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C’est le programme révolutionnaire prolétarien qu’il faut relancer

mercredi 20 octobre 2021, par Alex, Waraa

C’est le programme révolutionnaire prolétarien qu’il faut relancer

Le plan « de relance » France 2030 présenté par Macron signifie de nouvelles sommes colossales pour les capitalistes et pas un sou pour les travailleurs, les chômeurs, les travailleurs salariés ou « indépendants » qui s’exploitent eux-mêmes, pas un sou pour les travailleurs du public et du privé, pour les précaires et les chômeurs, pas un sou pour les petits pêcheurs, pour les tout petits commerçants, pour les petits artisans, pour les sans-logis, pour les sans-papiers, pour tous les plus démunis, les plus précaires, pour ceux qui viennent de perdre leur emploi ou leur santé ou les deux.

Et le président français n’est pas le seul à agir ainsi. Tous les gouvernants de la planète agissent de même : des milliers de milliards en tout pour le grand capital, comme s’ils allaient le sauver de sa maladie qui consiste à avoir trop de capitaux par rapport aux investissements que le capitalisme peut rentabiliser.

En cette période d’élections, les réformistes, de Mélenchon au PS, essaieront une fois de plus de nous faire croire qu’en votant contre Macron ça changera, mais c’est faux. Tous les politiciens en la matière ont le même programme puisque c’est celui de la classe possédante, et de l’opinion publique, qu’ils prétendent maitresse du résultat, ils se moquent en fait. Aucun parti, ni de gauche de la gauche, ni de gauche ni autre, n’est contre les aides d’Etat aux capitalistes sous prétexte de relancer l’économie.

La relance c’est du pipeau, c’est seulement des cadeaux au capitalisme qui ne visent qu’à retarder sa chute mais qui en augmentent l’ampleur.

Avec la pandémie, comme avant elle, avec l’effondrement capitaliste, ce qui est à l’ordre du jour, c’est la saisie de tous les capitaux, par le peuple travailleur auto-organisé en conseils avant que le capitalisme nous embarque dans sa tombe. Ce dont ont besoin les travailleurs, ce n’est pas d’une relance du système qui les exploite, mais d’une politique révolutionnaire pour le renverser.

L’événement politique important, ce ne sont pas les fausses péripéties d’une campagne présidentielle que les grands media tentent d’orchestrer, fasse au raz de marée abstentionniste qui menace la crédibilité des institutions, mais le fait que face à l’augmentation des biens de première nécessité que sont l’électricité, le gaz et l’essence, des Gilets jaunes ont appelé à se retrouver sur les ronds-points,. Macron semble prêt à reculer devant les risques d’un nouveau mouvement de gilets jaunes, Raison de plus pour se lancer !

Le prix de l’essence à la pompe incarne l’absurdité de la prétendue « économie de marché ». Le journal patronal « Les Echos » qui en est un grand défenseur l’explique bien : « le prix à la pompe est composé à 60 % de taxes : sur un prix au litre qui atteint aujourd’hui 1,54 euros, la TVA est de 25 centimes, la TICPE de 66 centimes ». Sans ces taxes le prix au litre serait donc ramené à 63 centimes.

Suppression de la TVA et de TICPE ! est donc un slogan que les travailleurs pourraient mettre en avant dès aujourd’hui, ils auraient l’oreille des Gilets jaunes. Ils n’auraient rien à inventer, l’abolition de tous les impôts indirects était une revendication centrale des programmes ouvriers avant 1914, avant l’Union sacrée. De l’extrême gauche révolutionnaire (Lénine, Trotsky et Rosa Luxembourg notamment), au centre droit réformiste (Jaurès) de la deuxième Internationale, tous les socialistes mettaient en avant cette revendication dans leurs programmes, électoraux ou autres. C’est parce qu’ils étaient socialistes, ou communistes, ou anarchistes, ou syndicalistes révolutionnaires.

