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La révolution abolitionniste de John Brown

samedi 16 mars 2019, par Robert Paris

La révolution abolitionniste de John Brown

Élisée Reclus :

« John Brown »

1867

« John Brown était un de ces rudes travailleurs américains que leur éducation sans uns société libre rend propres aux occupations les plus diverses. Élevé comme trappeur dans les forêts de l’Ouest, il se fit successivement tanneur, berger, marchand de laines, fermier ; souvent aussi il changea de résidence, habitant tour à tour le Connecticut, l’Ohio, l’État de New-York, la Pennsylvanie et dans ses voyages de commerce, il traversa même l’Atlantique pour visiter l’Angleterre, la France et l’Allemagne. Revenu d’Europe en 1849, il s’établit près du village de North-Elba (New-York), dans un froid vallon des montagnes d’Adirondack, et là, aidé de sa vaillante femme et de ses dix enfants, il se mit à défricher le sol et à soigner le bétail.

Mais ce paysan était en même temps un citoyen. Plein du sentiment de ses devoirs envers la société, il voulait, avant toutes choses, travailler au bonheur de ses compatriotes, contribuer pour sa part à la grande œuvre de l’amélioration du genre humain. La haine de l’injustice le pénétrait, et, dans ses conversations, il ne cessait de rappeler les souffrances des faibles et des opprimés. Il élevait ses enfants à la mission de redresseurs de torts, il avait fait du dévouement héroïque à la cause des malheureux, l’âme même de la famille, le génie du foyer domestique.

Et cependant, autour de lui, dans les libres communes des États du Nord, il ne voyait guère que des indices de prospérité. Les cultivateurs, ses voisins, gagnaient honnêtement leur subsistance, et jouissaient de la liberté la plus complète, des écoles étaient ouvertes dans tous les villages environnants ; la paix existait sur tout le territoire fédéral, la misère y était presque inconnue, les progrès matériels de la nation étaient sans exemples dans le monde. La plupart des Américains, égoïstement fiers de leurs libertés, pensaient que tout allait pour le mieux dans la meilleure des républiques.
Il est vrai, la nation blanche des États du Nord, était plus heureuse que ne l’avait encore été aucune nation de la terre, mais les noirs qui passaient comme des ombres à côté des citoyens, n’étaient que des parias méprisés, et dans les États du Sud, c’est par millions que se comptaient les esclaves Africains.
Là, les travailleurs des champs, au lieu d’être possesseurs de leur terre et des produits obtenus par leurs peines, étaient au contraire des bêtes de somme achetées et vendues, des êtres privés de nom légal, placés hors de la famille elle-même, puisque leurs enfants appartenaient au maître. « L’esclave, disaient tous les codes des États du Sud, l’esclave est une chose et non pas un homme : c’est un automate muni de bras pour travailler, d’épaules pour supporter le carcan, d’une échine pour recevoir les coups de fouet. C’est un objet que le maître peut échanger, vendre, louer, hypothéquer, emmagasiner, jouer à la palette ou aux osselets ; ce n’est rien, moins que rien. Le nègre, proclamait un célèbre arrêt de la Cour suprême des Etats-Unis, le nègre n’a aucun droit que le blanc soit tenu de respecter. »

Ce sont là les abominations qui navraient John Brown.

Dès l’âge de douze ans, lors d’un voyage qu’il fit en Virginie, il s’était juré, en voyant battre un petit nègre à coups de fouet, que, pendant toute sa vie, il serait du parti des faibles contre les forts. Sa ferme de North-Elba était devenue une des stations les plus importantes de ce « chemin de fer souterrain » par lequel les esclaves fugitifs des États du Sud s’échappaient vers le Canada. John Brown les accueillait en frères, leur donnait des vivres pour la route, leur marquait les étapes, et, s’armant de sa carabine, les accompagnait la nuit par les sentiers des bois jusqu’à la demeure de l’affilié le plus voisin. Et, cependant, Brown se reprochait de ne pas faire davantage pour l’œuvre de la liberté.

