cause la signification réelle de la situation : la fin historique de la dynamique de la propriété privée des capitaux.

Il est indispensable que la conscience des prolétaires les amène à mesurer cette situation, à mesurer également leur capacité à répondre à cette situation et c’est tout l’enjeu des années à venir… Tâchons d’y participer consciemment et les yeux grands ouverts. Nous n’avons pas besoin de nous illusionner sur les masses prolétariennes, nous connaissons leurs défauts mais nous n’avons pas non plus besoin des démoralisés qui pensent que, puisque les masses ne répondent pas au moment où eux le voudraient, c’est qu’elles seraient foutues pour la tâche révolutionnaire. Les impatients rejoignent les opportunistes. Les révolutionnaires prolétariens n’ont pas besoin d’être ni l’un ni l’autre. Ils comptent sur l’avenir, sans chercher à jouer un rôle particulier avant que la situation ne le permette. Ce n’est pas aux révolutionnaires qu’incombe de décider quand redémarreront des situations révolutionnaires mais aux travailleurs eux-mêmes !

Les événements de Tunisie, d’Egypte, de Syrie, des révolutions populaires ont montré déjà que la révolution sociale commençait de pointer son nez, même si les contre-révolutions terroristes contre les peuples, ont vite fait de remplacer dans ces pays les vagues révolutionnaires. Mais la Guyane comme les pays de l’Est ou le Brésil montrent qu’on n’en pas fini avec les révolutions sociales : elles ne font que de commencer. La violence des contre-révolutions et la barbarie qu’elles installent nous montrent aussi l’alternative. La question n’est pas de savoir si le capitalisme chutera ou non, son destin est déjà scellé mais de savoir par quoi on le remplacera : socialisme ou barbarie !

Messages

  • Dans un autre pas vers la guerre commerciale mondiale, le Fonds monétaire international au cours du week-end est devenu la deuxième grande organisation économique mondiale à s’écarter de l’engagement à « résister à toutes les formes de protectionnisme ».

    À la suite de la décision lors de la réunion du mois dernier des ministres des Finances du G20 de supprimer cette phrase de son communiqué, le FMI a adopté la même ligne de conduite lors de sa réunion de printemps à Washington. Dans les deux cas, l’engagement au « libre échange » a été supprimé à la suite de la pression exercée par le gouvernement Trump, conformément à sa politique de « l’Amérique d’abord ».

    La déclaration publiée par le Comité monétaire et financier international du FMI (CMFI) affirme qu’elle cherchait à « promouvoir des règles de jeu équitables dans le commerce international », en supprimant le texte précédent.

    Le président actuel du comité, Agustin Carstens, le gouverneur de la Banque du Mexique, a cherché à masquer l’importance de la décision en suggérant que le texte précédent avait été supprimé parce que « l’utilisation du mot protectionnisme est très ambiguë ».

    En réalité, l’omission d’un désaveu du protectionnisme est une expression manifeste de tensions commerciales croissantes, fomentées avant tout par le gouvernement Trump.

    Ces conflits ne pouvaient pas être complètement aplanis lors de la réunion. Dans sa déclaration au CMFI, le ministre allemand des Finances, Wolfgang Schäuble, a déclaré que l’Allemagne « s’engage à maintenir l’économie mondiale ouverte, à résister au protectionnisme et à maintenir la coopération économique et financière mondiale sur la bonne voie ».

    Cette déclaration tranche nettement avec les remarques du secrétaire du Trésor américain Steven Mnuchin. Il a déclaré que les États-Unis « favoriseront une expansion du commerce avec les partenaires engagés dans la concurrence fondée sur le marché, tout en nous protégeant plus rigoureusement contre les pratiques commerciales déloyales ».

    Son commentaire visait en particulier les deux principaux pays, la Chine et l’Allemagne, qui ont les excédents commerciaux les plus importants avec les États-Unis. Washington insiste sur le fait que l’économie chinoise n’est pas fondée sur le marché, tandis que les membres du gouvernement Trump ont affirmé que l’Allemagne bénéficie d’avantages injustes parce que la valeur de l’euro est inférieure à celle de l’ancienne monnaie, le deutschemark.

