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Le régime sud-africain d’apartheid contre les travailleurs et les pauvres !

lundi 17 septembre 2012

Ce samedi, à deux heures du matin, au moins 500 policiers sud-africains ont lancé l’assaut contre les lieux de résidence des mineurs de Marikana, toujours en grève après cinq semaines de mobilisation. Ils revendiquent toujours une hausse de salaire à même de tripler leur rémunération mensuelle. L’augmentation de 98 euros proposée vendredi matin par Lonmin a été rejetée.

La police sud-africaine répond à l’appel du président Jacob Zuma d’en finir avec la grève. Cela fait cinq semaines que les mineurs de Marikana, employés de Lonmin, manifeste contre les conditions de sécurité et les bas salaires. Les négociations tripartites, entre la société britannique, les syndicats et mineurs, n’ont pour l’heure pas été concluantes. Ainsi, 500 policiers sud-africains ont lancé ce samedi, à deux heures du matin, un assaut contre les lieux de résidence des mineurs grévistes. Sans compter les 150 militaires déployés dans la région pour assurer l’ordre.

Les autorités sud-africaines assument

Depuis le 10 août, les mineurs de Lonmin, troisième producteur mondial de platine, font grève pour protester contre les conditions de sécurité et réclamer une revalorisation salariale à même de tripler leurs revenus passant de 400 euros à 1 200 euros mensuels. L’offre de la société britannique, portant sur une augmentation de 98 euros, a été rejetée. Les mineurs prévoyaient vendredi de manifester devant le siège du gouvernement à Pretoria. Ce qui expliquerait, peut-être, cette intervention inopinée de 500 policiers, appuyés par 150 militaires, contre les lieux de résidence des mineurs grévistes.

Selon la chaîne sud-africaine d’information eNCA, la police a agi manu-militari « mettant tout sens dessus-dessous ». Et de préciser que les forces de l’ordre ont « rempli plusieurs camions de bâtons traditionnels et machettes saisis », rapporte LeMonde.fr.

Le gouvernement sud-africain assume cet assaut lancé contre les mineurs de Marikana. « Il est nécessaire d’intervenir car nous sommes arrivés à un point où il faut faire des choix importants », confie à l’AFP Mac Maharaj, porte-parole de la présidence. « Si nous laissons cette situation se développer, l’économie va en souffrir gravement », se justifie-t-il.

Nouveaux affrontements entre policiers et grévistes

Suite à la descente de la police, les mineurs se sont réunis près du lieu de la fusillade du 16 juin qui a causé la mort de 34 manifestants tombés sous les balles des forces de l’ordre.

Ce qui a donné lieu à de nouveaux affrontements entre les policiers et les mineurs. « Les gens ont eu peur. La police a tiré sur des gens innocents qui ne faisaient que se rassembler pour entendre le compte-rendu (des négociations de ce vendredi), nous ne savons plus quoi faire […] ni où nous réunir », dénonce Molisi Phele, membre du mouvement des mineurs grévistes.

Selon LeMonde.fr, la police « a fait usage de gaz lacrymogène pour les (mineurs) disperser […] (et) a répliqué (contre les grévistes qui avaient érigé des barricades avec des pneus incendiés et de rochers) par des tirs de balles en caoutchouc ». Des heurts qui auraient fait plusieurs blessés dont deux femmes, selon l’agence Sapa.

Depuis cinq semaines, 3 000 mineurs employés de la société britannique Lonmin font grève pour protester contre les conditions de sécurité et réclamer une hausse des salaires. Ce conflit social a pris une tournure dramatique le jeudi 16 juin lorsque la police sud-africaine a ouvert le feu sur les manifestants en causant la mort de 34 grévistes. Sans oublier les dix autres morts à la suite de luttes intersyndicales. Au total, le mouvement social des mineurs de Marikana dispose à son actif de pas moins de 44 tués à déplorer.

Messages

  • Voir ici la vidéo du journal TV Sud Africain qui montre la répression en cours contre les familles et les mineurs.

  • Le mouvement de grèves "sauvages" des mineurs sud-africains de ces derniers mois a gagné mercredi les mines de fer, dont le pays est le premier producteur du continent, marquant une escalade du climat social devenu un casse-tête pour le gouvernement du président Joacob Zuma.

    L’arrêt de travail qui touche désormais la compagnie Kumba Iron Ore, filiale du géant minier Anglo American, risque de saper un peu plus la confiance des investisseurs dans l’économie la plus riche d’Afrique touchée par des mouvements sociaux dans les mines d’or et de platine.

    On estimé à 75.000, soit 15% du personnel total du secteur des mines, le nombre de mineurs qui sont déjà en grève dans le pays, qui connaît dans le même temps un débrayage national des routiers affectant les livraisons de carburant.

    La direction de Kumba, qui fait partie des plus gros producteurs mondiaux de minerai de fer, a affirmé que la grève "sauvage" ne concernait que 300 membres du personnel de la mine géante de Sishen, dans la province du Cap septentrional, et se limitait à une partie d’un gisement à ciel ouvert.

    Le climat social s’est considérablement dégradé dans les mines sud-africaines après la fusillade entre forces de l’ordre et mineurs en grève qui a fait 34 morts le 16 août à la mine d’or de Marikana.

  • La grève de Marikana a suscité dans le pays une vague de grèves sauvages, d’abord dans les mines, essentiellement dans le secteur du platine et de l’or, deux des principaux pourvoyeurs de devises de l’Afrique du Sud.

