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La guerre amérindienne de Pontiac et la révolution de Neolin

samedi 6 juillet 2019, par Robert Paris

« Nous ne sommes pas vos esclaves. Ces lacs, ces forêts et ces montagnes sont notre héritage et nous n’y renoncerons pas au profit de qui que ce soit. » Le chef indien Pontiac

« Vous ferez bien d’essayer d’inoculer les Indiens au moyen de couvertures (infectées sciemment à la variole) et de tenter toute méthode pouvant contribuer à extirper cette race exécrable. » Le chef anglais Amherst à son second Bouquet

La guerre amérindienne de Pontiac et la révolution de Neolin

Un point de vue pro-colonialiste français aux Amériques par un professeur français à l’Université :

« Le 10 février 1763, les préliminaires de paix sont devenus traité de paix. Signé à Paris par les ducs de Bedford et de Praslin et le marquis de Grimaldi, le traité donne corps au nouveau rapport de forces mondial apparu pendant le conflit. L’Amérique française est morte et enterrée…

Le 22 juillet 1763, la « Gazette de France » rapporte des nouvelles en provenance d’Amérique qui, à n’en point douter, ne sont pas pour déplaire à ses lecteurs. Les Britanniques éprouvent de sérieuses difficultés à maîtriser l’immense espace et les nombreux peuples récemment placés sous leur domination : « Le chevalier Amherst a reçu un exprès du fort Pitt, par lequel on l’informe que plusieurs partis indiens se sont répandus en divers endroits des environs et qu’ils ont tué ou fait prisonniers plusieurs Anglais et entre autres le colonel Clapham qu’ils ont égorgé avec toute sa famille. » Ces lignes font état des commencements d’une guerre appelée à durer deux années et que les historiens ont baptisée du nom d’un de ses protagonistes, le chef outaouais Pontiac.

Les premiers accrochages entre Amérindiens et Tuniques rouges suscitent d’entrée de jeu l’interrogation des observateurs européens. « On rapporte, note la « Gazette », plusieurs raisons de ce soulèvement des sauvages : entre autres, la persuasion où ils sont que nous (les Britanniques) voulons exterminer leur race dès que nous en aurons l’occasion, et notre affectation à parler du continent de l’Amérique comme d’un pays qui nous appartient, ce qui leur fait regarder comme prochain le terme de leur destruction. »

L’inquiétude des Indiens est légitime. Dès les lendemains de la chute de Montréal, le territoire nord-américain est le théâtre de bouleversements considérables. Le pays de la Belle-Rivière, où s’élève désormais l’imposante construction du fort Pitt, voit converger un flot croissant de colons, qui empruntent pour accéder à cette terre promise enfin accessible les voies tracées par les expéditions Braddock et Forbes. A la fin de la guerre, l’embryon de la future Pittsburgh a vu le jour. Afin de renforcer leur contrôle du territoire, les Britanniques s’empressent de créer de nouveaux points d’appui militaires : en 1762, un détachement quitte le fort Pitt pour fonder une nouvelle base sur le lac Erié, dans la baie de Sandusky.

Spectateurs de ce vigoureux élan colonisateur, les Indiens de l’Ohio commencent à regretter d’avoir été aussi ouverts aux avances de Sir William Johnson. A des missionnaires venus les évangéliser, les Delawares, furieux, s’exclament : « Au lieu d’instruire nos enfants, vous coupez les arbres de notre pays ! Vous avez dégagé un large terrain pour votre colonie, comme le font partout les hommes blancs (…) Un fort sera bientôt construit pour protéger ces intrus et ensuite notre pays sera réclamé par les Blancs. »

Partout dans le sous-continent, la peur d’être dépossédés des terres des ancêtres gagne les Amérindiens. Quand, au début du mois d’avril 1763, sont connus en Louisiane les préliminaires de paix, la stupéfaction des autochtones est indescriptible. Le gouverneur de la colonie, le chevalier de Kerlérec, s’attend à de vives réactions des Indiens, « qui ont sacrifié leur vie et leur tranquillité pour le service des Français (…). Très particulièrement informés du contenu de l’article six des préliminaires de paix qui cède leurs terres à l’Angleterre, ils disent hautement qu’ils ne sont pas en droit de les donner et qu’enfin, ils savent ce qu’il leur reste à faire quand il sera question de cette cession. »