    Sans nommer directement l’Allemagne, qui a enregistré un excédent commercial record l’année dernière, Mnuchin a déclaré que « les pays dotés d’importants excédents extérieurs et de finances publiques saines ont une responsabilité particulière pour contribuer à une économie mondiale plus solide. »

    La décision du FMI de se plier à la pression des États-Unis est intervenue quelques jours seulement après que le gouvernement Trump a annoncé une initiative majeure visant à imposer des restrictions radicales sur les importations d’acier qui, si elles sont réalisées, auront des répercussions profondes sur le marché mondial de ce produit de base.

    En vertu d’une loi peu utilisée datant de 1962, Trump a signé un décret qui lance une enquête sur l’effet des importations d’acier sur la sécurité nationale des États-Unis. Traitant cette décision comme « un jour historique pour l’Amérique », il a déclaré que l’acier était « essentiel pour notre économie et notre armée », et que ce n’était pas « un domaine où nous pouvons nous permettre de devenir dépendants de pays étrangers. »

    L’invocation de la « sécurité nationale » est clairement liée à la volonté militariste du gouvernement. Mais l’utilisation de ce texte fait également partie d’une stratégie plus large sur le protectionnisme exposée devant le Congrès plus tôt cette année par deux membres du gouvernement de Trump : Wilbur Ross, secrétaire au commerce, et Peter Navarro, chef du Conseil national du commerce.

    Elle s’appuie sur l’utilisation de précédentes lois américaines pour contourner les règles commerciales internationales mises en vigueur par l’Organisation mondiale du commerce, ce qui permet aux États-Unis d’imposer des mesures protectionnistes en toute impunité. Il est remarquable que dans leur contribution Ross et Navarro ont invoqué l’infâme loi Smoot-Hawley de 1930, largement reconnue comme responsable des conflits commerciaux des années 1930 qui ont contribué au déclenchement de la Seconde Guerre mondiale.

    Dans un commentaire paru dans le Financial times sur cette dernière initiative de Trump, le chercheur Chad Brown de l’Institut Peterson et ancien conseiller économique du président Obama, a déclaré que citer la « sécurité nationale » pour justifier des restrictions sur les importations d’acier était synonyme d’engager « l’option nucléaire » sur le commerce.

    « C’est une preuve de plus dans la tendance inquiétante où Trump semble vouloir essayer absolument toutes les possibilités offertes par la loi américaine pour arrêter le commerce », a-t-il déclaré.

  • Les entreprises françaises ont emprunté 2800 milliards dit Le Figaro du 3 mai dernier, sous la plume de Nodé-Langlois et c’est sans doute un peu sous-évalué ! Cela signifie que leurs profits actuels sont un véritable tapis de dettes !

  • Comment se fait-il que les capitalistes sont capables de miser des sommes colossales sur des subprimes de toutes sortes, titres pourris fondés sur des dettes, sur des faillites, finalement sur la faillite de leur propre système ?

  • Karl Marx l’expliquait : « Le Capital a horreur de l’absence de profit. Quand il flaire un bénéfice raisonnable, le Capital devient hardi. A 20%, il devient enthousiaste. A 50%, il est téméraire ; à 100%, il foule aux pieds toutes les lois humaines et à 300%, il ne recule devant aucun crime ».

  • L’envolée des cours des actions, constatée ces derniers mois, suppose une correction.

    Déjà, les signes de nervosité se sont multipliés ces dernières semaines.

    "Depuis quelques mois, les ’stress de crédit’ se multiplient (..) sur des sociétés très endettées avec une rentabilité sous pression", note Malik Haddouk, directeur de la gestion diversifiée de CPR Asset Management, en référence notamment au décrochage des cours du groupe de médias Altice ou du spécialiste des médicaments génériques Teva.

    Des décrochages spectaculaires : Altice, Elior, Europcar, Steinhoff, Teva…

    Il y a une bulle potentielle qui est la conséquence d’une surévaluation de certains titres comme cela a été constaté par le passé. Les cours d’Apple, d’Amazon, d’Alphabet (Google) ou de Facebook sont-ils en phase avec la réalité économique de ces entreprises ? La capitalisation boursière d’Apple représente près de 50 % du PIB de la France !!!

