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La société des chasseurs-cueilleurs en voie de disparition

jeudi 4 avril 2019, par Robert Paris

La plus longue et principale étape de l’humanité en construction, celle des chasseurs-cueilleurs, est, sur toute la planète, en voie d’extinction sous l’action violente de la société capitaliste

Alain Testart :

« L’agriculture, permettant la sédentarité, l’imposant même, met fin à la mobilité traditionnelle des chasseurs-cueilleurs. »

« Dans un régime de chasseurs-cueilleurs nomades, il existe assez peu de biens matériels susceptibles d’exciter la convoitise. La propriété des moyens de production, parce qu’elle est le fait de tous, ne permet à personne d’exercer sur les autres la domination ordinaire qui est le lot de nos sociétés historiques depuis les grecs à nos jours. »

Bob Black, dans « L’abolition du travail » :

« Pour saisir l’immense étendue de notre dégénérescence, il suffit de considérer la condition première de l’humanité, sans gouvernements ni propriété, alors que nous étions nomades chasseurs et cueilleurs. Hobbes présumait que notre existence était alors brutale, désagréable et courte. D’autres estiment que la vie, dans les temps préhistoriques, n’était qu’une lutte désespérée et continuelle pour la survie, une guerre livrée à une Nature impitoyable, où la mort et le désastre attendaient les malchanceux et tous ceux qui ne pouvaient relever le défi du combat pour l’existence. En fait, il ne s’agit là que du reflet des peurs que suscite l’effondrement de l’autorité gouvernementale au sein de groupes humains accoutumés à ne pas s’en passer, tels que l’Angleterre de Hobbes pendant la guerre civile. Les compatriotes de Hobbes avaient pourtant découvert des formes alternatives de société, indiquant qu’il existait d’autres manières de vivre – parmi les Indiens d’Amérique du Nord, tout particulièrement – mais déjà trop éloignés de leur propre expérience pour qu’ils les assimilent. Seuls les gueux, dont les frugales conditions d’existence étaient plus proches de celles des Indiens, pouvaient les comprendre et, parfois, se sentir attirés par leur mode de vie. Tout au long du XVIIIe siècle, des colons anglais firent défection pour aller vivre dans les tribus indiennes ou, captifs de ces dernières, refusèrent de retourner à la civilisation, tandis que les Indiens ne faisaient jamais défection pour aller vivre dans les colonies blanches – pas plus que les Allemands de l’Ouest n’escaladaient naguère le mur pour demander l’asile en RDA…

L’anthropologue Marshall Sahlins, étudiant les données concernant les chasseurs-cueilleurs contemporains, fit exploser le mythe forgé par Hobbes, dans un texte intitulé Âge de pierre, âge d’abondance. Les chasseurs-cueilleurs travaillent beaucoup moins que nous et leur travail est difficile à distinguer de ce que nous considérons relever du jeu. Sahlins en conclut que « les chasseurs-cueilleurs travaillent moins que nous et que, plutôt que d’être une harassante besogne, la quête pour la nourriture est occasionnelle ; leurs loisirs sont abondants et ils consacrent plus de temps à la sieste que dans aucune autre forme de société ». Ils « travaillent » en moyenne quatre heures par jour, si toutefois on peut nommer « travail » leur activité. Leur « labeur », tel qu’il nous apparaît, est hautement qualifié et développe leurs capacités intellectuelles et physiques ; le travail non qualifié à grande échelle, observe Sahlins, n’est possible que dans le système industrialiste. L’activité des chasseurs-cueilleurs correspond ainsi à la définition du jeu selon Friedrich Schiller : la seule occasion qui permette à l’homme de réaliser sa pleine humanité en donnant libre cours aux deux aspects de sa double nature, la sensation et la pensée. Voici ce qu’en dit le grand poète : « L’animal travaille lorsque la privation est le ressort principal de son activité et il joue quand c’est la profusion de ses forces qui est ce ressort, quand la vie, par sa surabondance, stimule elle-même l’activité ». »

Chasseur-cueilleur, un mode de production, pas un peuple ni une civilisation

C’est le chasseur-cueilleur qui a fait l’homme moderne

Les chasseurs-cueilleurs sont des êtres civilisés !

Le peuple des chasseurs de la préhistoire

Notre cerveau de chasseur-cueilleur

Les premiers combats entre chasseurs-cueilleurs et agriculteurs

Démographie des chasseurs-cueilleurs

Les chasseurs-cueilleurs qui vivent ou plutôt survivent actuellement :

De l’Amazonie au désert du Kalahari, des archipels du golfe du Bengale aux steppes transies de Sibérie, ils tentent de subsister

Les Inuit de l’Arctique

Les Papou, sur l’île de Nouvelle-Guinée

Les San du Kalahari

Les Baruyas de Papouasie en Nouvelle Guinée

Les Maori de Nouvelle-Zélande

Les Sami de Laponie

Les Bushmen d’Afrique australe

Les Hadza de Tanzanie

Les Mlabris et Malbris de Thaïlande et du Laos

Les Rautes du Népal

Les Mashco-piro, Cacataibos, Isconahuas, Matsigenkas, Mastanahuas... de la forêt amazonienne

Les Awà du Brésil

Les Penan de Malaisie

Les Bushmen du Bostwana

Chasseurs-cueilleurs d’Australie

Chasseurs-cueilleurs d’Inde

Les Veddah du Sri Lanka

Les Gana et Gwi du Kalahari (Bostwana)

Les Enxet du Paraguay

Les Wichi d’Amérique du sud

Les Ogiek du Kenya

Les Jumma du Bangladesh

Les Innu du Canada

Les Sentinelles d’Andaman

Les Jarawas des îles Andaman

Les Aka de la forêt centrafricaine

Les agriculteurs du néolithique ont coexisté avec les chasseurs-cueilleurs pendant des siècles

Une révolution sociale a renversé au néolithique la société des chasseurs-cueilleurs

Alain Testart, « Les chasseurs-cueilleurs »

Jackie Despriée, « Chasseurs et collecteurs »

Leroi-Gourhan, « Pincevent, campement magdalénien de chasseurs de rennes »

« Les derniers chasseurs-cueilleurs d’Europe occidentale

Alain Testart, « Le communisme primitif »

Messages

  • Les Orang Rimba, également connus sous les noms de Suku Anak Dalam et Kubu, sont le triste archétype d’un peuple chasseur-cueilleur contraint de renoncer à son mode de vie traditionnel sous l’effet de la destruction de son environnement. Avant Bornéo, l’île de Sumatra, réputée pour sa remarquable biodiversité, a été victime d’une déforestation radicale privant les peuples forestiers des ressources essentielles à leur subsistance. Dépossédés de leurs forêts, marginalisés par leurs voisins agriculteurs, stigmatisés par les autorités, ignorés par la communauté internationale, les Orang Rimba ont été poussés à la clochardisation le long des pistes des palmeraies qui ont remplacé leur habitat naturel. Ayant séjourné plusieurs mois chez les Orang Rimba il y a de cela 30 ans, Edmond Dounias a fait le récit d’un ethnocide qui s’est produit dans l’indifférence générale.

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