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Sur quoi se fonde l’activité des minorités révolutionnaires

mardi 21 novembre 2017, par Robert Paris

Quels principes devraient guider les minorités révolutionnaires dans leur appréciation de la situation et dans leur intervention au sein de la classe ouvrière ?

Il convient tout d’abord d’écarter de ces principes ceux qui mènent directement dans le mur : l’opportunisme, le pragmatisme, l’activisme, le réformisme, le suivisme, l’ouvriérisme, le carriérisme et toutes sortes de tromperies poliques. En gros, pour ces dérives, la mesure de la justesse de principes serait le succès immédiat, la capacité de s’adapter efficacement - en étant suivis par d’importantes minorités ou des masses nombreuses -, à l’état actuel de l’opinion, qu’il s’agisse de celle du grand public ou de celle de la classe ouvrière, de la jeunesse ou d’une couche sociale particulière. Un autre travers à souligner consiste dans l’idée que le rôle essentiel des minorités révolutionnaires consisterait à cesser – momentanément disent-elles – de se comporter en révolutionnaires socialistes, pour aller dans le sens réformiste souhaité par les travailleurs, les jeunes et la population, tout en radicalisant le caractère combatif de ce réformisme. Cela suppose des revendications soi-disant plus radicales, des actions plus massives et/ou plus radicales, sans que ces revendications ou ces actions ne visent explicitement à abattre le système d’exploitation et les Etats qui le soutiennent.

Fondamentalement, ce type de conceptions opportunistes se fondent sur ce qui est pratiquement possible, en tenant compte du caractère subjectif de l’état de l’opinion publique ou de l’opinion ouvrière, et l’opposent à ce qui est une politique fondée sur une analyse scientifique de la situation objective du système capitaliste, de sa crise, de ses contradictions et de leur état passé, actuel et futur.

Les courants cités précédemment sont très variés mais ils ont en commun de refuser une véritable analyse de la crise historique du capitalisme, affirmant que l’on verra bien, que l’on ne peut pas être sûr, que cela ne sert à rien de théoriser, et autre balivernes qui cachent un refus d’observer, d’analyser, de comprendre à quel monde nous sommes confrontés, premier pas cependant de celui qui prétend changer le monde ! Et, en particulier, premier pas pour celui qui se prétend marxiste et la plus plupart des courants en question sont dans ce cas…

Ces courants sont d’abord et avant tout craintifs de leur caractère minoritaire, comme s’ils estimaient que c’était une maladie qu’il fallait absolument soigner, quitte à chercher pour cela des moyens artificiels, y compris des tromperies tactiques, pour « réussir », indépendamment des conditions objectives existantes. Au contraire, il convient de rappeler que le prolétariat n’est révolutionnaire, au sens social et politique, que lors d’occasions très courtes, limitées dans le temps, où la crise de la domination des classes dirigeantes est si violente qu’elle les sort, rapidement et radicalement, de leur situation de classe opprimée, dominée, situation qui implique non seulement une soumission matérielle mais aussi morale, intellectuelle, organisationnelle, politique et sociale. Hors de telles situations révolutionnaires, ou pré-révolutionnaires, les minorités révolutionnaires ne peuvent pas avoir de véritables succès et tout soutien massif ne peut que reposer sur des tromperies, qui ne trompent que l’honnèteté du révolutionnaire et la réalité de sa perspective révolutionnaire. Il en va des « succès » électoraux comme des « succès » syndicaux ou politiques, des « succès » dans des mobilisations, des manifestations ou des grèves. Le fait qu’il s’agisse de luttes justes ne prémunit nullement contre le caractère, réformiste ou opportuniste, aventurier ou politicien, que l’intervention de ces minorités révolutionnaires a pris.
Le fait d’être en minorité au sein d’une société d’exploitation et d’oppression, et de le rester sans crainte tant qu’il le faudra, n’est nullement un signe d’infamie, d’incompétence, d’incapacité, d’isolement, d’autisme, d’incompréhension de « la réalité », de l’état de l’opinion, des possibilités de la situation, de rejet général « des gens », de caractère purement proclamatoire de telles minorités. Par contre, le désir, forcené, de « réussir » alors que la situation n’en est pas à une réussite révolutionnaire, est systématiquement porteur d’opportunisme, de trahison, de cheminements vers des impasses, des défaites et des renoncements politiques et théoriques. C’est même le chemin du renoncement d’une quelconque vision théorique, le caractére pratique – d’ « organisation », de « mobilisation », de « rassemblement », de « regroupement », de « lutte » étant considéré comme prioritaire sur n’importe quel critère théorique.

