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L’hôpital public après le baratin des négociations du Ségur de la Santé

mercredi 22 juillet 2020, par Ramata, Robert Paris

L’hôpital public après le baratin des négociations du Ségur de la Santé

14 juillet : le cirque aérien de la reconnaissance de la patrie aux personnels soignants

Le vol de la patrouille de France soi-disant au-dessus des hôpitaux est une illustration tricolore de la manière dont l’argent public s’envole en fumée sans jamais retomber en pluie d’argent sur la santé publique et ses soignants qui ne seront pas plus respectés,, aidés et payés demain qu’hier. Ce n’est pas de démonstrations militaires que l’hôpital a besoin mais d’effectifs et de moyens et le gouvernement, malgré ses airs hypocrites et les nécessités du covid, n’est nullement décidé à le faire ! Alors, on en a assez d’être les héros sacrifiés des guerres de ce pouvoir qui ne compte pas l’argent pour ses guerres mais lésine pour leurs victimes !

Nos revenus pas mieux qu’avant Ségur !

Ne comptez pas sur les énormes négociations de Ségur (énormes seulement pour leur mise en scène, leur durée et le nombre de participants) pour réellement arrondir vos fins de mois ! 90 euros par mois, même pas immédiatement mais en septembre, puis la même chose dans un an (qui sait où en sera alors l’inflation et donc la valeur réelle de ces 90€ ?!!!), voilà tout ce qui a été pondu au bout de plus de deux mois de négociations !!! Cela ne couvre même pas les hausses de prix, les efforts fournis, les risques supplémentaires, le travail supplémentaire et le stress supplémentaire !

Le protocole d’accord du Ségur de la Santé prétend donner une augmentation de 180 euros par mois pour tous les salariés de ce secteur, mais c’est entièrement faux. Ce n’est que 90 euros qui sont donnés dans un premier temps et même pas immédiatement ! Ce n’est pas pour tous les personnels de santé puisque les travailleurs des entreprises sous-traitantes (le ménage, la sécurité, la restauration), qui n’existent pas pour le gouvernement, ne les toucheront pas même s’ils sont indispensables au fonctionnement des hôpitaux.

Seulement 90 euros immédiatement alors que depuis des années les salaires sont bloqués avec le point d’indice et que le simple rattrapage nécessitait au moins 300 euros pour tous sans compter toutes les souffrances liées à covid qui ne sont nullement prises en compte !!!

Au Ségur de la santé, Véran propose 6 milliards pour les personnels non médicaux contre trois cent milliards pour la santé des capitalistes !!!

Pour augmenter les salaires des personnels de santé de l’hôpital public de quelques centaines de centimes, pour donner aussi un petit peu d’argent à l’hôpital public que tous reconnaissent détruit et paupérisé, il faut deux mois de négociations du Ségur de la Santé. Pour distribuer des milliers de milliards aux trusts, aux banques, aux financiers, aux bourses, aux assureurs, à tous les capitalistes, il ne faut qu’une simple déclaration gouvernementale !!

En poussant les personnels à faire des heures supplémentaires dans le texte de l’accord, le gouvernement reconnaît à la fois qu’il n’embauchera pas suffisamment et qu’il n’augmentera pas assez les salaires !!!