Le message est plus que limpide. Pour les Indiens, la paix de Paris n’a aucun sens. Cette paix n’est pas la leur. Si le Grand Onontio a résolu d’enterrer la hache de guerre avec son cousin George, c’est son affaire. Mais pour les guerriers qui ont librement choisi de combattre aux côtés des soldats du roi de France, il ne peut être question de mettre bas les armes.

D’autant que l’attitude du vainqueur n’apaise en aucun cas la crainte d’être victimes, comme le soutient la « Gazette de France », d’une politique d’anéantissement. On se souvient que Jeffery Amherst, qui commande les troupes britanniques en Amérique, a été profondément marqué par « les atrocités commises par les Indiens ». Il en a gardé le plus profond dégoût pour ce qu’il nomme une « race exécrable ». Les règles du jeu qu’il s’efforce d’imposer au sortir du conflit portent la trace de cette aversion.

N’écoutant pas les conseils de prudence des meilleurs experts du monde amérindien, Sir William Johnson et George Crogham, Amherst prend à l’automne 1761 la décision de restreindre de manière drastique la pratique des présents aux autochtones. Simultanément, il pose des limites strictes au commerce avec les nations indiennes…

Délibérée, mûrement réfléchie, sa décision vise à établir sur des bases assainies les relations entre les deux communautés. Le premier motif qui le guide est éminemment politique. Pour Amherst, homme d’ordre, il importe » de passer le plus rapidement possible d’une régime d’alliances volatiles et incertaines à un régime de soumission qui garantira la sécurité de l’Amérique britannique.

Pour favoriser cette transformation politique, et c’est le second motif qui sous-tend sa politique, Amherst veut réformer en profondeur les comportements des autochtones. La commercialisation des munitions est strictement régulée pour des raisons évidentes de sécurité…En supprimant les présents, il entend introduire de force les Indiens dans le circuit économique et leur apprendre la valeur des biens. Par ces mesures radicales, il espère faire de « ces sauvages » de paisibles sujets bien intégrés dans l’empire de Sa Majesté Britannique.

Il va sans dire que ces vues ne sont pas partagées par les premiers intéressés. Consternés, ils voient l’utilitarisme froid des Britanniques succéder à la politique plus souple de leurs anciens alliés français. Le ton employé par certains Britanniques achève d’aigrir les rapports entre les deux communautés : « Ils nous disent qu’ils nous considèrent comme des chiens, qu’ils sont maîtres de tout le pays, qu’ils ont renversé notre père de France et qu’ils le regardent comme un chien. » se plaignent les Shawnees…

Le gouverneur du fort de Chartres, Neyron de Villiers : « Un esprit prophétique s’est introduit chez les Abénottes, un homme de cette nation n’a pas eu de peine à convaincre tous les hommes rouges que Dieu lui était apparu et lui avait dit : « Je suis le Maître de la Vie, c’est moi qui ai fait tous les hommes, par conséquent, je dois veiller à leur conservation. C’est pourquoi je vous avertis que si vous souffrez l’Anglais chez vous, vous êtes morts… »

Les combattants de la guerre de Pontiac se nourrissent en effet du message visionnaire délivré depuis quelques années par un prophète delaware nommé Neolin.

C’est après avoir reçu une révélation l’indiquant qu’il est instruit par le Maître de la Vie, que Neolin se met à dispenser son enseignement et à prophétiser. D’entrée de jeu, le visionnaire propose non seulement aux Delawares, mais aussi, plus largement, à toutes les nations indiennes, un ensemble de réformes.

