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La « méthode Coué » peut-elle servir à quelque chose, comme inhibition des pensées négatives ?

mardi 15 septembre 2020, par Robert Paris

La « méthode Coué » peut-elle servir à quelque chose, comme inhibition des pensées négatives ?

La méthode Coué
La méthode Coué est souvent décriée et ridiculisée car elle semble affirmer que l’on pourrait soigner des maux réels par de l’autosuggestion, c’est-à-dire simplement en se persuadant que l’on n’est pas malade ! On imagine ainsi que des maladies graves ne seraient pas soignées par des malades persuadés qu’il suffit… de se persuader qu’ils sont en bonne santé…

Bien entendu, la méthode Coué, consistant à s’autoconvaincre que l’on se porte bien ou que l’on se portera mieux ou encore qu’à l’avenir tout va s’arranger ne semble pas apte à soigner des maladies nécessitant médication ou opération. Et pourtant...

En effet, bien des effets maladifs peuvent provenir d’un stress intense connu ou ignoré.

Dans de nombreux cas, l’inhibition d’une autosuggestion négative peut-être réalisée par de l’autosuggestion positive du genre « je vais bien » ou « tout va bien se passer ».

En fait, ce n’est pas seulement la santé qui peut être impactée mais aussi la réussite, le bien-être, les relations avec les autres, le mode de vie, l’image de soi, etc.

On peut combattre des autosuggestions négatives comme « je ne m’aime pas », « on ne m’aime pas », « j’échoue toujours », « je suis toujours maladroit », « j’ai très peur de cette situation », « je vais échouer dans telle épreuve », etc. Il s’agit de se répéter à soi-même une idée inverse ou de donner une certaine consistance à des images opposées.

En effet, de nombreux maux, échecs et blocages proviennent de telles autosuggestions négatives du genre je vais échouer ou je vais attraper la maladie.Dans bien des circonstances, l l’autosuggestion négative est un blocage déterminant ou une cause réelle d echec, y compris dans le domaine médical.

La crainte, le stress, l’autodéfiance, la négativité psychologique peuvent réellement être combattus par la méthode Coué, mais cela nécessite que la personne concernée soit motivée et déterminée, faisant confiance à celui qui la propose. Cela devient alors un type de thérapie.

J’ai bien conscience en écrivant cela que cela peut apparaitre ridicule à nombre de lecteurs et cependant cela a été vérifié de nombreuses fois.

La défiance de soi peut et doit être combattue par de multiples moyens. La méthode Coué est l’un d’entre-eux et il ne faut pas la repousser par préjugé soi disant réaliste. La pensée est elle aussi une réalité et elle intervient sans cesse sur la réalité.

Un refus des réalités psychologiques et des soins psychologiques est l’une des causes du rejet fréquent de la méthode Coué.

Le faux réalisme ou matérialisme de la médecine et le cartésianisme ont trop longtemps amené à séparer soins du corps et soins de l’esprit. Mais même une thérapie médicamenteuse perd en efficacité si le malade manque de confiance en soi ou en ses capacités à recouvrer la santé.

Dans bien des circonstances, l’autosuggestion négative est un blocage déterminant ou une cause réelle d’échec, y compris dans le domaine médical.

Coué avait compris que la conscience, c’est aussi de l’imagination…

L’auto-suggestion est si efficace qu’elle peut même rendre malades des personnes pour des maladies qui ne sont pas considérées comme « psychologiques », comme le cancier par exemple. Dans ce cas, les médicaments et traitements, indispensables évidemment, peuvent utilement être complétés par une autosuggestion positive combattant l’autosuggestion négative.

Qui était l’inventeur de la méthode Coué

Émile Coué de La Châtaigneraie, né le 26 février 1857 à Troyes et mort le 2 juillet 1926 à Nancy, est un psychologue et pharmacien français, auteur d’une méthode de guérison et de développement personnel (la méthode Coué) fondée sur l’autosuggestion.
Il explora au sein de la psychologie moderne des voies originales et nouvelles et fut un précurseur de la psychologie comportementale et de la pensée positive, et un expérimentateur de l’effet placebo.

Ses premières années d’expérience lui font prendre conscience de l’efficacité de la suggestion et de l’action déterminante de l’imagination dans le processus de guérison. Coué commence à développer les premiers principes sur lesquels il bâtira plus tard sa méthode.

Toute maladie est double, produisant ses effets sur la condition physique du patient, mais aussi sur son moral. En guidant l’imagination de manière positive, il est possible de faire pencher la balance du bon côté et par là même de déterminer la guérison. Ainsi, lorsqu’un malade se persuade que la guérison va se produire, celle-ci se produira si elle est possible. Si elle ne l’est pas, il pourra néanmoins obtenir par la suggestion une amélioration optimale de son état.

