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Capitalisme : la confiance est morte

mercredi 28 octobre 2020, par Karob, Robert Paris

éditorial

Capitalisme : la confiance est morte

Autrefois, le terme « finance » était synonyme de confiance (fiducia en latin). Aujourd’hui, il est identique à méfiance !

Oui, les illusions sur la société capitaliste, ses buts, ses capacités, ses perspectives, sa pérennité, et aussi dans ses institutions officielles, tombent les unes après les autres…

La première à chuter, suite à la pandémie et à l’incapacité de la société à y faire face, a été celle du progrès continu de la santé publique, de la capacité de l’humanité à défendre sa vie. La population a été longtemps tenue dans la croyance que les pandémies catastrophiques étaient derrière nous, que l’incapacité à combattre virus et bactéries notamment était un lointain passé. C’était oublier que de tels progrès ne sont pas seulement techniques mais sociaux et qu’une société qui coule laisse tout couler avec elle… Les soi-disants progrès continus des techniques des laboratoires de médecine ont été contrebalancés par la recherche effrénée de profits financiers, au point de nuire à l’effet positif des progrès techniques, notamment dans le domaine de la génétique, de la médecine, de la chirurgie et des matériels de détection des maladies et de soins. La recherche d’économies à tout prix par les mêmes labos et par les Etats a fait le reste. Loin d’un progrès continu, les années qui ont suivi l’effondrement de 2007-2008 ont marqué une chute continuelle de la santé publique dans tous les pays du monde. Les effectifs des personnels de santé publique ont chuté avec exactement le même rythme que les autres destructions des services publics. La surmortalité a grimpé mondialement à partir de ces années-là. Le covid n’a pas été l’initiateur de cette catastrophe mondiale mais son successeur. La montée exponentielle des cancers en est un exemple marquant et sanglant. Mais covid-19 est la première pandémie mondiale récente qui apparaisse comme impossible à combattre, à supprimer et même à freiner. Pire même, il est apparu que tous les grands spécialistes de la médecine mondiale étaient devenus de simples appendices d’institutions étatiques ou privées, toutes aussi corrompues, pourries, vendues à des intérêts opposés à ceux de la population. Les remèdes qu’ils ont préconisés se sont tous avérés faux, mensongers, fondés sur de fausses déclarations, des incompétences, voire une volonté de nuire. Il est apparu qu’un grand nombre d’entre eux roulaient non pour la suppression de la pandémie mais pour sa propagation, sous des prétexte d’immuniser collectivement la population alors que rien ne prouve la possibilité même d’une telle immunité, ni même d’une immunité durable des individus dans le cas de Covid. La confiance dans les institutions médicales en a pris un sacré coup, d’autant que les divers hauts responsables ont même tenu des discours parfois complètement divergents ou fluctuants. Quant à l’efficacité de leurs conseils dits « scientifiques », elle apparaît au résultat : la pandémie n’a pas régressé et le nombre de morts n’a cessé de croître.

Non seulement le monde capitaliste n’est pas capable de nous dire d’où vient covid, qu’est-ce qui l’a initié, pourquoi il n’a pas été possible d’éviter sa propagation mondiale, pourquoi les autorités sanitaires mondiales ont minimisé le danger, puis sciemment négligé les mesures d’urgences, pour finir par gouverner le monde par la peur… Ce qui a fini par frapper la population, c’est à quel point on ne peut pas se fier aux déclarations des responsables sanitaires des différents pays. Leurs chiffres sont faux, leurs critères sont faux, leurs annonces sont fausses, leurs prédictions sont fausses, leurs remèdes sont faux, leurs conseils sont faux, leurs annonces sont fallacieuses, et, malgré de multiples interventions médiatiques, ils n’ont toujours pas été capables de donner de manière incontestée les caractéristiques de covid-19 en termes de durée d’incubation, de types de mutation, de formes de propagation, de porteurs sains de germes, de durée pour que la maladie se déclare. Ils ne sont même pas d’accord entre eux sur le nombre des mutations qu’a subi covid-19 et sur ce qu’elles ont changé. Par exemple, sur la dernière mutation, certains disent qu’elle est pire, d’autre qu’elle est plus faible…

