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Antiquité, archéologie, préhistoire : luttes sociales et luttes de classes ? – Débat avec Jean-Claude Demoule

vendredi 11 octobre 2019, par Robert Paris

La révolution de Eunus en Sicile en 136 avant notre ère contre l’Empire romaiin

Antiquité, archéologie, préhistoire : luttes sociales et luttes de classes ? – Débat avec Jean-Claude Demoule

La lutte des classes, selon le point de vue diffusé ici, concerne non seulement l’histoire, l’économie et la sociologie, mais aussi l’archéologie, la préhistoire et l’antiquité.

Bien sûr, une bonne partie de la préhistoire n’a pas connu de divisions en classes sociales parce que le niveau insuffisant des capacités techniques et organisationnelles de la société ne le permettaient pas, mais il y a quand même eu des luttes entre divers systèmes sociaux et organisations sociales, dont une fameuse entre matriarcat et patriarcat. Et aussi, bien entendu, la lutte entre chasseurs-cueilleurs et agriculteurs. Puis entre esclaves et maîtres d’esclaves, entre seigneurs et serfs…

Et, dès que la société s’est divisée en exploiteurs et exploités, les risques de rupture de l’édifice ont été considérables. Les révolutions sociales qui ont renversé les vieilles sociétés sont très nombreuses, même si ces révolutions n’ont généralement mené qu’à la suppression du mode de production et même à la suppression totale de la civilisation.

J’ai parfaitement conscience, en écrivant cet article, que je vais tout à fait en sens contraire du discours dominant dont je donne un seul exemple :

Classes sociales, des « lunettes » abandonnées, affirme France Culture !!!

Pour moi, à l’inverse, il faut que la conception « lutte des classes » s’étende désormais dans le passé, passant de l’histoire à la préhistoire, à l’archéologie !!!

Peut-on parler de luttes de classes dans l’Antiquité ?

Geoffrey Ernest Maurice de Ste. Croix, dans « The Class Struggle in the Ancient Greek World », tente de répondre à cette question :

"La classe (comme je l’ai affirmé dans le chapitre II, sous-partie ii de mon livre) est l’expression sociale collective du fait de l’exploitation, la manière dont l’exploitation est intégrée dans une structure sociale. (Par « exploitation », j’entends évidemment l’appropriation d’une partie du produit du travail d’autrui : dans une société productrice de marchandises, c’est l’appropriation de ce que Marx appelle « plus-value ».) La classe est essentiellement une relation – de même que le capital, un autre des concepts de base de Marx, est explicitement décrit par lui, dans une dizaine de passages que j’ai relevés, comme « une relation », « un rapport social de production », et ainsi de suite. Et une classe (une classe en particulier) est un groupe de personnes au sein d’une communauté, identifiées par leur position dans l’ensemble du système de production, laquelle est définie avant tout en fonction de leur relation (principalement en termes du degré de contrôle) aux conditions de production (c’est-à-dire aux moyens et au travail de la production) et aux autres classes. Les individus qui constituent une classe donnée peuvent être pleinement ou partiellement conscients de leur identité et de leurs intérêts communs de classe, mais ne le sont pas nécessairement ; ils peuvent ressentir de l’hostilité envers des membres d’autres classes en tant que tels, mais ce n’est pas nécessairement le cas. Le conflit des classes (lutte des classes, Klassenkampf) est essentiellement la relation fondamentale entre les classes, qui comporte l’exploitation et la résistance à cette dernière, mais n’implique pas nécessairement la conscience de classe ou l’activité collective commune, politique ou autre, bien que ces qualités aient des chances de se surajouter quand une classe a atteint une certaine étape de développement et est devenue ce que Marx a une fois appelé « une classe en soi » (en employant une expression de Hegel). Les esclaves de l’Antiquité (et des époques postérieures) correspondent parfaitement à ce schéma. Non seulement Marx et Engels désignent à plusieurs reprises les esclaves antiques comme une classe ; dans toute une série de passages, l’esclave de l’Antiquité se voit attribuer précisément la position du salarié libre sous le capitalisme et du serf à l’époque médiévale – l’esclave est au propriétaire d’esclaves ce que le prolétaire est au capitaliste et ce que le serf est au seigneur féodal. À chaque fois, la relation est explicitement une relation de classe, qui implique un conflit des classes dont l’essence est l’exploitation, l’appropriation d’un excédent du producteur primaire : prolétaire, serf ou esclave. Voilà l’essence de la classe. En fait, dans trois de leurs œuvres de jeunesse, écrites pendant les années 1840, Marx et Engels commettent ce que j’ai appelé dans mon livre « une erreur méthodologique et conceptuelle mineure » quand ils parlent de lutte des classes non pas entre esclaves et propriétaires d’esclaves, comme ils auraient dû le faire, mais entre esclaves et hommes libres ou citoyens. C’est clairement une erreur parce que la grande majorité des hommes libres, et même des citoyens, n’avait pas d’esclaves ; évidemment, la distinction entre esclave et homme libre ou citoyen, aussi importante soit-elle, n’est pas une distinction de classe mais seulement de statut ou « d’ordre ». Heureusement, Marx et Engels ne répétèrent pas cette erreur après 1848, autant que je sache."

