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Révoltes et révolutions chez les Phéniciens et Cananéens

dimanche 15 juillet 2018, par Robert Paris

TYR, AU PLUS HAUT DE SA FORTUNE, S’EFFONDRE SOUS SA PROPRE REVOLTE :

“ Tyr, c’est toi qui as dit Moi je suis parfaite en beauté ! Tes frontières étaient au cœur des mers. Tes constructeurs avaient parachevé ta beauté. Ils avaient construit pour toi en cyprès de Senir tous tes bordages. (…) Tous les navires de la mer et leurs marins étaient chez toi pour assurer ton commerce. La Perse, Loud et Pout faisaient partie de ton armée ; ils étaient tes hommes de guerre. (…)

Edom était ton fournisseur ; à cause de l’abondance de tes produits il pourvoyait tes marchés en malachite, pourpre rouge, broderies, byssus, corail et rubis. Judas et le pays d’Israël trafiquaient avec toi ; ils pourvoyaient ton commerce en blé de Minnith, en millet, en miel, en huile et en résine. (…)”

LES PHÉNICIENS ET LES CANANÉENS : DES VILLES RÉVOLTÉES ET ÉCRASÉES

Des groupes humains de langue sémitique s’établissent dans les plaines littorales de l’actuel Liban, au pied du mont Liban, l’un des très rares lieux du Moyen-Orient à connaître la neige en hiver.

Les nouveaux-venus sont connus dans la haute Antiquité sous le nom de Cananéens. C’est en particulier le nom qu’ils portent dans la Bible, leur pays portant celui de Canaan.

La civilisation cananéenne était à son zénith et comportait de nombreuses villes puissamment fortifiées aussi bien à l’intérieur – Hazor, Sichem, Gézer, Lakish, Hébron, Jérusalem… – que sur la côte – Akko, Jaffa, Ashqélôn… En étudiant les résultats des fouilles archéologiques et des explorations de surface, les spécialistes de démographie antique ont pu très approximativement estimer la population de la Palestine à cette époque à quelque 140 000 habitants.

Ils ne forment pas un État ni ne constituent à proprement parler un peuple. Ils vivent dans des cités plus ou moins indépendantes, chacune gouvernée par un roi, avec une divinité qui lui est propre.

Ces cités deviennent des centres du grand commerce et d’une flotte nombreuse et prospère. Elles accroissent considérablement leur richesse et leurs inégalités jusqu’à atteindre leur sommet et connaître des révolutions... Ainsi, la stèle égyptienne de Merneptah, suite à l’intervention militaire violente dans la région, révèle une révolte importante en Canaan, ...

La Phénicie est aussi un ensemble de cités-états qui ont développé la navigation et fondé de nombreuses colonies sur le pourtour méditerranéen dont Carthage au IX siècle. Vers l’an 1000 avant J.C., l’union de l’ensemble des cité-États devient la Phénicie. Jusqu’au 7e siècle, les Phéniciens sont les plus grands commerçants et leurs navires sillonnent la Méditerranée jusqu’à l’Espagne. Par la suite plusieurs sociaux et politiques surviennent et la Phénicie passe d’une domination à une autre. Les Phéniciens apparaissent étonnamment modernes dans leur capacité à développer de nouveaux marchés, en s’appuyant sur des artisans itinérants et les réseaux de production locale, et non sur une politique de colonisation.

Les villes phéniciennes et cananéennes ont connu de grandes réussites commerciales et elles ont prospéré jusqu’à connaître de graves crises de la domination des classes dirigeantes sur le petit peuple des villes et des ports dues à des inégalités sociales croissantes. Bien des mythologies ont été bâties sur cette disparition des villes prospères transformées en ruines par la répression : la Bible (ancien testament) en est un exemple.

LA VILLE DE TYR

L’ancienne Tyr ( ne pas confondre avec l’actuelle Tyr ) se situe dans la Phénicie méridionale à un peu plus de 70 km au sud de Beyrouth. Elle était située sur un rocher entouré par la mer de tous les côtés. La ville était séparée du continent par un étroit de 500 à 700 mètres de large qui liait la ville insulaire à la ville continentale. Cette ville était considérée comme impénétrable à cause de sa extraordinaire situation.

Le statut de Tyr, pendant près de 350 ans, entre le règne du Pharaon Thoutmosis II (1492-1479) et Ramsès III (1184-1153) lui a permis de profiter de sa position pour développer son rôle comme port stratégique, son commerce et son industrie, surtout par ces relations avec les autres villes du Levant. Point d’arrivée des caravanes d’Orient, elle va être le foyer de l’expansion Phénicienne en Méditerranée. Vers 1200, Tyr va être détruite comme beaucoup de cités du littoral par des révoltes sociales dont les destructions ont été longtemps attribuées aux peuples "de la mer".

