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Le nucléaire en faillite !!!

mardi 10 juin 2014

Le nucléaire en faillite !!!}

On nous avait présenté le nucléaire comme la chance de l’économie et celle des ménages. Le résultat est l’inverse. Catastrophe sur toute la ligne : les entreprises s’effondrent, l’Etat est plombé, les ménages vont payer la note !

Un premier élément : le rapport de la Cour des Comptes.

Premier constat : le coût de production de l’électricité nucléaire s’envole. Entre 2010 et 2013, la facture a connu une forte hausse, passant de 49,6 euros par mégawattheure (MWh) à 59,8 euros/MWh. C’est une augmentation de 20,6 % en euros courants (+16 % en euros constants, c’est-à-dire en tenant compte de l’inflation).

Cette flambée des coûts tient à l’évolution des différentes charges, et notamment aux investissements de maintenance et de sécurité. Dans cette période, ils ont plus que doublé, passant de 1,75 milliard d’euros en 2010 à 3,8 milliards en 2013 (+117 %).

Toutes les composantes des charges d’exploitation ont augmenté. Selon la Cour des comptes, la raison principale de ce renchérissement réside dans le choix d’EDF de prolonger la durée d’exploitation des réacteurs au-delà de quarante ans.

L’autre moitié des investissements correspond à la maintenance « normale » (1 milliard par an) et à la rénovation ou au remplacement des gros composants dont la durée de vie est inférieure à quarante ans (1,3 milliard par an).

Le montant des investissements à prévoir pour prolonger la durée d’exploitation des réacteurs au-delà de quarante ans s’avère, au final, considérable. « Même si un chiffrage à un tel horizon est par nature un exercice très incertain, relève la Cour, le total des investissements sur la période 2011-2033 atteindrait environ 90 milliards d’euros (valeur 2010), environ 110 milliards d’euros courants. »

S’y greffent « des dépenses futures qui restent caractérisées par quelques fortes incertitudes », selon la Cour. Celles-ci concernent, en particulier, la gestion des combustibles usés (16,3 milliards d’euros fin 2013), les charges de démantèlement (34,4 milliards en 2013, dont la Cour souligne que les révisions de devis « parfois significatives » sur des opérations en cours « font craindre des surcoûts pour les opérations à venir », ainsi que les charges de gestion des déchets (31,8 milliards en 2013).

Au total, les charges futures de démantèlement, de gestion des combustibles usés et de gestion des déchets figurent dans les comptes des exploitants, sous forme de provisions, pour un montant de 43,7 milliards d’euros en 2013.

La Cour des comptes constate que les coûts de production de l’électricité nucléaire ont progressé de 20,6% entre 2010 et 2013 : le coût du MWh a en effet grimpé à 59,8 euros.

La catastrophe japonaise de Fukushima est intervenue après une décennie de retards d’investissement. Souhaitant de surcroît préparer un éventuel allongement de la durée de vie des réacteurs, EDF a prévu, dès 2011, d’investir 50 milliards entre 2011 et 2025. Il faut y ajouter 11 milliards pour renforcer la sécurité, travaux exigés par l’Autorité de sûreté nucléaire (ASN). Mais EDF estime qu’un peu moins de la moitié de ces travaux étaient déjà prévus dans son programme "Grand Carénage", et que le montant de l’addition future ne devrait plus s’élever qu’à 57 milliards. La Cour des comptes chiffre l’investissement plus lourdement, estimant que le périmètre de ces investissements a été augmenté par la comptabilisation en dépenses d’investissement de travaux de maintenance, jusqu’à présent comptabilisées en exploitation, pour un montant total de 13 milliards environ (2011–2025), conduisant à un total d’investissement de 62,5 milliards entre 2011 et 2025.

Les entreprises du nucléaire menacées de faillite, les députés socialistes et écologistes ont la solution : demander à l’état de les sauver en prenant l’argent des contribuables !!!!

Portfolio

Messages

  • Fini de dire : le nucléaire, c’est propre, c’est pratique, c’est bon marché, ça nous rend indépendants !

  • Il va falloir payer plusieurs milliards par réacteur. Les sociétés privées ne veulent pas payer et souhaitent que le contribuable passe à la caisse !!!

