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Grèves des mineurs

vendredi 20 janvier 2012

Grèves de mineurs

BULGARIE

La Bulgarie suspendra dans la nuit de vendredi à samedi ses exportations d’énergie en raison d’une grève dans la plus grande entreprise minière du pays, détenue par l’Etat, a annoncé le ministre de l’Economie et l’Energie Traïtcho Traïkov.

Le ministre a indiqué avoir demandé une suspension totale des exportations d’énergie électrique à partir de 01H00 (23H00 GMT vendredi), dans un entretien diffusé vendredi à la radio nationale bulgare.

La Bulgarie exporte de l’électricité vers la Grèce, la Serbie et la Macédoine, ainsi que vers la Turquie.

La compagnie Maritza East Mines, qui emploie 7.000 personnes, est en grève depuis dimanche. Elle approvisionne en charbon les quatre principales centrales thermiques qui fournissent également 32% de l’énergie du pays.

Les ouvriers demandent une augmentation de leurs salaires, alors que la production des trois mines exploitées par l’entreprise a atteint 27 millions de tonnes de minerai de charbon en 2011, soit 25% au-dessus des objectifs, selon les syndicats.

La grève est suivie par 93% des mineurs, affirment les syndicats.

Vendredi matin, les grévistes ont bloqué une ligne ferroviaire, empêchant la fourniture de charbon d’une autre mine à la plus grande centrale thermique, Maritza Iztok 2.

Le ministre a reproché aux grévistes un sabotage et a menacé de porter plainte en justice.

INDONESIE

La grève qui paralyse depuis des semaines les activités d’une gigantesque mine d’or et de cuivre située dans l’extrême orient de l’Indonésie, une des plus importantes de la planète, se tient dans une province peuplée en majorité par les tribus de l’ethnie papoue. La mine est la possession à 90,6 % du géant américain Freeport McMoRan ; le reste est détenu par l’État indonésien.

Les mineurs protestent contre des salaires insuffisants. Cela fait plusieurs semaines que la colère gronde dans la zone, où plus de 8. 000 mineurs bloquent les routes d’accès, empêchent les non grévistes d’accéder au chantier. Le conflit dure depuis maintenant plus de 3 mois et a débuté, le 16 août. Aucun signe d’amélioration du conflit est à prévoir . Les appels du président indonésien, Susilo Bambang Yudhoyono, à une « résolution appropriée » de la querelle sont restés sans réponse.

Cette région est instable : un conflit largement ignoré du monde extérieur perdure entre des séparatistes papous et l’armée indonésienne, restée toute puissante dans cette province placée sous quasi contrôle militaire. Les soldats indonésiens sont perpétuellement accusés de graves atteintes aux droits de l’homme contre la population autochtone. Des milliers de manifestants ont encore défilé, le 14 novembre, dans la capitale provinciale, Jayapura, pour réclamer l’indépendance.

Les mineurs de la mine Glasberg, qui sont payés l’équivalent de 1,50 dollar de l’heure, exigeaient, au début du mouvement, une augmentation vingt fois supérieure à leurs actuels émoluments, soit 30 dollars. Ils ont ensuite revu à la baisse leurs demandes, proposant 4 dollars. En face, les Américains ont suggéré une augmentation de 35% par rapport au tarif actuel de 1,50 dollar, c’est-à-dire 53 cents de plus. Les grévistes ont refusé. Depuis, c’est l’impasse.

Freeport McMoRan, l’entreprise américaine, affiche des profits de 5 milliards de dollars tirés de l’exploitation de la mine en 2010, les pertes se chiffrant à 19 millions de dollars par jour depuis le début de la grève. Le gouvernement de Djakarta a recueilli, grâce aux revenus de la mine, 1,4 milliard de dollars en impôts et royalties durant le premier semestre 2011, selon le quotidien The Jakarta Globe.