Les classes dirigeantes ont tenu, successivement ou simultanément des discours parfaitement contradictoires voire diamétralement opposés : virus inoffensif ou mortel pour toute l’humanité, masques inutiles au grand public ou indispensables et suffisants pour être complètement protégés, tests systématiques ou pas de tests accessibles, isolement complet des malades ou malades au travail y compris dans les personnels de santé, isolement de toutes les personnes en contact ou aucun isolement, confinement ou pas de confinement, politique d’immunité collective ou pas, envoi systématique des malades graves en réanimation ou sélection des malades, confinement des EPHAD ou refus de ce confinement, pro et anti Chroroquine, covid transmis aux enfants et aux femmes enceintes ou pas, covid dans l’air ou pas, sur les surfaces ou pas, dans les aérations ou pas, sur les marchés ou pas, limitation des voyages ou pas, limitation des contacts sociaux ou pas, et on en passe des oppositions diamétrales de discours s’opposant parfois dans une même journée de la part des mêmes gouvernants.

Une des questions qu’on est en droit de se poser est : pourquoi une telle cacophonie, qui n’est nullement combattue par le pouvoir, dans aucun pays. Eh bien, mais le résultat est là : la population est affolée et déboussolée et s’oppose entre elle. Les pro masques accusent les anti masques, les pro confinement accusent les anti confinement, les personnes qui ne croient pas à l’existence même d’un danger covid s’opposent à ceux qui y croient… Covid est devenu une cause d’affrontements parfois violents. Le discours des gouvernants a été de dire que ceux qui ne sont pas disciplinés mettent en cause la vie des autres mais ils ont tenu en même temps le discours inverse : covid, il faut vivre avec, il faut s’y accoutumer, il faut travailler, il faut prendre des vacances, il faut que l’économie continue de tourner. Ils mettent en place le couvre-feu et, en même temps, ils poussent les gens à prendre les transports en commun, à aller travailler, à voyager…

Il ne s’agit pas seulement de diviser la population, il faut mener des campagnes qui permettent que les gens révoltés se battent contre tout sauf le capitalisme ! S’ils craignent pour leur emploi ou pour leur boutique, qu’ils croient que c’est de la faute des jeunes qui ne se masquent pas, ou des milieux populaires qui ne respectent pas la loi ! Cela justifie de mettre en place des mesures liberticides, de réprimer violemment, d’interdire les manifestations et rassemblements, d’interdire les liens sociaux, d’interdire les interventions politiques et sociales, et de donner à l’armée une place centrale dans le dispositif soi-disant anti-pandémie alors qu’elle n’a aucune vocation à cela.

La santé publique a donc servi à des opérations politico-sociales qui n’avaient rien à voir et toute la population a pu se rendre compte combien les institutions étatiques n’étaient pas plus fiables quand elles prétendaient servir la santé publique que quand elles affirmaient défendre l’ « économie nationale ».

Ainsi, dans les déclarations des hauts responsables ces institutions de santé, tout était faux : les statistiques, les prévisions, les conseils, les analyses, les informations, les méthodes, les soins, les moyens de détection, les précautions et on en passe. La santé est un domaine qui avait déjà démontré, dans le secteur privé, combien le mensonge est roi et les labos pharmaceutiques étaient des princes en ce domaine avec de faux rapports couvrant des médicaments dangereux. Eh bien, avec covid, le secteur public n’a pas fait mieux ! L’hôpital public est devenu un lieu où on choisit les malades qu’on refuse et ceux qu’on soigne.

Finalement, il s’avère que tout est faux dans les déclarations officielles concernant covid : les chiffres, les évolutions, les modes de transmission, les populations à risque ou pas, les dangers, les soins, les tests, les masques, les méthodes de protection, les règles à respecter, les dangers, les modes de propagation, etc.

Mais la santé publique n’est pas le seul domaine dans lequel les derniers mois ont démontré à un grand nombre de gens qu’on ne peut se fier à absolument rien de ce qui vient des classes dirigeantes et des institutions qui soutiennent le monde capitaliste.