L’hôpital public après Ségur pas mieux qu’avant

Ils avaient prétendu que, grâce au Ségur, rien ne serait jamais plus comme avant, que l’hôpital public serait massivement renforcé, notamment pour faire face à un retour de covid. Eh bien, ce n’était que de la com. Les restrictions en effectifs et en moyens (lits, matériels, services, hôpitaux) vont continuer à être réduits comme ils l’ont été année après année !!! En termes d’effectifs, le Ségur promet quinze embauches par hôpital de 1000 salariés alors qu’il faudrait, face à la nouvelle pandémie, quasi doubler les hôpitaux et leurs effectifs !!! En termes de conditions de travail des soignants, celles-ci sont encore aggravées : repos quotidien sera réduit à 11 heures au lieu des 12 heures réglementaires, une annualisation fera varier la référence hebdomadaire entre 32 et 40 heures en fonction de l’activité, au lieu des 35 heures légales, des contrats signés individuellement pour un quota annuel d’heures supplémentaires. Il parle de plus d’heures supplémentaires, de plus de souplesse (du personnel), de contractualisation et de négociation locale sur le temps de travail, avec une enveloppe budgétaire supplémentaire afin de faciliter la négociation de ces accords locaux qui s’imposeront à tout le personnel de l’établissement concerné. En somme, tout empire !

Les syndicats ont participé à la duperie

Au Ségur de la santé, trois syndicats approuvent le projet d’accord sur les salaires des métiers paramédicaux et non médicaux, qui va, du coup, pouvoir entrer en application !!! Et les autres syndicats, CGT et SUD, qui n’ont pas signé, ont participé à ce Ségur de la tromperie et l’ont ainsi cautionné !!!

Les chiffres parlent d’eux-mêmes

8,1 milliards d’euros aux personnels hospitaliers au Ségur de la Santé selon le gouvernement (même si leur calcul semble fallacieux), mais, sans Ségur, sans négociations laborieuses, sans accord âprement discuté, le même gouvernement donne 500 milliards d’aide aux capitalistes qui n’ont même pas eu besoin de les leur réclamer !!! Et ce n’est que l’un des multiples plans d’aide aux capitalistes comme celui en commun avec l’Allemagne avec 750 milliards. La santé du grand capital a plus l’oreille du pouvoir que la santé publique, même en période de pandémie !

Vive la grève pour les 300€ pour tous !

Nous, personnels soignants, renouvelons depuis 3 semaines maintenant nos appels à amplifier la lutte pour nos conditions de travail et nos salaires malgré la répression violente. Cela concerne tout le personnel salarié, mais aussi les professions libérales, infirmières, sages-femmes, médecins, kinés etc…, bref tous ceux payés par le régime de la Sécu. Celle ci n’a jamais cessé d’être attaquée depuis 25 ans. Plus généralement, c’est l’ensemble des salariés et des travailleurs qui ont des salaires bloqués ou des revenus de chômage en baisse qui payent les politiques de défiscalisation des entreprises licenciant et payant de moins en moins de cotisations à la Sécu. C’est par un mouvement général, collectif et organisé par nos comités de grève et de gilets jaunes que nous ferons aboutir nos revendications.

Retournement de situation

Alors que, pendant les semaines de haut niveau du covid, le personnel avait du mal à se faire tester, certains collègues sont même restés plusieurs jours sans se faire tester alors qu ils avaient été en contact avec des personnes covid + et qu’ils présentaient des signes plus que suspects, voilà maintenant qu’on nous a invités à participer à des études, notamment l’essai prep covid (prise d’hydroxychloroquine....), car, disent-ils, "la protection des personnels hospitaliers est essentielle pour le système de santé"...

Vaste blague !!! Quand on était en plein covid, tester les personnels n’était pas leur priorité alors que l’épidémie battait son plein et que le nombre de cas augmentait tous les jours. Les personnels de santé étaient pourtant particulièrement menacés. Maintenant qu’il s’agit de faire des études et de faire tester des médicaments parce que c’est rentable pour les labos pharmaceutiques, là notre santé est prise en compte !

C’est bien une prime au mérite !!