    Selon les adeptes de l’indice Shiller, le krach financier est imminent.

    L’Indice Shiller, outil créé spécifiquement pour "détecter" l’émergence de bulles financières, affiche aujourd’hui un niveau supérieur à celui de 1929, avant le krach boursier.

    La séparation des banques notamment, souvent claironnés par un temps, n’a pas été faite, exposant toujours les particuliers aux risques inhérents aux excès de la spéculation, à la finance-casino et aux risques de la finance haute-fréquence, livrée aux algorithmes, aux activités boursières incessantes et ultra-rapides, mal maîtrisées.

    Sans parler des méga-banques en danger, aux activités peu orthodoxes, parfois criminelles, comme le rappelle le document diffusé par Arte, et celles qui vont toujours très mal, comme la Deutsche Bank et certaines banques italiennes.

    De plus les bulles sont des menaces mal cernées, mais toujours potentiellement menaçantes.
    Les inégalités galopantes qui ne cessent de se creuser sont à prendre en compte, du fait de la masse incroyable de cash en circulation qui ne s’investit pas et du déficit de la demande.

    On peut donc s’attendre à une prochaine crise financière venue des banques, mais pas seulement.

    Que se passe-t-il si le bitcoin s’effondre ?

    Que se passe-t-il si l’édifice fondé sur les mégadettes chinoises explose ?

    Peu prennent en compte le risque représenté par la Chine, son économie explosive et ses financements souvent obscurs, en rapport étroit avec HSBC qui a pignon sur rue là-bas et ici, jouant un rôle souvent trouble, sur tous les tableaux..

    Jamais autant d’argent n’a circulé sur la planète. Au total, la masse monétaire mondiale a doublé entre 2000 et 2006, progressant trois fois plus vite que la production. Résultat, en six ans, 2 165 milliards de dollars de trop se seraient accumulés dans la machine économique globale, d’après les calculs exclusifs de L’Expansion. " Tout cet argent en quête de rendement entraîne le gonflement d’une multitude de bulles financières. Plus ça dure, plus la probabilité d’une crise grave augmente ", prévient Laurent Berrebi, chef économiste de Groupama Asset Management.

    Demain ou après-demain, il y aura un krach mais que nul n’en connaît réellement la date, la teneur, ni même l’ampleur.

    Ce qui est certain c’est qu’un système économique ne meurt pas de vieillesse mais de mort violente, il y aura un choc d’ampleur…

    "Il y aura une nouvelle crise, je ne sais pas quand, mais ce dont je suis sûr c’est qu’elle pourrait être un évènement dramatique pour notre style de vie, pour la démocratie et les valeurs libérales", a mis en garde Paul Tucker, ancien vice-gouverneur de la Banque d’Angleterre (BoE).

  • 2007-2008 puis dix ans mais rien n’est réglé...

    C’est la bourgeoisie qui le dit et l’écrit... Lire ici

    Une décennie s’est écoulée depuis la faillite de la banque d’affaires. Une note de l’institut Thomas-More décrit une planète financière toujours aussi risquée.

    "La dérégulation des années 1980 a marqué le début de l’explosion de la finance et du crédit dans nos économies développées : une vague d’innovations financières, bientôt suivie par une folie spéculative sur les actions Internet dans les années 1990, inaugure la première phase des bulles spéculatives. Au lieu d’accepter une récession importante au début des années 2000 [NDLR : après l’éclatement de la bulle Internet], banquiers centraux et responsables politiques, main dans la main, ont préféré installer un mode quasi permanent de croissance à crédit. [...] En réalité, ces taux maintenus bas trop longtemps après le 11 septembre 2001 ont suscité de nouvelles bulles, notamment celle de l’immobilier résidentiel américain. Loin de se cantonner à l’économie réelle et aux prêts immobiliers, via la titrisation, cette bulle a alimenté une grande partie des marchés hypothécaires et obligataires. C’est le système financier dans son ensemble, des prêts immobiliers au financement des LBO, des matières premières aux prêts à la consommation, qui a perdu toute notion de risque tant la dernière crise paraissait loin."