"La nature d’un mode de production donné n’est pas décidée par qui effectue la plupart du travail de production, mais en fonction de la méthode d’appropriation du surplus, la manière dont les classes dominantes arrachent le surplus aux producteurs primaires. À tout le moins dans les parties les plus développées du monde grec et romain, si (comme je l’ai dit) ce sont les paysans et artisans libres qui étaient responsables du gros de la production, c’est à partir du travail non-libre que les classes possédantes obtenaient le plus gros de leur surplus régulier."

 Geoffrey de Ste. Croix, « Class in Marx’s conception of history, ancient and modern », New Left Review I/146, juillet-août 1984.

Karl Marx et l’interprétation de l’Histoire ancienne et moderne, Geoffrey de Sainte-Croix

Foufas Nikos. Marx et la Grèce Antique. La lutte des classes dans l’Antiquité

Marx et la Grèce antique

Marxisme et esclavage antique

L’Etat, produit des contradictions de classes inconciliables

Genèse de l’Etat athénien

La Gens et l’État à Rome

La Gens chez les celtes et les germains

La formation de l’État chez les germains

Alors, peut-on parler de luttes de classes dans l’Antiquité ?

Les historiens reconnaissent certes les révolutions serviles de l’Antiquité et pas seulement la révolution de Spartacus. Et ce n’est pas la seule révolution servile. La Sicile seule en a connu un grand nombre !!! Et ce n’est pas un cas à part…

On peut citer la vague révolutionnaire dans toute la Méditerranée en 1200 avant notre ère qui a été cataloguée : « invasion des peuples de la mer », alors que les cités qui ont chuté alors l’ont fait avant toute arrivée d’une quelconque invasion !!! Les empires qui ont chuté à cette occasion, l’ont fait de l’intérieur, même s’ils étaient menacés de l’extérieur, comme c’est le cas de l’empire hittite.

L’empire d’Egypte, reconnaissent les historiens, a chuté deux fois sous les coups de la révolution sociale, en 2260 avant J.-C. et en 1200 avant J.-C., mais les historiens ne mettent pas trop cela en avant ! Ils préfèrent parler des invasions, des luttes de pouvoir du palais, des guerres, des famines, des intempéries, etc. Ce n’est pas à la classe possédante d’enseigner à la classe exploitée que l’Histoire a été celle des révolutions !!!!

Quasiment pas une ville, pas une civilisation, pas une société n’a vécu sans connaître la révolution sociale. Le monde est plein des ruines de celles-ci.

Et pourtant, dès qu’il s’agit de l’Antiquité, en particulier celle qui précède l’écriture, les historiens et préhistoriens sont plus que rétifs à reconnaître des révolutions sociales et des luttes de classes, même quand ils admettent que la société est désormais divisée en classes sociales !!!

Nous n’allons pas citer les plus ridicules des déclarations de préhistoriens ou d’historiens contre la révolution sociale mais plutôt, parmi les plus intelligentes, celles de Jean-Paul Demoule, des moins souvent victimes de préjugés dominants mais qui, sur cette question, restent parfaitement dans les clous d’une des thèses dominantes, le refus du marxisme.

Nous citons Demoule dans « Les dix millénaires oubliés qui ont fait l’histoire ». Dans cet ouvrage, par ailleurs très intéressant qui pose de multiples questions sous la forme « qui a inventé », il est logique de s’être posé les questions : qui a inventé l’oppression des femmes, qui a inventé l’esclavage, qui a inventé les classes sociales, qui a inventé l’exploitation de l’homme par l’homme, qui a inventé les révolutions sociales, qui a inventé la lutte des classes, qui a inventé l’Etat au service des classes dominantes, etc. Et tout cela est, d’une manière ou d’une autre abordé, et pourtant, sur ces thèmes, on restera sur sa faim…

Même sur l’invention de la domination masculine, Demoule revient, à sa manière, aux thèses officielles : il n’y a pas eu de société matriarcale à la base et les statuettes de femmes partout dans le monde ne témoignent que de l’attrait exagéré des hommes pour le corps des femmes !!! Il conclue : « dans aucune société humaine, passée ou présente, les femmes n’ont le pouvoir politique. »

Nécessairement, devrait-on dire, elles ne peuvent pas avoir eu le pouvoir d’Etat puisque celui-ci a été inventé historiquement bien après le matriarcat !!!!