Nus Magay, un des grévistes déclare : "Les écoles publiques et les centres de soins sont en nombre insuffisants et trop éloignés les uns des autres, durant toutes ces années, je n’ai jamais reçu ni promotion, ni augmentation, pourtant, je travaille pour une compagnie minière de classe internationale !"

Les entreprises sous-traitantes ayant levé les menaces contre les mineurs ayant participé à la grève, le travail reprend progressivement dans la mine de Freeport McMoRan.

Bien qu’un accord ait été trouvé entre le géant minier Freeport McMoRan Copper & Gold et les syndicats le 14 décembre dernier, le travail n’avait pas repris. Plusieurs compagnies sous-traitantes avaient en effet procédé à des sanctions contre des grévistes. En particulier, PT Kuala Pelabuhan avait licencié 18 travailleurs et en avait menacé 101 autres. Cette société emploie 2 100 salariés et est responsable de la gestion du port de Freeport, par où transitent les concentrés en provenance de Grasberg ainsi que du transport routier. C’est le responsable de la police de Mimika, dans la partie indonésienne de la Papouasie, où est située la mine, qui a dû intervenir en tant que négociateur officieux.

Les menaces officiellement levés, les travailleurs ont commencé à reprendre le chemin de la deuxième mine de cuivre du monde, située à 4 000 mètres d’altitude. Plus de 500 mineurs ont déjà été transportés jusqu’à la mine par autocar depuis la grande ville la plus proche, Timika, située à 100 kilomètres, a indiqué un délégué syndical à Reuters.

Après une grève qui aura finalement duré trois mois, Freeport McMoRan avait été obligé d’accorder aux 8 000 grévistes une augmentation de salaire d’environ 40%, qui, bien qu’inférieure aux demandes du syndicat, est néanmoins substantielle. Un accord cadre visant à l’augmentation des salaires des 15 000 travailleurs non-syndiqués ou salariés des entreprises sous-traitantes a également été signé. Globalement, la grève aurait entraîné une réduction d’au moins 125 000 tonnes de cuivre de la production de la compagnie minière basée en Arizona, estime un rapport de l’Economist Intelligence Unit.

CHINE

Le régime chinois vient d’emprisonner à nouveau un de ses dissidents les plus connus, l’avocat Gao Zhisheng, dans la province excentrée du Xinjiang, elle-même soumise à une forte pression policière en raison de la mobilisation des habitants OuÏgours
C’est qu’indiquent, ce 1er janvier, son frère et une association de défense des droits de l’homme ; c’est la première indication depuis 20 mois sur son lieu d’enfermement.

L’avocat Gao, qui a défendu des chrétiens contestataires et des mineurs de charbon, avait été arrêté en février 2009 par les autorités qui lui avaient interdit de communiquer. Il avait été brièvement libéré en mars 2010, puis avait à nouveau disparu.


ZAMBIE

First Quantum, société de mines et de métaux canadienne, a confirmé le 4 janvier la grève des employés de sa mine de cuivre et d’or de Kansanshi en Zambie. La production est suspendue depuis deux jours.
La direction de First Quantum, qui possède 80% de la mine, a assuré que “tous les efforts seront faits pour résoudre les problèmes qui ont causé cette grève”. Selon la presse locale, les 2.000 employés demandent une augmentation des salaires de 20% et une prime de Noël.

Le site de Kansanshi en Zambie, huitième plus grande mine de cuivre au monde, exploité depuis avril 2005, produit actuellement 250.000 tonnes de cuivre par an. Un projet d’extension est en cours qui pourrait lui permettre de produire jusqu’à 400.000 tonnes d’ici 2015.

FRANCE

La Cour d’appel de Versailles a donné raison à 17 anciens mineurs de la région (représentés parfois par les veuves ou les ayants-droits) licenciés pour faits de grèves en 1948. Chacun a obtenu 30 000 E de dommages et intérêts pour préjudice moral suite à un licenciement jugé discriminatoire.

« Il ne reste plus beaucoup de mineurs de l’époque, mais ça reste une grande victoire », s’est félicité le dirigeant emblématique de l’union régionale des mineurs CGT.

