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L’insurrection de Canton de 1927 ou l’achèvement de la trahison stalinienne de la révolution chinoise débutée en 1925

mercredi 9 octobre 2024, par Robert Paris

L’insurrection de Canton de 1927 ou l’achèvement de la trahison stalinienne de la révolution chinoise débutée en 1925

• Le soulèvement de Canton

Le 7 août 1927, la conférence extraordinaire du P.C. chinois a condamné, conformément aux instructions antérieures de Moscou, la politique opportuniste de sa direction, c’est-à-dire tout le passé, et décidé de préparer une insurrection armée. Les émissaires de Staline avaient pour tâche de préparer une insurrection armée à Canton programmée au moment du 15° congrès du P.C.U.S., afin de dissimuler l’extermination physique de l’Opposition russe sous le triomphe politique de Staline en Chine.

Sur la vague déclinante, alors que la dépression prévalait encore dans les masses urbaines, le soulèvement "soviétique" de Canton a été hâtivement organisé, héroïque par la conduite des ouvriers, criminel par l’aventurisme de la direction. La nouvelle d’un nouvel écrasement à Canton arriva exactement au moment du 15° congrès. De cette façon, Staline écrasa les bolcheviks-léninistes exactement au moment où son allié d’hier, Tchang Kaï-Chek, écrasait les communistes chinois.

Il fallait dresser un nouveau bilan, c’est-à-dire rejeter une fois de plus la responsabilité sur les exécutants. Le 7 février 1928, la Pravda écrivait : "Les armées provinciales ont combattu toutes ensemble contre Canton la rouge et c’est la plus grande et la plus ancienne faiblesse du P.C.C., un travail politique tout à fait insuffisant pour "la décomposition des armées réactionnaires" .

"La plus ancienne faiblesse" !. Est-ce que cela veut dire que le P.C. avait pour tâche de décomposer les armées du Kuomintang ? Depuis quand ?

Le 25 février 1927, un mois et demi avant l’écrasement de Shanghaï, l’organe central de l’I.C. écrivait :

"Le P C chinois et les ouvriers chinois conscients ne doivent en aucune circonstance suivre une tactique qui désorganiserait les armées révolutionnaires, précisément parce que l’influence de la bourgeoisie y est dans une certaine mesure forte" (Die Kommunistische Internationale, 25 février 1927, p.19).

Et voici ce que Staline dit - et répéta à chaque occasion - au plenum du C.E.I.C. le 24 mai 1927 :

"Ce n’est pas le peuple désarmé qui se dresse contre les armées d’Ancien Régime en Chine, mais un peuple armé sous la forme de l’Armée révolutionnaire. En Chine, une révolution armée combat la contre-révolution armée" .

A l’été et à l’automne de 1927, les armées du Kuomintang étaient décrites comme un peule en armes. Mais quand ces armées ont écrasé l’insurrection de Canton, la Pravda déclara que la "plus ancienne (!) faiblesse" des communistes chinois était leur incapacité à décomposer les "armées réactionnaires", celles-là même qui étaient proclamées "peuple révolutionnaire" la veille seulement de Canton !

Honteux saltimbanques ! A-t-on jamais vu chose semblable parmi les vrais révolutionnaires ?

• La période du putschisme

Le 9° plenum du C.E.I.C. s’est réuni en février 1928, moins de deux mois après l’insurrection de Canton. Comment a-t-il estimé là situation ? Voilà les termes exacts de la résolution :

"Le C.E.I.C. fait un devoir à toutes les sections de combattre les calomnies des social-démocrates et des trotskystes qui affirment que la révolution chinoise a été liquidée".

