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Lutte de classes en Egypte : le soulèvement de février 1946, freiné par la marche à guerre contre Israel (1948) qui sert d’exutoire.

jeudi 17 février 2011, par Alex

Lutte de classes en Egypte : le soulèvement de février 1946, freiné par la marche à guerre contre Israel (1948) qui sert d’exutoire.

Ce texte est écrit à à partir du livre « La lutte de classe en Egypte (1945-1970) » de Mahmoud Hussein. L’auteur montre comment la guerre contre l’Etat d’Israël né en 1948 a servi d’exutoire au régime égyptien menacé par un soulèvement étudiant, ouvrier, par la lutte de classe. Les trois conséquences à long terme de cette guerre, décrites à la fin du texte, sont encore les principales lignes de force qui façonnent le cadre politique, social de l’Egypte actuelle. Ce texte donne donc des clés pour comprendre les bases de classe qui caractérisent l’armée dans l’Egypte actuelle, traits hérités des années 1945-1952. Cette armée a la particularité d’être quasiment une classe sociale à elle-seule, ce qui n’est pas le cas dans un pays comme la France.

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Les soulèvements populaires puissants marquent la période d’après la seconde guerre mondiales. Ils culminent en février 1946, puis interrompus par la guerre contre Israël (1948), en janvier 1952.. La première période (1945-1947) est marquée par la jonction entre les mouvements ouvrier et étudiant., au cours de laquelle la lutte pour le départ des troupes anglaises et contre la répression intérieure prend la forme de manifestations de masse mobilisant l’ensemble des luttes populaires. Elles se doublent de luttes ouvrières revendicatives très violentes notamment dans les usines dépendant de la banque Misr à Mehalla el Kobra et Choubra el Kheima, touchant directement les bastions du capital égyptien. (L’usine de filature et Tissage du groupe Misr à Mehalla - Misr Spinning and Weaving Company - située dans le delta du Nil fut récemment en septembre 2007 le théâtre d’une grève importante. C’est la plus grande usine d’Egypte. Les 24000 travailleurs de cette entreprise publique l’ont occupée durant toute une semaine et se sont organisés de telle manière que les forces de sécurité n’ont pas su intervenir pour casser le mouvement. Les ouvriers ont fini par l’emporter).

La création politique la plus importante de la première période est le Comité national des ouvriers et étudiants en février 1946, centralisant l’activité politique de nombreux comités de base groupant dans les usines, les universités, les écoles secondaires et techniques, des communistes, des Whafdistes de gauche, des syndicalistes et des « démocrates » de diverses tendances. Ce Comité national s’est constitué quelques jours après que la police eût fait ouvrir le pont Abbas, près de l’université du Caire, au moment où une manifestation réclamant le départ d’Egypte des troupes anglaises s’y était engagé. Bilan : plusieurs morts et une centaine de blessé qui mobiliseront le pays tout entier dans un mouvement de colère dont le Comité national sera pendant plusieurs semaines le principal interprète. Il organise pour le 21 février une manifestation à laquelle il demande à toutes les couches nationales de la population de participer, en même temps que les syndicats lancent un appel à la grève générale.

La grève générale sera unanimement suivie, alors que toutes les grandes villes égyptiennes connaissent des manifestations grandioses. La manifestation du Caire entrera dans l’histoire du mouvement anti-impérialiste mondial en lui donnant le 21 février pour jour anniversaire symbolique. Les participants débouchant sur la place Ismaïlia seront accueillis à coups de mitrailleuses par les troupes anglaises cantonnées dans leurs casernes.

Pour les funérailles des martyrs tombés ce jour-là, le 4 mars suivant sera décrété jour de deuil et massivement fêté à Alexandrie. Le mouvement national se déployait de plus en plus amplement. Le Palais ne pouvait plus que jouer sa dernière carte. La répression, brutale et sans vergogne, s’abattra en juillet 1946 sur tout le territoire. Les militants des diverses organisations ayant participé à l’essor du mouvement durant les six mois précédents seront arrêtés par centaines. Les cadres organisationnels du mouvement seront démantelés — et le Comité national disparaîtra.