  • Et en avant le nucléaire en France !!!

    Ségolène Royal pour la construction d’une « nouvelle génération de réacteurs » !!!

    La gauche, c’est plus rayonnant !!!

    Et les Verts qui nous disaient que la gauche, c’était mieux !!!

  • Reaction en chaine pour Areva et perte de contrôle : 4,9 milliards d’euros de pertes en 2014. C’est le chaos de l’effondrement du système capitaliste qui produit les chutes successives des multinationales et pourtant elles sont sauvées !

    "Il faut sauver le soldat Areva" titre l’Usine nouvelle
    Areva voit sa notation dégradée en catégorie spéculative tandis que son « cash-flow » est passé dans le rouge.

    Philippe Varin, son président, et Philippe Knoche, son directeur général, comptent dévoiler "un plan de compétitivité et une feuille de route stratégique et financière". Le sauvetage de l’entreprise publique est en jeu. Et la potion risque d’être amère pour les salariés.

    "Le ministère de l’Économie nous explique qu’il faudra faire des efforts, que des groupes comme Renault s’en sont sortis avec des sacrifices qui n’ont rien de triviaux", rapporte la CFDT.

    Alors evidemment, la presse spécialisée présente les erreurs industrielles, comme si le nucléaire a été un jour rentable...de quel point de vue ? sur combien de génération ? ou ça ? En Ukraine, au Japon ?
    Donc ce qu’on présente pour des erreurs sont des pratiques courantes dans le nucléaire et BTP...cela s’appelle le secret des marchés publics et privé :
    Le fiasco technique et financier du réacteur EPR d’Olkiluoto 3 en Finlande oppose le groupe à ses propres clients (T.V.O) qui lui réclament à présent 2 milliards de dédommagement tandis que la facture globale de ce réacteur virtuel explose du double des prévisions à 7,4 milliards (Areva ne donne même plus de date de fin de chantier ou de mise en service qui accuse déjà un retard de 6 ans).

    La vente d’Areva T&D à Schneider Electric et Alstom en 2010, qui représentait 30% du chiffre d’affaires d’Areva, apparaît aujourd’hui comme une des grandes sources d’affaiblissement financier du "champion de l’atome".

    Areva est également en contentieux avec le CEA (commissariat à l’énergie atomique) sur le projet du réacteur nucléaire de recherche « Jules Horowitz » (RJH) qui est en construction à Cadarache (Bouches du Rhône) sur une faille sismique. Le coût initial a déjà au moins doublé, atteignant à ce jour plus d’un milliard d’euros. Ironie lugubre illustrant les imbroglios nucléocrates : le CEA est l’actionnaire majoritaire à 54% de … Areva !

    L’État contrôle ainsi, directement et indirectement, près de 87 % du capital d’Areva.

    En décembre 2014, le banquier-ministre Emmanuel Macron avait fait discrètement racheter par l’État 27,4 millions d’actions Areva à 30% au dessus de leur cotation, gaspillant déjà 334 millions d’euros d’argent public .

    Mais au fait Areva c’est quoi ?

    Petite histoire du petit monde nucléariste : c’est pire que « Dallas »

    En 2001, en fusionnant la Franco-Américaine de Constructions Atomiques (Framatome) créée le 1er décembre 1958 par plusieurs sociétés des groupes Schneider, Merlin Gerin et Westinghouse Electric (2) et la Cogema (Compagnie générale des matières atomiques) pilotée par le CEA, le pouvoir rallié à l’idéologie libérale débridée sous les auspices et le diktat de l’OMC (Organisation Mondiale du Commerce), s’inscrivait dans la stratégie du tout fric, profit maximal et mondialisation à outrance. La création d’Areva - un joli nom pour une basse besogne atomique – venait d’être actée. L’idée était de construire un groupe sur le modèle du secteur privé mais toujours contrôlé par l’Etat et le « corps des mines » qui réunirait depuis la mine d’uranium à l’étranger jusqu’au démantèlement des installations nucléaires également la conception des réacteurs, la fabrication des îlots nucléaires, la fourniture des produits radioactifs de fission, le conditionnement, le possible et infime recyclage des matières radioactives usées. Bombe, armements atomiques, business capitaliste et projets nucléaires délirants obligent.