Il y a, malgré tout, un chapitre auquel nous allons particulièrement nous intéresser et qui s’intitule : « Qui a inventé les chefs (et la servitude volontaire) ? »

La question elle-même, sa formulation, mérite d’être examinée. D’emblée on parle des « chefs » et pas des classes et on les associe immédiatement à la « servitude volontaire », en faisant référence à La Boétie.

Demoule écrit ainsi :

« Une grande question demeure : comment ces chefs nouvellement apparus ont-ils réussi à persuader leurs congénères qui à l’origine étaient leurs égaux, de consentir à des efforts considérables, pour des activités notoirement improductives et pour leur seul profit, comme le débitage et le transport de dalles de plusieurs dizaines de tonnes, la fabrication de lames en silex de taille aussi exceptionnelle qu’inutilisable à partir d’une matière première éloignée, l’acquisition de grandes haches en jadéite venues des Alpes et au poli exceptionnel, l’extraction et la fonte du minerai de cuivre pour en produire haches et poinçons, l’orpaillage de l’or alluvionnaire le long des cours d’eau des Balkans, entre autres ? Cette énigme est posée depuis des siècles. C’est ce qu’on appelle la « servitude volontaire », le fait que la majorité, dès cette époque et jusqu’à aujourd’hui, accepte de travailler au profit d’une minorité, et parfois d’un seul individu. Le premier à l’avoir posée

La majorité accepte… nous dit Demoule… Elle est dans la servitude volontaire !

Manque de chance, de temps en temps, la majorité s’exprime autrement et Demoule le sait. Le « serf volontaire » égyptien ne s’avère plus si volontaire quand il en a assez de cette dictature qui ne lui donne même plus à manger !

C’est ainsi que plusieurs fois les paysans d’Egypte font la révolution : en 2300 avant J.-C. et en 1200 avant J.-C. !!!

En fait, son schéma affirme que les chefs ont d’abord été acceptés, désirés, reconnus, puis que, dans certaines situations, ils auraient abusé de leur pouvoir et accumulé trop de richesses. Alors, ils auraient été détestés et parfois auraient chuté… Mais ne comptez pas sur Demoule pour raconter ces chutes…

Mais, direz-vous, Demoule ne l’ignore pas vraiment puiqu’il écrit, tout de suite après le passage précédemment cité :

« Cela n’empêchera pas, parfois, des retours en arrière et des révoltes, comme on le verra plus loin. »

Et voyons, en effet, comment Demoule traite de ces « retours en arrière » et de ces révoltes. Déjà notons qu’il ne dit pas révolutions ni révolutions sociales, et encore moins luttes de classes…

Mais, d’abord, remarquons que cette notion de « servitude volontaire » va assez loin, jusqu’à l’acceptation (prétendue) d’être assassinée pour accompagner le chef dans la mort !!

« Certaines avaient été tuées volontairement, d’autres enterrées vivantes, d’autres encore reposaient paisiblement, peut-être droguées, mais suggérant une mort acceptée – ce que confirment les récits mythiques remontant à cette époque. »

Nous émettons bien entendu toute réserve sur le caractère volontaire de la servitude jusqu’à la mort !!!

L’explication que Demoule juge la plus crédible est la suivante :

« Pour revenir au Néolithique, les chefs qui ont su émerger durent être ceux capables de manipuler à leur profit le surnaturel, sans doute en toute bonne foi… »

Mis à part que nous ne voyons pas très bien la nécessité de faire référence à la « bonne foi » des « ces chefs », il faut remarquer que Demoule estime que l’élément essentiel est comment ces chefs-là ont pu émerger et pourquoi la société, parvenue à un certain stade de son développement, a pu, et même à dû, faire émerger ces individus, ou d’ailleurs ces familles dominantes.

Demoule reconnaît qu’il y a eu un avant les chefs et un après les chefs, mais il ne dit pas vraiment pourquoi. Il estime d’ailleurs que les croyances magiques ont largement préexisté aux « chefs », et pourtant affirme que les croyances et superstitions ont été l’élément déterminant pour le choix de ces chefs et pour leur réussite. Contradiction ?

Bien entendu, une des manifestations de l’apparition ou pas de « ces chefs », - continuez à traduire « l’apparition de la division de la société en classes sociales » et même l’appropriation privée du surproduit ! -, est celle que l’on trouve dans les tombes.

Demoule constate cependant que la hiérarchisation sociale est parfois combattue, ou au moins qu’elle régresse parfois, sans qu’il parvienne à dire pourquoi.

Voilà ce que Demoule écrit :

« Entre l’apparition de l’agriculture et la colonisation romaine, on repère régulièrement des moments où les sociétés sont nettement plus hiérarchisées, comme en témoignent l’organisation des villages et la richesse de certaines tombes, et d’autres où ces phénomènes s’évanouissent.

