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Quand la privatisation d’EDF a commencé...

dimanche 22 septembre 2019, par Robert Paris

Voici ce que nous écrivions quand la privatisation d’EDF a commencé...

Par Robert Paris

On vous l’avait bien dit : c’était seulement une « ouverture du capital » et Sarko s’engageait même a n’y procéder vraiment qu’après consultation des syndicats. Eh bien, Raffarin, en vendant la mèche au Wall Street Journal a jugé plus important d’allécher les financiers US que de continuer de nous mentir.

Selon Raffarin, « les syndicats sont convaincus de la nécessité de l’ouverture du capital d’EDF ». Selon les syndicats, c’est Raffarin qui n’a rien compris. Certains syndicats nous disent même que c’est Sarko qui avait tout compris ! Pourtant c’est lui qui a mis en œuvre la privatisation et l’a camouflée sous le doux nom d’ouverture. Alors là, on ne comprend plus du tout !

Il faut réformer la retraite d’EDF pour privatiser. Il faut privatiser pour obtenir des capitaux. Il faut des capitaux pour payer les dettes. On a fait des dettes pour payer à l’Etat l’argent de la reprise du système de retraites. La boucle est bouclée !

On se souvient de l’accord signé par certains syndicats et justifiant la réforme de notre retraite : « le présent relevé de conclusions a pour objet de renforcer la sécurité du régime spécial de sécurité sociale des IEG. » Finalement, on constate que c’est au nom de ce « relevé » que l’on casse notre régime de retraite !

Les dates des nouvelles journées d’action dans les services publics sont organisées selon un planning qui ne doit rien au hasard : 6 décembre la SNCF, 7 décembre l’école, 8 décembre l’EDF. Fort à parier que s’il y avait une action à La Poste, elle aurait lieu le 9 décembre !

La seule chose qu’organise ce « calendrier », c’est notre division.

La privatisation d’EDF et GDF n’est pas passée comme un lettre à la poste. Les mois de mai et juin ont vu une mobilisation de la plupart des centres EDF et des milliers d’agents dans la rue (80.000 le 27 mai). Une partie non négligeable des salariés a tenu à se mobiliser, amenant la direction de la CGT Energie à accompagner le mouvement alors qu’au départ elle était clairement décidée à laisser faire cette privatisation. On se souvient que le projet de remise en cause des retraite des personnels d’EDF avait eu l’assentiment de la direction de la CGT avant d’être rejeté par une partie notable de la CGT-Energie puis par l’ensemble du personnel lors d’un référendum organisé par la direction. Cependant cette privatisation est maintenant réalisée et c’est un succès pour Raffarin et une défaite importante pour les travailleurs. Et pas seulement pour les salariés des deux compagnies.
Cet échec n’a rien d’étonnant à partir du moment où les directions syndicales sont parvenues à éviter la grève générale d’EDF et GDF et les risques d’extension d’un tel mouvement à tous les services publics menacés (France Telecom, La Poste et bien d’autres). Il y a bien eu une réaction des travailleurs mais certainement pas à l’échelle de l’attaque. Bien sûr, la réaction d’une fraction des salariés n’est pas sans importance pour l’avenir à condition que ceux-ci n’en tirent pas la conclusion que la lutte est inutile. Rien n’aurait été pire qu’une défaite sans combat mais cela ne pouvait suffire pour faire reculer le gouvernement.