A Cochin, les cadres se sont vus attribuer une prime de remerciement en plus de la prime covid. Cette surprime n’a été distribuée qu’aux cadres et les agents n’en ont pas vu la couleur. Pourquoi une telle différence ? Les personnels soignants seraient donc moins méritants que les cadres dans les efforts et le travail fourni pendant cette période de hausse du Covid ? Bien sur que non !! Ou est-ce que ce serait pour remercier les cadres d’avoir largement supprimé les CA des agents même quand il était possible de les donner, les annulant sans discernement. Ou serait-ce pour les remercier d’avoir déplacé les agents dans les unités covid mises en place pour faire face à la pénurie de malades, en ne respectant tout simplement pas le roulement des agents, ni les temps de repos. Sans parfois en informer les agents qui se retrouvaient à connaitre leur affectation la veille pour le lendemain quand ce n’était pas à l’agent d’appeler la cadre afin de connaitre son roulement. Eh oui, la direction sait remercier quand ses ordres sont exécutés à la lettre et même si cela se fait au détriment des agents !!

Nous ne sommes pas des pions

Alors que nos CA ont été supprimés pendant la période covid, voila maintenant que les cadres nous pressent afin de poser nos CA. Pas là où on veut, pas le nombre que l’on souhaiterait mais là où on nous l’impose, en nous faisant bien comprendre qu’il faudra de toutes façons les poser là où il y a de la place même si ça ne nous arrange pas. Il est vrai que les effectifs du personnel n’ont pas augmenté, nous sommes toujours à flux tendu, et la direction ne met toujours pas de moyens afin de permettre aux personnels épuisées par cette période difficile de prendre leurs congés quand ils le souhaitent.

Passage en force

Dans certains services, le passage des personnels en 12h s’est fait quasiment d’une semaine sur l’autre sans consultation des personnels. Ceux qui n’étaient pas d’accord n’avaient qu’à s’en arranger et tant pis pour leur vie privée et leur organisation de famille ! Pourquoi un tel passage en force ? La direction a profité de la période covid pour faire passer les 12h sans consultation des personnels au prétexte que c’était plus facilitant pour l’organisation des services, la gestion des plannings ... en cette période de covid. Mais une fois cette période de covid en hausse passée, avec diminution du nombre de cas, pas de retour à la normale les services : ils restent en 12h ! Pourquoi ? Parce que la direction y a vu une très belle opportunité de faire des économies de personnel !

Et aussi passage en force de la réforme des congés bonifiés

Annick Girardin, l’ex ministre des Outre-mer, avant de sortir du dernier gouvernement, a tenu coûte que coûte à réformer les congés bonifiés des ultras marins qui travaillent dans fonction public avant son départ. Et cela à la veille même de son départ et avec une prise d’effet immédiate. Rien ne peut les faire reculer quand il s’agit d’enlever des acquis aux travailleurs. Même pas la situation de covid et même pas la période des vacances.

Vaccinez-nous contre la course au profit

La guerre sans merci des vaccins covid conduit à raccourcir les procédures qui régissent les essais cliniques. Des essais cliniques viennent de commencer sur l’homme ont commencé à travers le monde, mais la production à grande échelle a déjà été lancée, les doses de vaccin déjà achetées et réservées faudra-t-il se vacciner avant de connaître l’efficacité du vaccin. Les Etats vont-ils se rendre complice des labos et faire vacciner les populations alors qu’ils ont interdit des traitements bon marché sans autres preuves que des pseudos études de données médicales ? Ne les laissons pas décider à notre place !

Nos vies rapportent aux labos

Le capitalisme nuit gravement à la santé. Ce sont les mêmes labos qui produisent les outils pour dépister les virus et pour établir les accords tarifaires créant des pénuries des réactifs, ces composants chimiques essentiels au dépistage. De ces molécules on ne sait rien, ni d’où elles viennent, ni à quoi elles servent, ni combien elles coûtent vraiment. Ces secrets industriels, commerciaux et tous les brevets sur la composition de ces réactifs précieux sont des privilèges capitalistes incompatibles avec la santé de milliard d’être humains. Supprimer ces privilèges doit être une priorité des travailleurs. Levons tout secret industriel, commercial et tout brevet sur la composition de ces réactifs précieux pour la santé de milliard d’êtres humains.

Oui, c’est de l’euthanasie !