Ainsi, les premiers grands tombeaux mégalithiques des bords de l’Atlantique, érigés à la fin du Ve millénaire et au début du millénaire suivant, disparaissent et sont remplacés par des rituels presque opposés : au lieu d’un très grand monument réservé à un très petit nombre d’individus (ou à un seul), accompagnés de leurs richesses, on trouve des monuments beaucoup plus modestes, les allées couvertes contenant des dizaines, voire des centaines de défunts, déposés au fur et à mesure des décès, et pratiquement sans aucun objet.

De même, plus tard, au début de l’Age de Bronze et du IIe millénaire avant notre ère, on trouve dans le sud de l’Angleterre, en Bretagne ou en Allemagne de très riches tombes individuelles, avec des parures d’or et d’argent, recouvertes d’une vaste tumulus de terre et de pierre. Mais à l’époque suivante, l’Age du Bronze moyen au milieu du même millénaire, le rituel du tumulus devient beaucoup moins exceptionnel et bénéficie maintenant à un beaucoup plus grand nombre d’individus, qu’accompagnent des objets plus modestes. »

On pourrait se dire que Demoule est en train de toucher du doigt un changement social radical… une révolution sociale même ! Mais pas du tout, puisqu’il écrit immédiatement après :

« Certes, dans ce cas comme dans le précédent, cela ne signifie pas nécessairement qu’il y aurait eu une révolution populaire radicale, mais du moins que des forces sociales ont agi contre une trop grande concentration de la richesse et du pouvoir. »

On pourrait malignement se demander si, quand « des forces sociales » agissent contre la concentration de la richesse et du pouvoir », ces forces sociales n’ayant justement pas la richesse et le pouvoir, cela ne serait pas une définition justement… d’une révolution populaire radicale.

Mais Demoule prend, au contraire, soin de rejeter une telle interprétation. Sans d’ailleurs justifier son « cela ne signifie pas nécessairement ».

Demoule rajoute que les tombes ne sont pas les seules manifestations de ce phénomène :

« Ce qui s’exprime dans les tombes se retrouve dans les habitats. A plusieurs reprises, dans l’histoire de l’Europe ancienne, de plus grandes concentrations humaines débouchent sur des débuts d’ubanisation, mais qui s’interrompent au bout de deux ou trois siècles, comme les grandes agglomérations de Moldavie et d’Ukraine à la fin du Ve millénaire avec leurs massifs remparts de pierre et leurs tombes royales ; ou encore les résidences princières celtiques du milieu du dernier millénaire avant notre ère, juchées sur les hauteurs. Mais, à chaque fois, la mayonnaise retombe, comme si un pouvoir fort et centralisé ne pouvait parvenir à s’imposer durablement. »

Certes, l’image de la mayonnaise qui retombe apparaît comme une sauce ratée plutôt que comme une interprétation de la chute de civilisations urbaines et de l’effondrement de sociétés divisées en classes sociales, mais il est intéressant, par contre de relever que Demoule reconnaît que le « pouvoir fort et centralisé ne pouvait parvenir à s’imposer durablement ». Tiens donc, il ne s’agit plus de servitude volontaire, du moment que cette servitude s’impose et qu’elle n’y parvient plus, que des forces sociales ont agi contre une trop grande concentration de la richesse et du pouvoir », comme nous le dit Demoule !!!

Demoule constate que la hiérarchisation sociale, loin d’être de toute éternité comme une tendance humaine compensée par une autre tendance à répartir pouvoir et richesses, peut être datée et est donc liée à une phase déterminée de l’évolution historique :

« A partir du Ve millénaire, les premiers signes de hiérarchisation sociale commencent à se manifester en Europe, notamment dans les tombes… »

Mais on en reste sur sa faim car on ne nous dit pas ce qui, au Ve millénaire, a amené cette hiérarchisation sociale…

Demoule explique d’ailleurs qu’il soutient « l’hypothèse que la norme de l’évolution des sociétés humaines ne serait pas d’aller vers une hiérarchisation de plus en plus forte, mais qu’au contraire des mécanismes de contrôle caractérisaient normalement les sociétés simples, pour empêcher toute montée d’un pouvoir coercitif, ce qui paraît, si on y réfléchit, d’une grande logique. »

Quelle est donc cette logique qui plaît tant à Demoule ?

Il l’explicite ainsi :

« Les grands guerriers qui tiennent leur pouvoir de leur prestige guerrier devaient, par exemple, remettre sans cesse leur titre en jeu – comme les boxeurs de nos jours -, si bien qu’ils finissaient statistiquement et biologiquement par être éliminés un jour ou l’autre. Le « big man », on l’a vu, doit sans cesse redistribuer pour conserver son prestige naissant. »

Du coup, Demoule renverse l’interprétation historique :

« On pourrait donc inverser l’hypothèse historique. Les sociétés les plus hiérarchisées ne sont pas forcément les plus avancées vers le « progrès », mais celles au contraire où les mécanismes de contrôle du pouvoir ont, pour une raison ou une autre, cédé. »

Bien sûr, on aurait aimé que Demoule creuse un peu son « pour une raison ou une autre » afin qu’on comprenne mieux ces mécanismes de rupture du contrôle, ce dernier étant considéré comme plus logique, plus naturel en somme, sans que l’on sache en vertu de quoi, non plus !!!