Une partie non négligeable des salariés ont tenu à montrer qu’ils ne donnaient pas leur caution à une opération qui ne manquera pas de se retourner contre les salariés et les usagers du service public. Les salariés qui ont manifesté, fait grève ou se sont mobilisés lors des journées d’action ont montré qu’ils n’étaient pas dupes de la privatisation camouflée en « ouverture du capital ». Et les directions syndicales, CGT, FO et CFDT, ont tout fait pour que cela ne dépasse pas le niveau d’une simple protestation. La CGT, principale centrale dans l’Energie, était décidée à ne pas mobiliser massivement contre la privatisation. Frédéric Imbrecht, le secrétaire de la fédération CGT de l’Energie déclarait le 15 juin : « Pour en revenir sur la question de la grève générale (..) pourquoi faudrait-il que les salariés s’engagent aujourd’hui dans des actions coûteuses d’un point de vue salarial alors que la semaine passée a montré que leur détermination pouvait s’exprimer au travers de modalités d’action beaucoup plus pénalisantes pour les employeurs (..) » Comment les centrales syndicales sont-elles parvenues à gérer le conflit sans se laisser déborder ? Elles ont tout polarisé sur les coupures de courant sans donner la moindre publicité aux centres ou centrales électriques (12 sur 14) qui tentaient de se mettre vraiment en grève avec piquet de grève, comme cela a été le cas au centre R&D de Clamart ou dans des centrales. A Clamart puis à Chatou, lorsque l’ensemble des militants locaux ont mis leur poids dans la balance pour convaincre les salariés qu’une lutte sérieuse était nécessaire, le résultat a été réel : cela a permis de s’adresser à l’ensemble du personnel, d’améliorer la mobilisation, d’aller rendre visite à d’autres centres. Et cela a permis de lever le drapeau d’une grève générale reconductible, y compris sur le plan médiatique. Comme à Clamart et Chatou, la grève a été reconduite de jour en jour dans différents sites mais l’effet n’a pas été le même que celui d’une grève organisée et coordonnée. L’addition des mouvements de grève et des actions séparées ne produit pas le même effet qu’un mouvement d’ensemble, surtout s’il gagne en ampleur de jour en jour par l’effet de boule de neige. Ainsi la manifestation massive du 27 mai aurait pu donner un tremplin à la grève générale Jusqu’au dernier moment, la direction de la CGT a laissé croire qu’elle tenait en réserve une botte secrète : « la France dans le noir ». Elle a occupé des postes centraux de l’électricité. Mais elle n’a jamais mis sa menace en pratique. Quant aux salariés, le climat n’était pas tel qu’il permette de déborder les appareils syndicaux.

Bien sûr, dans l’ambiance morose actuelle, les coupures de courant et occupations de postes sont apparus au public comme des actions dynamiques et combatives. Mais c’est en partie illusoire. Patronat et gouvernement ont reçu cinq sur cinq le message clair de la direction de la CGT qui disait : nous n’appelons pas à la grève. Du coup, les fameuses actions d’éclat n’étaient là que pour polariser l’attention sur elles et éviter que le personnel ne se lance dans la grève. MEDEF et gouvernement ont montré qu’ils avaient très bien compris la stratégie de la principale centrale syndicale d’EDF/GDF, la CGT, et exprimé qu’ils n’en voulaient pas à la CGT pour ces coupures de courant.

Quant aux militants de la CGT, ils ont manifesté leur mécontentement lors des réunions de bilan du syndicat et le climat critique a montré que les militants syndicalistes avaient compris le piège et que certains, conscients qu’ils avaient été trompés, ne comptaient pas la mettre en veilleuse.

