Accueil > 06- REVOLUTIONNARY POLITICS - POLITIQUE REVOLUTIONNAIRE > 7- La question de l’Etat > Une société se juge par l’état de ses prisons

Une société se juge par l’état de ses prisons

jeudi 19 septembre 2019, par Robert Paris

Albert Camus a dit qu’ "une société se juge à l’état de ses prisons"

Dans la grande prison

Dans la grande prison
pleine de tout et de riens
aux parois de doux molleton
qui glissent entre les mains

toute la littérature
toutes les postures
toutes les ruptures
tous les cris immatures
rebondissent sur les murs
pour estourbir les têtes

ici rien ne porte
rien ne s’ouvre
les actions déjà mortes
ne font pas de fissures
et le linceul nous couvre
avant de brûler la moindre mèche

ici pas de remise de peine
rien ne se libère
juste la sale haine
et une saine colère

seuls l’amour qui s’entête
la rage de l’insurgé
un rayon de l’autre côté
percent quelques brèches
dans la grande prison…

Isolés du monde,
Bannis par les hommes,
Oubliés du Temps,
Abandonnés par l’Espoir :

 Prisonniers du monde, écoutez-moi !
Un jour viendra
Un jour fait de beauté et de lumière
Dans un mois, un an, un siècle, qu’importe !
Il viendra le jour...

Les "braves gens" disent que "l’Etat, c’est nous".

Les politiciens affirment que l’Etat, c’est le peuple.

Les bavards prétendent que l’Etat, c’est la République.

Mais la réalité, c’est que l’Etat, c’est la barbarie.

Et la barbarie est là parce que la société est divisée en classes.

Yves Duteil

LE MUR DE LA PRISON D’EN FACE

En regardant le mur
De la prison d’en face,
J’entends tous les ragots
Et les bruits des autos,
Boulevard Arago,
Qui passent,
Sur les toits des maisons
Qui servent d’horizon,
Un bout de la tour Mont-
Parnasse.

L’hiver on voit les gens
Dans les maisons d’en face,
L’été les marronniers
Les cachent aux prisonniers
Et les bruits du quartier
S’effacent,
Quand l’école a fermé
Combien ont dû penser
Au jour de la rentrée
Des classes.

En regardant le mur,
J’imagine à sa place
Les grillages ouvragés
D’un parc abandonné
Explosant de rosiers,
D’espace,
Les grillages ouvragés
D’un parc abandonné
Où les arbres emmêlés
S’enlacent.

En regardant le mur
De la prison d’en face,
Le coeur un peu serré
D’être du bon côté,
Du côté des autos,
Je passe
Et du toit des maisons
Qui ferment l’horizon,
Un morceau de la Tour
Dépasse.

Sur la porte d’entrée est écrit "liberté, égalité, fraternité" mais on ne le voit que de l’extérieur...

Sur Le Tasse en prison

Le poète au cachot, débraillé, maladif,
Roulant un manuscrit sous son pied convulsif,
Mesure d’un regard que la terreur enflamme
L’escalier de vertige où s’abîme son âme.

Les rires enivrants dont s’emplit la prison
Vers l’étrange et l’absurde invitent sa raison ;
Le Doute l’environne, et la Peur ridicule,
Hideuse et multiforme, autour de lui circule.

Ce génie enfermé dans un taudis malsain,
Ces grimaces, ces cris, ces spectres dont l’essaim
Tourbillonne, ameuté derrière son oreille,

Ce rêveur que l’horreur de son logis réveille,
Voilà bien ton emblème, Ame aux songes obscurs,
Que le Réel étouffe entre ses quatre murs !