TYR, AU PLUS HAUT DE SA FORTUNE, S’EFFONDRE SOUS SA PROPRE REVOLTE

« Tyr, c’est toi qui as dit Moi je suis parfaite en beauté ! Tes frontières étaient au cœur des mers. Tes constructeurs avaient parachevé ta beauté. Ils avaient construit pour toi en cyprès de Senir tous tes bordages. (…) Tous les navires de la mer et leurs marins étaient chez toi pour assurer ton commerce. La Perse, Loud et Pout faisaient partie de ton armée ; ils étaient tes hommes de guerre. (…)

Edom était ton fournisseur ; à cause de l’abondance de tes produits il pourvoyait tes marchés en malachite, pourpre rouge, broderies, byssus, corail et rubis. Judas et le pays d’Israël trafiquaient avec toi ; ils pourvoyaient ton commerce en blé de Minnith, en millet, en miel, en huile et en résine. (…)

Tu t’es emplie et tu es devenue très pesante au cœur des mers. Tes richesses, tes réserves, ton commerce, ceux qui réparaient tes avaries et qui assuraient ton commerce et tous tes hommes de guerre qui étaient chez toi, avec toute la foule qui était au milieu de toi, tomberont au cœur des mers quand tu couleras.

Au son des clameurs de tes marins les vagues seront soulevées. Alors descendront de leurs navires tous ceux qui manient les rames ; les mariniers et tous les matelots de la mer s’arrêteront à terre. Ils feront entendre leur voix à ton sujet et crieront amèrement ; ils lanceront de la poussière sur leur tête et se rouleront dans la cendre. (…)

Ils entonneront à ton sujet un chant funèbre : qui a été réduit au silence comme Tyr au milieu de la mer ? Quand tes réserves étaient débarquées des mers, tu rassasiais des peuples nombreux. Par l’abondance de tes richesses et de tes produits commerciaux, tu enrichissais les rois de la terre.

A présent (…) les rois sont secoués d’un frisson et les visages sont accablés. Les marchands parmi les nations sifflent à cause toi : tu es devenue un objet d’épouvante ; à jamais tu seras abolie » EZECHIEL XXVII

Prophétie d’Ezéchiel

« La onzième année, le premier jour du mois, la parole de l’Éternel me fut adressée, en ces mots : Fils de l’homme, parce que Tyr a dit sur Jérusalem : Ah ! ah ! Elle est brisée, la porte des peuples ! On se tourne vers moi, Je me remplirai, elle est déserte ! A cause de cela, ainsi parle le Seigneur, l’Éternel : Voici, j’en veux à toi, Tyr ! Je ferai monter contre toi des nations nombreuses, Comme la mer fait monter ses flots. Elles détruiront les murs de Tyr, Elles abattront ses tours, Et j’en raclerai la poussière ; Je ferai d’elle un rocher nu ; Elle sera dans la mer un lieu où l’on étendra les filets ; Car j’ai parlé, dit le Seigneur, l’Éternel. Elle sera la proie des nations. Ses filles sur son territoire Seront tuées par l’épée. Et ils sauront que je suis l’Éternel. Car ainsi parle le Seigneur, l’Éternel : Voici, j’amène du septentrion contre Tyr Nebucadnetsar, roi de Babylone, le roi des rois, avec des chevaux, des chars, des cavaliers, et une grande multitude de peuples. Il tuera par l’épée tes filles sur ton territoire ; il fera contre toi des retranchements, il élèvera contre toi des terrasses, et il dressera contre toi le bouclier. Il dirigera les coups de son bélier contre tes murs, et il renversera tes tours avec ses machines. La multitude de ses chevaux te couvrira de poussière ; tes murs trembleront au bruit des cavaliers, des roues et des chars, lorsqu’il entrera dans tes portes comme on entre dans une ville conquise. Il foulera toutes tes rues avec les sabots de ses chevaux, il tuera ton peuple par l’épée, et les monuments de ton orgueil tomberont à terre. On enlèvera tes richesses, on pillera tes marchandises, on abattra tes murs, on renversera tes maisons de plaisance, et l’on jettera au milieu des eaux tes pierres, ton bois, et ta poussière. Je ferai cesser le bruit de tes chants, et l’on n’entendra plus le son de tes harpes. Je ferai de toi un rocher nu ; tu seras un lieu où l’on étendra les filets ; tu ne seras plus rebâtie. Car moi, l’Éternel, j’ai parlé, dit le Seigneur, l’Éternel. Ainsi parle à Tyr le Seigneur, l’Éternel : Au bruit de ta chute, Quand les mourants gémissent, Quand le carnage est dans ton sein, Les îles tremblent. 16 Tous les princes de la mer descendent de leurs trônes, Ils ôtent leurs manteaux, Et quittent leurs vêtements brodés ; Ils s’enveloppent de frayeur, et s’asseyent sur la terre ; A chaque instant l’épouvante les saisit, Et ils sont consternés à cause de toi. Ils prononcent sur toi une complainte, et te disent : Eh quoi ! tu es détruite, Toi que peuplaient ceux qui parcourent les mers, Ville célèbre, qui étais puissante sur la mer ! Elle est détruite avec ses habitants, Qui inspiraient la terreur à tous ceux d’alentour ! Maintenant les îles tremblent au jour de ta chute, Les îles de la mer sont épouvantées de ta fin. Car ainsi parle le Seigneur, l’Éternel : Quand je ferai de toi une ville déserte, Comme les villes qui n’ont point d’habitants, Quand je ferai monter contre toi l’abîme, Et que les grandes eaux te couvriront, Je te précipiterai avec ceux qui sont descendus dans la fosse, Vers le peuple d’autrefois, Je te placerai dans les profondeurs de la terre, Dans les solitudes éternelles, Près de ceux qui sont descendus dans la fosse, Afin que tu ne sois plus habitée ; Et je réserverai la gloire pour le pays des vivants. Je te réduirai au néant, et tu ne seras plus ; On te cherchera, et l’on ne te trouvera plus jamais, Dit le Seigneur, l’Éternel. (…) »

