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Oxus, une civilisation qui précédé les civilisations de la Mésopotamie, de l’Elam et de l’Indus, était matriarcale

samedi 22 juin 2024, par Robert Paris

Oxus, une civilisation qui précédé les civilisations de la Mésopotamie, de l’Elam et de l’Indus, était matriarcale

Oxus, une civilisation matriarcale

Initialement, des communautés sédentaires d’agriculteurs et d’éleveurs se sont formées dans des villages de briques crues, qui se sont muées en véritables cités à l’âge du Bronze moyen. « L’Oxus a été l’un des pôles de la révolution urbaine, souligne Julio Bendezu-Sarmiento, archéologue au laboratoire d’Éco-anthropologie du Musée de l’Homme et co-directeur de la mission archéologique franco-turkmène. On y retrouve toutes les caractéristiques d’une société complexe : la création de cités à l’architecture monumentale, avec des fortifications, des palais, des temples, des bâtiments administratifs, des zones de stockage des denrées agricoles et de grandes nécropoles abritant des milliers d’inhumations ; une société marquée par l’apparition d’une hiérarchie sociale, peut-être religieuse, capable de construire des grands canaux d’irrigation pour une vaste agriculture, et de développer un commerce international. »

La civilisation de l’Oxus se distingue surtout de sa voisine mésopotamienne en termes d’échelle. Ses cités, couvrant une quinzaine à une trentaine d’hectares, abritaient des milliers de personnes, tandis que leurs homologues mésopotamiennes, s’étendant jusqu’à 60-80 ha, regroupaient des dizaines de milliers d’habitants.

Ce n’est pas le premier parallèle historique que l’on peut dresser entre le Turkménistan méridional et le Proche-Orient. Il y a 8000 ans, la région avait aussi joué un rôle essentiel dans la diffusion de l’agriculture en Asie centrale, au point que certains archéologues soviétiques l’ont comparée au Croissant fertile.

À l’âge du Bronze, la civilisation qui y prend son essor fait montre d’un haut savoir-faire technique, dont attestent les céramiques exhumées, standardisées et produites en masse, le traitement des alliages de métaux (or, argent, cuivre, plomb ou étain), ou encore le travail des pierres tendres et semi-précieuses (lapis-lazuli, cornaline, stéatite, albâtre). Ses cités sont aussi intégrées dans des réseaux d’échanges commerciaux longue distance, dont une proto-route de la soie, dédiée à l’étain et au lapis-lazuli. Elles exportaient ces minerais en Mésopotamie, où l’étain servait à la fabrication du bronze et où le lapis-lazuli était utilisé comme matériau de prestige.

La civilisation de l’Oxus commerçait peut-être cette pierre jusqu’en Égypte, où, tout aussi prisée comme ornement, elle figure notamment sur le masque funéraire de Toutankhamon. Elle importait aussi des produits de luxe, comme en témoignent les objets découverts dans les tombes de l’élite : sceaux en bronze, en argent ou en or originaires de Mésopotamie, pièces de jeu en ivoire et perles en cornaline venues de l’Indus, céramiques produites par les nomades des steppes septentrionales, vaisselle en albâtre venue de l’Iran, l’Afghanistan ou le Pakistan actuels.

Autant d’éléments qui esquissent son raffinement. Qu’en était-il de son organisation politique, sociale et de son système de croyances ? Contrairement à la Mésopotamie, la civilisation de l’Oxus n’avait pas d’écriture. De plus, ses sites ont été abondamment pillés, privant les archéologues d’objets décorés susceptibles de mieux l’éclairer. Les tombes des sites turkmènes ont ainsi subi des vols anciens, parfois quasi contemporains de l’enfouissement des défunts.

Quant aux sites afghans, découverts par des archéologues soviétiques dans les années 1960-1970, ils ont vu les pilleurs succéder aux scientifiques après l’invasion du pays par l’Armée Rouge, à la fin des années 1970, et leurs butins ont fini dans des collections privées dans le monde entier. Les archéologues émettent toutefois un certain nombre d’hypothèses. « On pense qu’il devait y avoir un grand roi et des sortes de « principautés » qui géraient des petits potentats locaux habitant des manoirs fortifiés », avance Julio Bendezu-Sarmiento. Selon le chercheur, l’Oxus a aussi réservé une place particulière aux femmes.