C’est par cette démarche que se retrouvent des courants très divers, d’origine comme de politique, à affirmer les uns comme les autres qu’ils ne vont pas « se lancer dans un débat théorique sur le caractère de la crise du capitalisme », sous-entendant ainsi que ce serait un débat sans intérêt, sans vie, sans résultats utiles, ne menant qu’à des débats et des divisions et pas à des perspectives sociales ou politiques.

Le fait de fonder l’intervention, les choix, les buts, les objectifs à court, moyen ou long terme, sur des analyses de l’état de la société bourgeoise, puis sur les politiques qui en découlent pour la classe exploiteuse, est le premier des principes qui doit guider, selon nous, la minorité révolutionnaire. Et ce n’est bien sûr pas le seul. Les révolutionnaires ne sont pas des intellectuels en chambre qui se contentent d’étudier la situation objective mais ils désirent en déduire des conséquences sociales et politiques et même une intervention au sein de la classe prolétarienne… Pour les révolutionnaires, discuter de l’analyse théorique de la crise du système, ce n’est pas « perdre son temps », ce n’est pas « réduire l’effort d’action », ce n’est pas « s’isoler dans la seule pensée », ce n’est pas « chercher des justifications pour ne pas agir », ce n’est pas « diminuer les liens avec le mouvement ouvrier réel », comme nous l’ont dit tous ces courants, pour justifier leur rejet de telles discussions… Du coup, on ne peut pas dire que nous divergions avec eux sur l’appréciation de la crise du capitalisme puisque nous n’avons même pas pu en débattre, ces derniers ne trouvant pas le temps de soumettre le système capitaliste à une étude approfondie et affirmant que celle-ci n’est pas dans leurs forces, dans leurs compétences, dans leurs priorités, dans leurs conceptions ou dans leurs buts. Certains traitent de telles analyses de fiction (sans rétablir où serait la réalité), de théorie pure (pas un besoin ni pour les militants, ni pour les travailleurs conscients), de discutable (sans la discuter), d’hypothèse (sans développer les autres hypothèses crédibles), de supputation gratuite (la « gratuité » consistant, pour eux, dans le manque d’avantages organisationnels ou de succès immédiats à en attendre)…

Nous ne reprochons pas à ces courants d’avoir une autre analyse de la crise que la nôtre, mais de se refuser à avoir une véritable analyse de cette crise historique, analyse qui en développe le caractère particulier et dépasse la seule critique, générale et classique, des défauts et tares du capitalisme. Nous estimons que ceux qui font de la crise actuelle, une simple crise parmi des dizaines d’autres, se voilent la face et refusent la réalité. Ils ne le font ni par manque de capacités, ni par maque d’éléments d’analyse, ni par erreur, mais par choix : celui de s’en tenir aux idées qui leur permettront des choix tactiques et stratégiques compatibles avec la croissance de leur groupe, avec le développement de ses liens, avec la conservation soit de leurs forces, soit de leurs racines politiques, soit de leurs soutiens dans la population, en tout cas des choix conservateurs malgré une image d’eux-mêmes qui serait dynamique, en prise avec la réalité, « proche des gens »…