Aujourd’hui, socialistes, insoumis, gauches de toutes sortes et gauche de la gauche comme écolos, tout comme les appareils syndicaux qu’ils animent, sont pour les plans de relance du capitalisme et ignorent jusqu’à l’existence de la perspective d’une révolution socialiste, et cela au moment même où le capitalisme est en phase d’effondrement et de massacre de masse (5 millions de morts alors qu’il menace d’une future guerre mondiale).

Or cette idée d’une révolution sociale est même absente du programme de ceux qui, comme LO ou le NPA, se présentent comme des révolutionnaires et nous intiment quasiment l’ordre de voter pour eux, sous peine d’affaiblir le camp de la révolution, alors qu’ils n’en défendent pas le premier mot.

Le NPA, dans un éditorial du 12 octobre, écrit : « Outre une baisse de la TVA, à commencer par celle sur les produits de première nécessité, des mesures radicales sont nécessaires, concernant en premier lieu le secteur de l’énergie qui doit être soustrait au privé et aux lois du marché car il s’agit d’un besoin fondamental. Il faut imposer, aussi, et peut-être surtout, une augmentation des salaires, retraites et allocations et, pour que ces gains ne soient pas éphémères, les revenus doivent être indexés sur les prix. Pour les salaires, qu’il serait nécessaire d’augmenter de 400 euros, il faut une vraie revalorisation et non pas de primes ou de défiscalisations, plus ou moins temporaires voire soumises à la bonne volonté des patrons (comme la « prime Macron »), qui n’apportent pas de droits pour la retraite ou si on perd son emploi. ». Donc c’est seulement une baisse (non chiffrée) qui est évoquée pour la TVA. La TICPE, qui est au cœur du problème de la vie chère tel qu’il se pose aujourd’hui, est oubliée ! Ce sont « surtout » des salaires qu’il faut se préoccuper, pour cette organisation soi-disant révolutionnaire. En fait, en cette période d’effondrement du capitalisme, ce serait à l’ordre du jour des travailleurs révolutionnaires de remettre d’actualité une vieille revendication du programme communiste : la suppression du salariat !

C’est en cela que le NPA s’aligne sur le programme des bureaucraties syndicales. Celles-ci se placent depuis 1914, uniquement dans le cadre posé par la bourgeoisie par la loi de 1884 légalisant les syndicats : les travailleurs sont autorisés à « défendre leurs intérêts », mais seulement sur le terrain professionnel, économique qui les concerne directement, sans faire de politique. Or la suppression des taxes est une mesure très politique, car elle concerne toute la population. Cette suppression des impôts indirects est-elle en soi une mesure socialiste ? Non, même pas, elle est tout à fait compatible avec le capitalisme. Mais cette mesure est la première de tout un programme de politique fiscale, un programme financier pour une classe ouvrière qui aspire à prendre le pouvoir, à abolir le salariat, en entrainant tous les exploités, même des non-salariés. Réformer à une telle échelle la fiscalité ne peut être fait que par un pouvoir ouvrier révolutionnaire.

Le prolétariat prendrait ainsi la tête des exploités, sortirait de l’isolement où le maintient la défense d’intérêts personnels, incarnés par le le salaire.

Nathalie Arthaud, pour Lutte Ouvrière, dans ses récents éditoriaux, est sur la même ligne que le NPA, celle des bureaucraties syndicales : elle ne mentionne pas la TICP comme clé du problème, et appelle surtout les travailleurs à se contenter de leur place d’esclave salarié dans cette société en demandant « des salaires, des pensions et des allocations qui permettent de vivre ». Aucun appel à converger avec les Gilets jaunes !