A la base de l’enseignement de Neolin réside la croyance selon laquelle le Maître de la Vie a créé des races différentes. Chacune possède une voie spécifique vers la félicité éternelle. Le prophète est catégorique : il faut absolument que ces races soient à l’abri des influences extérieures. A cet égard, rien n’est pire pour les Indiens que la corruption par la culture blanche, et en tout premier lieu britannique…

Le Message de Neolin trouve un écho très favorable chez les Delawares. Le prophète entraîne dans son sillage de jeunes disciples qui s’engagent, pendant sept ans, à s’entraîner au tir à l’arc, à ne manger que de la viande séchée et se purger périodiquement des influences maléfiques venues d’Europe… Neolin met également l’accent sur la guerre que tous les Indiens, une fois prêts à en découdre, devront mener contre les Européens…

Opérant sur son passage la conversion des communautés indiennes, la bonne parole de Neolin se propage par la vallée de l’Ohio. Arrivé à Détroit, ce message visionnaire panindien marque profondément le chef outaouais Pontiac. Appliquant à la lettre l’enseignement du prophète, Pontiac constitue une vaste confédération réunissant Outaouais, Hurons, Poutéouatamis, Tsonnontouans, Ojibwas, Shawnees, Delawares et Miamis…

Le 9 mai 1763, la guerre est déclarée par une attaque contre le fort Détroit. Puis, opérant avec une coordination remarquable, les Indiens propagent le feu aux Pays d’En Haut. En l’espace de quelques semaines, ils s’emparent de tous les forts, à l’exception de ceux de Détroit, de Pitt et de Niagara, qui résistent à leurs assauts. Reproduisant les opérations coup de poing de la Guerre de Sept Ans, les Indiens ne tardent pas à lancer des attaques contre les colonies de pionniers, déclenchant un vent de panique rappelant les pires moments de la « French and Indian War » (guerre franco-indienne).

L’Amérique britannique, hagarde devant ce déchainement d’atrocités, compte ses victimes : près de 400 soldats britanniques et plus de 2000 civils ont été tués à la fin de l’été…

Amherst, qui a sous-estimé la menace indienne, est abasourdi. Parant au plus pressé, le commandant réunit toutes les forces dont il dispose. Elles ne sont guère brillantes : les troupes britanniques : les troupes britanniques sont rentrées décimées des expéditions menées aux Antilles à la fin de la guerre. Furieux de s’être fait piéger par « les sauvages », il se montre prêt à toutes les extrémités : « Nous devons utiliser tout stratagème en notre pouvoir pour les réduire. » recommande-t-il au colonel Bouquet. Ce dernier est au diapason de son chef : il demande « l’extirpation de cette vermine »… Gladwin suggère à Amherst de laisser se propager l’alcool chez les Indiens : « Si votre Excellence compte tirer encore une nouvelle vengeance de leur cruauté, il est très facile de le faire sans bourse délier : il suffirait d’autoriser la venue libre du rhum, ce qui détruirait les Indiens bien plus complètement que le fer et le sabre. »

Mais la solution que préconise Amherst dépasse de loin en horreur celle de l’officier britannique : « Vous ferez bien, écrit-il à Bouquet, d’essayer d’inoculer les Indiens au moyen de couvertures (infectées sciemment) et de tenter toute méthode pouvant contribuer à extirper cette race exécrable. » (Lettre du 16 juillet 1763 de Amherst à Bouquet, citée par Fred Anderson, « Crucible of War »)

C’est au commandant du fort Pitt, Siméon Ecuyer, que revient l’honneur monstrueux d’avoir expérimenté cette forme primitive de guerre bactériologique. Le 24 juin, profitant d’une trêve, il distribue aux chefs indiens des présents parmi lesquels se trouvent des couvertures et des mouchoirs qui ont été infectés par des maladies de la variole….

