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Soulèvement populaire au Cachemire

lundi 27 septembre 2010

Les autorités indiennes qui imposent leur occupation du pays par la violence des forces armées refusent d’admettre que la révolte à laquelle elles font face depuis quelques jours n’est pas le produit de la guérilla ni du terrorisme qu’elle combat depuis le début des années 90 mais celle d’une véritable révolte populaire.

Le Cachemire (Nord) est à nouveau en ébullition. Débordées par les manifestations anti-indiennes qui se multiplient aux quatre coins de la province himalayenne, les autorités locales ont imposé mardi soir le couvre-feu dans la capitale de la région, Srinagar, et appelé l’armée en renfort. Une première en vingt ans. La mort de trois civils, tués mardi par des tirs de police, menace de provoquer un nouveau soulèvement dans cet Etat en proie à une insurrection séparatiste armée depuis 1989. Ce dernier incident porte à 15 le nombre de manifestants tués par des tirs en moins d’un mois.

Tout a commencé le 11 juin, lorsqu’un étudiant de 17 ans a été tué par une grenade lacrymogène. Une erreur qui a provoqué de nouvelles manifestations et des bavures supplémentaires, les forces paramilitaires ayant la gâchette facile face aux jets de pierre qui les visent. A tel point que même le chef du gouvernement régional, Omar Abdullah, avait accusé ces paramilitaires - qui dépendent du pouvoir fédéral - d’avoir « perdu le contrôle » et d’être « sans commandement ».

Probablement rappelé à l’ordre par New Delhi, il accuse depuis des « forces anti-indiennes » d’être à l’origine des troubles. Le ministre de l’Intérieur, Palaniappam Chidambaram, a même accusé le Lashkar-e-Toiba (LeT), le groupe terroriste responsable des attentats de Bombay en 2008, d’avoir fomenté la révolte. En fait, le LeT et les autres groupes armés qui militent pour le rattachement du Cachemire indien au Pakistan, n’ont jamais appelé à la mobilisation. Ensuite, ce n’est pas la première fois que les excès des forces armées provoquent ce genre de réactions. Les récents événements ravivent d’ailleurs les demandes d’abrogation du Armed Forces Special Powers Act, une loi qui donne de facto les pleins pouvoirs aux militaires dans l’Etat au nom de la lutte antiterroriste.

Tout indique que cette révolte est spontanée. Les groupes armés qui opèrent depuis le Pakistan voisin en profitent pour jeter de l’huile sur le feu. « Je veux assurer à mes frères qui sont au Cachemire occupé par l’Inde que nous continuerons à vous soutenir jusqu’à ce que nous ayons libéré chaque centimètre carré de notre patrie de l’oppression indienne », a affirmé mardi Syed Salahuddin, chef du groupe armé Hizb-ul-Mujahideen. Ces déclarations ne risquent pas d’améliorer le dialogue indo-pakistanais : New Delhi accuse toujours son voisin de soutenir l’insurrection cachemirie qui a déjà fait 47 000 morts - deux fois plus, selon les séparatistes.

Messages

  • Les forces de sécurité indiennes luttent depuis trois mois pour contenir les violences provoquées par la mort d’un étudiant de 17 ans tué par la police le 11 juin lors d’une manifestation séparatiste

    Les forces de sécurité indiennes tentaient mardi 14 septembre de faire respecter un strict couvre-feu au Cachemire, au lendemain de la journée la plus sanglante (17 morts) depuis le début d’un mouvement de protestation, en juin, dans cette région à majorité musulmane.

    Un couvre-feu instauré dans la quasi-totalité de la vallée du Cachemire « afin de maintenir la paix », a indiqué la police de Srinagar. La police anti-émeutes et les forces paramilitaires patrouillaient dans les rues désertes de Srinagar. Les carrefours ont été bloqués avec des barbelés et la police criait aux habitants de rester chez eux.

    Lundi 13 septembre a été la journée la plus meurtrière depuis le début d’un mouvement de protestation contre l’autorité de New Delhi il y a trois mois, après la mort d’un étudiant de 17 ans tué par la police lors d’une manifestation séparatiste le 11 juin. Cette vague de troubles a fait au moins 87 morts, des civils pour la plupart tués par les balles des forces de sécurité indiennes. Le gouvernement indien, réuni lundi soir, a finalement décidé de ne pas lever l’état d’urgence, ne serait-ce que partiellement, en vigueur au Jammu-et-Cachemire, seul État de l’Union indienne où la population est majoritairement musulmane. L’autre partie du Cachemire est contrôlée par le Pakistan.

    Les violences du lundi 13 septembre ont été provoquées par la diffusion d’images montrant un groupuscule chrétien américain déchirant des pages du Coran, samedi 11 septembre, devant la Maison-Blanche à Washington. Les autorités ont interdit la diffusion sur le câble des programmes de la chaîne iranienne de télévision (Press TV) qui avait passé ces images.

    En riposte, des manifestants ont incendié une école religieuse chrétienne dans le village de Tangmarg (ouest), sans faire de victime. Mais la police a ensuite tiré sur la foule qui, selon elle, mettait le feu à des bâtiments gouvernementaux, et a tué six personnes.

    La partie indienne du Cachemire est le théâtre d’une insurrection contre l’administration de New Delhi, qui a fait plus de 47 000 morts depuis 1989. Ce territoire était déjà contesté avant même la partition entre l’Inde et le Pakistan en août 1947. Selon le plan de partition, le Cachemire devait choisir d’appartenir soit au Pakistan, soit à l’Inde.

    Mais le maharadjah de l’époque avait dévolu une partie des pouvoirs à l’Inde, en échange d’une aide militaire et de la promesse d’organiser un référendum. Depuis, ce territoire n’a cessé d’être l’objet d’une très forte rivalité entre les deux pays frères ennemis, l’Inde et le Pakistan, tous deux puissances nucléaires, qui refusent l’un et l’autre que ce territoire accède à l’indépendance.

    Un processus de paix entamé en 2004 avec le Pakistan avait permis d’enrayer la violence avant la recrudescence des événements de cet été. New Delhi y voit l’œuvre en sous-main d’extrémistes pakistanais. Mais des dirigeants locaux estiment que le désespoir des jeunes et l’intransigeance de l’Inde ont mis le feu aux poudres.

    La région de 12 millions d’habitants compte environ 400 000 jeunes chômeurs. Selon un sondage récent, environ deux tiers des habitants du Cachemire indien aspirent à l’indépendance de leur région et moins d’un sur dix souhaite être rattaché au Pakistan.

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