Mais le mouvement trouvera alors pour s’exprimer, en profondeur, des formes nouvelles. Des contacts entre les usines et les facultés, entre certaines usines et les campagnes environnantes noués au cours des mois d’essor général — se feront plus réguliers, plus systématiques. Des embryons d’organisation de masse, où les groupes communistes jouent un rôle important, naissent en diverses régions.

Loin d’avoir été brisé, le mouvement populaire, seulement désorienté par la répression, cherchait déjà à contourner les obstacles qu’elle lui opposait, créait de nouveaux moyens de s’élancer, avec plus d’efficacité cette fois.

C’est alors, au début de 1948, que la guerre de Palestine allait fournir au Palais et aux Anglais une occasion de reprendre vraiment l’initiative des événements — en utilisant le danger de création de l’Etat d’Israël comme un moyen de redonner au Roi le rôle d’un dirigeant national.

Quelles furent les circonstances concrètes dans lesquelles elle fut déclenchée ? Dès la fin de la guerre mondiale, les formes populaire de la lutte de libération palestinienne — sauvagement réprimées lors de l’écrasement de la grande révolution populaire palestinienne, en 1939 — réapparaissaient en Palestine, directement orientées contre la colonisation juive.

Et cette lutte rencontrait un écho profond au sein des peuples arabes des pays voisins. En Egypte, un mouvement de solidarité militante se développait — mettant à l’ordre du jour l’envoi de volontaires en Palestine, rattachant le combat du peuple palestinien à celui du peuple égyptien, exaltant les symboles de la guerre populaire.

Cette situation comportait des dangers à la fois pour l’impérialisme britannique, la colonisation juive et les dirigeants arabes réactionnaires tels que le roi Farouk.

Pour les impérialistes britanniques, elle menaçait de généraliser les foyers de guérilla et la guerre populaire dans le monde arabe — mettant en cause sa domination sur une des régions stratégiques les plus importantes du monde. Pour les nationalistes juifs, elle menaçait de constituer la seule force arabe capable de mettre en échec leur projet de la colonisation de la Palestine - la force armée du peuple palestinien, appuyée sur des formes de solidarité populaire militante de la part d’autres peuples arabes. Pour Farouk, enfin, elle menaçait de développer le mouvement anti-impérialiste jusqu’au stade de la guerre populaire qui balaierait définitivement son régime.

Il fallait, pour tous ceux-là, que la lutte du peuple palestinien soit étouffée et qu’avec elle soient ensevelie sous les mots d’ordre de guerre du peuple au Moyen-Orient arabe. Le meilleur moyen d’atteindre ces objectifs, du point de vue des impérialistes britanniques et des régimes arabes qui dépendaient d’eux, se révéla être l’intervention de ces régimes, comme parties prenantes dans une guerre classique contre l’Etat naissant d’Israël.

Ce moyen permettait, en effet, d’étouffer le peuple palestinien sous le couvert des mots d’ordre hypocrites de solidarité avec lui, sous le poids de « l’aide » qu’on lui apportait. C’était la forme la plus sournoise et la plus radicale d’écrasement — alors que même son éventuelle défaite, les armes à la main, face à l’armée Israélienne laisserait intacte, voire exalterait, la signification de son combat et pouvait déclencher, au sein des autres peuples arabes, des réactions imprévisibles.

Les impérialistes britanniques y voyaient une possibilité de dévoyer le mouvement national populaire orienté principalement contre eux dans les pays arabes, en même temps que d’affaiblir, autant que possible, l’Etat d4israël qui devenait la plaque tournante de l’influence américaine, concurrente de la leur dans la région, au profit des régimes dépendants d’eux.