La poignée de militaires animés d’une haine inextinguible envers « les sauvages » s’est montrée prête, pendant l’été 1763, à utiliser, pour reprendre les lots d’Amherst, tous « les stratagèmes » en son pouvoir pour réduire ses ennemis… »

« La guerre de sept ans » de Edmond Dziembowski

« La rébellion de Pontiac, conspiration de Pontiac ou guerre de Pontiac opposa l’Empire britannique à une confédération de tribus amérindiennes de la région des Grands Lacs, du Pays des Illinois et de la Vallée de l’Ohio entre 1763 et 1766. Le conflit fut causé par les politiques désavantageuses qu’imposaient les Britanniques aux Amérindiens après avoir battu les Français durant la guerre de la Conquête (1754-1763). Les guerriers de nombreuses tribus rejoignirent le soulèvement amérindien dont le but était de chasser les troupes et les colons britanniques de la région. La guerre est nommée du nom du chef outaouais Pontiac, le plus prééminent des chefs amérindiens durant le conflit.

La guerre débuta en mai 1763 lorsque les Amérindiens, offensés par les politiques du général britannique Jeffery Amherst, attaquèrent plusieurs forts et implantations britanniques. Huit forts furent détruits et des centaines de colons furent tués ou capturés tandis qu’un nombre plus important quitta la région. Les expéditions britanniques de 1764 entraînèrent des négociations de paix qui durèrent deux ans.

La guerre a été brutale et le meurtre de prisonniers, les attaques contre les civils et diverses atrocités étaient courantes. Dans ce qui est peut-être l’incident le plus connu de la guerre, des officiers britanniques du Fort Pitt tentèrent d’infecter les Amérindiens assiégeant le fort avec des couvertures ayant été utilisées par des malades de la variole. La sauvagerie et la perfidie du conflit reflétaient l’hostilité grandissante entre les colons britanniques et les Amérindiens.

Malgré la création d’une réserve indienne (ou « Territoires indiens ») par la Proclamation royale de 1763, votée par le parlement anglais en octobre, le conflit dura jusqu’en 1766 et mena finalement à une impasse militaire : les Amérindiens ne réussirent pas à chasser les Britanniques, et ces derniers échouèrent à imposer leur souveraineté sur la partie orientale (rive droite du Mississippi) de l’ancienne Louisiane. Cette guerre poussa par la suite le gouvernement britannique à modifier sa politique à l’égard des Amérindiens. Les Britanniques cherchèrent à éviter de nouvelles violences en maintenant une stricte frontière entre les Treize colonies et la réserve indienne. Cette mesure se révéla impopulaire pour des colons désireux de s’installer plus à l’ouest et fut l’une des causes ayant mené à la révolution américaine.

Les Amérindiens impliqués dans la rébellion de Pontiac vivaient dans une région mal définie de la Nouvelle-France appelée Pays-d’en-Haut qui était revendiquée par la France jusqu’au traité de Paris en 1763. Les Amérindiens de ce territoire étaient regroupés en de nombreuses tribus. À l’époque, une « tribu » désignait plus un groupe ethnique ou linguistique qu’une entité politique. Aucun chef ne parlait au nom de l’ensemble d’une tribu et les tribus étaient elles-mêmes divisées. Par exemple, certains chefs outaouais participèrent au conflit tandis que d’autres restèrent à l’écart.

Les tribus du Pays-d’en-Haut se répartissaient en trois groupes. Le premier regroupait les tribus de la région des Grands Lacs : les Outaouais, les Ojibwés, les Potéouatamis et les Hurons-Wendat. Ils étaient alliés de longue date des colons français, avec qui ils vivaient, commerçaient et se mariaient. Les Amérindiens des Grands Lacs s’inquiétèrent de la nouvelle souveraineté britannique après la défaite française. Lorsqu’une garnison britannique prit possession du Fort Pontchartrain du Détroit en 1760, les Amérindiens les avertirent que « Dieu a donné ce pays aux Indiens ».

Le second groupe correspondait aux tribus de l’Est du Pays des Illinois et incluait les Miamis, les Weas, les Kickapous, les Mascoutins et les Piankashaws. Comme dans la région des Grands Lacs, ces peuples avaient une longue histoire d’amitié avec les Français. Durant la guerre de Sept Ans, les Britanniques furent incapables de projeter leurs forces dans le Pays des Illinois qui se trouvait à l’extrémité occidentale du conflit et les tribus de la région furent donc les dernières à négocier avec les Britanniques.