Bien entendu, les minorités révolutionnaires dont il est question (par exemple, en France, les LO, NPA, POI, AlterLib, CNT, etc…) nous rétorquent qu’elles ne sont ni réformistes (mais connaissent l’utilité des revendications partielles et provisoires), ni opportunistes (mais ne refusent pas les possibilités du moment et n’attendent pas passivement le grand jour), ni pragmatistes (mais instruisent leurs militants et les travailleurs de la théorie et de l’expérience révolutionnaire passée), et qu’elles ne font que développer toutes les possibilités de lutte que permettent la mobilisation encore limitée des travailleurs. S’il est exact que certains d’entre eux font parfois encore référence à la révolution prolétarienne, rien dans leur manière d’intervenir dans la classe ouvrière n’y prépare, rien ne provient des leçons tirées des luttes et révolutions passées, rien n’arme fondamentalement les travailleurs contre leurs ennemis et leurs tromperies. Ces groupes sont très différents les uns des autres par leurs déclarations et leurs actions, par leurs origines et leurs références. Cependant toutes pratiquent la politique de groupe, qui a pour but la défense des intérêts de l’organisation, de sa croissance, de ses « succès », de son implantation, au lieu de la politique de défense des intérêts prolétariens. On se rappelle de la définition d’un groupe militant communiste par Karl Marx : il n’a pas d’intérêt de groupe à défendre !!! Des intérêts à défendre signifient des places syndicales à protéger par exemple. Cela suppose un certain opportunisme vis-à-vis des appareils syndicaux, et un changement progressif du discours organisationnel pour ne pas trop heurter ces appareils. Cela signifie aussi une certaine participation à la vie politique, vie qui est entièrement monopolisée par la bourgeoisie et à son service, avec les média, les élections bourgeoises, les droits et les financements. Cela suppose notamment un affaiblissement progressif du discours révolutionnaire sur l’Etat, en vue de sa destruction et de l’organisation de la classe ouvrière en classe dominante. La volonté d’obtenir des succès immédiats auprès de la population, auprès des travailleurs, suppose une adaptation aux conceptions actuelles des travailleurs, à leur réformisme, à leur acceptation du système d’exploitation. Ce qui veut dire que ces groupes « oublient » que le message communiste se fonde d’abord et avant tout sur la suppression de la propriété privée des entreprises et des capitaux et la destruction complète de l’appareil d’Etat bourgeois, ses parlements, ses élections, ses administrations, ses forces de répression policières, militaires, carcérales, d’espionnage et de contre-espionnage, etc…

Sous prétexte que la situation ne serait pas révolutionnaire, que le niveau de conscience et d’organisation prolétarien et même le moral des travailleurs et leur mobilsiation, seraient au plus bas, ils s’adaptent, sans en être pleinement conscients, à toutes les valeurs de la société bourgeoise, valeurs selon lesquelles les moutons ont besoin de bergers syndicaux ou politiques, selon lesquelles les travailleurs ont besoin de patrons, selon lesquelles les travailleurs doivent courir après les emplois, selon lesquelles les travailleurs ont besoin d’aides de l’Etat, de « bonnes politiques » étatiques, selon lesquelles les travailleurs ont besoin d’une société et d’un Etat qui seraient censée être à leur service alors qu’ils sont clairement et exclusivement, et même plus que jamais, au service de leurs pires ennemis, les capitalistes. En même temps, les mêmes groupes se détournent de toute tentative de faire des travailleurs le fer de lance de toutes les luttes politiques et sociales, sous prétexte que les appareils syndicaux sont au service des classes dirigeantes et de l’Etat. Rien n’est fait pour que la classe ouvrière apparaisse comme une force politique et sociale qui prend parti pour les paysans ruinés, pour les commerçants ruinés, pour les pêcheurs ruinés, pour les artisans ruinés, contre les banques et les trusts, contre l’Etat. Un exemple parmi tant d’autres : aucune propagande ni agitation pour soutenir la proposition de Cantona de retrait des comptes en banque, aucune contre le paiement des impôts, aucune contre les aides publiques aux banques et aux trusts, aucune contre les grands travaux de bâtiment qui ponctionnent les finances de tous les services publics, aucune pour dénoncer la loi Sapin II qui prévoit, en cas de krach financier, le vol de tous les comptes en banque et de toutes les épargnes par les banquiers, aucune pour lier chômeurs et actifs, aucune pour faire de chaque lutte un point de rassemblement de tous ceux qui sont attaqués et frappés, aucune dénonciation publique des stratégies syndicales de journées d’action, de luttes isolées, de refus de la généralisation et de l’extension des grèves et surtout aucune tentative réelle de développer l’auto-organisation des travailleurs, par des comités de grève, des conseils de salariés, des coordinations, des assemblées interprofessionnelles, des conseils de travailleurs des entreprises et des quartiers. Une telle politique fâcherait trop les appareils syndicaux et ferait perdre à ces groupes les quelques positions qu’ils tiennent au sein des syndicats… Ils perdraient aussi l’oreille des média et deviendraient simplement les bêtes à abattre pour le pouvoir, pour les classes possédantes et pour tous ceux qui développent des vues réformistes. Ces groupes ne sont même plus conscients de ce qu’ils ont abandonné, du programme révolutionnaire qu’ils ne défendent plus et s’estiment même encore trop radicaux au vu de la situation, de l’offensive patronale, de la perte de boussole prolétarienne, etc. Ils pourront faire bien du chemin en marche arrière, s’ils sont décidés à suivre les états d’âme des travailleurs au lieu de suivre une politique révolutionnaire se fondant sur le passé révolutionnaire du prolétariat et les capacités futures de celui-ci.

