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Grève générale en Polynésie, colonie française

dimanche 13 juin 2010

Le trafic aérien international était toujours paralysé samedi soir (dimanche matin à Paris) en Polynésie française, par une grève générale suivie par les pompiers qui assurent les décollages et atterrissages des avions.

Environ 3.500 personnes étaient concernées par ces annulations, dont 2.000 en attente à Tahiti, selon le Haut-Commissariat. Les négociations sont au point mort, et il est peu probable que le trafic reprenne avant lundi.

Certains touristes ont passé deux nuits à l’aéroport. Les hôtels tahitiens sont pleins. Les autorités de l’Etat ont appelé la population à héberger gratuitement les voyageurs. Selon la cellule de crise activée par le Haut-Commissariat et le gouvernement polynésien, les propositions ont été nombreuses et la plupart des touristes sont hébergés.

"Heureusement, on n’a pas eu de demande d’évacuation sanitaire internationale de la part de l’hôpital, mais on a eu des cas d’étudiants qui doivent passer des examens en métropole, comme le CAPES, et n’ont pas pu partir", a déclaré à l’AFP Magali Charbonneau, directrice de cabinet du Haut-Commissaire.

Le mouvement de grève générale a débuté jeudi. Il est peu suivi dans la fonction publique (22% de grévistes vendredi), et moins encore dans le privé.

Mais le collectif de 11 syndicats qui a appelé à la grève a bloqué des points stratégiques, tels que le Trésor public, l’Institut d’Emission d’Outre-Mer, et la Caisse de Prévoyance sociale (Sécurité sociale locale). Il a aussi mis en place un barrage filtrant vers la zone industrielle de Motu Uta, où sont entreposées les réserves de carburants et où débarquent les containers.

Le mouvement est très suivi en revanche dans certains secteurs-clefs, comme chez les pompiers de l’aéroport, qui n’ont pas répondu aux réquisitions de l’Etat, ou aux douanes, ce qui bloque toute importation.

Le collectif syndical et le gouvernement se sont rencontrés jusqu’à 4H30 du matin (heure locale) samedi. Les négociations ont achoppé sur la création d’une caisse de chômage, qui n’existe pas en Polynésie.

Messages

  • La semaine commence en Polynésie avec toujours la même détermination du côté des grévistes après 4 jours de grève. Après des heures de négociations dans la nuit de vendredi à samedi, deux points de blocage n’ont pas permis la levée de la grève. Les grévistes réclament notamment la création d’une caisse de chômage. Un point qui mérite réflexion selon le président de la Polynésie, Gaston Tong Sang. Il a par ailleurs qualifié de mauvaise foi le comportement des grévistes : « Quand on a entamé la discussion… je pensais sérieusement qu’on allait aboutir à un accord… J’avais reçu les contre-propositions à mon projet de protocole que j’avais pratiquement pris en compte dans le nouveau projet… Ce n’est que vers 3 heures du matin je commençais à avoir des réactions bizarres… Une opposition disant ah nous voulons absolument la caisse de chômage… » Ce à quoi il répond à radio Polynésie : « Je suis d’accord pour qu’on inscrive dans la discussion tripartie, l’idée de la création d’une caisse de chômage… On choisira la meilleure solution acceptable pour tout le monde, et surtout supportable financièrement pour tout le monde ». Les grévistes regroupés sous la bannière du « collectif pour la paix » réclament également que les familles les plus modestes ne soient pas touchées par le remboursement de 15 milliards francs pacifiques à la caisse de retraite.

    Conséquences

    La grève entamée jeudi a des répercussions sur la vie des habitants. Le gaz commence à manquer dans les stations services, les réserves de carburant devraient également être touchées. Au niveau du transport aérien des réquisitions pourraient avoir lieu dès ce lundi afin d’assurer un service minimum. Plus de 3.000 personnes sont bloquées suite à la paralysie des vols internationaux.

  • La grève se durcit à Air Tahiti !

    La compagnie a annulé la plupart des 65 vols en moyenne qu’elle assure quotidiennement pour environ 1.900 passagers. Elle a pu néanmoins reprogrammer des vols pour aller chercher les passagers d’île en île, et assure que 75 à 80% d’entre eux ont finalement pu être acheminés ces derniers jours.

    Certains employés sont en grève depuis le 12 mai et le mouvement a pris de l’ampleur cette semaine, avec l’appel à la grève de plusieurs syndicats de PNC et de pilotes. Ils assurent que plus de 80% des hôtesses et stewards suivent le mouvement, un chiffre confirmé par la direction. D’autres préavis ont été déposés pour la semaine prochaine. Les syndicats appellent aussi à la grève dans les sociétés prestataires de la compagnie (ravitaillement en carburant, plateaux-repas).

    Air Tahiti assure les vols inter-îles en Polynésie française. Le mouvement social ne touche pas Air Tahiti Nui, une compagnie distincte, qui assure des vols longs courrier depuis la Polynésie française. Les revendications sont nombreuses et beaucoup sont propres à chaque catégorie de personnels. Les syndicats insistent sur leur refus du plan social en cours, et sur les "pressions" et le "harcèlement" que subissent selon eux les salariés.

    "Très peu de vols ont pu être assurés", a reconnu auprès de l’AFP le service communication de la compagnie. Air Tahiti réajuste chaque jour tout son programme, et organise des vols-charters qui vont chercher les passagers dans les nombreuses îles desservies par la compagnie. Air Tahiti a même affrété un ferry pour desservir Huahine et Raiatea, deux îles peu éloignées de Tahiti. Mais cette solution n’est pas envisageable pour les cinq archipels de Polynésie française, répartis sur une surface grande comme l’Europe dans le sud de l’océan Pacifique.

  • Des milliers de travailleurs à Tahiti et dans d’autres parties de la Polynésie française ont rejoint le 15 février une grève générale, annoncée au départ comme « illimitée », contre le projet du gouvernement de faire passer l’âge de la retraite de 60 à 62 ans d’ici 2020 et d’augmenter les cotisations salariales. La proposition exige également que les travailleurs contribuent à la sécurité sociale pendant 38 ans, contre 35 actuellement, pour pouvoir bénéficier d’une pension de retraite à taux plein.

    Cette colonie française reculée du Pacifique Sud, avec 67 îles habitées et une population de 280 000 habitants, a été ravagée par les crises politiques et les troubles sociaux pendant plus d’une décennie. Quatre grèves ont eu lieu en novembre et décembre dernier impliquant les personnels du journal Dépêche de Tahiti, les travailleurs d’Air France, les travailleurs hospitaliers et les travailleurs des cantines scolaires.

    Cette grève générale est la dernière manifestation d’une colère généralisée parmi les travailleurs à propos des mesures d’austérité imposées par les gouvernements successifs à Papeete et à Paris, y compris des attaques répétées contre les emplois, les salaires et les conditions de travail.

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