Le roi Farouk y trouvait l’occasion à la fois de canaliser et de prendre en main le mouvement national égyptien, de rehausser son prestige déjà atteint par le développement de la crise nationale et, éventuellement, d’acquérir des avantages territoriaux.

Le roi Farouk « n’inventait » pas un ennemi au peuple égyptien. L’Etat Israélien en formation était un ennemi réel. Mais en orientant le sentiment populaire dans le sens d’une guerre classique des Etats arabes contre Israël — fondée sur l’élimination du rôle du peuple palestinien dans cette guerre — le Roi entraînait le peuple égyptien dans une guerre qui ne représentait pas ses intérêts fondamentaux, en même temps quelle étouffait le combat qui était le sien — le combat, au niveau populaire, contre l’impérialisme britannique et la solidarité avec le peuple palestinien contre l’Etat d’Israël.

Cette guerre était donc un moyen, utilisé par Farouk, pour canaliser à son profit les sentiments anti-coloniaux du peuple égyptien et pour orienter le mouvement populaire anti-impérialiste vers une impasse. Elle ne permettait absolument pas au peuple égyptien de contribuer à la défaite de l’Etat d’Israël naissant. Elle donnait seulement un répit intérieur au régime monarchique et à ses protecteurs britanniques.

Mais la défaite de l’armée régulière égyptienne aura des conséquences, imprévisibles au départ, pour les protagonistes de ce com-plot — à long terme et à court terme.

A long terme, la première conséquence est d’abord d’une importance politique capitale pour le peuple égyptien tout entier. Israël fait dès lors partie de ses ennemis permanents ; il est perçu comme tel à l’échelle des plus larges masses — et la défaite est ressentie comme une humiliation nationale directe.

Jusque-là, la colonisation juive était ressentie comme une humiliation indirecte, aux formes sournoises, souvent difficiles à formuler. A travers la solidarité spontanée, instinctive, des masses égyptiennes avec le peuple palestinien opprimé, cette humiliation ne prenait pas encore, à l’échelle de toute l’Egypte, la forme immédiate d’une défaite nationale égyptienne.

A partir de 1949, l’attitude vis-à-vis de l’Etat d’Israël fera désormais partie de l’horizon politique permanent du peuple égyptien.

Sa présence, imposée par la conquête — c’est-à-dire par le sentiment permanent que les peuples arabes sont incapables de la repousser — va le situer dans le cadre des Etats qui, sous une forme ou sous une autre, oppriment le peuple égyptien.

Suivant les circonstances politiques ultérieures, il apparaîtra sur la scène des ennemis immédiats, parfois seul et parfois associé à d’autres Etats (Angleterre, France, U.S.A., etc.). Mais il sera toujours là — précisément parce que la forme d’oppression que sa présence comporte est celle de la colonisation de peuplement, de l’installation territoriale militaire et qui se veut définitive.

Tous les autres ennemis du peuple, étrangers et locaux, peuvent camoufler, dans des mesures diverses, leur oppression ou leur exploitation (formes indirectes de domination étrangère, économiques au lieu de militaires ou directement politiques ; formes d’exploitation à travers des prêts à long terme, le commerce extérieur, le capitalisme d’Etat, etc.).

Les causes profondes de la défaite — ses raisons de classe — ne seront pas dégagées réellement (seule la dégradation morale du Palais et l’inefficacité « technique » de l’armée, qui n’avait pas été « préparée » par lui à la guerre, seront mises en évidence). C’est ce qui permettra à l’équipe nassérienne de prétendre, quelques années plus tard, laver l’affront de l’armée en créant une autorité politique forte et en dotant l’armée de moyens techniques modernes.

Nous sommes ainsi menés à la deuxième conséquence à long terme de la défaite. Elle va permettre à une force de relève politique bourgeoise de se cristalliser au sein de l’armée — les « Officiers libres ».