Un décret pris sous prétexte d’état d’urgence a permis pendant le pic du covid l’accès au Rivotril, puissant sédatif afin soit disant de prendre en charge les malades en Ephad. Le décret permet aussi aux généralistes de se fournir en pharmacie de ville en Rivotril sous forme injectable. La prescription de ce médicament était réservée au neurologue, avec des indications de prescription très limitée car ce médicament a des effets secondaires très important et donc il n’était prescrit que dans des conditions très strictes.

La dépendance dans les actes de la vie a été un élément majeur de refus en réanimation. Dans le tri, les personnes âgées étaient sélectionnées mais également cette notion de dépendance face à une autonomie dans la vie, cette notion du coup est plus large, on peut se poser la question du polyhandicap et de la psychiatrie. C’est un recours masqué à l’euthanasie. Il cache le fait que l’hôpital ne s’était pas donné les moyens d’accepter autant de malades et laissait mourir systématiquement pour ne pas être débordé. Notamment, il refusait l’accès aux malades des EPHAD trop atteints, les laissant mourir. Trier ainsi entre ceux qu’on va sauver (réanimatoire) et ceux pour qui tous les moyens de sauver la vie ne seront pas mis en œuvre (non réanimatoire), cela a signifié choisir sciemment d’éliminer les personnes usées par la société capitaliste et ne lui sont plus directement rentables !!!

Portfolio

Messages

  • Un accord entre syndicats hospitaliers et gouvernement a été trouvé au terme des négociations, dites "Ségur de la santé". L’accord prévoit notamment 7,5 milliards d’euros pour revaloriser les salaires des soignants. "Là, je vous assure, ça fout un coup au moral de voir que c’est toujours les mêmes qui depuis 30 ans signent les accords et qui font un truc à l’envers. On nous avait promis un nouveau monde, on nous avait promis une modernité, un ‘quoi qu’il en coûte’, et puis on se retrouve avec le monde d’avant en pire", a déploré lundi 13 juillet sur franceinfo Patrick Pelloux, président de l’Association des Médecins Urgentistes de France.

    "Concernant les urgences, il n’y a aucun progrès. Il ne se passe rien de moderne. On nous avait promis un nouveau monde, on a l’impression que c’est le monde du passé qui est en train d’être institutionnalisé pour des années. Il n’y a rien sur les gardes, il n’y a rien sur la permanence de soins, il n’y a rien sur la valorisation du temps additionnel, c’est-à-dire des heures supplémentaires. Là, dans le Ségur, il n’y a aucun moratoire. On va continuer la fermeture des hôpitaux et ça, je trouve vraiment que ce n’est pas bien ce qu’ils font", a ajouté l’urgentiste.

    "Nous avons l’impression que tous ceux qui se sont engagés et qui ont fait le boulot pendant la crise du coronavirus, les réanimateurs médicaux, les anesthésistes, les médecins urgentistes, sont les laissés-pour-compte de cet accord. On a fait plein de propositions pour moderniser l’hôpital, moderniser sa démocratie, moderniser sa gouvernance et il n’y a rien du tout", a également déclaré Patrick Pelloux qui dénonce les "magouilles des syndicats" : "J’applaudis les syndicats qui ont réussi à faire des magouilles dans le dos des autres et qui ont réussi à s’arranger. C’est la France des clans, c’est la France des potentats, c’est la France qui fait croire que c’est un accord majoritaire alors que ça ne l’est pas. Ce sont des négociations de couloirs."

  • Annoncée le 25 mars par Emmanuel Macron pour remercier les « soignants qui se battent aujourd’hui pour sauver des vies », la prime Covid, défiscalisée et exemptée de cotisations sociales, a des airs de fumisterie. Au CHU de Nice, l’intégralité des 1 500 euros promis par le ministère de la Santé n’a été perçue que par 40 % des effectifs. Les autres ont dû se contenter du tiers de l’enveloppe.