« On est face à une société où le rôle de la femme est important. Il y a une déesse féminine maîtresse de la faune, figurée assise sur un dragon ou en train d’étrangler des animaux, représentée systématiquement dans l’iconographie, dont la fameuse « princesse de Bactriane ». Sans oublier que les tombes féminines semblent être plus riches que celles des hommes. Par ailleurs, dans les tombes mésopotamiennes, les femmes viennent en accompagnement des hommes. Dans celles de l’Oxus, on a l’impression que ce sont les femmes qui sont accompagnées. »

L’épilogue de cette page d’histoire centrasiatique conserve en revanche tout son mystère. La civilisation de l’Oxus décline et tend à disparaître à l’âge du Bronze final, entre 1700 et 1500 avant notre ère. Un écroulement qui a alimenté de multiples hypothèses. Invasions barbares, crise climatique, surpopulation, perturbations des échanges commerciaux ou encore bouleversements politiques et sociaux internes ont été évoqués comme autant de fossoyeurs potentiels.

« Il y a une hiérarchie sociale qui s’effondre, des villes qui disparaissent, et une réoccupation plus modeste du territoire, note Julio Bendezu-Sarmiento. Le changement le plus important est celui des mentalités, visible dans le traitement des morts : les sépultures disparaissent, en lien avec l’émergence d’un « proto-zoroastrisme » (ndlr : un monothéisme interdisant l’inhumation des défunts, qui sont exposés à l’air libre et abandonnés aux charognards). Il a dû se passer quelque chose de radical, les gens ne croyaient plus en leurs dieux ni en leur élite. »

L’archéologue écarte toutefois l’idée de peuplades barbares jouant les ferments de déstabilisation. « Les récentes recherches ADN montrent une certaine continuité de peuplement. Des populations des steppes se sont installées sur le territoire de l’Oxus à la fin de l’âge du Bronze, mais elles se sont mélangées de façon paisible aux habitants, note l’archéologue. Le déclin de la civilisation de l’Oxus tient sans doute à une conjonction de divers facteurs, avec une crise politico-sociale qui pourrait tout simplement être liée à des problèmes climatiques. L’élite vivait très bien de ses exportations mais il s’agissait aussi d’une société fondée sur l’agriculture. Or le climat est devenu plus aride vers 1500 avant notre ère. Des catastrophes naturelles ont aussi pu jouer, de même que des maladies, dont pourraient témoigner des tombes collectives qui ont été exhumées sur certains sites. »

https://www.nationalgeographic.fr/histoire/lenigmatique-civilisation-de-loxus-refait-surface-en-asie-centrale

Au cours de la seconde moitié du IIIe millénaire et de la première moitié du IIe millénaire avant J.-C., à l’âge du Bronze, le sud de l’Asie centrale (fig. 1) est occupé par une société sédentaire agro-pastorale et proto-étatique, la civilisation de l’Oxus ou Bactria-Margiana Archaeological Complex (Francfort 2009). Située à la croisée des civilisations orientales au sud et des cultures des steppes au nord, cette entité culturelle a puisé ses racines et s’est développée en lien avec le réseau de relations entretenues entre les cultures d’Asie moyenne au cours du IIIe millénaire avant J.-C. Son organisation sociale présente notamment certaines connections fortes avec les systèmes sociopolitiques moyen-orientaux, bien que cette influence ne suffise pas à expliquer toutes les particularités de cette culture originale.

L’étude des pratiques funéraires de la civilisation de l’Oxus, société sédentaire agro-pastorale et proto-étatique localisée en Asie centrale méridionale et datée de l’âge du Bronze (2400-1500 avant J.-C.), a permis de mettre en évidence une structuration sociale particulière en lien avec le genre. Les tombes des femmes contiendraient davantage de biens funéraires, ainsi que des objets en matériaux précieux. En outre, une distribution préférentielle des objets a pu être observée, en fonction du sexe des individus et du type de sépulture, certains objets étant presque exclusivement associés aux femmes et d’autres aux hommes. Une connexion entre les types de biens funéraires et le sexe des individus paraît évidente, bien qu’un certain nombre de variations apparaissent comme des conflits normatifs qu’il reste à interpréter. Néanmoins, les objets déposés dans les tombes pourraient avoir agi comme des attributs de genre voire de fonctions.