Le troisième groupe comprenait les habitants de la Vallée de l’Ohio : les Lenapes, les Shawnees et les Mingos. Ces tribus avaient émigré dans la Vallée de l’Ohio au début du siècle pour échapper à la domination des Britanniques, des Français et des Iroquois. À la différence des deux autres groupes, les tribus de l’Ohio n’avaient pas d’affinités particulières avec les Français et avaient combattu avec eux lors de la guerre de Sept Ans uniquement pour chasser les Britanniques. Ils signèrent une paix séparée avec les Britanniques à la condition que leurs troupes quittent la vallée. Cependant, après le départ des Français, les Britanniques renforcèrent leurs forts plutôt que de les abandonner. Les tribus de l’Ohio repartirent donc en guerre en 1763 pour essayer à nouveau de chasser les Britanniques.

Au nord du Pays-d’en-Haut, la puissante Confédération iroquoise resta à l’écart de la guerre de Pontiac du fait de leur alliance avec les Britanniques, connue sous le nom de Covenant Chain. Néanmoins, la nation iroquoise la plus occidentale, les Sénécas, était mécontente de l’alliance. Dès 1761, les Sénécas avaient commencé à envoyer des messages aux tribus des Grands Lacs et de la Vallée de l’Ohio pour leur demander de s’unir pour chasser les Britanniques. Lorsque les hostilités commencèrent en 1763, la plupart des Sénécas étaient prêts au combat.

Le général Amherst, le commandant en chef britannique en Amérique du Nord, était chargé de la politique d’administration des Amérindiens qui incluait des aspects militaires et économiques et en particulier la traite des fourrures. Amherst considérait qu’avec la disparition de l’influence française, les Amérindiens n’auraient pas d’autres choix que d’accepter la domination britannique. Il pensait également qu’ils seraient incapables d’offrir une sérieuse résistance à l’armée britannique et il ne déploya que 500 soldats sur les 8 000 sous son commandement dans la région où débuta la révolte. Amherst et ses officiers comme le major Henry Gladwin, commandant de Fort Détroit, ne dissimulaient pas leur mépris des Amérindiens et les Amérindiens impliqués dans le soulèvement se plaignaient fréquemment du fait que les Britanniques ne les traitaient pas mieux que des esclaves ou des chiens.

Le mécontentement des Amérindiens s’accentua en février 1761 après qu’Amherst eut décidé d’arrêter l’envoi de présents aux tribus. Ces présents étaient un élément essentiel de la relation entre les Français et les tribus du Pays-d’en-Haut. Suivant une coutume amérindienne ayant une symbolique importante, les Français offraient des présents (tels que des fusils, des couteaux, du tabac et des vêtements) aux chefs de village qui à leur tour distribuaient ces présents à leur peuple. Cela permettait aux chefs de renforcer leur position dominante et ils pouvaient ainsi maintenir leur alliance avec les Français. Amherst considérait néanmoins que cette coutume était une forme de corruption qui n’était plus nécessaire en particulier après qu’il eut reçu l’ordre de réduire les dépenses après la fin des combats. De nombreux Amérindiens considéraient ce changement de politique comme une insulte et une indication que les Britanniques les considéraient comme un peuple conquis et non comme des alliés.

Amherst commença également à réduire la quantité de munitions et de poudre à canon que les marchands pouvaient vendre aux Amérindiens. Alors que les Français avaient toujours rendu cet approvisionnent disponible, Amherst n’avait pas confiance dans les Amérindiens, en particulier après la « rébellion cherokee » de 1761 au cours de laquelle les Cherokees avaient pris les armes contre leurs anciens alliés britanniques. Le soulèvement avait échoué du fait d’une pénurie de poudre et Amherst considérait que de futures révoltes pourraient être évitées en limitant la distribution de poudre. Cette décision fut très mal accueillie par les Amérindiens car la poudre à canon rendait la chasse pour se nourrir et récupérer des fourrures bien plus facile. De nombreux Amérindiens commencèrent à croire que les Britanniques les désarmaient en prévision d’une attaque contre eux. William Johnson, le surintendant du département des Indiens, tenta en vain d’avertir Amherst du danger de mettre un terme aux fournitures de présents et de poudre à canon.