Décidément, on nage en pleine série d’a priori moraux sur ce qu’est ou ce que n’est pas « le progrès », ce qu’est ou pas l’avancement et le développement d’une société, ce que sont les avancées et les régressions. Mais a-t-on pour autant résolu un tant soi peu les questions que Demoule posait ainsi au début de son ouvrage : que s’est-il passé pour qu’on passe d’une société primitive communautaire à des « sociétés qui sont très inégalitaires puisqu’environ 1% d’entre eux possèdent la moitié de la richesse mondiale… Mais pourquoi a-t-on inventé l’agriculture et tout ce qui s’ensuit : les dieux, les chefs, la guerre entre autres ? »

Bien sûr, il y a une très grande différence entre le terme « chefs » et celui de classes sociales, mais, quand il s’est agi des tombes et des villes, ou encore de la servitude volontaire, on a vu que ce dont parlait réellement Demoule c’était bel et bien des classes sociales et de l’exploitation de l’homme, ne fuyant les expressions en question, sans le dire, que par crainte de l’étiquette marxiste…

Parce que, dans cette introduction, on commençait à entrevoir que c’est l’agriculture qui aurait créé « les chefs », que nous nous entêtons à appeler les classes sociales et l’appropriation privée du surproduit tiré du travail humain !!!

Certes, Demoule évoque dans un chapitre « La résistance des chasseurs-cueilleurs indigènes » contre l’invasion de la nouvelle civilisation de l’agriculture. Mais, pour l’essentiel, ce qu’il décrit serait plutôt de la non-résistance :

« Toutefois, sans qu’il y ait eu de mouvements perceptibles de populations, le mode de vie néolithique issu des Balkans, mais peut-être aussi de Turquie à travers le Caucase, va peu à peu être adopté par ces chasseurs-cueilleurs. Peu à peu, car il faudra plusieurs siècles pour qu’il s’étende à l’ensemble de l’Ukraine actuelle, et plusieurs millénaires , jusqu’aux environs de 2000 avant notre ère, pour qu’il atteigne le nord-est de l’actuelle Russie. »

Pourtant, Demoule remarque que « vers – 7 000 cependant (en même temps qu’apparaissent les premières poteries), le système semble s’effondrer, sans doute pour des raisons logistiques, mais peut-être aussi des épidémies que favorise la proximité des animaux. »

On remarquera que Demoule ne fait pas cette fois appel aux « forces sociales » qui auraient « agi contre une trop grande concentration de la richesse et du pouvoir »… Mais, comme il ne donne ni preuve ni argument, on est en droit de ne pas le suivre ici et d’en rester à son explication précédente, celle d’une action des forces sociales…

Demoule affirme :

« Cette population indigène semble donc avoir été assez vite absorbée dans la masse des agriculteurs, même si des sociétés de chasseurs-cueilleurs se sont maintenues encore quelques siècles sur les bords de la mer du Nord et de la Baltique, régions peu fertiles qui n’intéressaient guère les agriculteurs. Mais ces régions de « résistance » sont peu à peu pénétrées à leur tout par les influences des sociétés agricoles voisines ; l’usage de la poterie, même grossière, s’installe, on commence à élever porcs et bœufs, et l’ancien mode de vie disparaît aux alentours de 4000 avant notre ère. »

Vite absorbée ? Mais Demoule lui-même écrit :

« Cette large moitié orientale de l’Europe restera longtemps occupée par de petits groupes de chasseurs-cueilleurs, dont, certains, sédentaires, fabriquent de la poterie. »

Ils ne se sont donc pas si facilement laissé absorber…

D’ailleurs, Demoule lui-même ironise sur la version « culturelle » de l’invasion des agriculteurs :

« Mais, une fois tout l’espace disponible repli, que sont devenus les chasseurs-cueilleurs mésolithiques indigènes dont nous parlions au début de ce chapitre ? La question a longtemps fait débat, mais est en passe d’être tranchée. Certains archéologues en effet, plutôt de tradition anglaise, étaient hostiles à l’idée de migrations ou colonisations généralisées venues du dehors de l’Europe. Ce seraient seulement des techniques et un mode de vie qui auraient été transmis de proche en proche depuis le Proche-Orient jusqu’à l’ensemble de l’Europe, de communauté en communauté, sans qu’il y ait le moindre mouvement de population – un peu comme Coca-Cola, les jeans, le rock and roll ou les hamburgers se sont répandus dans le monde entier uniquement de par le prestige culturel attaché à la civilisation nord-américaine. »

