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C’est dans la nuit noire que brillent les étoiles...

jeudi 27 février 2025, par Karob, Robert Paris

C’est dans la nuit noire que brillent les étoiles…

Aujourd’hui, les peuples sont pris entre deux feux, entre deux terrorismes impérialistes des deux blocs qui marchent allègrement vers une dictature violente, vers un fascisme et vers une guerre mondiale thermonucléaire. Il n’y a aucune raison de penser que cette guerre restera localisée à l’Ukraine, à la Syrie, à Gaza, au Liban, car c’est le monde entier qui prend parti pour l’un ou l’autre camp. L’économie mondiale est aussi fracturée que les continents. Il y a fort à parier qu’il y aura bientôt deux internet comme il y aura deux monnaies de références, deux alliances armées. Ce n’est pas seulement l’affrontement de ces deux blocs capitalistes qui menace l’humanité car le fondement de cette dérive guerrière du monde réside dans la situation économique du système qui a si longtemps dominé la planète et qui n’en est plus capable. Les Etats et les banques centrales sont à bout de forces parce qu’elles n’en peuvent plus de soutenir un système économique en bout de course à coups d’aides financières gigantesques qu’aucune politique ne suffira jamais à rembourser. La fracture en deux du marché capitaliste mondial provient du fait que les classes dirigeantes ont compris que le système allait chuter quoiqu’ils fassent pour le faire durer. Elles préfèrent que le monde bascule dans le sang, dans la terreur, dans la dictature des bandes armées que de risquer de perdre le pouvoir au profit des exploités et des opprimés. La barbarie mondiale n’est pas la seule perspective d’avenir de l’humanité et les classes possédantes le savent, si les exploités l’ignorent souvent encore, mais cela ne fait qu’inciter davantage le monde capitaliste à choisir l’option de l’horreur et de la terreur. Le bain de sang préventif a souvent dans le passé été leur solution pour éviter les révolutions sociales. Plutôt la barbarie que le socialisme, voilà le fondement de cette course accélérée du capitalisme mondial vers la mort, la boue et le sang que nous vivons actuellement. Voilà pourquoi le monde marche aveuglément vers le noir profond, vers l’horreur généralisée, vers la fin non seulement de la société capitaliste mais même de toute civilisation… C’est une chute inexorable et historique à laquelle nous assistons en pensant souvent à tort que nous n’y pourrons rien, que nous n’avons pas de solution, que nous ne pouvons que croiser les doigts et espérer que les missiles passent au-dessus de nos têtes.

Difficile d’imaginer l’ampleur d’un tel effondrement. L’érection de l’édifice d’argent de l’accumulation du capital a commencé depuis des siècles, au milieu du Moyen-Age et même avant dans certaines régions du monde. La masse de richesses accumulées est absolument phénoménale, dépassant tout ce que l’on pouvait imaginer aux débuts du capitalisme. Quand tout cela s’écroule, cela ne peut faire qu’un patatras gigantesque et mondial. Ce n’est pas un simple recul, une récession, une crise classique du capitalisme, ni un krach financier. Non, c’est l’effondrement global et complet de toute la structure. L’interruption de l’accumulation du capital n’est pas provisoire. La faillite des Etats n’est pas solutionnable. L’impossibilité de trouver des investissements suffisamment rentables est grandement aggravée par le fait que la chute, elle-même, accroit la rentabilité à court terme des investissements hautement spéculatifs. Les aides des Etats et des banques centrales aggravent encore l’effet de suraccumulation du capital. Que la fausse monnaie bitcoin soit l’un des plus rentables en dit long…

Et, devant cette chute vertigineuse du système tout entier, les préparatifs des classes possédantes, pour affolants qu’ils soient (un massacre de Gaza à l’échelle mondiale et un nouveau fascisme à la Elon Musk), semblent cependant dérisoires devant la tempête révolutionnaire qui ne peut manquer de souffler quand le château de carte de la finance Madoff mondiale va jouer à l’effet domino. Et la révolution sociale et politique mondiale n’est pas un mythe : la vague des printemps initiée en 2011, suite à l’effondrement capitaliste mondial de 2007-2008, en donne un bon avant-goût. Certes, cette vague internationale de révolte débutée au Moyen-Orient et qui a parcouru le monde, y compris des pays impérialistes comme la France et les USA, a été éradiquée par la vague de la pandémie et par la répression, par la mise en place des dictatures, par la poussée vers la guerre mondiale. Mais elle-même n’est qu’un petit avant-goût, une entrée en matière, face à ce que sera une révolte mondiale face à la chute du capitalisme, à la misère de masse, à la fin des emplois, à la fermeture des banques, à la mainmise sur les épargnes, à la chute de la confiance dans les monnaies, à la perte de confiance dans les gouvernements, à la guerre mondiale, à la dictature et au fascisme, aux révoltes conjointes des travailleurs, des jeunes, des femmes, des retraités, des chômeurs, des petits boulots, des paysans pauvres et de tous les petits bourgeois ruinés, etc, etc…