La terre fut également une des causes de la guerre. Tandis que les colons français avaient toujours été peu nombreux, le nombre de colons dans les colonies britanniques qui voulaient défricher les terres et s’installer semblait sans limite. Les Shawnees et les Delawares de la Vallée de l’Ohio avaient été chassés par les colons britanniques et cela motiva leur participation au conflit. De l’autre côté, les Amérindiens des Grands Lacs et du Pays des Illinois n’avaient pas été fortement exposées aux implantations blanches même s’ils connaissaient les expériences des tribus de l’est. L’historien Gregory Dowd avance que la plupart des Amérindiens impliqués dans la révolte de Pontiac n’étaient pas immédiatement menacés par les colons blancs et que les historiens ont donc surévalué l’importance de l’expansion coloniale britannique dans les causes de la guerre. Dowd considère que la présence, l’attitude et les pratiques de l’armée britannique, que les Amérindiens considéraient comme menaçantes et insultantes, furent des facteurs bien plus importants.

Parmi les causes de la guerre figuraient également un réveil religieux qui traversa les tribus amérindiennes au début des années 1760. Le mouvement fut nourri par le mécontentement contre les Britanniques, les pénuries de nourriture et les épidémies. Le personnage le plus influent était Neolin, appelé le « prophète delaware », qui appela les Amérindiens à rejeter le commerce des biens, des armes et de l’alcool avec les Blancs. Mélangeant des éléments chrétiens avec les traditions religieuses amérindiennes, Neolin déclara que le Maître de la Vie était mécontent car les Amérindiens avaient pris les mauvaises habitudes des Blancs et que les Britanniques menaçaient leur existence : « Si vous tolérez les Anglais parmi vous, vous êtes des hommes morts. La maladie, la variole et leur poison [alcool] vous détruiront complètement ». C’était un message puissant pour un peuple dont le monde était changé par des forces semblant hors de sa portée.

Wikipedia

Chronologie :

La "guerre contre les Français et les Indiens" commence le 28 mai 1754, par les premières escarmouches à "Fort Duquesne de la Sainte Vierge" (emplacement actuel de Pittsburg) et à "Fort Necessity" entre les soldats français et les milices de Virginie commandées par un jeune planteur de 22 ans nommé George Washington,

Du 19 juin au 10 juillet 1754 se tient le Congrès d’Albany (ville de l’Etat de New-York), entre les représentants des colons anglais et les chefs iroquois, en vue d’aboutir à un accord. Les délégués déclarèrent que l’union des colonies américaines était "indispensable à leur sauvegarde", ils adoptèrent le "Albany Plan of Union" rédigé par Benjamin Franklin, prévoyant qu’un président, désigné par le roi, gouvernerait avec les délégués de chaque colonie. L’aspect financier de ce plan fut refusé.

En 1755, de nombreuses escarmouches se déroulent le long de la vallée de l’Ohio, territoire revendiqué par la France. Les anglais échouent dans leur tentative de prise du "Fort Niagara".

D’une série d’incidents entre les deux factions rivales, découlera une véritable guerre maritime entre les bâtiments français et anglais, les uns venant renforcer ou ravitailler leurs colons, les autres les en empêchant en leur faisant la chasse et en instaurant le blocus.

La guerre débute en mai 1763 lorsque les Amérindiens, offensés par les politiques du général britannique Jeffery Amherst, attaquèrent plusieurs forts et implantations britanniques. Huit forts furent détruits et des centaines de colons furent tués ou capturés tandis qu’un nombre plus important quitta la région.

Le 05 mai 1763, Pontiac appelle les nations amérindiennes Ouataouais, Hurons et Potéouatamis à la guerre contre les anglais, en assiégeant les forts de l’intérieur désormais occupés par les anglais. Les guerriers autochtones vont semer la terreur pendant cinq semaines avant de s’attaquer à "Fort Détroit" où ils échoueront.

