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Les vacances : un moment de liberté ?

jeudi 9 août 2018

Les vacances : un moment de liberté ?

Pour un certain nombre de travailleurs, l’été est le moment que l’on attend toute l’année. Ces quelques jours où l’on retrouve un semblant de liberté, c’est un peu ce qui nous aide à supporter une longue année de travail, une longue année où nous sommes dépossédés de notre temps, de notre liberté de décider et d’agir. Les vacances, c’est ainsi le moment où l’on peut vivre avec ses proches, ses amis, où l’on peut découvrir de nouveaux lieux, régions ou pays. Mais c’est surtout un moment où nous tentons de nous reposer, de nous remettre de la fatigue et des blessures physiques et mentales que nous inflige le difficile quotidien de l’exploitation, c’est un moment où nous ne sommes plus soumis à l’absurdité des relations de travail. C’est aussi le cas pour ceux d’entre nous à qui les vacances permettent de s’éloigner un peu des tracas du chômage et de la précarité.

En France, les vacances nous ont été accordé à partir de 1936, quand une grève générale menaçait les patrons. Car en 1936, ce n’est pas le « Front Populaire » qui a obtenu des droits pour les prolétaires, mais ce sont nos prédécesseurs, ouvriers et employés, qui se sont mis en grève, ont occupé des lieux de production et ont organisé des comités de grève, alors même que syndicats et patronat tentaient de mettre fin à la grève. En voyant les travailleurs remettre en question la propriété privée des moyens de production, les capitalistes leur ont accordé deux semaines de congés payés : ils préféraient leur accorder quelques jours de repos, ce qui est comparable à une petite augmentation de salaire (3,8%), plutôt que la situation ne leur échappe et mène à la révolution.

Après la seconde guerre mondiale, d’autres luttes et grèves ont abouti à des semaines de congés payés supplémentaires. À chaque fois, ces concessions sont le fruit du combat des exploités.

Mais les vacances, au-delà d’être des jours de repos, ce sont aussi des produits que l’on nous vend, des vêtements, accessoires, boissons, nourriture, moyens de transports, hébergements : c’est un commerce en bonne et due forme. Et c’est bien pour cela qu’au moins 40 % d’entre nous ne partent pas en vacances, faute de moyens. Combien économisent toute l’année pour pouvoir partir de chez eux, pour découvrir de nouvelles choses ? Ce temps de loisirs concédés par nos patrons sera de toute manière récupéré par d’autres capitalistes. L’industrie du tourisme nous fait rêver et nous promet la découverte d’un passé idéalisé, d’autres pays et d’autres cultures. En réalité, elle s’appuie sur l’exploitation d’autres travailleurs, et ne nous propose que de consommer au prix fort des produits standardisés.

Le voyage pourrait pourtant être conçu autrement. Dans une société libérée de l’exploitation capitaliste, nous pourrions, toutes et tous, nous déplacer librement par-delà les contrées, aller rencontrer d’autres gens et avoir d’authentiques échanges. Les frontières et les passeports n’auraient plus de raisons d’exister. Il ne serait plus question de dissocier les vacances du travail, car nous serions maîtres de notre temps, de notre vie. Nous ne serions donc plus obligés de traverser de grandes distances à toute vitesse, de devoir choisir entre le repos et la découverte, de nous dépêcher pour pouvoir profiter de notre voyage. Nous pourrions au contraire prendre le temps de décider, d’apprendre, de construire avec les autres.

Cette idée de liberté vaut bien plus que 5 semaines de congés payés, il nous appartient de l’imposer.

Garap

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