Charles Baudelaire

Dans la prison blanche fermée
Je ne veux plus habiter
De la prison blanche fermée
Je veux retrouver la clé

Prisons françaises : des records

Suicide en prion : Etat Condamné

6 juillet 09 : Le tribunal administratif de Strasbourg condamne l’Etat à verser 15.000,00€ à chaque parent d’un ancien détenu retrouvé pendu dans sa cellule en 2004, et 5.000,00€ à chacun de ses frères et sœurs. Les raisons de cette condamnation, l’ancien détenu était sous l’emprise d’alcool et de stupéfiants au moment de son geste. Le tribunal a donc considéré que « la carence de l’administration pénitentiaire à éviter la circulation de substances stupéfiantes illicites au sein de la maison d’arrêt constitue une faute de nature à engager la responsabilité de l’Etat ».

Prisons Indignes : Etat Condamné

8 juillet 09 : Le Tribunal administratif de Nantes condamne l’Etat à verser de 5.000,00 à 6.000,00€ à trois anciens détenus de la maison d’arrêt de Nantes. Motif de la décision administrative, l’indignité des conditions de détention ayant entrainé des préjudices sérieux pour les détenus. La petite histoire retiendra qu’ils pouvaient être jusqu’à sept dans une cellule de 15m²… et parfois 23 heures sur 24 !

Prisons inhumaines : Etat Condamné

9 juillet 09 : La Cour Européenne des Droits de l’Homme condamne (une nouvelle fois) la France pour « traitement inhumain et dégradant » et pour le « dommage moral » qui en a découlé pour un détenu. Celui-ci, considéré comme DPS (Détenu Particulièrement Signalé), avait sans cesse été transféré et mis à l’isolement 14 fois depuis août 2008… L’Etat doit aujourd’hui lui verser, au titre de ce préjudice, 12.000€ en réparation !

Viol en prison : Etat Condamné

20 juillet 09 : Le Tribunal administratif de Bordeaux condamne l’Etat à verser 8.000,00€ à un détenu violé en détention en 2005. Le tribunal a considéré que « l’administration [avait] commis une faute dans l’organisation et le fonctionnement du service de surveillance des détenus de nature à engager sa responsabilité ». La prison dont il était question ici, la maison d’arrêt de Gradignan, avait en juin de cette année 2005 un taux d’occupation de 166% !

Nazim Kikmet a écrit :

Je regarde la nuit à travers les barreaux

et malgré tous ces murs qui pèsent sur ma poitrine,

Mon cœur bats avec l’étoile la plus lointaine.

"Bakkal Karabet’in ışıkları yanmış

Affetmedi bu Ermeni vatandaş

Kürt dağlaranda babasının kesilmesini.

Fakat seviyor seni,

çünkü sen de affetmedin

Bu karayı sürenleri Türk halkının alnına."

Les lampes de l’épicier Karabet sont allumées,

Le citoyen arménien n’a jamais pardonné

Que l’on ait égorgé son père

Sur la montagne kurde

Mais il t’aime,

Parce que toi non plus tu n’as pas pardonné

A ceux qui ont marqué de cette tache noire

Le front du peuple turc.

L’Egyptien Mounir Said Hanna Marzouk a été envoyé en prison par le dictateur Hosni Moubarak sur la simple accusation d’avoir écrit ce poème :

Shine, shine whom you shine on all of us

Shine, shine whom you shine wherever you go

No one can shine like you shine

You made people feel confused and lost

You made people feel happy and lost

Brille, brille toi qui brille sur nous tous

Brille, brille, toi qui brille partout où tu vas

Personne ne peut briller comme tu brilles

Tu rends les gens perdus et confus

Tu rends les gens heureux et perdu

C’est le tribunal de Maghagha, dans le gouvernorat de Minya (Haute-Egypte), qui a condamné le poète, le 31 mai 2009, à trois ans de prison, la peine maximale prévue pour le délit d’offense au chef de l’Etat, en application de l’article 179 du Code pénal égyptien.

Un message, un commentaire ?

modération a priori

Ce forum est modéré a priori : votre contribution n’apparaîtra qu’après avoir été validée par un administrateur du site.

Qui êtes-vous ?
Votre message

Pour créer des paragraphes, laissez simplement des lignes vides.