Si une fraction des salariés n’étaient pas trop sûre de la justesse de la lutte, si certains pensaient qu’il s’agissait pas d’un combat d’arrière garde, les conséquences nuisibles, pour les salariés comme pour les usagers, ne manqueront pas de donner raison à ceux qui se sont mobilisés. Déjà, la remise en cause du régime des retraite est programmée pour janvier prochain. Comme à France Telecom, ce n’est pas une loi fixant un minimum de participation de l’Etat qui empêchera une nouvelle loi de décider que l’Etat se désengage en dessous de la limite de 70%. Les secteurs du gaz et de l’électricité sont livrés à la concurrence avec, en conséquence hausses des prix, chaos de la production et de la distribution, désordres financier, casse du statut des salariés et des retraités, etc. La filiale de transport de l’électricité, RTE, est vendue en majorité à la Caisse des Dépôts en Consignations. EDF et GDF sont mis en concurrence et opposés artificiellement alors qu’au sommet on nomme le PDG de GDF au poste de patron d’EDF ! La direction d’EDF affirme aux salariés dans « Vivre EDF » qu’ « EDF continue à incarner les valeurs du service public » et trois phrases plus loin que « notre trajectoire financière devrait faire de l’EDF l’une des entreprises les plus profitables du secteur ». Malgré les mensonges de la direction visant à calmer le climat social, le service public de l’énergie n’existe plus même si c’est seulement en 2007 que les simples particuliers dépendront du marché de l’énergie. Même si le service public servait déjà les intérêts privés, c’est un changement important. Il y aura certainement des conséquences comme des augmentations de tarifs et des coupures de courant. Ainsi, rien ne dit qu’un établissement électrique privatisé se serait pressée de rétablir le courant à ses frais dans une France frappée par une tempête. Les résultats de la recherche de la rentabilité sur le dos des usagers, on vient de les voir avec l’incendie d’un foyer de Saint Denis le 17 août. Ce dernier a été directement causé par la rapacité de la direction d’EDF. La famille, démunie qui ne pouvait plus payer ses factures, avait été privée de courant. C’est une bougie qui a causé l’incendie. Le commentaire d’un représentant de la direction, déclarant qu’on n’est pas là pour faire du social, a clairement dévoilé ce que sera le service privé de l’énergie !
Une annulation du projet aurait nécessité qu’on construise un véritable rapport de forces pour imposer notre loi au gouvernement. Cela nécessitait aussi que les agents de l’Energie se lient dans leur combat à tous les salariés du public menacés eux aussi, à terme ou immédiatement, par des privatisations : la Poste, ADP, les transports en commun ou l’hôpital public. Rappelons nous que c’est le début de la généralisation de la grève qui avait fait le succès du mouvement de 1995 contre Juppé et pour la défense des retraites. A l’époque on nous avait déjà servi la thèse des usagers en colère mais cela n’avait pas marché. Cette fois encore, malgré de réelles difficultés, un mouvement d’ensemble aurait permis de mettre encore plus les usagers-salariés du côté des grévistes.

A l’avenir, n’acceptons pas d’être ainsi saucissonnés : privatisés secteur par secteur, licenciés boîte par boîte, attaqués séparément mais à la suite les uns des autres. C’est une lutte d’ensemble qu’il nous faut préparer, aussi bien pour défendre le service public de l’Energie, que la Santé, la Sécu, les retraites et les emplois. On verra alors si les Roussely, Raffarin, Seillière et consorts pourront se moquer d’une classe ouvrière qui leur coupe le jus !

Les mois de mai et juin derniers ont vu la mobilisation de la plupart des centres EDF et des milliers d’agents dans la rue (80 000 le 27 mai). Une partie non négligeable des salariés a ainsi amené la direction de la CGT Energie à accompagner le mouvement alors qu’au départ elle était clairement décidée à laisser faire cette privatisation sans combattre. On se souvient que déjà, au début 2002, le projet de remise en cause des retraites des personnels d’EDF avait eu l’assentiment de la direction de la CGT avant d’être rejeté par une partie non négligeable de la CGT-Energie puis par un vote de l’ensemble du personnel. Cependant la privatisation est maintenant réalisée et c’est un succès pour Raffarin et une défaite pour les travailleurs. Et pas seulement pour les salariés des deux compagnies.

Bien sûr, le pire aurait été une défaite sans combat. Mais celui-ci ne pouvait suffire pour faire reculer le gouvernement à partir du moment où les directions syndicales sont parvenues à éviter la grève générale d’EDF et GDF et l’extension du mouvement à tous les services publics menacés à brève ou longue échéance, voire déjà privatisés (France telecom, La Poste et bien d’autres).

Car les directions syndicales, CGT, FO et CFDT, ont tout fait pour que cela ne dépasse pas le niveau d’une simple protestation. Le secrétaire de la fédération CGT de l’Energie déclarait le 15 juin : « Pour en revenir sur la question de la grève générale (...) pourquoi faudrait-il que les salariés s’engagent aujourd’hui dans des actions coûteuses d’un point de vue salarial alors que la semaine passée a montré que leur détermination pouvait s’exprimer au travers de modalités d’action beaucoup plus pénalisantes pour les employeurs (...) ». Les directions syndicales ont tout centré sur les coupures de courant sans donner la moindre publicité aux centres ou centrales électriques (12 sur 14 à un moment) qui tentaient de se mettre en grève. Au centre R&D de Clamart, par exemple, où des piquets de grève furent mis en place, puis à celui de Chatou, lorsque l’ensemble des militants locaux ont mis leur poids dans la balance pour convaincre les salariés qu’une lutte sérieuse était nécessaire, la grève a été reconduite de jour en jour. Dans d’autres sites également. Mais cela n’a pas suffi pour en faire la grève organisée, centralisée et coordonnée qui aurait peut-être permis de gagner la plus grande partie du personnel qui est restée hors du coup.