L’armée égyptienne, dont la guerre de Palestine constituait la première expérience militaire réelle allait en effet, après sa défaite, se sentir dégagée de son allégeance envers le roi. Or cette armée restait, jusque-là, un instrument que le roi gardait en réserve et dont il espérait pouvoir se servir, le cas échéant, au détriment du Wafd — ou pour appuyer ses revendications aux Anglais.

C’est pourquoi il avait cherché à la dégager de tout rôle répressif et, jusque-là, à préserver son prestige. Il avait surtout cherché, depuis son accession au trône, à renforcer ses effectifs et ses moyens d’action, pour en faire quelque chose de plus qu’un corps de parade, ouvert aux seuls fils de grandes familles. C’est aux termes du traité anglo-égyptien de 1936, conclu à la suite d’un grand mouvement antibritannique, que les Anglais ont accepté d’ouvrir l’accès de cette armée aux fils de la moyenne bourgeoisie et des couches relativement aisées de la petite bourgeoisie (aux familles capables de payer les frais élevés de l’Académie militaire).

C’est ainsi qu’à la fin des années 1940, le corps principal des officiers inférieurs et moyens est constitué d’éléments égyptiens de souche, sans rapports historiques avec la classe dominante, reliés par leur origine et leur idéologie à la bourgeoisie rurale, et reliés par leur position de classe au sein de l’appareil d’Etat à toutes les catégories de fonctionnaires intermédiaires bourgeois, nationaux et hostiles à l’emprise étrangère, à l’aristocratie et aux compradores. Ce corps était particulièrement sensible aux formes d’oppression nationale découlant de l’occupation britannique — puisque non seulement la promotion aux postes dirigeants était soumise à une volonté étrangère mais la vocation même de l’armée nationale, celle de représenter la capacité militaire de la nation, était battue en brèche par la présence imposée de forces militaires étrangères sur le sol national. Il était, enfin, directement sensible au caractère rétrograde de l’appareil d’Etat — qui rendait impossible la transformation de l’armée en un corps moderne, efficace — en une armée digne de ce nom.

A partir de la défaite de Palestine, l’organisation nationaliste secrète des « Officiers libres », qui recrutait jusque-là de rares adhérents, au sein de cette couche d’officiers, va se développer et se transformer en une organisation capable de s’emparer du pouvoir d’Etat.

Ce ne sont plus seulement les griefs des officiers les plus audacieux contre le régime d’occupation qui s’expriment au sein de cette organisation, mais l’humiliation de toute « l’élite » petite bourgeoise de l’armée, après une défaite dont elle ne se sent pas responsable. Non seulement le terrain du recrutement des adhérents va s’élargir, mais les objectifs de l’organisation vont se préciser — renversement du roi, évacuation totale, renforcement qualitatif de l’armée pour préparer le pays à riposter à l’agression israélienne — et la détermination à agir des « Officiers libres » va se préciser, encouragée par la désaffection du pays tout entier vis-à-vis du régime, le nouvel élan de masse contre l’occupation britannique et la haine nationale profonde contre l’Etat naissant d’Israël.

Pour les dirigeants des « Officiers libres », une certaine vision des transformations à accomplir en Egypte prend alors forme. Ils commencent à faire le lien entre l’inefficacité de l’armée et la dégradation du pouvoir d’Etat ; entre cette dégradation et la crise économique et politique de la société égyptienne.

Partant de l’aspiration première à rénover l’armée, ils commencent à se rendre compte que cette rénovation implique nécessairement une réforme au sein de l’Etat et que cette dernière, à son tour, doit s’appuyer sur des réformes économiques — permettant de dépasser la crise qui étouffait l’Egypte : une réforme agraire définissant un plafond de la propriété et réorientant une partie du surplus agricole vers la ville et une série de mesures administratives et organisationnelles donnant un vigoureux essor à l’industrialisation intérieure — à condition de s’appuyer sur un flux de capitaux étrangers.