LA VILLE DE SIDON Sidon ou Saïda aujourd’hui (en Phénicien Sydwn ou Saidoon, en Grec : Σιδώνα, en Hébreu : צידון, en arabe : صيدا Saydā) est une ville de Phénicie sur la Méditerranée, elle fut bâtie en partie sur une île. Après -638, l’Assyrie perd son influence et le Levant retrouva une certaine indépendance. L’Egypte, qui connaissait une période de renaissance sous la dynastie saïte, essaya de regagner une certaine influence mais ses prétentions restèrent sans lendemain. Dès -605, Nabuchodonosor, roi de Babylone, entre en scène. Sa victoire sur les Egyptiens à Carchemish lui ouvrit les portes de toute la région. Comme tous les conquérants qui l’ont précédé, il chercha à s’assurer une domination complète sur les richesses de la côte, en bois et en bateaux, et sur le commerce. Il fit alors déporté tous les rois des cités phéniciennes en Babylone. Retrouvant son souffle après la prise de Babylone par Cyrus, le roi des Perses, la cité de Sidon reprend son rôle de ville maritime. Ses marins réputés, ainsi que les autres marins phéniciens, mirent leur expérience au service des nouveaux dominateurs. Les bateaux phéniciens formèrent le fleuron de la flotte perse emmenée par Darius et Xerxès à l’assaut de la Grèce. Les rois des cités phéniciennes étaient les amiraux, chacun à la tête du contingent de sa cité : Hérodote cite parmi eux Tetramnestos de Sidon, Matten de Tyr et Merbalos d’Arwad. Sidon a, durant toute la période perse, gardée une position prédominante dans le monde phénicien. De cette époque date le temple d’Echmoun ainsi que les grandes nécropoles. Grâce à l’inscription gravée sur le célèbre sarcophage du jeune roi Echmounazor, on sait que "le roi des rois", c’est-à-dire l’empereur perse, lui avait concédé des terrains en échange du soutien de sa flotte. Cette entente entre le pouvoir local et le pouvoir perse ne dura pas longtemps, des révoltes éclatèrent dans la ville mais furent férocement réprimandées.

