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Libye : les classes possédantes locales comme impérialistes préfèrent la guerre et le terrorisme permanents que la révolution permanente !

mercredi 22 janvier 2020, par Robert Paris

édito

Libye : les classes possédantes locales comme impérialistes préfèrent la guerre et le terrorisme permanents que la révolution permanente !

On connaît le mythe diffusé de manière générale : les grandes puissances, à commencer par USA et France, ont « libéré » la Libye du joug de la dictature de Kadhafi. Le fait que ce régime soit l’un des principaux pays pétroliers et un allié de la Russie n’a pas joué dans leur choix : c’est du moins le mensonge officiel diffusé en occident ! Les événements qui ont accompagné et suivi la chute de Kadhafi ont cependant démenti cette version officielle des impérialismes occidentaux, celle selon laquelle ils n’ont œuvré militairement à la chute et à l’assassinat du dictateur que pour sauver le peuple libyen !!!

Rappelons tout d’abord un fait qui n’est jamais cité par les commentateurs : c’est le peuple libyen lui-même qui, dans la foulée des révolutions sociales d’Egypte et de Tunisie (et aussi d’Algérie et du Maroc, même si celles-ci ont été moins loin dans un premier temps), ont entraîné bien d’autres printemps dont celui de Libye, faisant craindre que cette révolution permanente s’étendant partout n’en vienne à des pouvoirs des exploités. C’est là la première motivation des impérialismes dans leur interventionnisme contre Kadhafi : mieux vaut qu’il ne chute pas sous les coups de son propre peuple mais sous ceux d’une armée impérialiste occidentale ! N’oublions pas que l’impérialisme occidental en était resté à la thèse de « l’interventionnisme anti-dictature et humanitaire », celui qui lui avait permis d’avoir un soutien international très large dans sa « guerre contre le terrorisme » en Afghanistan, suite au terrorisme du World Trade Center…

La réalité humanitaire de cette guerre d’Afghanistan n’est pas apparue, pas plus que son caractère anti-dictatorial, ni que ses buts de reconstruction d’une société libre et développée. Au contraire, en Afghanistan comme en Irak et en Libye ou ailleurs, on a assisté à des guerres impérialistes, pas plus justes, pas plus humanitaires que ne l’avaient été les guerres de Corée ou du Vietnam…

Les dictateurs n’avaient pas été les seuls à subir les foudres de la guerre impérialiste : les peuples l’ont subi durement et les lendemains de la chute du dictateur n’ont été que la mise en place d’une nouvelle dictature. Si la révolution sociale et politique tonne à nouveau en Irak, c’est parce qu’il n’y a eu rien de bon dans le régime mis en place par l’occupant militaire américain en Irak.

Eh bien, en Libye, il n’y a non plus rien eu de bon dans les forces politiques et militaires que les impérialismes occidentaux ont soutenu contre Kadhafi puis ont armé et mis au pouvoir. Toutes ces forces ont des bandes terroristes, toutes visent à la dictature, toutes veulent se servir du pouvoir pour se servir tout court, et notamment dans la manne pétrolière.

Et si cela fait autant de bruit, si l’échec des interventions impérialistes apparaît aussi sanglant en Libye, c’est que cela n’a pas mené à un pouvoir unique mais à des zones opposées et divisées qui se font la guerre et dont aucune n’est capable de conquérir militairement l’ensemble de l’ancienne Libye.

Chacune de ces zones, chacun de ces pouvoirs est soutenu par un des camps des puissances qui oppriment toute la région comme des grands impérialismes, c’est-à-dire par les puissances occidentales mais aussi par l’Arabie saoudite, les émirats, l’Egypte d’un côté et la Turquie et la Russie de l’autre. Les grandes puissances jouent les pacifistes mais arment tous les bords en guerre et la guerre ne les dérange pas tant que cela, du moment que le peuple libyen reste démoralisé et démobilisé par ces affrontements.

Par contre, cette guerre les dérange dans la mesure où elle ne permet pas d’exploiter à leur propre profit et tranquillement le pétrole libyen.

D’autre part, la chute de Kadhafi a été le signal du lancement d’une quantité de bandes armées terroristes, les puissances impérialistes intervenant sur place, USA et France, les ayant fait prospérer et armé et ayant laissé tous les stocks d’armes de Kadhafi à disposition de toutes les bandes armées.

La multiplication du terrorisme partie de Libye qui en a découlé et qui a inondé tout le Sahel, continue de le faire, donnant prétexte à l’impérialisme pour intervenir militairement dans toute la région sous le prétexte de sauver les Etats et les peuples d’un nouvel Etat islamique terroriste ou d’une invasion des groupes terroristes sahéliens.