Une note du Sénat rappelle le poids que représente ce racket de l’Etat capitaliste, et donc de l’envergure potentielle d’une lutte contre ce racket : « La TVA représenterait en 2021 un tiers des recettes fiscales nettes, et demeure le premier impôt revenant à l’État, devant l’impôt sur le revenu (27,6 % des recettes fiscales nettes) et l’impôt sur les sociétés (13,9 %). »

Au moment où des Gilets jaunes appellent à retourner sur les ronds-points et dans les assemblées générales, la classe ouvrière à l’occasion de prendre la tête d’un mouvement bien plus large et donc bien plus porteur d’avenir et de victoire qu’une lutte apolitique se restreignant aux salaires. En 1936, cette situation était à l’ordre du jour : « La révolution française a commencé » écrivit Trotsky à propos de la vague de grève avec occupation. Ill vit une défaite dans ce mouvement de 1936, car c’était un soulèvement armé de la classe ouvrière de l’Europe entière qui était à l’ordre du jour, pour renverser Franco, Mussolini, Hitler et Staline, libérer les colonies. C’est cette occasion manquée qui a emmené les travailleurs vers une nouvelle boucherie. C’est en faisant le bilan de ces défaites alors que les conditions de la victoire étaient réunies comme jamais, que les travailleurs pourront sortir vainqueurs de prochaines guerres sociales que la bourgeoisie prépare. Que N. Arthaud, dans ces mêmes éditoriaux, se félicite des augmentations de salaire obtenues en 1936, montre que son programme n’est pas celui de la révolution, pas celui de Trotsky. Celui-ci appelait notamment les juifs, non pas à améliorer leur salaire, mais à s’armer pour renverser le capitalisme afin d’empêcher leur extermination physique qui était programmée.

Ce n’est pas la première fois dans l’histoire que des soi-disant révolutionnaires renoncent à la construction d’un parti révolutionnaire, c’est-à-dire à la défense d’une politique vraiment révolutionnaire, et préfèrent garder les strapontins que la bourgeoisie leur offre, notamment dans les bureaucraties syndicales. C’est ceux que Lénine appela les « liquidateurs », des révolutionnaires russes qui grâce à la révolution de 1905, qui valut des massacres et des pogroms aux exploités, obtinrent des strapontins autour de la Douma, un parlement tsariste croupion. Ces strapontins peuvent satisfaire ceux qui se détournent de la révolution pour faire, disait Lénine, « une carrière révolutionnaire ». Depuis la chute de l’URSS, la CGT , jusque-là politiquement soumise à bureaucratie stalinienne du parti communiste français et rejetant systématiquement l’extrême gauche de ses rangs, a ouvert ses portes à une extrême gauche opportuniste qui se fond dans la bureaucratie politique et syndicale.

C’est d’un programme politique que les travailleurs ont besoin, contre les impôts indirects, mais aussi reprenant toutes les revendications politiques défendues par les manifestants du samedi, enterrées par les syndicats : non au pass sanitaire, non à la vaccination forcée, soutien aux milliers de soignants, cadres de la fonction publique (comme des bibliothécaires) qui ont refusé de se mettre au service d’une politique policière plus que sanitaire.

Pour défendre des revendications et se faire l’écho d’autres qui ne demandent qu’à s’exprimer, 1789 et 1871 en France, 1905 et 1917 en Russie puis en Europe, 1956 en Hongrie, 1978 en Iran nous ont montré comment faire : que les travailleurs organisent leurs sections, leurs conseils, leurs communes, leurs parlements, leur police, leurs pouvoirs locaux. Les Gilets jaunes ont montré qu’une révolte contre les taxes injustes est ce qui est à même de provoquer un soulèvement. Défendre cette perspective, cette convergence, non pas de la CGT et la CFDT, mais des travailleurs armés de leur programme, et des classes moyennes en voie de prolétarisation, c’est une première étape à notre portée. C’est même un bon thermomètre du caractère révolutionnaire, ou pas, des organisations que de savoir si elles militent pour que le peuple travailleur construise des conseils et que ceux-ci soient autonomes, dirigent eux-mêmes leurs luttes, pour en faire de même, demain, pour mettre en place leur propre pouvoir sur toutes les richesses et toute la société.

Vive le programme révolutionnaire du prolétariat et à bas tous les programmes réformistes qui l’enchainent au navire du capitalisme en plein naufrage !

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