Préparer le fascisme mondial ou la guerre mondiale comme Trump-Musk-Mody-Nétanyahou-Méloni-Poutine et bien d’autres n’est rien d’autre qu’une contre-révolution mondiale et cela suppose que, déjà, les classes dirigeantes estiment que la révolution sociale est à la porte. Mais une telle politique de terreur ne rendra pas au capitalisme sa dynamique perdue. Quand l’accumulation du capital a atteint des limites, la chute est inévitable et, si elle a pu être retardée durant quelques années, c’est au prix de l’aggravation du gouffre financier mondial. Ce dernier est plus de deux fois plus profond qu’en 2007-2008. Et la politique menée en 2008 dite de sauvetage (en fait de retardement de l’effondrement) ne peut plus l’être, les banques centrales ayant dépassé leurs capacités d’intervention. La course aux armements ne peut pas suffire à offrir des perspectives d’investissement à un capital mondial devenu artificiellement beaucoup plus gros que toute l’économie mondiale. La dynamique capitaliste des investissements productifs n’est déjà plus qu’un souvenir (sans les aides d’Etat, l’économie serait morte depuis longtemps) et personne ne va la faire renaitre. Le capital, loin d’être encore le catalyseur de la dynamique économique, est celui de sa mort. Cela ne veut bien entendu pas dire que le socialisme va sortir spontanément de la chute économique du capitalisme. Seule la lutte des classes peut faire avancer l’humanité. Il ne suffit pas qu’une classe sociale soit condamnée par l’Histoire pour qu’elle cède la place ! Il faut que la révolution la renverse, détruise son pouvoir et en bâtisse un autre !

L’humanité n’a pas dit son dernier mot. La barbarie n’est pas inévitable. C’est seulement un mode de production qui est dépassé. Ce n’est pas la capacité humaine à transformer le monde. L’humanité peut bâtir d’autres modes de production et d’autres relations sociales, à condition de rompre mondialement et définitivement avec la propriété privée des moyens de production. A condition aussi de désarmer la classe capitaliste en renversant ses Etats, ses armées et autres forces de destruction et de répression. Cela peut sembler un objectif inatteignable dans une situation normale mais, dans une situation de crise de la domination capitaliste, cela est tout à fait réalisable. Les classes dirigeantes le savent bien puisque toutes leurs politiques sont actuellement faites pour l’éviter. La guerre mondiale, elle-même, n’a pas pour raison fondamentale la seule concurrence économique. Le fascisme est directement braqué contre la révolution. Et quand les classes possédantes ne craignent plus de brandir le bain de sang mondial, c’est bien qu’elles sont aux abois, qu’elles craignent les exploités et les opprimés.

Bien sûr, pour le moment, la chute économique, la faillite des Etats et des entreprises, l’inflation massive et les suppressions massives d’emplois ne suscitent pas des réactions anticapitalistes. Les réformistes politiques et syndicaux peuvent encore proposer qu’on sauve l’entreprise, que l’on sauve le pays, que l’on sauve le capitalisme. Les travailleurs sont encore d’accord pour être sauvés. Mais qu’arrivera-t-il quand il sera patent que le système ne peut plus du tout se sauver (et a fortiori sauver les exploités) ? Dès lors, les salariés seront-ils accrochés à « leur » entreprise, à « leur » Etat, à leur « pays », à « leur » gouvernement, au point de couler avec lui, comme les passagers à un Titanic qui sombre ? Les salariés dépendent certes de leur patron mais leurs intérêts sociaux et économiques ne sont pas aussi liés à ceux de leurs exploiteurs que l’on veut bien le dire. « Les travailleurs n’ont que leurs chaînes à perdre et un monde à gagner » de Marx et Engels reste tout aussi vrai, y compris dans le monde impérialiste. Le grand capital a pu, un temps, offrir à une petite partie des exploités une vie acceptable mais, du moment qu’il ne le peut plus, les salariés redeviennent ce prolétariat mondial dont les exploiteurs craignent les coups de colère, la seule force sociale planétaire capable de bâtir une nouvelle société sans exploitation de l’homme par l’homme…

Encore une fois, le mode de production actuel, même s’il a gagné le monde entier, même s’il s’est maintenu au pouvoir malgré les crises et les guerres, n’est que l’un des modes de production que l’Histoire a reconnus et pas le seul. La propriété privée des moyens de production n’a pas toujours existé. L’accumulation du capital n’a pas toujours existé. Même l’exploitation de l’homme par l’homme n’a pas toujours existé. Même l’Etat au service des exploiteurs n’a pas toujours existé. Rien ne prouve qu’ils existeront toujours. Surtout s’ils ne sont plus capables de faire fonctionner la vie économique et sociale.