Tout en rigolant du prétendu « prestige culturel » nord-américain, on remarquera qu’il faut rejeter l’idée que le renversement de l’ancien mode de production et de vie pré-agricole proviendrait « seulement des techniques et un mode de vie qui auraient été transmis de proche en proche »…

Demoule tourne donc autour de la révolution sociale. Il la rejette puis il l’attire, pour la rejeter à nouveau…

Ainsi, parti de la servitude volontaire, il arrive à l’Etat :

« L’Etat a en principe le monopole de la violence… Le chef, en cas de besoin, peut disposer d’affidés susceptibles de faire régner l’ordre à son profit. »

Ce n’est plus tout à fait volontaire en effet…

« Pour institutionnaliser la violence, interne avec une police, externe avec des armées, il faut aussi des professionnels entraînés et nouris. Pour percevoir les impôts, il faut à la fois des fonctionnaires, des scribes, mais aussi un système de notation : ainsi apparaît l’écriture. »

On est très avancés par rapport aux thèses selon lesquelles c’est la culture qui a créé la civilisation. Cependant, les énigmes soulevées par Demoule restent entières ou alors Demoule est contraint d’affirmer la stabilité de ces sociétés, rompant avec la réalité qui est que ces sociétés se sont quasiment toutes effondrées d’elles-mêmes :

« Une fois les premières villes et leurs rois apparus, il n’y a pas eu de retour en arrière, même si parfois les royaumes s’effondrent sous le coup de conquérants – on parle de « périodes intermédiaires » en Egypte, ou bien de la chute du royaume d’Akkad ou de celui de Babylone. »

Dommage, Demoule ignore l’existence des révolutions antiques d’Egypte ou d’Assyrie…

Certes, Demoule poursuit ainsi :

« Il est toujours possible d’aller plus loin si l’on est en désaccord avec l’ordre établi. »

On croit qu’il va finir par aborder la révolution sociale…

… Mais voici la suite :

« C’est sans doute comme cela qu’on peut interpréter d’autres cas d’effondrement de civilisations urbaines de par le monde. »

Le « comme cela » n’est pas très explicite !!! Et on peut voir dans la suite qu’il ne s’agit justement pas de révolution sociale, du moins pour Demoule :

« La brillante civilisation de l’Indus s’effondre au bout d’un millénaire vers 1700 avant notre ère, sans cause ponctuelle comme on l’a longtemps cru – invasions venues du nord, révoltes, catastrophe climatique, etc. Les archéologues s’accordent au contraire pour y voir l’implosion lente d’un système urbain surdimensionné, et le retour à des communautés villageoises mieux à même d’exploiter à moindre coût leur environnement. »

Curieuse remarque de Demoule qui pense qu’un système social très installé peu céder tranquillement la place à un autre, fût-ce lors d’un retour en arrière !

La chute de la civilisation de l’Indus est une révolution sociale !! Elle ne s’est pas faite progressivement ni insensiblement.

Demoule ne remarque pas que toutes les civilisations qui ont chuté l’ont fait violemment, révolutionnairement !!!

Demoule poursuit sur le même thème, mais cette fois aux Amériques :

« La disparition de la civilisation urbaine des Mayas au début du IIe millénaire et avant l’invasion européenne a sans doute pu être accélérée par des crises climatiques ; mais les Mayas sont restés là, cette fois dans de simples villages, et ont continué jusqu’à aujourd’hui de parler leur langue. »

Impressionnant, de toute leur grande civilisation, il ne reste que… la langue et Demoule y voit une continuité… C’est une crise qui a pu être « accélérée par des crises climatiques ». C’est une crise quoi alors, une crise sociale, une crise politique, une crise du mode de production, une crise due à « une trop grande concentration de richesse et de pouvoir », une crise provoquée par les forces sociales qui n’en disposaient pas ? Une crise de révolution sociale ?!!!

Et Demoule continue d’énumérer des sociétés qui s’effondrent : « la brillante civilisation mississipienne », « qui s’effondre définitivement au XVe siècle de notre ère », « la plupart des sociétés de la Méditerranée orientale… qui s’effondrent vers 1200 avant notre ère », etc…

Il en conclue : « Il est en tout cas exceptionnel qu’un pouvoir trop contraignant parvienne à se maintenir indéfiniment sans provoquer sa chute à plus ou moins brève échéance. La serviture volontaire a donc ses limites. »

Il rajoute : « C’est donc durant le Néolithique, au cours des millénaires zappés, avec l’accroissement continu de la population dû à une alimentation sécurisée et à la sédentarité, que sont apparues hiérarchies et inégalités sociales. L’histoire ne permet pas encore de dire si elles sont indispensables à toute société humaine. Mais dans un monde où 1% de la population possède la moitié de la richesse mondiale, le niveau de hiérarchie ne risque-t-il pas un jour, pour le meilleur ou pour le pire, de dépasser ce qui est usuellement supporté par les sociétés humaines ? »