Parallèlement, Coué apprend l’existence d’un médecin original, le docteur Ambroise-Auguste Liébeault qui exerce à Nancy et obtient des résultats étonnants par la pratique de l’hypnose. Il lui rend, en 1886, une première visite, et se passionne dès lors pour cette discipline relativement nouvelle fondée sur l’efficacité de la suggestion verbale. Il prend également connaissance des travaux du professeur Hippolyte Bernheim, dans lesquels il trouve la confirmation des principes qu’il pressent et expérimente. Ces deux personnalités représentent l’École de Nancy, courant qui se distingue à l’époque, dans ses conceptions relatives à l’hypnose, de l’École de la Salpêtrière du docteur Charcot.

En 1901, il se rend à Nancy pour approfondir ses connaissances et suit quelque temps des conférences à la faculté de médecine. Sa méthode se précise, elle se fonde sur des principes simples tirés de ses observations :

• toute idée que nous avons dans l’esprit tend à devenir une réalité dans l’ordre du possible. Ainsi l’idée de guérison peut produire la guérison. Ou bien encore, sur le plan psychologique, considérer comme facile une chose à réaliser en facilite effectivement la réalisation ;

• notre être inconscient ou imaginatif, qui constitue la partie cachée de notre moi, détermine nos états physiques et mentaux. Il est en réalité plus puissant que notre être conscient et volontaire, qu’il englobe entièrement, et c’est lui qui préside à toutes les fonctions de notre organisme et de notre être moral. Donc chaque fois qu’il y a conflit entre l’imagination et la volonté, c’est toujours l’imagination qui l’emporte ;

• imagination et volonté doivent par conséquent travailler en synergie : lorsque la volonté et l’imagination sont en accord, elles ne s’additionnent pas l’une à l’autre, mais leurs forces se multiplient l’une par l’autre ;

• l’imagination peut être conduite par le moyen d’une autosuggestion méthodique.

« La méthode Coué »

Renonçant apparemment à l’usage de l’hypnose autoritaire et directive, Coué élabore une méthode qui fait appel à la suggestion consciente et méthodiquement conduite d’idées positives. Coué condense sa méthode en une phrase-clef, « Tous les jours, à tous points de vue, je vais de mieux en mieux », à répéter 20 fois le matin et 20 fois le soir, en vue de conditionner l’imagination de manière favorable. En répétant cette formule de manière machinale, sans intervention de la volonté, il croit possible de faire pénétrer mécaniquement dans l’inconscient l’idée d’amélioration, de progrès. Et lorsque cette idée fait son chemin dans les profondeurs de l’inconscient, elle deviendrait agissante.

En 1910, il quitte son officine de Troyes pour s’établir à Nancy, où il fonde une « clinique libre » dans sa résidence de la rue Jeanne-d’Arc. Il y reçoit gracieusement les malades qui viennent le consulter, lors de séances individuelles ou collectives qui ont lieu dans son bureau où des guérisons se seraient produites en grand nombre. On vient bientôt à lui de tous les rangs de la société.

En 1913, Charles Baudouin, alors jeune licencié en philosophie, s’intéresse à ses travaux et contribue à le rendre célèbre. Associé à Baudouin, son premier disciple, Coué fonde l’École lorraine de psychologie appliquée.

En 1922, il publie La Maîtrise de soi-même par l’autosuggestion consciente qui est traduit en plusieurs langues et connaît un succès retentissant. L’ouvrage fait sensation surtout en Grand-Bretagne et aux États-Unis, où il reçoit un accueil public triomphal.

Émile Coué, « La Maîtrise de soi-même par l’autosuggestion consciente »
Voir aussi
Emile Coué

Critique de la méthode Coué

Mme Joanne Wood, professeur de psychologie à l’Université de Waterloo (Canada), a étudié la pertinence et l’impact de la pensée positive. Elle en conclut que les messages positifs que les gens tentent d’intégrer ont, en pratique, souvent un effet négatif.
« Aujourd’hui est le 1er jour du reste de ma vie » ou « Je vais réussir » ne sont par exemple que deux messages positifs parmi tant d’autres qui, répétés régulièrement, doivent permettre de mieux se sentir dans sa peau. Il apparaît cependant que ce genre de messages a un effet inverse sur les gens qui ont une mauvaise image d’eux-mêmes. Les messages positifs ne fonctionneraient en effet que si la personne qui les prononce croit réellement que ça va marcher. D’après l’étude de Wood, c’est paradoxalement chez les gens qui en auraient le plus besoin que la pensée positive aurait un effet négatif. Ainsi, « les gens qui ont une faible image d’eux-mêmes et répètent ce genre de messages pensent au fond d’eux que ce n’est pas vrai. Ces sentiments prédominent sur les messages positifs »

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