2 juin 1763, rébellion de Pontiac : les Ojibwés s’emparent de Fort Michilimakinac. La rébellion de Pontiac, conspiration de Pontiac ou guerre de Pontiac opposa l’Empire britannique à une confédération de tribus amérindiennes de la région des Grands Lacs, du Pays des Illinois et de la Vallée de l’Ohio entre 1763 et 1766. Le conflit fut causé par les politiques désavantageuses qu’imposaient les Britanniques après avoir battu les Français durant la guerre de la Conquête (1754-1760). Les guerriers de nombreuses tribus rejoignirent le soulèvement indien dont le but était de chasser les troupes et les colons britanniques de la région. La guerre est nommée du nom du chef outaouais Pontiac, le plus prééminent des chefs amérindiens durant le conflit.

Juillet 1763 : Alors qu’un colonel prépare une expédition pour lui venir en aide, Amherst lui écrit le 16 juillet : "Ne serait-il pas possible d’envoyer la variole chez les tribus indiennes rebelles ? Nous devons utiliser tous les stratagèmes possibles pour les vaincre ». Le colonel est d’accord et lui répond le 13 juillet : « j’essaierai d’infecter ces salauds avec les couvertures qui pourraient tomber entre nos mains, mais en faisant attention à ne pas attraper la maladie moi-même ». Ce à quoi Amherst lui répond : « « Vous ferez bien d’infecter les Indiens avec des couvertures, de même que toute autre méthode qui permettrait d’extirper cette race exécrable ». Mais cette « stratégie » avait déjà été testée par des officiers assiégés de Fort Pitt de leur propre initiative. L’un d’eux avait offert aux représentants Delaware 2 couvertures et un foulard exposés à la variole en espérant transmettre la maladie aux amérindiens et les forcer à lever le siège.

« Il est certain qu’on a remis des couvertures de varioliques aux Autochtones. » écrit Denis Delâge, historien spécialiste des questions autochtones

La variole s’est effectivement répandue et elle a même constitué un facteur majeur dans la « défaite relative de Pontiac », qui n’a pas réussi à empêcher les troupes britanniques de s’installer.

31 juillet 1763 : victoire de Pontiac à Bloody Run près de Detroit.

5-6 août 1763 : défaite de Pontiac à la bataille de Bushy Run, dans le Comté de Westmoreland (Pennsylvanie).

14 septembre 1763 : bataille du Trou du Diable. Les Senecas battent les Britanniques à Devil’s Hole, près des chutes du Niagara.

14 décembre 1763 : les « Paxton Boys » tuent six Indiens pacifiques à Conestoga, en Pennsylvanie. Le 27, les quatorze survivants mis à l’abri dans la prison de Lancaster sont massacrés à leur tour.

Les expéditions britanniques de 1764 entraînèrent des négociations de paix qui durèrent deux ans. Les Amérindiens furent incapables de chasser les Britanniques mais le soulèvement poussa le gouvernement britannique à modifier les politiques à l’origine du conflit.

17-20 octobre 1764 : traité de paix entre le colonel britannique Henri Bouquet et les Shawnee, les Sénécas et les Lenapes. Bouquet exige le retour de tous les captifs britanniques.

24 juillet 1766 : le chef des outaouais Pontiac signe la paix avec les Britanniques à Oswego. Fin de la rébellion de Pontiac.

5 novembre 1768 : les Iroquois cèdent la vallée de l’Ohio aux colonies britanniques au traité de Fort Stanwix ou traité des six Nations (William Johnson).

20 avril 1769 : le chef des outaouais, Pontiac, allié des Français, est assassiné à Cahokia. Il avait mobilisé toutes les tribus de la région des Grands Lacs contre les Britanniques après la victoire de ces derniers sur les Français scellée par le traité de Paris de 1763. Cette révolte força le roi George III à faire la proclamation royale de 1763, qui affirmait les droits illimités des Indiens sur les terres qu’ils occupaient et interdisait toute nouvelle colonisation au-delà des Appalaches, entraînant le mécontentement des marchands et des spéculateurs américains. Pontiac fut assassiné en 1769 par un Amérindien illinois à la solde de marchands américains. L’assassinat de Pontiac marque le début d’un mythe. Malgré l’échec de sa rébellion, il a inspiré beaucoup d’Amérindiens dans leur résistance à la domination européenne.