    Le mouvement continue dans plusieurs géants du secteur, dont la production est interrompue. Cinq personnes ont été tuées dans des violences liées à ces grèves en début de semaine.

    Mercredi, la mine d’or Gold One a annoncé avoir suspendu "1.300 à 1.400 de ses 1.800 employés" en grève illégale sur son site de Ezulwini, près de Johannesburg.

    Depuis deux semaines, les transporteurs routiers sont également en grève, et les premières pénuries de carburant commencent à se faire sentir dans les grands centres urbains, notamment dans la région de Johannesburg-Pretoria, poumon économique du pays. Nombre de distributeurs automatiques de billets sont également vides.

    Plusieurs véhicules ont été caillassés ou incendiés depuis le début de la grève, et les violences ont fait au moins une dizaine de blessés.

  • les grèves des mineurs sont des grèves sauvages et, qui plus est, elles se sont déclenchées en bravant les dirigeants syndicaux du NUM qui les ont explicitement condamnées. La confédération Cosatu ira même jusqu’à reprocher aux compagnies minières qui accordent des augmentations de salaire en dehors des conventions collectives de favoriser les grèves sauvages. Ces grèves ont toutes, en effet, comme revendication essentielle l’augmentation des salaires mais on a vu s’exprimer une autre revendication d’importance avec la demande de n’être plus représentés par des dirigeants syndicaux alliés du pouvoir (Le Cosatu compte 2,2 millions de membres dont 300 000 mineurs affiliés au NUM). On ne manque pas d’exemples de cette rupture entre la grande masse des mineurs et le sommet du syndicat. L’article de Lutte Ouvrière (déjà cité) nous en relate un : « Le 30 août, 12 000 des 26 000 ouvriers du complexe Goldfields de Kloof Driefontein […] déclenchaient une grève sauvage sur les mêmes revendications que ceux de Marikana. Là aussi, les mineurs se lançaient consciemment dans la lutte contre l’appareil du NUM, très largement majoritaire dans le complexe. Lorsque des responsables du NUM vinrent les haranguer du haut de l’un des véhicules blindés de la compagnie, les grévistes leur rétorquèrent « Hamba ! » (« Partez ! ») ou, moins poliment, « Voetsek ! Fokof ! » (« Du vent, va te faire voir ! »). »

    Autre exemple cité le 2 septembre sur le site A l’Encontre : « À Marikana, les membres de la NUM ont déchiré et jeté leurs tee-shirts. Lors du meeting de protestation du 22 août à Johannesburg, un orateur de la NUM a été jeté dehors par les mineurs de Marikana ».

    Le 10 octobre plusieurs milliers de grévistes d’Amplats qui viennent d’être licenciés manifestent pacifiquement à Rustenburg : ils veulent résilier leur adhésion au NUM. « Nous ne voulons pas que le NUM nous représente, Ils sont ceux qui empêchent la réouverture de négociations salariales. Ils doivent reculer », a indiqué Gaddafhi Mdoda, l’un des meneurs du mouvement. Réponse à la radio d’un porte-parole du NUM : « Vous ne pouvez pas résilier votre adhésion (au syndicat) quand vous avez été licencié, parce que vous êtes alors chômeur » (cité par l’AFP).

    Le 18 octobre, dans un communiqué, le NUM félicite ses membres qui ont repris le travail mais le 19 octobre l’AFP nous signale que le patron de la Cosatu a essuyé des jets de pierres près d’une mine. Il était en déplacement pour essayer de convaincre les grévistes de reprendre le travail et d’accepter les promotions et primes à la reprise proposées lors des négociations avec la chambre des mines. Le secrétaire général de la confédération, Z. Vavi, a aussitôt appelé la police à mettre fin aux violences accompagnant la vague de grèves et à protéger ses membres dont certains ont été tués « Nous avons appelé le ministre de la Sécurité pour qu’il s’assure que la police améliore ses services de renseignements, afin d’aller au fond de cette vague de violence, d’intimidations et de meurtres des délégués syndicaux », a déclaré M. Vavi, qui s’exprimait en marge d’une réunion… de banquiers ! « Quatre permanents du Syndicat national des mineurs (NUM), principale composante du Cosatu, ont été assassinés depuis le début des grèves dans les mines, début août », a-t-il déploré. Quant aux grévistes lanceurs de pierres, ils sont traités de hooligans par un coordinateur régional du NUM. 

    Les mineurs grévistes ont donc eu nettement conscience qu’ils ne pouvaient compter que sur eux-mêmes. C’est ce qu’ils expriment dans des vidéos diffusées par You Tube. Même le syndicat dissident, l’ACMU, ne semble avoir joué qu’un rôle secondaire, en prenant le train en marche mais soutenant les grèves et les revendications salariales (peut-être avec une certaine surenchère dit-on). Son président, Joseph Mathunjwa, est venu voir les foreurs de Marikana le 16 août et s’est adressé à eux en ces termes : « […] la situation est maintenant entre les mains de la police. La police fera ce qu’elle voudra. En fait, pour dire les choses comme elles sont, il faut que le sang coule aujourd’hui. C’est ce qu’ils veulent. Ceci est un rassemblement où le sang doit couler. » Puis, d’après un témoin, Mathunjwa s’agenouilla et supplia les grévistes de se disperser calmement […]. Il « cita alors la Bible et partit rapidement ». En fait, il décampa aussi vite que possible ; il devait déclarer plus tard qu’il lui fallait préserver sa propre vie « pour les travailleurs » !

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