Bien sûr, ce n’est pas ces groupes qui inventent la situation d’offensive de la grande bourgeoisie, la politique des classes dominantes consistant à s’appuyer sur le stalinisme pour écraser les révolutions prolétariennes et les militants révolutionnaires, avant de faire croire que le stalinisme était identique au communisme, que son effondrement signifiait la mort de toute perspective autre que le capitalisme, présenté comme le seul horizon possible de la société humaine. Ils n’inventent ni la chute des partis staliniens, ni celle des partis social-démocrates, ni celle du militantisme syndical, ni celle des idées collectives et la montée des individualismes. Ils n’inventent pas la montée des nationalismes, des racismes, des fascismes et des guerres.

Par contre, ils agissent comme les militants réformistes qui s’accrochent à une politique purement défensive pour s’accrocher à ce passé. Ils se gardent bien de montrer que ces évolutions proviennent de l’effondrement des bases même du capitalisme. Ils se gardent bien de diffuser des analyses de fond sur la signification de la crise économique actuelle, depuis 2007-2008. Ils se gardent de montrer aux travailleurs que ce système est en bout de course, n’a plus aucune perspective. Ils contribuent ainsi à convaincre les travailleurs que la classe ouvrière n’est qu’une victime, qu’elle a à perdre en perdant l’entreprise, en perdant un patron, en perdant un emploi. Elles contribuent à faire des travailleurs les demandeurs, par rapport aux classes possédantes et par rapport à l’Etat capitaliste.

Les minorités révolutionnaires ont ainsi perdu la confiance dans les capacités révolutionnaires des travailleurs, même s’ils connaissent toutes les expériences révolutionnaires passées du prolétariat.

Bien entendu, tout cela ne signifie nullement que les minorités révolutionnaires seraient contraintes de s’isoler en attendant une nouvelle période, devraient se refuser de manière sectaire à participer aux actions organisées par les appareils syndicaux. Il n’est pas vrai que le seul choix soit entre opportunisme et sectarisme.

Le travail des minorités révolutionnaires au sein de la classe ouvrière et des milieux populaires ne consiste pas à pousser à la lutte et encore moins à pousser à grossir les effectifs des « initiatives » des bureaucraties syndicales en prétendant que leur réussite devrait amener le mouvement un cran plus haut, en débordant les intentions limitées des appareils réformistes. Ce schéma n’a jamais fonctionné et est une invention de ces organisations d’extrême gauche. Ce ne sont jamais les initiatives des appareils réformistes qui ont enclenché la montée des luttes mais l’inverse : la montée des luttes a amené les appareils syndicaux à faire semblant de se gauchir pour conserver la direction et parvenir ensuite à bloquer la lutte et à l’envoyer dans une impasse.