22 décembre 1769 : Daniel Boone est capturé par les Shawnees lors d’une expédition dans le Kentucky actuel. Il réussit à s’échapper.

1774 : La guerre de Lord Dunmore. Au printemps 1774, des Shawnees tentent de se débarrasser des colons britanniques. 3 mai : en représailles, les colons tuent onze Mingos. Logan tue treize colons en Pennsylvanie. Lord John Murray Dunmore, gouverneur de Virginie, aide les colons de Pennsylvanie à la répression : sept villages Mingos sont détruits, un fort est construit à Little Kanawha River. 10 octobre : bataille de Point Pleasant, les Britanniques battent les Shawnees. Le général Amherst donne l’ordre de distribuer des couvertures infectées de variole. Plusieurs milliers d’Amérindiens Delaware sont contaminés et répandent la « petite vérole » à d’autres nations indiennes. Dans ces circonstances la paix leur est imposée. Des miliciens de Virginie détruisent pendant les négociations plusieurs villages Shwanees.

1778 : début des « guerres amérindiennes ». Les guerres amérindiennes sont l’ensemble des guerres opposant les colons européens puis le gouvernement des États-Unis aux peuples Nord-Amérindiens, de 1778 à 1890. Bien qu’aucune guerre ne fût officiellement déclarée par le Congrès des États-Unis, l’armée fut constamment en guerre contre ces peuples à partir de 1778. Elles se sont prolongées au XIXe siècle par des violences et de nombreux massacres de la part des deux camps. L’historien américain Howard Zinn rappelle que « les gouvernements américains [ont] signé plus de quatre cents traités avec les Amérindiens et les [ont] tous violés, sans exception ». L’ensemble des combats et massacres livrés entre les États-Unis et les Indiens fait 19 000 victimes chez les blancs et environ 30 000 du côté des Indiens, hommes, femmes et enfants. Entre 9 et 11,5 millions à la fin du XVe siècle, les Indiens d’Amérique du Nord ne sont plus que 250 000 en 1890. Cette hécatombe démographique sans équivalent dans l’histoire étant due essentiellement aux épidémies et aux famines, provoquées notamment par les déportations et la chasse intensive du bison dont la population passe de 60 000 000 au début du XVIe siècle à 1 000 à la fin du XIXe.

Lire aussi

Et maintenant ?

Alors que l’histoire a reconnu le général Amherst comme un criminel de guerre…

Au Canada, de nombreux lieux ont été nommés en l’honneur du général :

• À Montréal, en plus de la rue Amherst, dans le quartier Ville-Marie, il existe une rue du Square Amherst, en arrière du marché Saint-Jacques.

• Les villes de Gatineau, Sherbrooke, Saint-Bruno-de-Montarville et Trois-Rivières ont elles aussi des rues Amherst.

• Il y a une municipalité, un canton et un village (Saint-Rémi-d’Amherst) dans les Laurentides, ainsi qu’un lac dans Lanaudière.

• En Nouvelle-Écosse, on trouve la ville d’Amherst, près de la frontière avec le Nouveau-Brunswick, ainsi que le parc provincial d’Amherst Shore.

• Il y a le site historique de Port-la-Joye–Fort Amherst, à l’Île-du-Prince-Édouard, et la ville d’Amherstburg, dans le sud de l’Ontario.

Aux États-Unis, on trouve des villes appelées Amherst à New York, au Massachusetts et au New Hampshire.

Maintenant ? Eh bien, l’ethnocide se fait de manière plus sophistiquée !!!

Voir ici l’ethnocide des Inuits par l’OMS (Organisation Mondiale de la Santé) !!!

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