En 1948, à 22 ans. Marcel Barrois travaille à la fosse 2 de Lens : « J’ai fait la grève, j’avais déjà des responsabilités syndicales mais je suis passé à travers les mailles du filet, mais beaucoup de mes camarades n’ont pas eu cette chance. » La grève de 1948 avait été lancée contre des décrets modifiant le statut des mineurs... établit deux ans auparavant. « C’était une période trouble, on a envoyé l’armée pour calmer les mineurs, il y avait des tanks dans les cités minières », se remémore Marcel Barrois. La suite a été dramatique : le mouvement s’est affaibli et la grève s’est soldée par le licenciement de plus de 3 000 gueules noires. « Ceux qui n’ont pas été licenciés ont été convoqués pour des travaux pénibles, et ceux qui l’ont été ont bradé une partie de leur vie car à l’époque, le reclassement a été difficile », explique l’ancien leader syndical qui rappelle qu’en plus du licenciement, les mineurs ont perdu tous leurs avantages, du logement au chauffage, en passant par leur régime minier de sécurité sociale.

En plus du drame social, cette vague de licenciement avait été vue comme une véritable trahison. « Les mineurs licenciés étaient souvent les plus engagés, la plupart de ceux qui ont été visés avaient été déportés pendant la guerre car ils étaient résistants », se révolte encore Marcel Barrois. Le président de la maison syndicale rappelle d’ailleurs que le premier convoi français de déportés en Allemagne était des mineurs du Nord - Pas-de-Calais. « C’était une insulte pour la profession minière, surtout quand on sait la place et le rôle des mineurs dans la reconstruction économique de la France », s’emporte M. Barrois. Les années d’après 1948 avaient été noires : suppression des comités d’entreprises des Houillères, exclusion des représentants syndicaux aux conseils d’administration, etc. « Cette grève de 1948 a été l’une des plus méchantes », conclut Marcel Barrois.

Aujourd’hui, plus de soixante ans après, la justice a donc reconnu que ces licenciements pour faits de grèves avaient bien été « discriminatoires » car deux ans avant 1948, le préambule de la Constitution de 1946 reconnaissait bien, lui, le droit de grève. Slim Ben Achour, l’un des quatre avocats qui a porté le dossier, a salué hier « une magnifique victoire pour la dignité des familles et le courage de la cour d’appel de reconnaître cet aspect discriminatoire. » L’avocat s’est appuyé sur des lois de 1984 et 2004 pour éviter la prescription et faire reconnaître les droits sociaux des mineurs licenciés en 1948. Une décision qui pourrait faire jurisprudence. « J’espère que ça va ouvrir des portes, a confié hier Marcel Barrois. C’est une très bonne nouvelle, je n’y croyais plus, et nous allons nous battre pour que d’autres familles puissent bénéficier de cette reconnaissance. »

Messages

  • Des dizaines de milliers de travailleurs en mouvement dans les usines autour de Djakarta.

    En Indonésie, d’importants mouvements de grève survenus dans une zone industrielle proche de Djakarta, la capitale, ont contraint plus de 2000 usines, dont certaines filiales de sociétés japonaises, à interrompre leurs activités.

    Selon la police locale, 30 000 ouvriers se sont mis en grève ce vendredi dans 5 parcs industriels de Bekasi, dans la banlieue de Djakarta. Près d’un millier de grévistes travaillent pour des filiales d’entreprises japonaises.

    Certains protestataires ont bloqué les sorties d’une autoroute, provoquant des embouteillages sur un tronçon de plus de 10 km.

    Les ouvriers exigent de leurs employeurs une augmentation de leur salaire minimum, conformément à une décision prise par les autorités locales.

    Il s’agit d’augmentations pouvant atteindre les 30 pour cent dans certains secteurs industriels.

    Un groupe d’employeurs a fait part de ses objections à la justice.

    Selon les autorités locales, les patrons et les syndicats devraient prochainement plancher sur les modalités de hausse des salaires les plus élevés

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