  • Dans le « Relevé de décisions FLASH - Cellule de crise Pitié-Salpêtrière » du 17/08/2020, on peut lire :

    « Les DRM SAMU pour Covid sont orientées nettement et durablement à la hausse. Les flux des patients hospitalisés en réanimation et en hospitalisation conventionnelle sont en très forte hausse. Il est rappelé qu’au regard de l’évolution de la pandémie et de la position institutionnelle, les ESR ne sont pas en mesure d’absorber l’ensemble des cas positifs. Chaque établissement doit pouvoir maintenir sur site des soins adaptés aux patients Covid-19. PSL poursuit sa priorisation de prise en charge pour les patients du site et Groupe Hospitalier en lien avec les capacités des autres sites d’APHP.SU, et son activité de coordination de la réponse sanitaire. »

    D’avance l’hôpital public décide de ne pas recevoir en réanimation tous les malades !!!

  • Ce n’est pas la population qui est responsable de la propagation du virus, ni par son afflux aux urgences de la dégradation des conditions de travail du personnel hospitalier !

    Le Ministre Castex, "on a applaudi les soignants, et on a bien fait. Ce serait bien que par nos comportements de tous les jours, on évite que dans 15 jours, les services de réanimation se remplissent à nouveau. C’est à notre portée."

    Tout cela pour se décharger de leur responsabilité dans la manière désastreuse dont a été gérée l’épidémie de coronavirus. Et faire reporter sur nos comportements, qui sont le port du masque, les mesures de distanciation sociale, le respect des interdictions de rassemblements avec à nouveau des fermetures de lieux de rencontres comme les restaurants à Marseille, la justification d’une surveillance policière accrue pour contrôler que toutes les mesures sont respectées, que les gens ne s’approchent pas trop, ne se font pas la bise, ne sont pas trop nombreux, ne portent pas le masque sous le nez, et la justification des sanctions sous forme d’amendes ou de peine de prison. Sous peine d’être traités de criminels potentiels ! Le contrôle de nos comportements, c’est le contrôle des corps et ca a un nom : le fascisme.

    C’est à nous que ce gouvernement fait porter le risque de débordement de la capacité d’accueil des hopitaux, alors que ce même gouvernement continue la casse de l’hôpital public, en réduisant encore plus le nombre de lits, et en n’embauchant pas plus de personnels de soins.

    Non ce n’était pas une bonne chose d’applaudir les soignants ! Les soignants ne faisaient que leur travail qui est de soigner, et on n’avait pas à les applaudir parce qu’ils le faisaient dans des conditions lamentables, sans masque FFp2 et FFp3, sans surblouse, sans moyens ni matériel, sans place d’accueil pour les vieux qu’ils ont laissé mourir dans les Ephad.

    On n’applaudit pas des travailleurs qui sont envoyés au front sans arme !
    C’est notre colère, que nous devons exprimer ! Notre indignation contre ceux qui détruisent nos conditions de vie, et notre avenir !

    Et qui nous amènent dans un totalitarisme dont nous aurons du mal à sortir, si nous ne nous révoltons pas avant qu’il ne soit trop tard !

  • Non à l’amour, oui au soin…

    « Les Français aiment leurs soignants. Chaque soir, pendant deux mois, ils les ont soutenus ; chaque soir, pendant deux mois, des applaudissements ont retenti dans nos villes et dans nos campagnes, pour leur dire la reconnaissance de toute la Nation. Dans les hôpitaux, dans les EHPAD, dans les cabinets et au domicile des malades, des femmes et des hommes ont été en première ligne d’une crise sanitaire qui a très durement frappé la France. Nous leur devons tant. »
    Voici comment s’ouvre, dans ses « conclusions », le rapport du Ségur de la Santé (nous citons, très exactement et en son intégralité, le premier paragraphe du dossier de presse, datant de juillet 2020).