Jusqu’au dernier moment, la direction de la CGT a laissé croire qu’elle tenait en réserve une botte secrète : une journée « France dans le noir ». Elle a occupé des postes centraux de l’électricité. Mais elle n’a jamais mis sa menace en pratique. Et parmi l’ensemble des salariés, le climat n’était pas tel qu’il permette de déborder les appareils syndicaux.

Bien sûr, dans l’ambiance morose actuelle, les coupures de courant et occupations de postes sont apparues comme des actions dynamiques et combatives. Mais c’était en partie illusoire, un dérivatif pour les militants les plus combatifs, ceux qui plutôt que se battre tout seuls auraient pu être employés à convaincre leurs camarades d’entrer vraiment dans la lutte.

Des militants de la CGT ont manifesté leur mécontentement lors des réunions de rentrée du syndicat, montré qu’ils avaient compris le piège et que, conscients qu’ils avaient été trompés, ils ne comptaient pas la mettre en veilleuse.

En effet les conséquences de la privatisation, nuisibles pour les salariés comme pour les usagers, ne manqueront pas de donner raison à ceux qui se sont mobilisés. Les secteurs du gaz et de l’électricité sont livrés à la concurrence avec en conséquence hausses des prix, chaos de la production et de la distribution, désordres financier, casse du statut des salariés et des retraités, etc. La filiale de transport de l’électricité, RTE, est vendue en majorité à la Caisse des dépôts et consignations. EDF et GDF sont mis en concurrence et opposés artificiellement alors qu’au sommet on nomme le PDG de GDF au poste de patron d’EDF ! Déjà, la remise en cause du régime des retraites est programmée pour janvier prochain. Ni les promesses gouvernementales ni même la loi fixant un minimum de participation de l’Etat à 70 % du capital n’empêcheront que l’Etat se désengage encore davantage lorsqu’il le jugera possible ou souhaitable. La direction d’EDF affirme aux salariés dans Vivre EDF qu’« EDF continue à incarner les valeurs du service public » mais trois phrases plus loin que « notre trajectoire financière devrait faire de l’EDF l’une des entreprises les plus profitables du secteur » !

Le service public de l’énergie n’existe plus même si c’est seulement en 2007 que les simples particuliers dépendront du seul marché de l’énergie. Certes le service public servait déjà les intérêts privés, mais c’est un changement important. Ainsi, rien ne dit qu’une entreprise privée de l’électricité se pressera de rétablir le courant à ses frais dans une France frappée par une tempête comme l’a fait encore récemment EDF. Les conséquence de la recherche de la rentabilité sur le dos des usagers, on vient d’en avoir un aperçu avec l’incendie d’un foyer de Saint Denis le 17 août dernier. La famille, démunie qui ne pouvait plus payer ses factures, avait été privée de courant. La bougie avec laquelle ils devaient s’éclairer a causé l’incendie. Et EDF n’est pas encore réellement privatisée ! Le commentaire d’un représentant de la direction, déclarant qu’on n’est pas là pour faire du social, a donc clairement dévoilé ce que sera la politique d’une EDF privée.

Une annulation du projet aurait nécessité que les agents de l’Energie construisent un véritable rapport de force, se lient dans leur combat à tous les salariés du public menacés eux aussi, à terme ou immédiatement, par des privatisations, en appellent à leurs alliés naturels, les usagers populaires, c’est-à-dire l’ensemble des travailleurs. Rappelons-nous que c’est un début d’extension et de généralisation de la grève qui avait fait le succès du mouvement des cheminots de 1995 contre Juppé et pour la défense des retraites. A l’époque on nous avait déjà servi la thèse des usagers en colère mais cela n’avait pas marché.

Oui, il nous faut refuser d’être privatisés secteur par secteur, licenciés boîte par boîte, attaqués à la suite les uns des autres, saucissonnés. Le mouvement d’EDF de ce printemps doit être un prélude à la lutte d’ensemble qu’il nous faut préparer, aussi bien pour défendre le service public de l’Energie, que la santé, la Sécu, les retraites et les emplois.

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