LA VILLE DE SOUSSE

Sousse a, depuis l’Antiquité, attiré les peuples de la mer et c’est aux Phéniciens que l’on attribue le premier nom connu de la ville au XIe siècle av. J.-C., Hadrim. Les vestiges archéologiques du site ne remontent cependant guère au-delà du VIe siècle av. J.-C., période où Hadrim passe sous l’autorité de Carthage et vit avec elle les guerres puniques tout en maintenant une identité phénicienne comme l’attestent notamment les pratiques funéraires. L’auteur raconte avec beaucoup de simplicité cette période en s’attardant sur les moindres détails : le tophet, les nécropoles de l’époque punique. Il nous parle de la fille de Tyr, de Hadrim libre, après la défaite dans la bataille de Zama, de Hannibal Barca où la ville se libère progressivement de la tutelle carthaginoise en établissant des relations économiques et diplomatiques directes avec Rome dont elle prend le parti durant la Troisième Guerre punique. Après la destruction de Carthage, les Hadrumétins deviennent, selon l’expression d’Appien, les amis du peuple romain et la ville, rebaptisée Hadrumetum (Hadrumète), devient une cité romaine privilégiée et « libre ». Mais très vite frappée par « la malédiction de Carthage », selon l’expression de de Néji Djelloul, elle perd une partie de ses privilèges lorsqu’elle choisit le parti des Pompéiens contre le victorieux Jules César. A la fin du Ier siècle, Hadrumetum est la première cité africaine à bénéficier du statut de colonie honoraire qui est attribué par Trajan. En reconnaissance, sont érigés des monuments glorifiant le généreux empereur : monuments publics, forum, cirque, arc de triomphe, théâtre, amphithéâtre, thermes publics, demeures privées et riches mosaïques… Et l’auteur promène l’objectif de Abderrazak Khéchine pour mettre en relief la splendeur de tous ces monuments. Le christianisme fut le sujet suivant. « La communauté chrétienne n’est devenue importante que dans la seconde moitié du IIIe siècle », explique l’auteur. Et de nous promener donc à travers les églises, les catacombes. Et on s’arrête à la ville Byzantine, cette ville qui a retrouvé une prospérité relative lorsqu’en 297 l’empereur Dioclétien fait d’Hadrumète la capitale de la nouvelle province de Byzacène qui s’étend sur le centre du pays. Et on en arrive enfin à la cité islamique qui peut être fixée vers 654, « après la cuisante défaite infligée par Abdallah Ibn Al-Zubayr à la flotte byzantine commandée par le Patrice Nicéphore ». Sousse devient alors la seconde ville de l’Ifriqiya (l’actuelle Tunisie) et la première du Sahel. L’auteur nous raconte l’essor urbain, la période fatimide, l’époque fatimide-ziride, Sousse sous les Hafsides et enfin l’époque ottomane. Richement illustré, Sousse, l’antique Hadrumetum présente la ville à travers différentes prises de vues de la Grande Mosquée ainsi que du Ribat qui sont des forteresses du IXe siècle construites par les Aghlabides au sein de la médina qui est classée au patrimoine mondial de l’Unesco. Et zoom sur les minarets et les portes, pour marquer des arrêts sur différentes mosquées, medressas, zawiyas et mausolées, coupoles des cafés, quelques demeures privées… Peut-on parler de Sousse, sans évoquer le musée archéologique, situé dans le Ribat et qui possède la deuxième collection de mosaïques après celle du musée national du Bardo. Le dernier chapitre du livre, lui, est d’ailleurs réservé pour raconter en images cette si belle histoire de l’antique Hadrumetum.

Au IVème siècle, les esclaves de Tyr se révoltent et prennent le pouvoir dans la cité, tuent leurs maîtres ici

Des sources épigraphiques retrouvées à Ras-Shamra montrent qu’Hammourabi dans son courrier met en lumière la situation désespérée d’Ougarit :

"Mon père, (...) mes villes ont été brûlées et ils ont fait des mauvaises choses dans mon pays. Est-ce que mon père sait que toutes mes troupes et mes chars (?) sont dans le pays de Hatti et tous mes navires sont dans le pays de Lukka ... Ainsi, mon pays est abandonné à lui-même...".

Dans le même temps les textes Hittites nous indiquent que leur pays du Hatti doit subir une période de grande famine, accompagnée de forts mouvements de population qui vont complètement miner l’Empire jusqu’a amener sa disparition. Selon les textes Égyptiens, la destruction du Hatti serait due aux Peuples de la Mer, qui ravagent toute la région, mais il est peu probable que ceux-ci se soient avancés aussi loin à l’intérieur des terres. Il est plus vraisemblablement que ce sont d’autres tribus ennemies qui ont profité de l’affaiblissement de l’Empire pour abattre définitivement les Hittites et leurs vassaux. Ce qui est sur c’est qu’Hattousa et les principales villes Hittites sont détruites et ne se relèveront jamais. Ougarit fera parti de ces nombreux États du Proche-Orient qui ont été détruits ou abandonnés au cours de l’effondrement. La ville sera prise, pillée et détruite et plus habitée après. Une tablette cunéiforme trouvée en 1986 montre qu’Ougarit a été détruite après la mort du Pharaon Mérenptah (ou Mineptah, 1213-1203). Il est généralement aussi admis qu’Ougarit était déjà détruite lors de la 8e année du règne de Ramsès III (1184-1153) soit en 1176. Qu’Ougarit fut détruite avant ou après la capitale Hittite Hattousa, généralement donné en 1190, est toujours débattue. La destruction est suivie par une interruption de règne.

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