On vient de le voir avec le sommet de Macron et des chefs d’Etat du Niger, du Mali, du Tchad et du Burkina Faso qui, sous la menace d’être abandonnés aux attaques terroristes, ont été contraints d’accepter une occupation militaire française encore augmentée et de donner carte blanche à la France pour tuer et détruire toute la région sous prétexte d’antiterrorisme. Pourtant, les chefs d’Etat en question ne sont pas moins dictatoriaux que l’était Kadhafi ou Saddam et surtout pas moins que ne le sont Macron et Trump !!!

Tous les camps en présence en Libye ont eu des soutiens terroristes et les grandes puissances ont ouvertement soutenu des groupes terroristes. C’est le cas par exemple de l’homme d’Etat Fabius qui déclarait même à qui voulait l’entendre que l’on ne devait pas faire la fine bouche et qu’il fallait armer et financer les groupes terroristes en Libye si on voulait en finir avec Kadhafi ! Les autres hommes politiques de l’impérialisme français ne contestaient que la nécessité de le dire ouvertement… Et depuis aucun homme politique, de Sarkozy à Hollande en passant par Macron, n’a dénoncé ce crime ! Aucun n’a levé le petit doigt pour faire cesser la mainmise des groupes terroristes en Libye. Aucun n’a cherché à les empêcher de faire fortune en enlevant les migrants, en les esclavagisant, en les prostituant, en les torturant, etc… Les guerres internes de la Libye justifient au contraire, aux yeux des pays impérialistes, de continuer à financer et armer les bandes qui pillent le pays.

Certes, ils organisent des conférences internationales qui décident de « travailler pour la paix », de rechercher le cessez-le-feu, le désarmement, et, au moins, l’embargo des armes. Mais ils savent parfaitement ne pas pouvoir l’imposer à l’Arabie saoudite ou à la Turquie et surtout ils savent ne pas souhaiter cette paix qui ne pourrait qu’entraîner la remise en route de la révolution sociale et politique libyenne comme la paix en Irak a entraîné le retour de la révolution…

Les rivalités des grandes puissances comme USA, France et Russie, celles des puissances locales comme Arabie saoudite et Turquie, n’empêchent pas un accord général de tous les Etats et de toutes les classes possédantes contre la révolution sociale mondiale qui dépasse les situations locales et se moque des frontières, parcourant le monde de l’Amérique du sud au Moyen Orient et à l’Orient, de la France à l’Afrique et à l’Asie. C’est partout dans le monde que le terrorisme leur sert de prétexte à la guerre permanente pour faire face à la révolution permanente. Les attentats terroristes servent d’argument aussi bien contre les gilets jaunes en France que contre la révolution sociale et politique au Mali, ou encore en Libye ou en Irak… Exactement comme le terrorisme avait servi à éradiquer la révolution sociale en Algérie après l’explosion populaire et prolétarienne de 1988. Mais, comme chacun peut le constater, la révolution est toujours présente et n’a que retardé son apparition, revenant en 2019 sur le devant de la scène algérienne pour ne plus la quitter.

Oui, la révolution sociale est permanente, comme le mouvement des gilets jaunes. Non seulement permanente dans le temps mais aussi dans l’espace, se projetant d’un pays à un autre, d’une région du monde à une autre, et permanente également dans le sens que ses objectifs ne cessent de s’approfondir, mettant d’abord seulement en cause une mesure antisociale injuste, puis les remettant toutes en cause, puis remettant directement en cause les fondements même du pouvoir d’Etat et de celui des classes possédantes, et finissant par remettre en question toutes les bases de la société capitaliste.

Jamais les guerres impérialistes, les guerres locales ou régionales n’ont été menées pour libérer des peuples, ni en Libye ni ailleurs, ni maintenant ni jamais. C’est juste un mensonge grossier d’avoir prétendu, comme l’a fait Sarkozy en France, qu’il agissait, à la tête des forces armées de la France, en libérateur du peuple libyen et les forces politiques et sociales qui ont participé à cette mascarade ne sont pas des enfants de cœur mais des assassins et des trompeurs politiques.

La France n’est pas la seule : tous les impérialismes sont de plus en plus excités à recoloniser le monde. L’Angleterre, les USA, la Chine et la Russie se jettent eux aussi sur l’Afrique, sur l’Orient, sur l’Asie et recolonisent à toute vitesse, en s’appuyant sur la crise mondiale et sur le terrorisme pour imposer leur présence aux Etats des pays pauvres. Et ils le font d’autant plus que cela les arrange de polariser la planète entre pays riches et pays pauvres plutôt que de la laisser se polariser dans un affrontement de classe, entre exploiteurs et exploités.

C’est justement sur cette lutte de classes que les travailleurs du monde doivent compter contre les pouvoirs capitalistes car c’est la seule qui leur donne la bonne perspective : en finir avec l’exploitation capitaliste définitivement et historiquement dépassée.

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