Après avoir tenu un conseil de famille, vers la fin de l’année 1854, John Brown et ses fils décident qu’ils abandonnent la terre libre et pacifique des États du Nord pour aller s’établir au Kansas, sur la frontière même du pays d’esclavage. C’est à la fois par la charrue et par le fusil qu’ils veulent travailler à la conquête de ce nouveau territoire : en cultivant eux-mêmes le sol, ils opposeront une barrière aux envahissements des planteurs et maintiendront la dignité du travail manuel ; en défendant leurs champs par les armes, ils permettront à des colons pacifiques de s’établir dans les terres encore incultes de l’Ouest, et de grossier ainsi la population libre. C’était une guerre à mort entre les deux sociétés qui se heurtaient sur les bords du Kansas. D’un côté, arrivaient les Missouriens, traînant après eux leurs chiourmes d’esclaves ; de l’autre, venaient les travailleurs yankees,défrichant eux-mêmes le sol, ouvrant des écoles dans les clairières à peine ouvertes, établissant des imprimeries sous les grands arbres de la forêt. Les planteurs décrètent une constitution d’État, faisant de l’esclavage la « pierre angulaire » de leur société. ; les abolitionnistes en votent une autre, affirmant que la servitude est « la somme de toutes les infamies ». Les esclavagistes brûlent les cabanes des pionniers ; ceux-ci font des incursions dans le Missouri pour libérer les noirs ; les bandes armées se rencontrent sur la frontière ; pendant de longues années, le sang ne cesse de couler. Dans cette lutte implacable, entre l’esclavage et la liberté, nul chef de partisans ne sut plus audacieux, plus fécond en ressources, plus infatigable que le « capitaine » John Brown. Dans ces combats incessants, il perdit un de ses nobles fils, un autre devint fou ; mais, à la fin, il eut la joie de voir que les abolitionnistes l’emporteraient. En dépit de la connivence du président des Etats-Unis avec les planteurs, en dépit de la trahison du gouverneur et de toute l’administration locale, la population libre du Kansas ne cessait de s’accroître, les esclavagistes ne se hasardaient plus à passer la frontière ; l’institution servile, définitivement limitée du côté de l’Ouest, allait subir sa première grande défaite aux Etats-Unis.