En retour, cet ensemble de transformations garantirait le développement et la modernisation continus de l’armée — puisque le niveau technique d’une armée ne peut que dépendre, à long terme, du niveau technique de l’économie sur laquelle elle repose.

L’ensemble du processus répondrait à une aspiration commune à tous les égyptiens, celle d’affirmer l’identité nationale égyptienne, face aux diverses forces étrangères qui l’opprimaient ou la défiaient — serait donc assuré de l’appui d’une grande majorité d’égyptiens. Ainsi pourraient être reprises en mains les masses populaires en train d’échapper à toute tutelle ; ainsi pourrait être canalisé, pour de bon, leur élan, au bénéfice de la consolidation de la voie bourgeoise nationale.

Ainsi donc pourrait être freiné le processus de lutte de classes qui commençait à désagréger la structure sociale et à menacer toutes les catégories de possédants.

L’armée étant le seul instrument de ces transformations, il fallait qu’elle devînt le pilier principal de l’appareil d’Etat, à partir duquel une rénovation, une « purification » de l’Etat tout entier pût être entreprise.

L’armée avait donc un rôle à la fois politique et idéologique à jouer ; elle devait rendre à l’Etat sa cohésion, et son prestige et lui insuffler une efficacité nouvelle.

Ainsi, dans l’esprit des dirigeants des « Officiers libres », les aspirations de « l’élite » petite bourgeoise militaire rejoignaient certaines aspirations de la « nation tout entière ». En renforçant l’Etat et, en particulier, sa puissance militaire, ils restauraient la « dignité nationale du pays ». En s’appuyant, pour ce faire, sur des transformations économiques permettant de dépasser la crise globale du régime, ils promouvaient par là-même un développement capitaliste plus vigoureux, créaient de nouveaux emplois, multipliaient le pouvoir d’achat intérieur, etc.

Avec la défaite de Palestine, prenait ainsi naissance une force potentielle de relève du pouvoir d’Etat monarchique, dans le cadre des rapports de production existants . Cette relève n’était pas une « fatalité historique ». Une partie de « l’élite » petite bourgeoisie militaire aurait pu se joindre au mouvement de masse, s’il avait été orienté par une direction révolutionnaire prolétarienne vers des objectifs révolutionnaires concrets. On verra plus loin qu’ en 1952, cette « élite » sera isolée du mouvement de masse par les « Officiers Libres », à la faveur de l’inquiétude de tous les possédants face au « chaos » qui s’instaurait.

Enfin, la troisième conséquence à long terme de cette défaite sera l’attitude nouvelle de l’Angleterre et surtout, par devers elle, des U.S.A., vis-à-vis du régime monarchique. Ils le sentent condamné — et voient avec de plus en plus d’inquiétude monter la « marée rouge » de la colère populaire contre l’occupation et la monarchie à la fois. Ils vont être, alors, de plus en plus disposés à tolérer un éventuel coup d’Etat permettant d’endiguer la marée populaire et de donner une nouvelle efficacité à l’Etat égyptien.

A court terme, la défaite allait reporter toute la puissance du mouvement national de masse contre ses ennemis à l’intérieur du pays. Provisoirement détournées d’eux, les masses populaires allaient dès lors s’élancer contre eux avec une intensité d’autant plus grande qu’elles les rendaient responsables de la défaite.

Cette fois, la monarchie elle-même était — on l’a dit — irrémédiablement désignée comme l’un de ces ennemis.

C’est ainsi que la fin de la guerre prépare un nouvel essor (1950-1952) du mouvement patriotique de masse. Elle va conférer à ce mouvement un degré qualitativement supérieur de solidarité nationale, de conscience populaire et d’efficacité.
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La guerre de la monarchie égyptienne contre Israel (1948) vue par Victor Segré (juif communiste Egyptien) 17 février 11:25, par Alex

Dans ses mémoires Un aller sans retour : L’histoire d’un juif communiste Egyptien publié en 2009 chez l’Harmattan, Victor Segré qui militait en Egypte à l’époque dans l’organisation d’Henri Curiel décrit la situation d’après-guerrre en Egypte. le caractère révolutionnaire de la situation de 1946 à 1948 (grèves insurrectionnelles, police en grève etc).