Peut-on se fier, par exemple, aux déclarations environnementalistes des gouvernants qui ne cessent de détruire la planète notamment avec leurs industries chimiques, pharmaceutiques, automobiles ou nucléaires, à leurs déclarations affirmant qu’ils vont « sauver l’économie » en distribuant des milliers de milliards à des capitalistes qui ne les investissent pas dans l’économie, qu’ils luttent pour la démocratie républicaine en supprimant progressivement les libertés, qu’ils veulent sauver le monde du terrorisme en terrorisant le monde par leurs interventions armées aux quatre coins de la planète, qu’ils vont revenir à une économie plus nationale et moins mondialisée alors que leurs trusts sont multinationaux et perdraient toute valeur s’ils ne l’étaient pas, etc.

Ainsi, cela fait des années que l’on nous a seriné qu’il n’y avait pas assez d’argent dans les caisses de l’Etat pour financer les services publics, les aides sociales, les retraites, le fonctionnement des services locaux, les transports, etc. Et maintenant, avec le nouvel effondrement économique, les Etats et les banques centrales découvrent qu’elles disposeraient de fonds illimités pour intervenir, distribuant des milliers de milliards aux capitalistes, évitant les krach boursiers, les catastrophes financières, les chutes bancaires, les faillites des trusts. Mais ils n’ont toujours pas assez d’argent pour financer l’hôpital public afin de le rendre capable de faire face à la pandémie, notamment par des embauches massives de personnels soignants ! Toujours pas assez non plus pour financer l’aide aux plus démunis, frappés en plus par la pandémie et la chute économique. Ils n’en ont pas non plus assez pour financer une aide à l’enseignement frappé par la pandémie, permettant notamment des embauches massives pour faire face.

Un argent considérable, dont on ignore qui le remboursera, est ainsi déversé dans les circuits économiques, sans avoir jamais été produit par un travail, sans provenir de la sphère de la production et sans payer non plus un travail effectué par les capitalistes. Non seulement, des générations successives seront incapables de le rembourser mais cette intervention ne peut être qu’à courte vue puisqu’elle ne relance que les profits spéculatifs et pas du tout l’économie, c’est-à-dire la production de richesses réelles. Les boursicoteurs y trouvent des sources de profit. La classe capitaliste s’enrichit mais l’activité économique est de plus en plus plombée et les faillites en cascade se préparent. La confiance dans le système socio-économique est plombée dans la classe capitaliste elle-même. La population, elle, a conscience que les riches s’enrichissent encore plus vite sous covid qu’avant et que les pauvres s’appauvrissent plus vite et aussi sont plus malades, plus frappés par la pandémie comme par la chute, que les plus aisés. Le fossé social devient un gouffre… La confiance dans les classes dirigeantes en est d’autant plus sapée qu’on leur ment sans cesse sur l’état de la catastrophe du système en chute libre et sur les raisons réelles de cet effondrement.

Certes, on peut difficilement voir l’ampleur de la chute du capitalisme dans la conscience des exploités car ceux-ci sont peu organisés par eux-mêmes, diffusent peu leurs propres points de vue, prennent peu conscience de leur force et de leurs perspectives propres et ne communiquent qu’à partir des sujets que leurs livrent les gouvernants, sur des faits truqués, sur des analyses trompeuses, sur des fausses versions de la situation. Cependant, c’est bel et bien la classe capitaliste qui est au bord du gouffre et elle ne peut pas rester sur place : il va lui falloir avancer.

Il est vital que les exploités construisent leur propre mouvement et leur propre confiance dans leurs perspectives, en étendant à toute la classe ouvrière ce qu’avait été l’expérience des gilets jaunes. Sans cela, ils en resteront à choisir entre la peste et le choléra, entre les « solutions » de Le Pen et de Mélenchon, comme de Trump et de Biden, et de bien d’autres encore, c’est-à-dire entre la Peste et le Choléra, entre Covid et la misère, et même avec les deux en même temps !

Le temps de la confiance dans le capitalisme est passé. Le temps de la confiance dans les perspectives révolutionnaires du monde du travail est sonné. Ne le laissons pas passer…

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