John Brown, déjà près d’atteindre la soixantaine, aurait pu jouir en paix de son triomphe, il aurait pu cultiver ces champs, arrosés du sang de ses fils et songer, enfin, à s’amasser une petite fortune pour ses vieux jours ; mais il avait le cœur trop haut, il aimait trop les opprimés du Sud pour ne pas leur dévouer ce qui lui restait de vie. Il résolut d’exécuter un projet qu’il nourrissait depuis plus de vingt ans, celui de se transporter en plein pays ennemi pour émanciper en grand. Accompagné de trois de ses fils, de deux gendres et de quelques hommes de cœur comme lui, il alla s’établir dans une ferme abandonnée, située en pays d’esclavage, près de la ville virginienne de Harper’s Ferry et pendant plusieurs mois, il y fit secrètement ses préparatifs militaires pour sa grande œuvre de libération. Le plan de John Brown était de s’emparer de l’arsenal de Harper’s Ferry, très-riche en armes de toute espèce, de couper les lignes importantes de chemins de fer qui convergent vers ce point, puis de se jeter dans les gorges des montagnes pour harceler sans cesse les bandes organisées par les planteurs et se montrer à l’improviste tantôt sur un point, tantôt sur un autre, comme libérateur des nègres. Il comptait pouvoir tenir, au besoin, pendant des années, dans cette contrée sauvage des Alleghanys, jusqu’à ce qu’enfin les esclaves, soulevés par milliers, eussent pu conquérir leur liberté à main armée.
Le premier coup réussit parfaitement. A la tête de sa petite bande de 21 hommes, dont 5 noirs et 16 blancs, John Brown s’empara, pendant la nuit, de l’arsenal, occupa le pont du chemin de fer sur le Potomac et fit une soixantaine de prisonniers. durant toute la première moitié du jour suivant, il resta complètement maître d’une ville de 3000 habitants ; mais dans le désir de convaincre la population qu’il ne voulait faire aucun mal à ses captifs et qu’il demandait seulement la liberté d’un esclave [...]
[lacune]
[...] battants y furent blessés ; des populations entières moururent de misère et de faim, de vastes provinces furent dévastées ; les immenses richesses accumulées dans les domaines des planteurs furent presque entièrement détruites. Mais aussi, quand la terrible lutte se termina par la victoire des citoyens libres du Nord, la servitude était enfin abolie ; quatre millions de noirs qui, la veille, étaient de simples marchandises, étaient devenus des hommes ; la République, débarrassée de son crime, s’était mise aussitôt, par ses progrès en tout genre, à la tête des nations civilisées. Et dans cette immense victoire, John Brown, mort avant la guerre, fit peut-être plus que tous les autres, car c’était sa mémoire qui inspirait les abolitionnistes blancs et les 180,000 noirs combattant dans l’Armée du Nord. C’est lui qui célébrait l’hymne de délivrance chanté par les soldats marchant à la bataille :
« Le corps de John Brown pourrit dans la fosse — et les captifs qu’il tenta de sauver pleurent encore ; — il a perdu la vie en luttantpour l’esclave ; — mais son âme marche devant nous ! — Gloire ! Gloire ! Alleluiah ! — Son âme marche devant nous ! »
C’est à la mémoire de cet homme si grand par le caractère, et si grand par l’œuvre accomplie, que Mad. Gael nous convie à rendre hommage (1).
Notre devoir est de répondre à cet appel avance d’autant plus d’empressement que nous avons laissé huit longues années s’écouler sans donner à la famille de la victime le témoignage de sympathie auquel elle avait droit de la part de tous ceux qui aiment la justice. L’année dernière, Mad. Lincoln reçut avec émotion l’adresse et la médaille qui lui envoyaient cinquante mille Français, en souvenir des services que le président assassiné avait rendus à la république. Mad. Brown, qui jamais ne tenta de détourner son mari de sa voie de dévouement et qui fit avec un héroïsme d’une simplicité grandiose le sacrifice de ses fils, ne sera pas moins touchée de la preuve de sympathie que nous lui ferons parvenir. A l’oeuvre donc ! Nous comptons sur tous ceux qui luttent pour le droit contre la force, sur tous ceux qui ne vivent pas égoïstement pour eux-mêmes ou leur seule famille et qui comprennent la beauté du sacrifice. Quant aux admirateurs de la violence, à ceux qui méprisent le droit des faibles, John Brown n’est pour eux qu’un insensé, qu’un violateur des lois de son pays. Nous ne leur demandons rien ! »

(1) Coopération du 30 juin 1867.
(2)

Élisée Reclus

Victor Hugo :

AUX ÉTATS-UNIS D’AMÉRIQUE

« Quand on pense aux États-Unis d’Amérique, une figure majestueuse se lève dans l’esprit, Washington.

Or, dans cette patrie de Washington, voici ce qui a lieu en ce moment :
Il y a des esclaves dans les états du sud, ce qui indigne, comme le plus monstrueux des contre-sens, la conscience logique et pure des états du nord. Ces esclaves, ces nègres, un homme blanc, un homme libre, John Brown, a voulu les délivrer. John Brown a voulu commencer l’oeuvre de salut par la délivrance des esclaves de la Virginie. Puritain, religieux, austère, plein de l’évangile, Christus nos liberavit, il a jeté à ces hommes, à ces frères, le cri d’affranchissement. Les esclaves, énervés par la servitude, n’ont pas répondu à l’appel. L’esclavage produit la surdité de l’âme. John Brown, abandonné, a combattu ; avec une poignée d’hommes héroïques, il a lutté ; il a été criblé de balles, ses deux jeunes fils, saints martyrs, sont tombés morts à ses côtés, il a été pris. C’est ce qu’on nomme l’affaire de Harper’s Ferry.

John Brown, pris, vient d’être jugé, avec quatre des siens, Stephens, Copp, Green et Coplands.