    Ce préambule, à qui le devons-nous ? A Olivier Véran, Ministre de la Santé…
    Sait-il, savez-vous, que pendant ce temps la direction de l’EHPAD de Livry-Gargan initiait une enquête administrative contre une soignante ? Contre celle qui a alerté sur le manque de moyens à la disposition des personnels et des résidents de cet établissement lors de la crise sanitaire. Contre celle qui, n’étant pas écoutée, s’est tournée, en désespoir de cause, vers les médias. En désespoir de cause…

    « Les Français aiment leurs soignants ».

    Mais voilà que nous découvrons que l’enquête administrative consiste à réunir les agents les plus effrayés de cet EHPAD afin de leur faire signer un document indiquant que tout s’est bien passé dans cette structure pendant l’épidémie…

    « Les Français aiment leurs soignants ».

    Voilà que nous découvrons que les agents ayant signé la pétition en soutien de cette soignante lanceuse d’alerte sont eux-mêmes menacés de sanctions…

    Tandis que le Ministre de la Santé invoque l’amour, une direction terrifie les agents d’un EHPAD, elle soutient que des têtes vont tomber, qu’elle peut mordre, qu’elle peut licencier… Expressions que les agents concernés disent avoir entendu, expressions que l’on a déjà entendues ailleurs lorsqu’il s’agissait d’intimider… Et ce n’est pas tout…

    Mais nous ne souhaitons pas rapporter davantage ces paroles de haine parce qu’Olivier Véran a déclaré que les Français aiment leurs soignants…

    Selon lui, « toute la Nation » aurait de la reconnaissance envers eux…

    Alors nous voulons rappeler ceci, à la direction de l’EHPAD de Livry-Gargan, cette si pure et absolue gratitude, des Français envers leur soignants : tous les soignants de l’EHPAD sont aimés de tous les Français, de toute la France. Toute la Nation leur doit une grande reconnaissance. Pour l’esprit de sacrifice dont ils ont fait preuve auprès des personnes âgées, dépendantes, fragiles. Nos grands-mères, nos grands-pères… Lorsque masques et autre matériel manquaient, que les effectifs manquaient, ils n’ont pas abandonné leur poste, ils n’ont pas fui le danger, la maladie… Au péril de leur santé, ils soignaient… Emplis de souci et de culpabilité, ils se rendaient à l’EHPAD, ils se rendaient au travail, s’inquiétant de transmettre un virus dévastateur aux résidents dont ils avaient la charge… Puis, emplis de souci et de culpabilité, ils rentraient chez eux, craignant de transmettre ce même virus à leur propre famille… Sans moyens, sans soutien, ou avec si peu, juste des applaudissements qui ne prémunissent guère contre la contamination, ils allaient remplir leur devoir, honorer leur mission… Cela s’est passé dans le 93, ce département si lourdement touché…
    Lecteurs, n’est-ce pas que l’amour ne déclenche pas une enquête administrative ? Que l’amour n’exige pas de signer un document mensonger ? Que l’amour ne sanctionne pas lorsque l’on apporte son soutien à une collègue ?

    Non, toutes les directions n’aiment pas toujours tous leurs soignants… Malheureusement, nous sommes très nombreux, trop nombreux à le savoir… Malheureusement, nous sommes de plus en plus nombreux à ressentir une très grande amertume…

    « Les Français aiment leurs soignants ». Mais ce n’est pas de cet amour-là dont ils veulent, d’un amour fait de mots dans un rapport qui les piègent. Heures supplémentaires défiscalisées, flexibilité, prime d’intéressement… etc.… Et aussi cette réforme des retraites, ce projet d’allongement de la vie professionnelle… De cet amour-là, les soignants n’en rêvent pas, leur corps ne s’y trompe pas : ils ont mal…

    « Les Français aiment leurs soignants ». De telles déclarations, ils peuvent se passer. Les soignants réclament respect et considération. Ils ne veulent pas de mines graves ou apitoyées à l’écran de leur télévision.