On pense ici revenir à la révolution sociale…

« Un examen plus rigoureux des données de l’archéologie comme de l’ethnologie nous a démontré que la marche vers l’Etat fut tout sauf un fleuve tranquille. En Europe, pendant les cinq derniers millénaires avant notre ère, et au-delà, les moments de concentration ostentatoire de la richesse et du pouvoir ont été immanquablement suivis par des moments de forte décroissance. Les détails de ces effondrements socio-économiques ne sont pas toujours bien connus. Ils ne le sont même pas pour les effondrements plus récents et bien plus spectaculaires que nous avons évoqués, et toujours en débat, comme ceux des cités mayas ou du Mississippi, de la civilisation de l’Indus, des palais crétois et mycéniens, des résidences princières celtiques, pour ne pas parler de l’Empire hittite, des royautés africaines du premier millénaire de notre ère ou de l’immense Empire mongol, et bien d’autres. De ces effondrements, on cherche officiellement des causes simples, extérieures et si possible uniques : agression ennemie, dégradation climatique, catastrophe naturelle. Mais de nombreuses révoltes et révolutions relatées par l’histoire indiquent que la résistance aux pouvoirs dut être une cause au moins aussi importante. »

On croit, une fois de plus, que Demoule va faire allusion… à la lutte des classes, mais pas du tout ! C’est le surnaturel qui est le point important pour lui !!!

« Le pouvoir des puissants a traditionnellement reposé sur les relations, supposées excellentes avec le surnaturel, source de bénéfices qui, matériels, devaient pouvoir être mesurables. Que ceux-ci s’évanouissent, et le pouvoir soudain se retrouve nu. »

C’est un renversement de la pensée : au lieu de chercher la cause de la perte des bénéfices matériels, on l’attribue à une perte des pouvoirs surnaturels. Le penseur ne fait là que suivre éventuellement la pensée des anciens peuples, mais il n’y trouvera pas la réalité de ce qui s’est passé !

Comme explication des « sociétés inégalitaires », Demoule écrit ceci :

« Mais si, une fois l’agriculture défintivement adoptée, les sociétés agricoles ont submergé, absorbé ou refoulé les chasseurs-cueilleurs, devaient-elles nécessairement déboucher sur des organisations inégalitaires à chefferie, puis des villes, des Etats, voire des empires ? Pour l’évolutionnisme classique, cela va de soi et ne se discute même pas. (…) Là encore, les causes en seraient d’ordre social : pour gérer des masses humaines croissantes, il faut, comme à l’armée, une hiérarchie forte. Et hiérarchie impliquerait répartition inégale des revenus, compensation bien naturelle eu égard aux responsabilités acceptées par les dominants, et supposées au bénéfice de tous. »

Comme on le constate, pour Demoule, les classes sociales n’existent pas ou ne méritent pas d’être citées, ce qui permet de supprimer l’idée d’un Etat au service de la classe possédante. Demoule parle de « différences sociales », d’ « inégalités sociales » mais pas de classes sociales, ce qui signifie étudier un mode de production fondé sur des moyens de production avec un mode d’appropriation des moyens de production, ce qui signifie une logique de la transformation historique que Demoule récuse dans le marxisme et qu’il rejette en la prétendant « linéaire » au même titre que ce qu’ila appelle la thèse libérale. Cependant, le point de vue de Marx n’est nullement celui d’un développement sans contradictions et sans retours en arrière.

En privilégiant l’Etat aux dépens des classes sociales, Demoule efface la raison d’être de l’Etat. Il inverse même la relation, pensant que les inégalités proviennent de l’apparition de l’Etat, alors qu’il a fallu de longues périodes de développement des divisions en classes sociales avant que l’Etat n’apparaisse.

Il efface aussi le fait que l’Etat n’est apparu que comme moyen de combattre les luttes de classes révolutionnaires…

Il ne se fonde pas, contrairement à Marx, sur une étude économique des bases de l’accumulation fondée sur l’exploitation de l’homme, sur une étude de la valeur issue du travail humain, sur la plus-value. Du coup, il ne voit dans l’accumulation de richesses à un pôle qu’un vol simple et omet que ces sociétés ont créé des richesses d’une manière considérablement accrue et cette création ne lui paraît pas un mystère à élucider.

Loin d’étudier l’exploitation économique, Demoule se fixe sur l’oppression et sur le pouvoir. Mais cet Etat plane au-dessus de la réalité.