L’examen de la culture matérielle et de l’iconographie associées à chaque sexe questionne les affirmations précédemment invoquées concernant les rôles et les statuts sociaux des individus en rapport avec le genre. Il contribue à réviser nos positions sur les activités sociales, le statut des hommes et des femmes et leurs relations, ainsi qu’à redéfinir les rôles et les pouvoirs de chacun. L’analyse permet ainsi d’envisager de façon nouvelle l’organisation sociale de la civilisation de l’Oxus, notamment le système de genre, qui semblerait davantage basée sur une égalité des statuts et une complémentarité des pouvoirs et des fonctions entre les hommes et les femmes.

https://journals.openedition.org/nda/2989

Oxus, la civilisation antique du Turkménistan est une ancêtre matriarcale de la civilisation de l’Indus…

On n’a toujours pas pu déterminer si les statuettes composites de femmes (cf. ci-contre), découvertes sur différents sites de la civilisation de l’Oxus mais aussi hors de ce périmètre, représentent des dignitaires ou des divinités.

https://fr.wikipedia.org/wiki/Civilisation_de_l%27Oxus

Ulug Dépé et la civilisation de l’Oxus

La civilisation de l’Oxus, qui tire son nom de l’ancienne dénomination du fleuve de l’Amou-Daria, se développe au cours de la fin du IIIe et du début du IIe millénaire avant notre ère, entre la mer Caspienne et l’Hindou Kush, le Pakistan et l’Afghanistan. C’est durant cette période que de vraies villes émergent au cœur de cette civilisation (entre 2200 et 1700 av. notre ère). Une réelle communauté idéologique existe alors avec le nord-est de l’Iran et d’autres régions comme la Bactriane et la Margiane au cours des IIIe-IIe millénaires. Vers 1 700 avant notre ère, cette civilisation périclite, peut-être sous l’impulsion de nouvelles populations ou d’un brusque changement climatique (entre 2 000-1 800 avant notre ère), entraînant aridité et assèchement, mais aussi vent de sable du désert du Karakoum

L’histoire d’Ulug Dépé (le grand Tépé en turkmène) s’étire du VIe millénaire au 1er millénaire avant notre ère. Avec ses 30 hectares, Ulug Dépé est l’un des plus grands centres proto-urbains d’Asie centrale, juste dépassé par deux autres sites, Namazga et Altyn Dépé. A Ulug Dépé, le meilleur exemple de l’architecture monumentale du 3e millénaire est une grande plateforme de 900m², sorte de terrasse liée à des activités cultuelles. L’organisation sociale se complexifie au cours de cette période tendant vers une organisation proto-étatique du pouvoir. Les femmes auraient joué un rôle particulier au sein de ces élites. On voit alors l’accroissement du commerce régional mais surtout international, avec notamment des produits rares et prestigieux que sont l’or, le lapis-lazuli d’Afghanistan, la cornaline de la vallée de l’Indus et les agates. Plusieurs tombes de ces élites ont été fouillées à Ulug. Alors que nombre de civilisations régionales possèdent des écritures (Elam Mésopotamie, Indus), celle de l’Oxus est agrammate et anépigraphe.

https://www.radiofrance.fr/franceculture/podcasts/carbone-14-le-magazine-de-l-archeologie/ulug-depe-et-la-civilisation-de-l-oxus-2113900

Depuis 20 ans, des palais, des entrepôts, une citadelle, des remparts, des tombes..., ont pu être retrouvés. Les reliques d’une ville de plusieurs milliers d’habitants, comparable à celles que l’on pouvait trouver en Mésopotamie.

Ulug Dépé : la citadelle élevée durant l’âge du fer moyen (1 000 à 600 avant notre ère), à l’époque où Ulug Dépé devient le centre d’un nouveau royaume encore mystérieux. Elle domine la ville haute et basse qui, à l’époque, était protégée par un puissant rempart percé de deux portes d’entrée dans la cité. Le bâtiment lui-même fait 40 mètres de côté avec une façade ponctuée de parties saillantes, les redans, et percée d’étroites ouvertures. À l’intérieur, plusieurs couloirs permettaient la communication entre les pièces du niveau inférieur, des espaces de stockage oblongs avec des banquettes supportant des vases en céramique. De nombreuses empreintes de scellements de jarres en terre crue ont été trouvées, découverte importante qui atteste de l’existence d’un pouvoir régional et de la gestion centralisée des denrées, liquides ou solides. Le bâtiment avait aussi un premier étage, comme en témoignent un escalier faisant face à la porte principale et les restes massifs de pans de murs écroulés.

https://lejournal.cnrs.fr/articles/la-cite-oubliee-dulug-depe#Echobox=1622784026

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