Si les « actions » syndicales doivent avoir du succès, cela ne peut être le fait de l’activité des révolutionnaires car ce serait absurde, vu que ces appareils ont des forces autrement plus considérables que l’extrême gauche. Quand leurs actions ne réussissent pas, c’est soit que ces appareils ont déjà suffisamment découragé les travailleurs, soit que ces dernier n’ont pas confiance dans ces dirigeants ou qu’ils lui ont ôté confiance en leur propres forces. Dans tous les cas, on ne fait pas avancer des locomotives en les poussant à la main et telle ne peut pas être la politique des militants révolutionnaires. C’est la situation qui est ou n’est pas mure pour une lutte d’ampleur. Les révolutionnaires ont autre chose à dire que des « allez-y », « faites grève » ou « descendez dans la rue », « battez-vous », « soyez nombreux », « répondons à l’appel », qui sont, tout au plus, des slogans absurdes des chefs syndicaux, des imprécations de berger à leur troupeau. Quand la classe ouvrière se sent d’entrer en lutte, elle n’a nul besoin de telles clameurs et quand on n’en est pas là, ce n’est pas en augmentant à la force des poignets le nombre des participants qu’on change la situation et le rapport des forces. Au contraire, on arrive seulement à laisser croire que les militants d’extrême gauche sont identiques aux appareils syndicaux ou, à l’inverse, à faire croire que les appareils syndicaux sont identiques aux forces d’extrême gauche, deux mensonges symétriques et nuisibles tous les deux. En semant l’illusion que l’action syndicale pourrait tout à fait être le début d’une lutte sérieuse, si cette action est très suivie, on ne fait que débuter par une illusion et même par un mensonge, ce qui ne peut en rien améliorer la confiance des travailleurs en nous, ni en eux-mêmes. Cela ne peut en tout cas pas faire avancer la tâche essentielle qui pourrait changer la situation : que les travailleurs discutent entre eux, décident entre eux, à la fois des luttes, de leurs objectifs, de leurs moyens d’action, de leur organisation, élisent leur propre direction de lutte, construisent leurs comités, les coordonnent, leur donnent une orientation, une politique, une stratégie, etc. C’est seulement au sein de tels comités que la politique des révolutionnaires peut utilement être proposée, reconnue et choisie par les travailleurs. Le but de cette auto-organisation n’est pas seulement d’éviter les trahisons syndicales : c’est d’abord et avant tout d’organiser la classe prolétarienne en vue de l’avenir, en vue de la remise en cause du pouvoir bourgeois, en vue de la destruction de l’Etat bourgeois et de la fin de la mainmise capitaliste sur la société. Sans ces comités, une telle tâche serait à jamais impossible. Le parti révolutionnaire ne peut pas se substituer à la classe prolétarienne et à son organisation.

C’est cette tâche qui est au centre des préoccupations des militants révolutionnaires, qui ne doivent pas se polariser ni sur les syndicats ni sur les élections, deux interventions bourgeoises possibles pour des révolutionnaires, mais qui ne sont pas essentielles ni déterminantes pour eux. Ce qui est déterminant, c’est que les militants révolutionnaires ne renoncent pas à leur drapeau en militant au sein de leur classe, ce qui signifie :

 toujours démolir par leur propagande les mensonges sur l’Etat au dessus des classes, sur la démocratie bourgeoise expression des citoyens, sur le nationalisme qui unit travailleurs et exploiteurs (fût-ce soi disant pour « défendre l’économie », « défendre la profession », « défendre l’entreprise », « défendre l’emploi », « défendre la sécurité », « défendre la société », « défendre le pays » : mensonges qui proviennent du fait que ce n’est pas notre pays, pas notre société, pas notre entreprise, pas notre Etat, pas notre profession, ni notre corporation, ni notre race, ni notre ethnie, ni notre religion. Les prolétaires n’ont rien de tout cela et ne peuvent pas le perdre !!! Même s’ils n’en ont pas conscience !

 toujours développer autant que possible les revendications dans un sens de classe, qui se garde d’opposer les travailleurs par pays, par professions, par régions, par activité, par corporation, par race, et autres. Toujours développer ce qui montre que le sens du combat est l’unité de classe, en allant le plus possible dans le sens de l’élargissement, de l’entente des travailleurs, permettant ainsi que les chômeurs, les précaires, les sans papiers, les retraités se retrouvent dans la lutte des entreprises, que le privé s’unisse au public, que les travailleurs de différents pays s’unissent, etc…

 toujours faire en sorte que les travailleurs saisissent les occasions de mener des combats politiques, qui donnent à leur action toute son ampleur, indiquant que la classe ouvrière est celle qui a des perspectives pour tous les milieux populaires, qui a un programme s’adressant à tous les exploités, à tous les opprimés, à tous ceux qui subissent ou subiront des coups de la société capitaliste et de son Etat.