    Car les soignants se souviennent des fusions, des restructurations, des fermetures de lits, de services, d’hôpitaux, des réaffectations, des mutations, des sous-effectifs, des commissions de disciplines, des convocations abusives... Ils se souviennent des lacrymo, des Forces de l’Ordre qui barrent le passage aux blouses blanches. Le 16 juin 2020, nous étions aux Invalides.
    A cette déclaration embarrassée Les Français aiment leurs soignants adressée aux soignants par un ministre de la santé, nous répondons respectez-les tels qu’ils sont : excédés mais dévoués.
    A la déclaration d’amour, nous opposons cette exigence : que cessent les attaques contre les soignants !

    Le soin, dans cette situation sanitaire extraordinaire qui est la nôtre, alors que nous sommes tous inquiétés d’une manière ou d’une autre, par un virus très contagieux, le soin, écrivons-nous, peut nous relier pour faire exister la vie.

    Mary Dorsan, soignante en psychiatrie, écrivain

  • Hécatombe chez les soignants partout dans le monde
    En première ligne face au coronavirus, les professionnels de la santé paient un lourd tribut : au moins 7 000 d’entre eux sont morts du Covid-19 dans le monde depuis le début de l’épidémie, selon un rapport d’Amnesty International.
    "Le fait que plus de 7 000 personnes meurent en essayant de sauver d’autres personnes constitue une crise d’une ampleur considérable", a déploré Steve Cockburn, responsable du programme Justice sociale et économique d’Amnesty International. "Tous les personnels de la santé ont le droit d’être en sécurité au travail, c’est un scandale que tant de personnes en paient le prix ultime".

  • UN MONDE D’AVANT ET UN MONDE D’APRES ?
    Plus rien ne sera comme avant à l’hôpital public, nous a-t-on dit. Pourtant, du monde d’avant, il reste le manque d’effectif, le manque de moyens. Il reste des soignants épuisés tant psychiquement que physiquement. Dans tous les services, les arrêts de travail se multiplient. Ceux qui, au moment du pic, ont eu le Covid gardent des séquelles physiques, ils sont en attente d’une reconnaissance de maladie professionnelle qui tarde à être officiellement établie. On ne sait même pas si la maladie professionnelle sera admise seulement pour les malades à venir ou pour les précédents. Aucune embauche n’est prévue dans aucun des services de l’APHP. Les moyens de remplacement n’ont pas permis à l’ensemble des personnels hospitaliers de prendre leurs trois semaines de congés payés minimum dont ils avaient besoin. En somme, les promesses d’un monde meilleur par les politiciens n’engagent que ceux qui y croient et le seul monde meilleur sera celui que nous bâtirons, nous travailleurs, en renversant les classes dirigeantes.

  • CHOISIR PAS DE REPOS OU TRAVAIL DE NUIT

    Sous prétexte de crise sanitaire, la maternité de Cochin est passée en travail de 12H, et depuis ce rythme est maintenu. Comme les repos RH, RT dans tous les services sautent ou sont coupés, ne laissant pas le temps de vraiment se reposer, certains se laissent tenter par les sirènes du passage à 12H qui permet d’avoir plus de jours consécutifs de repos. Mais en fait cela implique plus de jours en travail de nuit. Présenté sur la base du volontariat pour ne pas faire de vague, c’est en fait une pression de tous les jours des cadres sur les soignants. Et cela cache surtout un manque d’effectif la nuit, non compensé par des embauches.
    Le travail de nuit est un tueur pour la santé. D’ailleurs, on constate que les visites de la médecine du travail sont plus fréquentes pour le personnel de nuit. Alors, puisque la nuit nous nuit, les 12 heures aussi !

  • Pour Martin Hirsch, "il est possible que la deuxième vague soit pire que la première" !!!

    Il est gonflé : c’est un des responsables de la catastrophe de l’hôpital public !!!

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