Les changements radicaux que décrit Demoule deviennent « des choix » dans lesquels « on aurait pu faire d’autres choix », qui n’étaient donc pas nécessaires puisque… Demoule est contre la notion de nécessité historique…

Demoule récuse ainsi la pensée marxiste qu’il juge linéaire, déterministe, économiste, progressiste, etc., et qu’il renvoie dos à dos à la pensée capitaliste (si l’on peut parler ainsi).

Il ne voit pas, dans tout le dédale des avancées et des reculs historiques, la force des nécessités matérielles, l’importance des changements de la propriété des moyens de production, l’importance de la division en classes sociales. Ce terme est quasiment absent de son texte et de sa pensée.

« L’histoire est celle de la lutte des classes », cette phrase de Marx qu’il conviendrait de généraliser à la préhistoire, du moins quand ces classes sociales ont commencé d’apparaître, Demoule la repousse.

Il parle d’ « écrire l’histoire du point de vue des dominés », mais il ne le fait pas car ce serait l’histoire des brèves mais déterminantes révolutions sociales ! Et cette histoire, il ne l’a en tout cas pas écrite…

Si certaines remarques de Demoule sont très intéressantes, et parfois saisissantes, le parti pris de rejeter dos à dos point de vue capitaliste, dit libéral, et point de vue marxiste révolutionnaire, au nom d’un retour en arrière à avant le néolithique est lui aussi saisissant et affolant. Effectivement, l’effondrement de la société capitaliste peut nous y mener, mais de là à le souhaiter, c’est plutôt… sauvage !!!

Si les limites de Demoule démontrent quelque chose, c’est que se tourner vers les démunis en refusant la révolution sociale prolétarienne, c’est prôner le retour en arrière !

Malgré toutes ces critiques, nous conclurons avec Demoule :

« L’histoire n’est-elle pas beaucoup plus intéressante quand les humains la choisissent, plutôt que lorsqu’ils la subissent ! »

Les révolutions d’Ougarit

Révolution à Jéricho

Révolution à Teotihuacán

Révolutions de la Mésopotamie antique

Révolution à Corfou

Révolution maya à Cancuen, Tikal, Copàn et Chichen Itza

La disparition soudaine de la civilisation des Anasazis

La disparition de la culture de Cucuteni-Trypillia, la civilisation matriarcale néolithique la plus ancienne et brillante d’Europe

De multiples disparitions de civilisations à interpréter

La révolte et la fuite des esclaves des mines du Laurion en Grèce (en 413 avant J.-C.)

Comment Spartacus a pu déstabiliser l’empire romain ?

Révolutions de la Rome antique

Révolutions de la Grèce antique

Aedemon, le Spartacus de la Maurétanie

Pourquoi et comment l’empire Olmèque a-t-il disparu dans une révolution sociale et politique ?

« La société contre les princes », Jean-Paul Demoule

Histoire des révolutions sociales et des luttes de classes de l’Antiquité

Classes et lutte de classes dans l’Antiquité, Geoffrey Ernest Maurice de Ste. Croix

Herxheim : Caïn, le chasseur-cueilleur, qu’as-tu fait de ton frère Abel, le cultivateur ?

Luttes de classes dans les sociétés amérindiennes précolombiennes

Une grande révolution : le passage du néolithique à l’âge du bronze

Qui a détruit Troie et pourquoi ?

Renversement du matriarcat

Chronologie des apparitions et disparitions de civilisations

Que penser de la notion de « révolution néolithique » ?

Effondrement de la civilisation du Mississippi

L’esclavage dans l’Antiquité

L’émergence de la société esclavagiste grecque

Economie et société de la Grèce antique

Pensée et société grecque

La naissance de la civilisation en Mésopotamie, ce n’est pas un produit de l’Etat

L’Histoire est marquée par les révolutions

Un exemple de révolution sociale dans l’Antiquité, les mouvements des Bagaudes

Un article sur le mouvement des Bagaudes, intitulé « Peut-on parler de révoltes populaires dans l’Antiquité tardive ? », rappelle une « célèbre intervention de Santo Mazzarino lors d’une rencontre des IXe Semaines d’études de Spolète en 1961 :

« Si puo parlare di rivoluzione sociale alla fine del mondo antico »…

lire ici

On peut traduire par : « On peut parler d’une révolution sociale à la fin du monde antique. »

Il a donc été nécessaire de lever cet interdit « parler de révolution sociale » pour reconnaître celle des Bagaudes. Pensez donc pour la préhistoire !!!

« Santo Mazzarino dans cette communication de 1961, marquait d’abord la volonté de prendre position face à certains représentants de l’historiographie soviétique de son époque, qui attribuaient un rôle déterminant aux troubles sociaux dans la transition entre l’Antiquité et le Moyen Âge. » écrit encore l’auteur…

Lire ici sur le mouvement des Bagaudes

Les Bagaudes, une révolte paysanne face à l’oppresseur romain.

Les sources de l’histoire des Bagaudes

Ce qu’en dit Michelet

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