 toujours, même dans les luttes limitées ou localisées, faire en sorte de permettre que le maximum de travailleurs s’organisent par eux-mêmes, fassent de chaque lutte un vaste apprentissage social et politique, une source d’une nouvelle conscience de classe.

 toujours développer la conscience que l’intérêt des travailleurs est diamétralement opposé à celui des capitalistes, même nationaux, même de la branche, même de l’entreprise, qu’il est diamétralement opposé aux buts des gouvernants, quelle qu’en soit la couleur politique.

 toujours développer les revendications sociales de manière à ce qu’elles ne cherchent pas à replâtrer le système, qu’elles ne présentent pas les travailleurs comme des assistés des patrons et de la société bourgeoise, mais comme des exploités qui peuvent parfaitement se passer des exploiteurs, alors que le contraire n’est pas vrai. Toujours développer une remise en question du salariat, du travail salarié, de l’organisation bourgeoise de la société, de la propriété privée des moyens de production. L’action ouvrière doit toujours être, même de manière embryonnaire, une attaque contre le sacro saint droit du patron sur l’entreprise.

 toujours relier les attaques économiques et les attaques sociales aux attaques politiques (état d’urgence, guerres, « anti-terrorisme », guerre aux migrants, guerre aux Roms, racisme, fascisme, propagande contre les Musulmans, etc.)

Ces différents points ne sont pas, rappelons-le, une exigence sectaire des révolutionnaires à l’égard des travailleurs. Nous ne refusons pas de participer à des luttes sous prétexte que les travailleurs ne défendraient pas de tels principes dans cette lutte. Par contre, des militants révolutionnaires n’ont pas, sous prétexte de participer à une lutte ou d’en augmenter l’ampleur et de la faire réussir, à mettre dans leur poche leurs objectifs, leurs conceptions, c’est-à-dire ces principes.

Nous n’avons pas besoin de cacher nos idées et encore moins d’y renoncer, même momentanément, que ce soit pour faire plaisir à des alliés syndicaux, pour faire plaisir aux militants avec lesquels nous activons,ou pour plaire aux illusions des travailleurs et pour transiger avec leurs conceptions fausses.

Ni opportunisme, ni sectarisme. Nous voulons convaincre, nous n’exigeons pas la confiance, nous n’imposons pas nos idées, nous ne refusons pas de participer du fait de divergences, mais on ne nous fait pas dire ou faire n’importe quoi. Nous ne militons pas pour un repreneur des entreprises qui licencient, nous ne militons pas pour négocier, nous ne militons pas pour obtenir un médiateur, nous ne militons pas pour une intervention du gouvernement bourgeois en notre faveur, nous ne militons pas pour que l’industrie nationale, ni notre entreprise, soit aidée à coups de fonds publics, nous ne militons pas pour développer l’industrie, pour que l’Etat investisse dans l’économie, ni pour le nationalisme économique qui soi-disant favoriserait les prolétaires nationaux face à ceux d’autres pays. Non, on ne nous fera jamais accepter cela ni faire semblant d’y souscrire.

Pas plus qu’on ne nous fera dire que notre lutte est seulement défensive, vise juste à limiter la casse, ne sert qu’à préserver des acquis, ne peut que défendre nos emplois. Non ! Nous sommes une classe porteuse d’un autre avenir que le capitalisme et ce n’est pas maintenant que le capitalisme a atteint ses limites, incapable désormais de porter plus avant les investissements productifs privés, contraint de vivre aux crochets des Etats et des banques centrales, c’est-à-dire des fonds publics et des impôts, alors que ces fonds sont ruinés, en faillite, menacent eux aussi de s’écrouler, que nous allons renoncer à l’avenir que nous représentons en tant que classe, pour nous mettre à aider la société bourgeoise, et à prétendre la sauver. Tous les réformistes le feront, même si c’est absurde, même si cela mène directement au pire, et ils entraîneront peut-être les travailleurs certaines fois, mais cela ne fera pas taire la voix des travailleurs révolutionnaires. Même si cette voix n’est pas rapidement celle du succès, cela ne nous fera pas renoncer pour autant car la perspective d’avenir n’est pas dans les petits calculs de petits appareils mais dans le grand calcul historique des classes…

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