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Tous identitaires ?

mardi 3 septembre 2019, par Robert Paris

Critique de l’idéologie identitaire, base « intellectuelle » d’une éventuelle barbarie future

Les crimes de masse des suprémacistes blancs américains ont rappelé à quel point les « identitaires » n’étaient plus une vague menace lointaine mais devenaient véritablement un mouvement de masse qui monte à la faveur de la crise du monde capitaliste, y compris dans ses métropoles les plus riches du monde. C’est l’un des témoignages montrant que l’agonie du capitalisme touche à sa fin.

Tous les peuples du monde sont actuellement interpelés par une propagande intense sur le thème : « votre identité en tant que peuple est menacée »…

Les arnaques de l’identitaire sont multiples et d’abord la société bourgeois n’a jamais défendu une autre identité que celle de l’exploitation de l’homme qui se moque des ethnies, des nations, des tribus, des religions, des mœurs, des identités culturelles ou traditionnelles. Les causes réelles de la crise actuelle de l’ancien monde n’ont rien à voir avec une quelconque « guerre de civilisations », lutte tribale, combat de mœurs différentes, invasion des barbares et autre balivernes identitaires. Ce ne sont pas d’autres religions, d’autres ethnies, d’autres nations, d’autres mœurs qui nous menacent mais bien celle qui nous domine actuellement : le monde capitaliste dont le système a atteint ses limites et est à l’agonie.

Pensez seulement à la démagogie d’Hitler du grand aryen, allemand, blond, aux yeux bleus et demandez-vous si Hitler pouvait être crédible en proférant de tels discours sur la supériorité de cette prétendue race, lui qui n’était ni allemand (car autrichien), ni blond, ni grand, ni aux yeux bleus !!! Aryen, on ne sait pas ! Cela témoigne à quel point le peuple allemand était affolé, perdu, déboussolé, tiraillé, inquiet de l’avenir du fait de la crise du capitalisme et de la volonté des classes possédantes de le pousser contre les peuples voisins.

Bien sûr, on peut se dire que ce sont les gens qui ont cru en de telles balivernes qui sont responsables du fascisme et ce n’est pas complètement faux. Mais on aura remarqué également les efforts, notamment financiers mais aussi politiques des classes possédantes, pour faire triompher une telle politique d’horreur.

Ce n’est pas un hasard si de telles idéologies criminelles se développent justement dans les périodes de crise de la domination capitaliste ! Les folies identitaires et racistes sont particulièrement soutenues par les possédants quand elles craignent que leur crise se traduise par une montée de la lutte des classes, qui est l’adversaire direct de la division des peuples par le racisme et la folie identitaire.

Pas étonnant si on constate en ce moment une montée du suprémacisme blanc aux Etats-Unis, en même temps qu’une montée de la violence de la police et des autorités contre les noirs, contre les latino-américains, contre les musulmans, etc. Et les Etats-Unis ne sont pas les seuls, loin de là. L’idéologie de la race, de l’identité, de la haine des musulmans, des Roms, des migrants, des noirs, etc, se développe partout dans le monde et notamment en Europe. Il oppose aussi les Russes et les Caucasiens, les Vietnamiens et les Chinois, les ethnies et les tribus en Afrique. Tout ce qui permet de semer la haine au sein des peuples reçoit le soutien de ces classes possédantes.

Cette engeance a partout les mêmes racines : la nécessité pour les classes possédantes d’opposer violemment les peuples entre eux pour diviser les travailleurs, pour affoler les peuples, pour justifier l’accroissement de la dictature, pour rendre la société plus violente, pour préparer un bain de sang général dès que la crise mènera à l’effondrement économique et social, et du coup politique.

Les extrêmes droites, qui étaient jusque là en marge et minoritaires, accèdent partout au pouvoir : USA, Brésil, Italie, etc. Elles prétendent défendre l’identité des peuples, le caractère national, ethnique, religieux, culturel, de mœurs des peuples. En fait, ce n’est que de la propagande et elles ne font que défendre les classes possédantes.

Le discours violemment haineux et « identitaire » a donc gagné les sphères officielles, et n’est plus cantonné dans des petits groupes isolés. Les crimes des suprémacistes n’ont pas fait diminuer leur crédit là où ils ont de l’influence.

Partout, le discours de type fasciste se développe. Ce n’est pas la valeur de ses arguments qui compte. On l’a vu avec Hitler. C’est la profondeur de la crise économique et sociale qui attise les haines, qui pousse à rechercher des boucs émissaires.

Les classes possédantes savent que, si elles ne réussissent pas cette opération de fascisation des opinions publiques, c’est la révolution prolétarienne qui est à leur porte. Les « printemps arabes », les révoltes, les révolutions qui se sont développées du monde arabe au Maghreb, de l’Afrique aux pays de l’Est, du Brésil aux Gilets jaunes nous montrent par quoi les classes possédantes se sont senties menacées, par la montée de la lutte des plus démunis, des plus exploités, des plus opprimés, des travailleurs, des jeunes, des femmes. Et elles tiennent à semer la haine du peuple voisin particulièrement dans ces catégories exploitées et opprimées. Les pauvres blancs américains ne sont pas les seuls…

Nationalisme exacerbé, ethnisme, affolements face aux migrations, fausses menaces culturelles, ethniques, religieuses, prétendus envahissement par d’autres peuples, eurpéanisme pour les uns et antieuropéanisme pour les autres, tout cela sert de menu aux identitaires. L’irrationalité du discours ne gène en rien sa progression. Les peurs ont un fondement réel qui, même s’il n’est pas réellement identitaire, menace vraiment le mode de vie, la sécurité, le bien-être, la vie des peuples et les identitaires se contentent de teinter ces craintes et de leur donner un exutoire, de présenter une fausse alternative, de proposer des fausses perspectives, de diffuser la haine.

L’effondrement de la croyance dans le système, dans les « élites », dans la démocratie bourgeoise, dans l’économie capitaliste elle-même sert de base à ce déferlement de haine. Il est tellement plus facile de mener une chasse aux Roms d’à côté que de s’attaquer aux banques et aux trusts !

Mais la vraie opposition que ces meneurs de la lutte des identités veulent cacher, c’est celle entre l’infime minorité de possesseurs du grand capital (moins d’1% de la planète de toutes origines raciales, ethniques ou religieuses) et l’immense majorité des travailleurs et des exploités (détenant moins d’1% des richesses) !!! Notre identité, c’est d’être des prolétaires du monde qui n’avons que nos chaînes à perdre et un monde nouveau à construire !!!

Messages

  • Plus il y a de pauvreté, de chômage, de désenchantement, de déboussolement, de peur du lendemain, plus les classes possédants tentent de dévoyer la révolte en fournissant à tous une fausse fierté d’appartenance à quelque chose de grand et un faux grand idéal en termes d’identité.

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