    "La crise de 2008 a été contenue et non pas résolue - ce qui aurait demandé deux ou trois années de faillites massives. Le remède monétaire administré à nos économies, notamment en Europe, toujours sous perfusion de la Banque centrale européenne, amènera inéluctablement un événement financier brutal et une récession. [...] Depuis la crise de 2008, le montant de dette totale dans le monde a crû de 42 % pour atteindre 236 trillions [236 000 milliards] de dollars. L’endettement chinois (public et privé) a été multiplié par sept pour atteindre 35 trillions de dollars et la dette des entreprises les plus "risquées", les junk bonds, a crû de 58 %. [...] L’augmentation de la dette publique après 2008 est tout à fait explicable : les Etats ont dû s’endetter pour sauver le système financier. Pour autant, il n’y a pas eu de simple transfert des dettes du privé au public, comme l’ont avancé certains commentateurs."

    "Dès 2010, l’endettement privé a repris sa croissance fulgurante, notamment celui d’entreprises non bancaires, particulièrement en Europe. Par des jeux d’ingénierie financière et malgré une croissance poussive, la dette des entreprises européennes [a crû] de 55 %. Si la BCE n’a jamais trouvé le moyen de mieux financer les PME européennes, son action sur le marché obligataire a massivement ouvert le robinet du crédit aux grandes entreprises et aux acteurs de l’immobilier. [...] Quand la rémunération du capital deviendra supérieure dans la zone dollar à celle de la zone euro, les capitaux finiront par fuir les marchés obligataires européens, ce qui provoquera l’augmentation du coût de financement des entreprises européennes les plus fragiles. [...] De toute évidence, cette nouvelle crise aura des répercussions sur la construction européenne."

  • En 2008, une bulle a éclaté. La spéculation sur les crédits hypothécaires des gens a été confrontée au fait que les ménages américains ne pouvaient plus rembourser leurs crédits. Le système bancaire s’est écroulé.

    En réalité, il y avait une crise qui était latente, qui a éclaté en 2000-2001. Il y avait une spéculation très forte sur les valeurs technologiques, Internet, etc. Il y a eu une chute des cours boursiers. À ce moment-là, les autorités monétaires américaines ont fortement baissé les taux d’intérêt. Et, comme les patrimoines des ménages sont composés essentiellement de propriétés immobilières (logements, etc.) ou financières (titres, actions, etc.), les ménages ont pu passer cette crise-là : si les actifs financiers baissaient, les actifs immobiliers, eux, ne baissaient pas. Le fait d’avoir baissé les taux d’intérêt a permis de doper le secteur immobilier puisque que les gens pouvaient emprunter très facilement à taux très bas et acheter des maisons et des appartements, ce qu’ils ont fait de manière massive. Cette manière de résoudre la crise de 2001 a permis effectivement de sortir de cette crise conjoncturelle. Mais, en même temps, on a semé les graines de la crise suivante parce que, évidemment, le secteur immobilier et le secteur bancaire qui finançait les achats immobiliers se sont à un moment heurtés au fait que la plupart des gens qui voulaient être propriétaires l’étaient devenus, mais les autres soit ne voulaient pas l’être soit n’avaient pas les moyens de le devenir. C’est à ce moment-là que les fameuses « subprimes » sont arrivées. Elles ont incité les gens qui voulaient être propriétaires mais qui n’en avaient pas les moyens à acheter quand même, avec des prêts particuliers qui faisaient en sorte qu’ils payaient très peu au départ. Mais, plus tard, la somme à rembourser croissait de manière très forte. Au moment du passage aux remboursements d’emprunts très hauts, comme à ce moment-là la valeur des biens immobiliers montait, les gens vendaient leur bien, et avec cet argent ils pouvaient rembourser le prêt et gagner un peu d’argent. Ce mécanisme des subprimes a fini par éclater parce que ce système ne marche que si le prix des biens immobiliers continue à croître. Mais ça n’a pas été le cas. Les gens qui avaient acheté un bien immobilier n’arrivaient plus à le vendre et se retrouvaient avec ce bien dont ils avaient pu payer les charges jusqu’alors, mais ils devaient passer à un niveau beaucoup plus élevé de remboursement et ils ne pouvaient pas vendre puisqu’il n’y avait plus d’acheteurs.

