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La grève continue en Afrique du sud

jeudi 16 septembre 2010

Grève en Afrique du Sud : la situation est toujours bloquée
Les travailleurs sud-africains continuant la grève dans les rues de Johannesburg, le 2 septembre 2010, afin d’obtenir une augmentation des salaires.

Les travailleurs sud-africains continuant la grève dans les rues de Johannesburg, le 2 septembre 2010, afin d’obtenir une augmentation des salaires.

REUTERS/Siphiwe Sibeko

Par RFI

En Afrique du Sud, alors que la grève entre dans sa troisième semaine, il n’y a toujours pas de sortie de crise en vue. La majorité des syndicats rejettent la dernière offre salariale du gouvernement, mais les discussions pour trouver une position commune se poursuivent.

Entre syndicats et gouvernement, les positions demeurent figées. Les fonctionnaires exigent une hausse de salaires de 8,6 % ainsi qu’une allocation logement de 1 000 rands.

Jusqu’à la semaine dernière, le gouvernement proposait 7% et 700 rands. Après la menace du Cosatu, la puissante centrale syndicale qui a fait cesser le travail une journée dans le secteur minier, puis surtout l’appel à retourner à la table des négociations lancé par le président sud-africain, le gouvernement a fait une nouvelle offre le mardi 31 août : 7,5% de hausse de salaire, puis une allocation logement mensuelle de 800 rands.

Mais le gouvernement souligne que cet effort a un coût pour le budget national, pas moins de 5 milliards de rands, environ 355 milliards de FCFA.

Prudents, les leaders syndicaux ont accepté l’offre, mais préfèrent consulter leur base. Ils notent au passage que le gouvernement qui affirmait toujours qu’il n’y a plus d’argent dans les caisses, a fait un pas !

« Le gouvernement a mis une nouvelle offre sur la table : il propose de faire passer l’augmentation de salaire de 7 à 7,5 %. Ça va être aux membres du syndicat, qui décideront s’il faut accepter ou pas et puis les leaders se réuniront à nouveau le plus vite possible on l’espère pour trouver une position commune. Le gouvernement a les moyens de lever des fonds. Le simple fait qu’il nous fasse une offre améliorée nous prouve qu’on avait raison d’insister », explique Patrick Craven, l’un des leaders syndicaux qui négocie au nom de la Cosatu.

Certaines branches ont déjà obtenu des hausses

Depuis le mardi 31 août, les syndicats consultent donc leurs bases, mais les négociations avec le gouvernement ont commencé depuis le mois d’avril.

Certaines branches, notamment celle de l’électricité, ont déjà obtenu une hausse de 8%, qui n’est pas pour mettre fin, en tout cas dans l’immédiat, au mouvement. Mamie de Clerck est le porte-parole de Public Services Association : « Vous savez, nous avions depuis le début les mêmes revendications que la Cosatu, à savoir 8,6% d’augmentation et une allocation logement mensuelle de 1 000 rands. Et certains employés de l’Etat, ceux qui travaillent dans l’électricité, par exemple, ont déjà négocié avec le gouvernement une hausse de plus de 8 %. Donc cela paraît difficile d’accepter moins que ce qui a été offert à d’autres. Je ne pense pas qu’on puisse trouver un compromis à moins de 8 % ».

La poursuite de la grève pourrait ternir l’image du pays

Même si la grève est seulement observée dans les services publics, elle touche bien évidemment le privé. Et la bonne image affichée par l’Afrique du Sud pendant le dernier mondial de football est en train de ternir. Ce que regrette Jerry Vilakazi, le président du BUSA, le patronnat sud-africain. « Nous sommes préoccupés de l’impact de cette grève sur le monde des affaires, car nous sortons à peine de la coupe du monde dont l’organisation fut une grande réussite pour l’Afrique du Sud. Le sens de l’organisation et le savoir-faire de notre pays, l’Afrique du Sud, ont été très appréciés à l’étranger. Au lieu de consolider ces acquis, nous sommes en train de perdre cette belle image que nous avons montré aux yeux du monde », déplore Jerry Vilakazi.

Le gouvernement du président Jacob Zuma a toujours affirmé que le budget de l’Etat ne peut pas permettre d’aller au-delà des propositions faites aux syndicats. L’offre du gouvernement représenterait un coût supplémentaire de sept milliards de rands. le pays consacre déjà presque 300 milliards aux salaires des fonctionnaires. L’économie du pays, la plus importante du continent, peut-elle absorber ces hausses et surtout se maintenir à son niveau avec cette grève ?

« Si cette grève devait se poursuivre pendant 30 jours, les pertes atteindraient 30 milliards de rands, ce qui représenterait une baisse de 0,4% sur notre taux de croissance, prévient Chris Harmzé, professeur d’économie à l’université de Johannesburg. Je tiens à rappeler que les retombées de la coupe du monde s’élevaient à 30 milliards de rands. S’il arrivait qu’on perde 30 milliards et même plus à cause des grèves, cela voudrait dire que ces grèves ont effacé complètement tout ce que nous avons tiré de cet évènement ».

Pour l’heure, cette grève n’a pas touché le secteur stratégique des mines. Seuls les écoliers et les malades sont les principales victimes. De nombreux établissements scolaires ont dû fermer leurs portes et les hôpitaux fonctionnent au ralenti depuis le 18 août.

Messages

  • La compagnie minière sud- africaine, Northam Platinum Limited, a temporairement suspendu ses opérations à la mine de Zondereinde en raison de la hausse des tensions causée par une grève depuis mardi.

    Environ 5000 employés membres du syndicat national des mineurs, NUM, ont entamé une grève sans protection pour protester contre les pratiques injustes de recrutement et de licenciement.

    Seuls les employés des services essentiels devront travailler selon les accords en cours, a déclaré Northam Platinum dans un communiqué.

    Cette décision a été prise suite à une hausse des tensions à la mine, à cause d’incidents d’intimidation, d’assauts et de menaces de violence envers des employés ne faisant pas grève et d’endommagement des biens privés, a expliqué la compagnie.

    Mais NUM a nié avoir eu recours à des actes de violence pendant la grève, expliquant que ce n’était pas son genre. Le syndicat a par ailleurs insisté sur le fait que les ouvriers ne retourneraient pas au travail si le PDG de la compagnie, Paul Dunne, n’était pas licencié.

    La mine de Zondereinde dans la province du Limpopo emploie 6600 employés permanents et 2100 contractuels.

    Cette grève fait craindre une nouvelle vague d’actions salariales en Afrique du Sud, qui a été durement touchée par une série de grèves l’année dernière, notamment dans le secteur du platine.

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