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La bourgeoisie française est en guerre ?

mercredi 23 octobre 2024, par Alex, Waraa

D’après les critères de Lord Ponsonby, la bourgeoisie française est déjà bien en guerre. Alors ripostons : CRS 8 : hors de Martinique !

LE CAPITALISME EST-IL EN CRISE ? LE CAPITALISME VA-T-IL BASCULER DANS LA 3EME GUERRE MONDIALE ? POSER CES QUESTIONS EST FONDAMENTALE DEPUIS LA « CRISE DES SUB-PRIMES » DE 2008 ?

Pourtant, les partis révolutionnaires ou radicaux officiels (LFI, NPA, LO), en bons partis électoralistes, appellent les ouvriers à penser surtout aux journées syndicales ou aux prochaines élections électorales comme syndicales. LA CGT ne fait plus de politique depuis que ses amis du NFP ont obtenu des postes de députés.

Pour ces partis et syndicats, pour qui l’économie-politique est aux abonnés absents et dont les idées s’appuient bien plus sur un économisme des plus vulgaires, les capitalistes étant riches, le capitalisme n’est pas en crise. Il n’a donc au fond pas besoin de guerre et c’est seulement le partage des richesses qui pose problème. Il y a du grain à moudre, comme Bergeron de CGT-FO le disait à l’époque des 30 glorieuses. Jamais il ne discute et questionne les limites intrinsèques du processus d’accumulation du capitalisme provoquant une chaine de crise menant à son propre effondrement ainsi que le lien dialectique entre ces périodes et son corollaire dans le champs politique que sont les guerres mondiales et révolutions.

Pour ces partis, A leurs yeux, la guerre touche certes le Liban et la bande de Gaza, c’est triste, mais on n’est pas en 14 ou en 40, car la France et l’Allemagne n’ont pas mobilisé. C’est oublier que la guerre, à l’époque de l’impérialisme, pour les bourgeoisies, c’est avant tout une guerre civile contre les exploités, surtout le prolétariat susceptible d’en prendre la tête, car porteur d’une société socialiste qui remplacerait le capitalisme. Et c’est bien cette guerre civile qui a commencé quand les élections bourgeoises ne favorisent que le populisme, la démagogie, la peur des étrangers, la haine raciale, ethnique, religieuse, le conflit entre origines occidentales et orientales, entre populations issues du nord et du sud…

Quand l’école elle-même n’est plus qu’un moyen pour de telles divisions et oppositions violentes…au travers d’une pseudo lutte de la laïcité contre l’Islam radical alors que ce même État soutien l’Église pédophile et ne fait rien contre les recruteurs des frères musulmans en France qui agissent en toute liberté et attise à leur tour communautarisme, antisémitisme, guerre de religion…

Quand les révoltes sociales sont poussées vers l’affrontement entre groupes communautaires…comme cet été en Angleterre

Quand les partis politiques et syndicats tombent d’une manière ou d’une autre dans le discours d’extrême droite en justifiant le système exploiteur…

Quand Les Etats-Unis, le pays le plus riche du monde, basculent dans le fascisme...

Quand l’appareil d’État est gangréné par le fascisme comme en Allemagne par exemple….

QUAND LA LUTTE POUR LA PAIX C’EST LA GUERRE ! LE DISCOURS TROMPEUR DE LA DÉMOCRATIES CAPITALISTE FRANÇAISE

Quant à la dimension internationale de la guerre, on peut la mesurer à l’aune des dix mensonges que le diplomate impérialiste britannique Lord Ponsonby avait mis à jour après la première guerre mondiale, comme ayant été ceux des Alliés en 1914-1918 :

1) nous ne voulons pas la guerre ;

2) le camp adverse est le seul responsable de la guerre ;

3) le chef du camp adverse a le visage du diable (ou « l’affreux de service ») ;

4) c’est une cause noble que nous défendons et non des intérêts particuliers ;

5) l’ennemi provoque sciemment des atrocités, et si nous commettons des bavures c’est involontairement ;

6) l’ennemi utilise des armes non autorisées ;

7) nous subissons très peu de pertes, les pertes de l’ennemi sont énormes ;

8) les artistes et intellectuels soutiennent notre cause ;

9) notre cause a un caractère sacré ;

10) ceux (et celles) qui mettent en doute notre propagande sont des traîtres.