    On a traité les symptômes mais pas les éléments fondamentaux : essentiellement l’inadéquation de la production et de la consommation, ce qui entraîne une crise de surproduction, et l’aggravation de l’inégalité des richesses qui fait que des parties de la consommation ne sont plus entretenues et qu’il y a donc un frein à la croissance. On continue à investir dans certains secteurs et ces investissements sont probablement exagérés par rapport à ce que pourrait être la demande à terme.

    Nous sommes toujours dans cette crise structurelle, dans des situations de surproduction et on essaie de trouver des voies pour essayer de colmater les brèches. Pour en sortir, il y a deux possibilités fondamentales. Ou bien on sort du système, ce qui est à mon avis la meilleure chose, ou alors la solution du capitalisme pour relancer la machine, c’est la destruction massive des moyens de production. Et le moyen le plus radical, c’est la guerre. Je ne dis pas que des capitalistes se disent « ah oui, il y a trop de capacité de production, il faudrait une petite guerre ». Non, ce n’est pas comme ça que ça marche. Mais une destruction massive est leur moyen pour anéantir autant de moyens de production qui sont en excédent par rapport à la capacité de consommation, et la guerre est une solution – c’est ce qui est arrivé en 1914-1918. Mais, après cette guerre, on a recommencé le même système. En 1940-1945, des paramètres importants du système ont changé. Le rapport de force mondial, notamment grâce à l’influence communiste dans le monde, a rendu possible plusieurs conquêtes sociales. On a mis en place une fiscalité progressive qui permettait que les riches alimentent davantage les pouvoirs publics ; on a institutionnalisé les syndicats ; on a créé la sécurité sociale – même si une version basique existait déjà. Là, on a mis en place en système qui permettait des transferts de richesse des plus riches vers les plus pauvres. C’est par la lutte de classes que l’on a pu faire bouger le système. Et c’est par la lutte des classes que l’on pourra penser un autre modèle de développement qui ne vise pas uniquement les intérêts des grands capitalistes.

    Le capitalisme passe par la production et la production de la plus-value créée par les travailleurs, mais le but, c’est d’accumuler du capital et de l’augmenter. Ce qui importe pour les capitalistes, c’est investir et gagner toujours plus – le reste est une étape « intermédiaire ». Et donc, comme pour accumuler il faut du capital, les organes financiers sont devenus les acteurs progressivement dominants dans le système capitaliste, parce qu’ils ont la capacité de donner l’argent ou de ne pas le donner, de l’investir ou pas. Ils concentrent donc le pouvoir. La finance s’accapare le monde.

  • A la veille ou à l’avant veille , peu importe, la réalité est que les contradictions internes du système augmentent et que rien ne peut les empêcher de croitre jusqu’au prochain effondrement économique qui sera encore plus violent ...pour preuve par exemple...en l’espace de 10ans suite à la crise 2008, les actions de multinationales industrielles privatisées ont grimpé de 1E à 120 E l’action. La mulitnationale annonce officellement que tout va bien ou presque à la presse ...pendant qu’elle fait des formations à ses cadres en leur expliquant que la montée en flêche du cours de l’action est simplement le signe que l’effondrement de même type que 2008 se rapproche très vite et que les cadres auraient tout intérêt à vendre pendant qu’ils en ont encore le temps...la société mise donc sur sa proche chute car elle sait qu’elle ne peut pas l’éviter !
    La production n’a jamais été autant à l’opposé de la croissance financière—>de moins de moins de salariès dans les usines du monde entier et de plus en plus de cash en bourse..le conflit ne peut que se résoudre par un super effondrement qui va emporter l’économie mondiale et cette fois , la phrase de Warren Buffet va vraiment prendre tout son sens : "L’économie est tombée d’une falaise. ( …) Je n’ai jamais vu un tel niveau de peur auparavant".

  • En France, les cadeaux au grand capital se multiplient mais les économistes reconnaissent que cela n’a nullement favorisé les investissements industriels ni les emplois.

    La transformation du crédit d’impôt compétitivité emploi (CICE) en baisses de cotisations sociales pérennes, promise par Emmanuel Macron, va se traduire en 2019 par une facture considérable pour les finances publiques.

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