On lit dans l’extrait suivant :
Le gouvernement ayant perdu de son autorité, la situation politique en Palestine constitue une bonne aubaine pour le pouvoir moribond pour attiser le feu du nationalisme et détourner la colère du peuple vers un autre ennemi.

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Malgré une forte répression, les manifestations s’étendaient dans les villes et prenaient de l’ampleur, et c’était la première fois que les manifestants osaient lancer des slogans contre le roi et la dictature monarchiste.
Le roi avait promis, pour calmer la fureur des masses, nourriture et chaussures au peuple. Promesses vaines, bien entendu. . Les masses réclamaient et scandaient : « Wein Al Ghaza Wal Heza Ya Malek Al Nissa ! », « où sont la nourriture et les chaussures, O Roi des Femmes. » Il était connu que le roi était un grand chasseur de femmes, causant parfois de grands scandales que le pubIic tôt ou tard découvrait, un public surtout puritain et qui voulait avoir un grand respect pour son roi.

Les slogans scandés contre le roi causaient un grand effroi parmi les forces de police. Cette audace sans précédent illustrait l’impuissance du pouvoir. L’agitation sociale gagna ainsi tout le pays et dégénéra en violentes émeutes englobant les grandes villes.

En février/mars 1948, les officiers de police revendiquent de de meilleures conditions de travail, déclenchent une grève et occupent j le jardin de l’Ezbekieh, près de la place de l’Opéra. Ils resteront dans ce jardin environ deux semaines. Pendant ce temps, les ies émeutes s’étendent et gagnent en violence. Alexandrie est pratiquement entre les mains des manifestants qui réclament des leaders, une ligne politique d’action.

Malheureusement, ni [les organisations communistes, note de M&R] Hadeto et ni le Fagr El Gedid ne sont en position de prendre la direction de ces manifestations. Cette situation révolutionnaire a pris les forces démocratiques de court. Au Caire, les émeutes deviennent plus violentes. Jour après jour, les rangs des manifestants grossissent. Ici, nos camarades arabes de Hadeto dirigent les masses appelant le peuple à la lutte anti-impérialiste, antigouvernementale et antiféodale. Les manifestants apportent leur appui aux grévistes policiers.

Le Premier ministre, Nokrachi Pacha, mobilise l’armée contre les forces de police et les manifestants. Les officiers de police suspendent leur grève alors que les manifestations sont réprimées dans un bain de sang.

Le gouvernement ayant perdu de son autorité, la situation politique en Palestine constitue une bonne aubaine pour le pouvoir moribond pour attiser le feu du nationalisme et détourner la colère du peuple vers un autre ennemi. L’ennemi du peuple égyp tien devient ainsi le sionisme qui est également la cause du malheur des Palestiniens. Il faut absolument aider nos frères palestiniens. L’Egypte ne reconnaîtra jamais un Etat sioniste sur la terre des Palestiniens. L’Egypte va donc engager la bataille contre les sionistes.

Nokrachi Pacha annonce que, si l’Etat juif est proclamé, l’Egypte déclarera la guerre et empêchera l’établissement de ce soi-disant Etat des juifs sur les terres palestiniennes.
Mais l’agitation sociale gagne de plus en plus le pays. Elle dé génère et se traduit par de violentes émeutes qui sont dirigées contre le gouvernement, contre le sionisme, et appellent à la solidarité avec le peuple palestinien. Les manifestants accusent le gouvernement allié des Anglais d’être responsable de la décision du Conseil de sécurité de l’ONU qui a annoncé le partage de la Pallestine.

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