N’est-ce pas ces dix principes qui justifient le massacre de masse dans la bande de Gaza perpétré par l’armée israélienne avec le soutien des USA et de la France ? La France, au nom de laquelle s’exprime le président Macron, ne veut pas la guerre dans la bande de Gaza. La France, ne veut pas la guerre au Liban. La France, ne veut pas la guerre en Martinique. N’est-ce pas ces dix principes qui justifient la guerre "contre Poutine" ?

Face au massacre des Palestiniens de la bande de Gaza, de nombreux jeunes ont participé aux manifestations appelées par la gauche gouvernementale que représente LFI. Les plus honnêtes constatent que ces manifestations n’ont rien donné. Ces manifestations pas plus que celles sur les retraites ou toutes celles dirigées par la gauche bourgeoise à la tête des partis de gauche et des syndicats avec le soutien de toute l’extrême gauche opportuniste n’ont fait reculer le pouvoir et la grande bourgeoisie de son calendrier politique et militaire. Et la raison en est simple, partis de gauches et directions syndicales sont intégrées au pouvoir de la bourgeoisie et ne le remettent jamais en cause au travers de la défense de la république française qui n’est rien d’autres que la république bourgeoise autrement dit la dictature du grand capital sur le travail.

QUAND LE FAUX ANTI-IMPÉRIALISME DE GAUCHE ET D’EXTRÊME GAUCHE MASQUE UN SOUTIEN À LA POLITIQUE COLONIALE ET IMPÉRIALISTE DE LA FRANCE CAPITALISTE

Depuis le 1er septembre le mouvement contre la vie chère en Martinique est une révolte anticoloniale sur laquelle les travailleurs de France ont bien plus de prise que sur la Palestine mais aucun appel de ces organisations n’émerge pour soutenir politiquement en métropole le mouvement de lutte et à s’inspirer du dernier mouvement qui a réussi à faire reculer le grand capital béké ainsi que français (Leclerc, Carrefour…) et leur homme de main qu’est l’État bourgeois français comme les GJ avaient pu le faire aussi auparavant.

Les media de métropole, les syndicats et partis de gauche ont fait le silence sur le mouvement contre la vie chère lancée le 1er septembre par un Rassemblement style Gilet jaunes (car autonome par rapport aux partis et syndicats).

Si le gouvernement parle seulement de "maintien de l’ordre", c’est pourtant bien une guerre civile qu’il a déclarée contre ce mouvement et la population de Martinique. Les organisations syndicales comme les deux CGT-Martinique, poussées par ce mouvement mais prêtes à négocier dans son dos, ont été contraintes de suivre le mouvement en diffusant en Martinique le texte suivant, bien plus radical que d’habitude :

DECLARATION DES ORGANISATIONS POPULAIRES.

SORTONS DE L’IMPASSE

Les 36 organisations politiques, associatives, qui suite aux violences du lundi 7 octobre de la CRS8, ont appelé à une journée de mobilisation générale mercredi 9 octobre 2024 contre la répression coloniale et pour le départ de la CRS 8, se félicitent que dans toute la Martinique, leur mot d’ordre "d’ Ile morte" ait été suivi et pris en charge sous des formes diversifiées :

* 5 konwa molokoy convergeant pacifiquement vers la savane de Fort de France, en mémoire des événements insurrectionnels de décembre 1959 qui ont vu la mort des jeunes ROSILE, MARAJO, BETZI et ont amené le Conseil général d’alors à se prononcer unanimement pour le retrait immédiat des CRS su sol martiniquais.