Quel subterfuge de trahison, et en même temps misérable ! La social-démocratie considère en réalité que la victoire de Tchang Kaï-Chek est la victoire de la révolution nationale, le confus Urbahns s’est aussi laissé entraîner sur cette position. L’Opposition de gauche considère que la victoire de Tchang Kaï-Chek est la défaite de la révolution nationale. L’Opposition n’a jamais dit et n’aurait jamais pu dire que la révolution chinoise était liquidée en général. Ce qui a été liquidés embrouillé, trompé, et écrasé, ce n’est que la deuxième révolution chinoise (1925-1927). Cela seul suffirait comme réalisation pour ces messieurs de la direction ! Nous avons maintenu, à partir de l’automne de 1927, qu’une période de recul était devant nous en Chine, la retraite du prolétariat, le triomphe de la contre-révolution. Quelle était la position de Staline ? Le 7 février 1928, la Pravda écrivait :

"Le parti communiste chinois avance vers une insurrection armée. Toute la situation en Chine parle en faveur du fait que c’est là le cours juste (...) L’expérience prouve que le parti communiste chinois doit concentrer tous ses efforts sur la tâche de la préparation quotidienne et générale soigneuse de l’insurrection armée".

Le 9° plenum du C.E.I.C., avec des réserves bureaucratiques ambiguës sur le putschisme, a approuvé cette ligne aventuriste. L’objet de ces réserves est connu : faire des trous pour que le "dirigeant" puisse y ramper dans le cas d’une nouvelle retraite. La résolution criminellement légère du 9° plenum signifiait pour la Chine de nouvelles aventures, de nouvelles escarmouches, la rupture avec les masses, la perte de positions, la destruction des meilleurs éléments révolutionnaires au feu de l’aventurisme, la démoralisation des résidus du parti. Toute la période entre la conférence du parti chinois, le 7 août 1927, et le 6° congrès de I’I.C., le 8 juillet 1928, est profondément imprégnée de la théorie et de la pratique du putschisme. C’est ainsi que la direction stalinienne a porté les derniers coups à la révolution et au parti communiste chinois. Ce n’est qu’au 6° congrès que la direction de l’I.C. a reconnu que :

"L’insurrection de Canton était objectivement une "bataille d’arrière-garde" d’une révolution en recul" (Pravda, 27 juillet 1928).

"Objectivement" ? Et subjectivement ? C’est-à-dire dans la conscience de ses initiateurs, les dirigeants ? Tel est le caractère masqué de la reconnaissance du caractère aventuriste de l’insurrection de Canton. Quoiqu’il en soit, un an après l’Opposition, et, ce qui est plus important, après une série de défaites cruelles, l’I.C. a reconnu que la seconde révolution chinoise s’était terminée avec la période de Wuhan et qu’on ne pouvait pas la ressusciter par l’aventurisme. Au 6° congrès, le délégué chinois Chan Fuyun rendait compte :

"La défaite de l’insurrection de Canton a porté un coup encore plus dur au prolétariat chinois. La première étape de la révolution s’est de cette façon terminée avec une série de défaites. Dans les centres industriels, on ressent une dépression dans le mouvement ouvrier" ( Pravda, 17 juillet 1928).

Les faits... ce sont des choses obstinées. Il a fallu que cela soit reconnu aussi au 6° congrès. Le mot d’ordre d’insurrection armée a été éliminée. Tout ce qui restait, c’était le nom "deuxième révolution chinoise" (1925-1927), "première étape", de ce qui est séparée de la future seconde étape par une période indéfinie. C’était une tentative terminologique pour sauver au moins une partie du prestige.

Faits et documents sur la révolution chinoise de 1925-1927

La tragédie de la révolution chinoise – La Commune de Canton

Les événements de la « Commune de Canton » d’après wikipedia

Lettres à propos de l’insurrection de Canton - Léon Trotsky et EA Préobrajensky

Source

La révolution permanente et l’insurrection de Canton

Chine 1927 : La contre-révolution stalinienne fait massacrer les prolétaires chinois

11 au 13 décembre 1927 : l’insurrection ouvrière de Canton (Chine) rapportée par la gauche « insoumise »

La Chine : résumé historique de l’insurrection

Première partie

Deuxième partie

Troisième partie

La Commune de Canton, rapportée par les staliniens

Comment Boukharine justifiait la politique criminelle de Staline en Chine

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