Quel a été ce procès ? disons-le en deux mots :

John Brown, sur un lit de sangle, avec six blessures mal fermées, un coup de feu au bras, un aux reins, deux à la poitrine, deux à la tête, entendant à peine, saignant à travers son matelas, les ombres de ses deux fils morts près de lui ; ses quatre coaccusés, blessés, se traînant à ses côtés, Stephens avec quatre coups de sabre ; la « justice » pressée et passant outre ; un attorney Hunter qui veut aller vite, un juge Parker qui y consent, les débats tronqués, presque tous délais refusés, production de pièces fausses ou mutilées, les témoins à décharge écartés, la défense entravée, deux canons chargés à mitraille dans la cour du tribunal, ordre aux geôliers de fusiller les accusés si l’on tente de les enlever, quarante minutes de délibération, trois condamnations à mort. J’affirme sur l’honneur que cela ne s’est point passé en Turquie, mais en Amérique.

On ne fait point de ces choses-là impunément en face du monde civilisé. La conscience universelle est un oeil ouvert. Que les juges de Charlestown, que Hunter et Parker, que les jurés possesseurs d’esclaves, et toute la population virginienne y songent, on les voit. Il y a quelqu’un.

Le regard de l’Europe est fixé en ce moment sur l’Amérique.
John Brown, condamné, devait être pendu le 2 décembre (aujourd’hui même).
Une nouvelle arrive à l’instant. Un sursis lui est accordé. Il mourra le 16.
L’intervalle est court. D’ici là, un cri de miséricorde a-t-il le temps de se faire entendre ?

N’importe ! le devoir est d’élever la voix.

Un second sursis suivra, peut-être le premier. L’Amérique est une noble terre. Le sentiment humain se réveille vite dans un pays libre. Nous espérons que Brown sera sauvé.

S’il en était autrement, si John Brown mourait le 16 décembre sur l’échafaud, quelle chose terrible !

Le bourreau de Brown, déclarons-le hautement (car les rois s’en vont et les peuples arrivent, on doit la vérité aux peuples), le bourreau de Brown, ce ne serait ni l’attorney Hunter, ni le juge Parker, ni le gouverneur Wyse ; ni le petit état de Virginie ; ce serait, on frissonne de le penser et de le dire, la grande République Américaine tout entière.
Devant une telle catastrophe, plus on aime cette république, plus on la vénère, plus on l’admire, plus on se sent le coeur serré. Un seul état ne saurait avoir la faculté de déshonorer tous les autres, et ici l’intervention fédérale est évidemment de droit. Sinon, en présence d’un forfait à commettre et qu’on peut empêcher, l’Union devient Complicité. Quelle que soit l’indignation des généreux états du Nord, les états du Sud les associent à l’opprobre d’un tel meurtre ; nous tous, qui que nous soyons, qui avons pour patrie commune le symbole démocratique nous nous sentons atteints et en quelque sorte compromis ; si l’échafaud se dressait le 16 décembre, désormais, devant l’histoire incorruptible, l’auguste fédération du nouveau monde ajouterait à toutes ses solidarités saintes une solidarité sanglante ; et le faisceau radieux de cette république splendide aurait pour lien le noeud coulant du gibet de John Brown.

Ce lien-là tue.

Lorsqu’on réfléchit à ce que Brown, ce libérateur, ce combattant du Christ, a tenté, et quand on pense qu’il va mourir, et qu’il va mourir égorgé par la République Américaine, l’attentat prend les proportions de la nation qui le commet ; et quand on se dit que cette nation est une gloire du genre humain, que, comme la France, comme l’Angleterre, comme l’Allemagne, elle est un des organes de la civilisation, que souvent même elle dépasse l’Europe dans de certaines audaces sublimes du progrès, qu’elle est le sommet de tout un monde, qu’elle porte sur son front l’immense lumière libre, on affirme que John Brown ne mourra pas, car on recule épouvanté devant l’idée d’un si grand crime commis par un si grand peuple.

Au point de vue politique, le meurtre de Brown serait une faute irréparable. Il ferait à l’Union une fissure latente qui finirait par la disloquer. Il serait possible que le supplice de Brown consolidât l’esclavage en Virginie, mais il est certain qu’il ébranlerait toute la démocratie américaine. Vous sauvez votre honte, mais vous tuez votre gloire.

Au point de vue moral, il semble qu’une partie de la lumière humaine s’éclipserait, que la notion même du juste et de l’injuste s’obscurcirait, le jour où l’on verrait se consommer l’assassinat de la Délivrance par la Liberté.