(...)

* Mobilisation pacifique des lycéens du Lycée de DUCOS

Toutes des initiatives ont reçu l’adhésion massive des Martiniquais.

Alors pourquoi la Martinique s’embrase-t-elle ?

(...)

Le Préfet et l’ETAT sont les seuls responsables

(...)

Rappelons que la venue de la CRS 8 a été "justifiée" par de violents incidents dans le quartier populaire de Sainte-Thérèse, consécutifs au gazage mercredi 11 septembre 2024 d’un rassemblement pacifique avec femmes, enfants et personnes âgées. (...)

Ces actes de violence contre de pacifiques manifestants n’ont-ils pas pour but de provoquer une situation de violence et de chaos, pour justifier comme en Kanaky un état d’urgence, de privations de libertés et de répression s’exerçant contre toute la population ?

Nous disons NON à la répression qui s’abat sur les militants, à la violence provoquée dans notre pays par les forces de désordre dépêchées par l’Etat colonial français !

Comme les élus de l’Assemblée de Martinique dans leur motion du 4 octobre nous disons :

"RETRAIT IMMEDIAT DE LA CRS8 DU TERRITOIRE MARTINIQUAIS"

Il est de notre responsabilité d’en faire une exigence collective. Désormais, de véritables négociations politiques, économiques et sociales, d’un autre niveau doivent être entamées avec toutes les forces vives de notre pays autour des causes fondamentales de la légitime colère de notre jeunesse et du peuple martiniquais

* la fin du système colonial et capitaliste qui constitue un véritable embargo sur le futur de notre peuple

* le mal développement, le chômage, la misère sociale, les bas revenus et l’extrême dépendance alimentaire qui alimentent la vie chère et le départ massif de nos jeunes ;

* l’asphyxie délibérée de nos collectivité

* la spoliation, l’empoisonnement et la mise à disposition de terres pour les jeunes agriculteurs ;

* les problèmes d’injustices, de corruption criante d’un système à deux vitesses qui criminalise les Martiniquais et protège les autres ;

* la violence et la maltraitance coloniale d’Etat

Signatures : CGT Martinique, Combat Ouvrier.

LA GILET JAUNISATION DES LUTTES OU L’AUTO-ORGANISATION ET L’INDÉPENDANCE DE CLASSE

De même que le mouvement des Gilets jaunes avait été inauguré par une action le 17 novembre 2018, date donnée indépendamment des organisations syndicales et politiques, le mouvement contre la vie chère en Martinique a été lancé en dehors des organisations le 1er septembre 2024 (blocage du port). C’est le RPPRAC qui en apparait comme l’organisateur.

Ce Rassemblement ne fait pas partie des signataires de l’appel de la CGT et des 36 organisations ! Les organisations syndicales ont donc écrit un appel dénonçant le capitalisme et le colonialisme uniquement pour rester crédibles.

Ces organisations comme la CGT sont en fait bien en guerre contre la lutte des Martiniquais, dans le camp de l’État colonial qu’elles dénoncent en paroles seulement, car elles invitent tous les exploités en lutte à continuer à admettre comme seul cadre de la lutte la participation "pacifique" aux institutions de la démocratie bourgeoise.

Cette guerre est pour l’instant à sens unique car les organisations politiques et syndicales de gauche n’appellent pas les travailleurs d’ici à rentrer dans la bataille en soutien aux Martiniquais, et les travailleurs de France de Métropole ne sont pas entrés en lutte aux côtés des Martiniquais. Cette guerre contre les Békés de Martinique, et leur soutien inconditionnel l’État bourgeois français, devrait pourtant être la nôtre.

