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Les travailleurs de l’automobile américains paralysent General Motors
mercredi 18 septembre 2019
Quarante-six mille travailleurs de General Motors ont débrayé à minuit dimanche soir. La fermeture de 35 usines de fabrication au Michigan, en Ohio, en Indiana, au Kentucky, au Missouri, au Tennessee et à New York coûtera jusqu’à 400 millions de dollars par jour à GM en perte de production.
Malgré ses efforts frénétiques pour éviter une grève, les dirigeants du syndicat UAW (Travailleurs unis de l’automobile) – qui ont été démasqués comme des agents corrompus et criminels des compagnies automobiles – ont conclu qu’ils n’étaient pas en mesure d’empêcher une grève de masse.
L’annonce de la grève a été faite lors d’une conférence de presse donnée par Terry Dittes, vice-président de l’UAW. Démoralisé et effrayé, Dittes a parlé comme s’il assistait à un enterrement.
La veille, le syndicat avait demandé à ses membres de franchir les piquets des agents de nettoyages appartenant au même syndicat. L’UAW a refusé d’appeler les travailleurs de Ford et Fiat-Chrysler à faire grève, cherchant du mieux qu’ils le peuvent à éviter de mobiliser la pleine force des travailleurs de l’automobile.
La grève chez General Motors est une intensification majeure de la lutte des classes aux États-Unis et au niveau international. Le puissant mouvement social qui a commencé l’année dernière avec les enseignants s’étend à la classe ouvrière industrielle. La répression de la lutte de classe qui dure depuis des décennies et qui est mise en œuvre sans relâche par une alliance entre les syndicats, les entreprises et le gouvernement est en train de s’effondrer.
En commençant ce combat, les travailleurs doivent étudier le champ de bataille et élaborer une stratégie fondée sur la compréhension de qui sont leurs alliés et qui sont leurs ennemis.
Les travailleurs font face à General Motors, le symbole de la puissance du capitalisme américain, une société d’une capitalisation boursière de 55 milliards de dollars. Mais GM fait elle-même partie d’une industrie automobile intégrée à l’échelle mondiale, coordonnant le travail de millions de travailleurs dans le monde entier.
Toute lutte des travailleurs a une dimension politique, mais c’est particulièrement évident dans la situation actuelle. Depuis quarante ans, l’industrie automobile est la cible des administrations démocrates et républicaines qui tentent d’accroître les profits des entreprises au détriment de la classe ouvrière.
Il y a quarante ans, en 1979, l’administration démocrate de Jimmy Carter et un Congrès contrôlé par le Parti démocrate ont insisté pour affirmer que le prétendu sauvetage de Chrysler exigeait des concessions massives de la part des travailleurs et la fermeture d’usines. Peu de temps après, l’administration républicaine de Reagan a congédié les aiguilleurs du ciel de PATCO, ce qui fut le coup d’envoi d’un assaut généralisé sur l’ensemble de la classe ouvrière.
En 2008, l’administration Obama a réduit de moitié les salaires des travailleurs nouvellement embauchés dans le cadre de sa restructuration de l’industrie automobile. Les licenciements de masse, les fermetures d’usines et les réductions salariales imposées par Obama ont entraîné des profits records pour les constructeurs automobiles.
Au cours des quatre décennies de contre-révolution sociale, GM, Ford et Chrysler ont réduit de 600.000 le nombre d’emplois dans le secteur de l’automobile. Il reste aujourd’hui seulement 158.000 emplois dans l’industrie. Le salaire d’un travailleur de l’automobile nouvellement embauché a diminué de moitié.
L’expansion des profits des entreprises par l’appauvrissement des travailleurs est la loi fondamentale du système capitaliste. Le profit ne tombe pas du ciel comme la manne : il est extrait de la classe ouvrière au moment de production. La valeur créée par les travailleurs à travers le processus de travail est distribuée aux capitalistes qui les exploitent.
Le caractère injuste et d’exploitation de ce système est démontré par les salaires des cadres du secteur automobile et les milliards de dollars versés aux investisseurs sous forme de profits.
Mary Barra, PDG de GM, avec son salaire annuel de 21,87 millions de dollars, gagne deux fois plus en une journée qu’un nouveau travailleur de l’automobile en un an. GM a affiché un profit de 11,8 milliards de dollars l’an dernier. Il a dépensé plus de 10 milliards de dollars en rachats d’actions depuis 2015.
L’affirmation selon laquelle GM n’a pas l’argent nécessaire pour répondre aux revendications des travailleurs en vue du rétablissement de leur salaire et de leurs avantages sociaux doit être rejetée avec mépris.
Même si les travailleurs luttent contre les entreprises, le gouvernement et le système capitaliste dans son ensemble, leur ennemi le plus déterminé est l’organisation qui prétend les représenter : l’UAW soudoyé et corrompu.