Quant à moi, qui ne suis qu’un atome, mais qui, comme tous les hommes, ai en moi toute la conscience humaine, je m’agenouille avec larmes devant le grand drapeau étoilé du nouveau monde, et je supplie à mains jointes, avec un respect profond et filial, cette illustre République Américaine d’aviser au salut de la loi morale universelle, de sauver John Brown, de jeter bas le menaçant échafaud du 16 décembre, et de ne pas permettre que, sous ses yeux, et, j’ajoute en frémissant, presque par sa faute, le premier fratricide soit dépassé.

Oui, que l’Amérique le sache et y songe, il y a quelque chose de plus effrayant que Caïn tuant Abel, c’est Washington tuant Spartacus. »

VICTOR HUGO.

Hauteville-House, 2 décembre 1859.

Biographie :

John Brown, né le 9 mai 1800 à Torrington dans l’État du Connecticut aux États-Unis et mort par pendaison le 2 décembre 1859 à Charles Town, Virginie (maintenant en Virginie-Occidentale), est un abolitionniste américain qui en appela à l’insurrection armée pour abolir l’esclavage. Il est l’auteur du massacre de Pottawatomie en 1856 au Kansas et d’une tentative d’insurrection à Harpers Ferry en 1859 qui se termina par son arrestation, sa condamnation à mort pour trahison contre l’État de Virginie et sa pendaison.

Le président Abraham Lincoln le décrivit comme un « fanatique ». L’activisme sanglant de John Brown, son raid sur Harpers Ferry et sa fin tragique sont parmi les causes du démarrage de la guerre civile américaine qui a déchiré le pays.

En 1847, il rencontre Frederick Douglass, ancien esclave noir devenu orateur et homme d’État (il brigua la vice-présidence des États-Unis). Il s’installe en 1849 dans une communauté noire de l’État de New York.

Son action devient plus violente à partir de 1855 : aidé de cinq de ses fils, il part dans le Kansas, alors que l’acte Kansas-Nebraska vient de rouvrir la question de l’esclavage. Il est aidé pour cela, financièrement, par de nombreux abolitionnistes. Il rencontre le philosophe Henry David Thoreau qui lui voue, par la suite, une admiration sans bornes et qui prend une part active contre l’esclavage, par le biais de nombreuses conférences et d’aide aux fugitifs. Il va être l’un des protagonistes des confrontations entre pro-esclavagistes et abolitionnistes, qui seront appelées Bleeding Kansas.
En 1856, à Pottawatomie Creek, lui et ses hommes massacrent cinq colons esclavagistes à coups de sabre au motif qu’ils sont pour lui les « légions de Satan ». Il s’agit pour lui de répondre au massacre du Kansas de 1856, où des groupes organisés par le sénateur esclavagiste du Michigan David Atchison ont harcelé des colons non esclavagistes puis mis à sac Lawrence. Lors de la bataille d’Osawatomie, au Kansas, il défendit le village contre 400 hommes armés.

En 1858, à Chatham, dans l’Ontario, il réunit dans une convention ses partisans et d’anciens esclaves réfugiés là. Ils adoptent lors de cette convention une constitution interdisant l’esclavage aux États-Unis, dite Provisional Constitution and Ordinances for the People of the United States.

En 1859, avec l’aide de dix-huit hommes, il s’empare d’un arsenal fédéral à Harpers Ferry, en Virginie pour lancer l’insurrection (16 octobre 1859). Le raid de John Brown contre Harpers Ferry tourne au désastre : aucun esclave ne le rejoint, Brown est grièvement blessé de plusieurs balles, et deux de ses fils sont tués. Il est jugé à Charleston pour meurtre et trahison envers l’État de Virginie ; condamné à mort, il est exécuté par pendaison le 2 décembre 1859. Avant son exécution, il affirme que « Si j’avais fait ce que j’ai fait pour les Blancs, ou pour les riches, personne ne m’aurait blâmé ».

John Brown deviendra un symbole de la lutte pour l’abolition de l’esclavage. La bataille d’Osawatomie lui vaudra une statue dans la ville, dont le nom sera repris par le Weather Underground dans les années 1970 pour son journal.

Plaidoyer pour John Brown

A lire : « Pourfendeur de nuages » de Russel Banks, ou la vie de Brown racontée par son fils

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