La CGT n’a rien fait pour diffuser massivement l’appel de ses filiales CGT Martinique suivis par un des signataires de l’Appel des 36 organisations qu’est Combat ouvrier et qui n’est autre qu’une filière locale de Lutte Ouvrière dont les porte-parole sont N. Arthaud et J-P Mercier. Cette organisation, dans sa presse en Métropole, cache quasiment son implication dans le mouvement. En effet on lit le 10 octobre dans l’hebdomadaire de cette organisation :

Le gouvernement vient d’imposer un couvre-feu et l’interdiction de manifestation en Martinique, sous prétexte de violences la nuit dernière, alors que la mobilisation contre la vie chère continue depuis septembre. Le ministre des Outre-mer dit vouloir « éviter toute escalade de la violence et (...) privilégier le dialogue ».

En fait de dialogue, le gouvernement veut bâillonner ceux qui protestent !

Mais l’exaspération monte aux Antilles face au problème de la cherté de la vie. Les appels aux CRS ne règleront rien et n’empêcheront pas la mobilisation de se poursuivre.

Lutte Ouvrière le 10 octobre

L’article du 10 octobre de LO ne mentionne même pas l’appel du 10 octobre de Combat Ouvrier et N. Arthaud n’appelle à aucune action de soutien en Métropole contre la vie chère en Martinique.

LA CRS 8 EST À JUSTE TITRE LA CIBLE DES REVENDICATIONS DES ORGANISATIONS DE MARTINIQUE.

Cette CRS 8, véritable milice coloniale, anti quartiers populaires, crée récemment, est décrite ainsi sur les sites de la Police :

4 nouvelles CRS (compagnies républicaines de sécurité) ont été créées sur le territoire pour lutter contre les violences urbaines et le trafic de stupéfiants, en appui des effectifs locaux. Ces CRS « nouvelle génération » (NG) reposent sur le modèle de la CRS 8 créée à Bièvres (Essonne) en juillet 2021. Les trois premières CRS nouvelle génération ont été créées fin novembre 2023. Elles sont implantées à Marseille (Bouches-du-Rhône) pour la CRS 81, à Saint-Herblain (Loire-Atlantique) pour la CRS 82 et à Chassieu pour la CRS 83. Quant à la CRS 84, elle a été implantée à Montauban (Tarn-et-Garonne) et est opérationnelle depuis juillet 2024.

Les communes de Bièvres (91), Saint-Herblain (44), Chassieu (69) et Marseille qui abritent les quatre CRS 8 sont donc les lieux potentiels de prochain rassemblement, de manifestations. Tant que les travailleurs des métropoles impérialistes se contenteront d’un sentiment de solidarité avec les victimes des armées impérialistes ou de leurs filiales comme l’armée israélienne, la guerre mondiale ne gardera comme depuis des décennies l’aspect de guerre localisées dans des zones du Tiers-monde. Mais cette guerre est prête à s’inviter dans une métropole comme la France, car à Mayotte, en Nouvelle-Calédonie et en Martinique, c’est presque simultanément que l’impérialisme français est menacé, après avoir été expulsé de plusieurs pays d’Afrique. Des débuts de manifestations contre cette CRS 8, bras armé du colonialisme, auraient un impact mondial.

Il est dans notre intérêt de rentrer dans cette guerre, sous la forme d’un front anti-impérialiste unique qu’elle peut prendre naturellement aujourd’hui grâce au mouvement contre la vie chère en Martinique. Si nous attendons, c’est sous la forme d’une guerre de civilisations, entre races, entre religions que les États capitalistes nous entrainerons dans ces guerres civiles qui accompagnent toujours les crises du capitalisme mondial.

Soutenons la revendication des martiniquais qui demande le départ de la CRS 8 de la Martinique ! Renouons avec la propagande antimilitariste, anticoloniale menée par la CGT jusqu’en 1935, année où le Front populaire la fit devenir patriote et colonialiste !

Notre principal ennemi est dans notre propre pays : c’est "notre" État, "notre" armée, "notre" police, "notre" classe possédante !

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