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Le sort des Juifs d’Europe de l’Est : un article de Léon Trotsky

vendredi 3 juillet 2020, par Robert Paris

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Sur l’extermination des Juifs d’Europe par les nazis

Une lettre de Trotsky à un lecteur américain en 1933

"Vous demandez maintenant comment les ouvriers américains peuvent aider la lutte du prolétariat allemand contre le fascisme ? La plus grande aide peut et doit être de combattre le fascisme en Amérique même. Les Allemands constituent une fraction importante de la population des Etats-Unis Hitler aimerait en faire une base pour le fascisme américain. Les masses ouvrières d’Amérique devront suivre ce processus avec beaucoup d’attention. Tout ouvrier américain devrait se dire : « Nous ne laisserons pas les fascistes lever la tête ! » Et il ne suffit pas de le dire, il faut le faire. Tout siège d’infection fasciste doit être encerclé par un anneau des organisations défensives de combat. Toute tentative des fascistes de s’emparer de la rue, de détruire un journal ou de briser une réunion doit être sans merci étouffée dans l’oeuf.

Le national-socialisme est indissolublement lié à l’antisémitisme et à ses pogroms. Pour la fraction juive de la population des Etats-Unis, la question de la croissance du fascisme en Amérique est donc d’une importance vitale. Compter sur la « Constitution » américaine comme une garantie en soi contre les fascistes serait de l’enfantillage pur. L’exemple de l’Italie, et surtout de l’Allemagne, devrait apprendre quelque chose aux gens mûrs ! Seule une lutte de masse contre le fascisme peut l’empêcher se développer. En ce sens, la population ouvrière juive d’Amérique ne peut espérer de défense réelle que d’un puissant développement du mouvement ouvrier aux Etats-Unis."

Œuvres - novembre 1938 Léon Trotsky

La bourgeoisie juive et la lutte révolutionnaire

22 décembre 1938

Le Père Coughlin [1] , qui cherche apparemment à démontrer qu’une morale idéaliste absolue n’empêche pas l’homme d’être la pire canaille, a déclaré à la radio que j’avais dans le passé reçu pour la révolution d’énormes sommes d’argent de la bourgeoisie juive des États‑Unis. J’ai déjà répondu dans la presse que c’était faux [2]. Je n’ai pas reçu d’argent non pas, bien entendu, parce que j’aurais refusé un soutien financier pour la révolution, mais parce que la bourgeoisie juive n’a pas proposé un tel soutien. La bourgeoisie juive est restée fidèle au principe : ne rien donner. Même aujourd’hui, quand c’est de sa tête qu’il s’agit. Étouffant dans ses contradictions, le capitalisme dirige des coups forcenés contre les Juifs et en outre une partie de ces coups tombe sur la bourgeoisie juive en dépit de tous ses “ services ” passés rendus au capitalisme. Des mesures de nature philanthropique pour les réfugiés deviennent de moins en moins efficaces en comparaison de l’immensité des maux qui accablent le peuple juif.

C’est maintenant le tour de la France. La victoire du fascisme dans ce pays signifierait un grand renforcement de la réaction et une monstrueuse croissance d’un violent anti‑sémitisme dans le monde entier, surtout aux États‑Unis. Le nombre de pays qui expulsent les Juifs ne cesse de croître. Le nombre de pays capables de les accueillir diminue. En même temps la lutte ne fait que s’exacerber. Il est possible d’imaginer sans difficulté ce qui attend les Juifs dès le début de la future guerre mondiale. Mais, même sans guerre, le prochain développement de la réaction mondiale signifie presque avec certitude l’extermination physique des Juifs.

La Palestine s’est révélée un tragique mirage, le Birobidjan une farce bureaucratique. Le Kremlin refuse d’accepter des réfugiés. Les “ congrès antifascistes ” de vieilles dames et de jeunes carriéristes n’ont pas la moindre importance. Maintenant plus que jamais le destin du peuple juif — pas seulement leur destin politique, mais leur destin physique — est lié indissolublement à la lutte émancipatrice du prolétariat international. Seule une mobilisation courageuse des ouvriers contre la réaction, la constitution de milices ouvrières, la résistance physique directe aux bandes fascistes, une confiance en soi plus grande, activité et audace de la part de tous les opprimés, peuvent provoquer un changement dans le rapport des forces, arrêter la vague mondiale de fascisme et ouvrir un nouveau chapitre dans l’histoire de l’humanité.

La IV° Internationale a été la première à proclamer le danger de fascisme et indiquer la voie du salut. La IV° Internationale appelle les masses populaires juives à ne pas se faire d’illusions et à affronter ouvertement la réalité menaçante. Il n’est de salut que dans la lutte révolutionnaire. Le “ nerf ” de la lutte révolutionnaire, comme celui de la guerre, c’est l’argent. Les éléments progressistes et perspicaces du peuple juif doivent venir au secours de l’avant‑garde révolutionnaire. Le temps presse. Un jour, aujourd’hui, équivaut à un mois ou même à une année. Ce que tu fais, fais‑le vite !

Notes

[1]Charles E. Coughlin (né en 1891), d’origine irlandaise, ordonné prêtre catholique en 1916 devint, à la fin des années vingt, un agitateur radiophonique très écouté qui appelait à la croisade contre “ les capitalistes sans‑Dieu, les Juifs, les communistes, les banquiers internationaux et les ploutocrates ”. Il présidait la National Union for Social Justice, et recevait trois millions de lettres par an. Il venait d’accuser Trotsky d’avoir reçu en 1917 une somme importante d’un capitaliste juif.

[2] Cf. déclaration du 28 novembre 1938.

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