Les classes dirigeantes en sont aux diverses parades pour détourner la colère sociale : accuser l’immigration, accuser les étrangers, accuser les peuples des pays du camp adverse, accuser le climat, accuser les Musulmans, accuser les chômeurs et les salariés, accuser les « autres civilisations », pousser au repliement national, racial, religieux, ethnique. Mais ces « solutions » ne peuvent durablement faire reculer la lutte des classes. Elles ne sont une perspective que si les classes possédantes poussent au fascisme et à la dictature puis à la guerre mondiale, comme l’a bien montré le nazisme.

Mais il est certain qu’une guerre mondiale entre les deux blocs signifierait la destruction de l’humanité et pas seulement à cause des armes nucléaires, mais aussi des armes chimiques, bactériologiques et virologiques. Et aussi des armes classiques. Il y a cent fois de quoi détruire l’humanité tout entière. Et il n’y a qu’un moyen de l’empêcher : renverser le pouvoir capitaliste par la révolution sociale ! En disant cela, nous ne prenons pas nos désirs pour des réalités mais nous exprimons une simple nécessité. Nous avons parfaitement conscience que l’organisation du prolétariat par lui-même reste entièrement à construire, que le programme révolutionnaire est à rebatir, que la perspective communiste est encore plombée par le stalinisme, mais tout cela peut changer très rapidement lors de circonstances révolutionnaires. Nous savons bien que les prolétaires qui ont conscience de la situation sont surtout affolés et qu’ils espèrent seulement que cela s’arrange ou que le coup passe à côté d’eux. Mais que se passera-t-il dès lors que les exploités seront persuadés que le système mondial n’a plus d’avenir ? Toutes les barrières, politiques, militaires, sociales, morales, réformistes comme fascistes, les barrières de la peur et de la résignation peuvent alors voler en éclats.

Ne nous y trompons pas, les classes possédantes sont encore plus affolées de la situation que les classes exploitées. Elles ont plus à perdre. Elles ont déjà perdu toute boussole autre que le désir éperdu de s’accrocher au vieux monde. Elles sont prêtes à se jeter dans les bras de quiconque se prétendra le sauveur, celui qui leur évitera les affres de la révolution sociale. Et elles craignent aussi la chute de l’économie. Et même la guerre et le fascisme. Mais elles sont de plus en plus d’accord pour se lancer et jeter le monde dans les horreurs, du moment que celles-ci affirment leur éviter la perte du pouvoir sur les capitaux et sur les Etats. Quiconque se dit capable d’éradiquer par la violence de la contre-révolution la perspective de révolution sociale recueille leurs suffrages alors qu’autrefois les mêmes « solutions » leur seraient parues inacceptables. Le capital est mûr pour se jeter (et nous jeter) dans la barbarie.

Dès lors, que ce soit du fait de la situation économique objective ou des conséquences politiques et sociales qu’en tirent les exploiteurs, il faut clamer haut et fort : le capitalisme, comme système capable de fonctionner, de donner du travail, de permettre une vie sociale acceptable, est définitivement mort. Ce qui n’est pas encore né, c’est la société qui lui succèdera et c’est au sein des travailleurs qu’elle naitra ou pas.

L’avenir n’est ni aux calculs des politiciens, même de gauche ou d’extrême gauche, ni aux calculs des dirigeants syndicaux réformistes et opportunistes, ni aux calculs des classes possédantes, de leurs dirigeants politiques et militaires. Devant l’ampleur du pas en avant qui se présente devant les prolétaires, tous ces petits calculateurs ne valent pas un clou. Leurs propositions, leurs solutions, leurs calculs d’appareils ne sont pas à la mesure de la situation historique.

On nous dira : vous croyez encore au « grand soir ». Nous répondons : nous croyons seulement que la société s’enfonce dans la nuit noire mais aussi que, lorsque la nuit capitaliste tombe, c’est là que montent dans le ciel les étoiles socialistes et elles peuvent illuminer l’avenir de l’humanité…

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