Les trahisons sans fin des intérêts des travailleurs par l’UAW ont abouti au marais de corruption dans lequel patauge l’ensemble de la direction de l’UAW, soudoyée à hauteur de millions de dollars par les patrons.
Tout ce contre quoi les travailleurs luttent aujourd’hui, des fermetures d’usines aux salaires de misère en passant par le système à deux vitesses de salaires et d’avantages sociaux, est le produit des reculs imposés par l’UAW. Croire que cela va maintenant changer, c’est se livrer aux illusions les plus dangereuses.
Alors qu’il a été démontré que les responsables de l’UAW ont dépensé des millions de dollars en argent des travailleurs pour des parties de golf, des cigares, du whisky et des prostituées, l’UAW a annoncé que les travailleurs toucheront une misérable indemnité de grève de $250 par semaine, et ce seulement après la première semaine complète d’une grève.
Les travailleurs de GM ont de nombreux ennemis, mais ils ont aussi de puissants alliés.
Les travailleurs de l’automobile bénéficient d’une compassion et d’un soutien écrasants de la part de la population active en Amérique. Les conditions d’exploitation contre lesquelles les travailleurs de l’automobile luttent sont celles que subissent des millions de travailleurs partout au pays, qui ont vu leur salaire et leurs avantages réduits à néant et qui sont traités plus mal que les machines qu’ils utilisent.
Les travailleurs de GM doivent appeler leurs frères et sœurs de Ford et de Fiat Chrysler à se joindre à leur grève, afin de paralyser toute l’industrie automobile américaine et d’exercer une pression économique et politique maximale sur les patrons de l’automobile.
Et il est tout aussi important que les travailleurs fassent appel au soutien des travailleurs et des jeunes partout au pays et dans le monde, soutien qu’ils recevront facilement.
La grève de GM est la dernière étape d’une vague de grèves mondiale. La grève des travailleurs de l’automobile américains se déroule dans le contexte d’un mouvement international de la classe ouvrière. Rien que la semaine dernière, 8 000 travailleurs de GM ont déclenché une grève en Corée et les travailleurs français du transport en commun ont fermé le métro de Paris. Au cours de la dernière année, les travailleurs de l’automobile en Inde et au Mexique ont mené de puissantes grèves. En France, à Porto Rico et à Hong Kong, des travailleurs et des jeunes ont participé à des manifestations de masse pour défendre leurs droits sociaux et démocratiques.
La lutte ne peut réussir que si elle retirée du contrôle exercé par les traîtres de l’UAW. Les travailleurs doivent élire des comités de base pour organiser et étendre la grève.
Ces comités doivent exiger :
● Une augmentation de 40 pour cent des salaires pour commencer à récupérer des décennies de salaires perdus en raison de concessions illégitimes faites par l’UAW corrompu et les entreprises qui l’ont soudoyé.
● Mettre fin au système à deux vitesses ! L’égalité au travail ! Tous les travailleurs, y compris les travailleurs à temps partiel et les travailleurs contractuels, doivent bénéficier immédiatement des meilleurs salaires et avantages sociaux.
● Restaurer des emplois ! Rouvrir Lordstown et d’autres usines fermées et réembaucher tous les travailleurs mis à pied et victimisés. Arrêtez toutes les fermetures d’usines et les mises à pied !
● Respectez les droits des retraités ! Annulez toutes les coupes dans les soins de santé et les pensions des retraités.
● Démocratie dans l’usine ! Pour le contrôle des travailleurs sur la production, la cadence de production et la sécurité.
● $750 par semaine en indemnités de grève ! L’UAW et l’AFL-CIO disposent de milliards de dollars d’actifs qu’ils utilisent pour se payer du luxe aux frais de leurs membres et payer des salaires à six chiffres à des milliers de cadres. Ces ressources, pillées dans les cotisations et les régimes de retraite, doivent maintenant être déboursées !
Dans cette lutte, le Parti de l’égalité socialiste, qui publie le Bulletin des travailleurs de l’automobile du WSWS et contribue à la publication du World Socialist Web Site, s’engage à soutenir pleinement les travailleurs.
Le Parti de l’égalité socialiste fera tout son possible pour construire une nouvelle direction socialiste militante dans la classe ouvrière. Il fournira aux travailleurs l’information dont ils ont besoin pour les aider à organiser leur lutte et à rallier un appui partout au pays et à l’étranger.
Nous invitons les travailleurs à participer à notre prochain forum en ligne, qui a réuni la semaine dernière plus de 300 travailleurs, afin de discuter des enjeux stratégiques auxquels les travailleurs de l’automobile font face dans cette grande et cruciale lutte.