    Les entités publiques deviennent donc une structure d’actionnaires (3) permettant l’ouverture au capital privé pour répondre aux principes du néo-libéralisme et bâtie autour de l’ancien organisme chapeautant la bombe atomique et le nucléaire français. Le Commissariat à l’Énergie Atomique (CEA) est donc propulsé actionnaire majoritaire (54%), tandis que l’État directement en tant que tel détient 29% et qu’EDF, lui-même détenu à 84% par l’État, prend 2,24% du capital, la Banque Publique d’Investissement (BPI-France Participations) dont la majorité du capital et du droit de vote au Conseil d’Administration est détenu par la « Caisse des dépôts » et l’État entre aussi au capital pour un peu plus plus de 3,30%. Et pour faire bonne mesure Areva se prend une part du capital (0,22%) directement et indirectement (0,22%) via sa structure Framepargne contre laquelle l’ancien Pdg d’EDF a porté plainte après que celle-ci ait porté plainte elle-même contre lui (5). Ça flingue un max dans le nucléaire...

    D’autant que pour faire bonne mesure, des clients potentiels sont conviés aussi au festin tel le fond d’investissement koweitien KIA (Kuwait Investment Authority) qui prend 4,82% du capital, ou bien encore une société pétrolière à haute production de CO2 et gaz à effets de serre telle « Total » à près de 1%. Le reste du capital étant offert aux salarié-es – histoire de bien les intégrer à leur propre exploitation – et au public souhaitant spéculer et accumuler, sans rien faire, du capital.

    Mais comme depuis le 30 mai 2011, l’intégralité du capital d’AREVA est cotée sous forme d’actions : ce sont en fait les « marchés financiers » et les spéculateurs qui décident du sort de l’État.

    Avec sa perte 2014 supérieure à ses fonds propres, Areva pourra donc difficilement échapper, pour survivre, soit à une liquidation/vente de ses « bijoux de famille » (6) soit à une recapitalisation par l’État c’est-à-dire les contribuables. A moins que la descente aux enfers ne soit l’occasion de vendre ce qui a encore un peu de valeur, de liquider cette entreprise et son nucléaire, de se repositionner uniquement dans le démantèlement des installations nucléaires mondiales (mais personne au monde ne sait vraiment faire) et dans les énergies renouvelables (mais sommes-nous encore à l’âge des super-structures centralisées au pied d’argile ?). De toutes façons une chose est sûre : sans abandon immédiat du nucléaire se sont les salariés et les contribuables qui vont trinquer tout en augmentant la dette du pays.

    Pendant ce temps là Areva vient de porter plainte contre la coordination antinucléaire du sud-est qui a eu le tort de dénoncer des versements par Areva à la municipalité d’Avignon ,et vient de perdre le procès qu’elle intentait contre « l’Observatoire du nucléaire » qui avait osé révéler le versement par Areva d’une grosse somme d’argent au budget national du Niger, là où Areva s’approvisionne en uranium.

    Plus l’industrie nucléaire est en décrépitude, plus elle perd pied, plus elle devient arrogante et procédurière, plus elle s’enfonce dans l’agressivité et l’obscurantisme. Mais la faillite d’Areva est une véritable opportunité transnationale. Celle de mettre à l’arrêt définitivement ces installations nuisibles et mortifères qui encombrent le territoire et menacent toute l’Europe et la planète. La raison et le bien de l’humanité dictent la seule position et la seule décision juste : "Plus un euro d’argent public pour le nucléaire, fermeture immédiate et inconditionnelle des installations nucléaires, paiement de tous les salaires, exceptés ceux des licencieurs".

  • L’association de défense de l’environnement Greenpeace a annoncé jeudi avoir déposé plainte auprès du parquet national financier contre le groupe énergétique EDF ainsi que son PDG, Jean-Bernard Levy, pour délits boursiers, leur reprochant un bilan inexact et la diffusion d’information trompeuses.

    L’organisation demande au parquet d’ouvrir une enquête préliminaire ou que soit désigné un juge d’instruction sur ce sujet d’intérêt général où les actionnaires, investisseurs mais également les citoyens français sont induits en erreur par EDF et son PDG.

  • La faillite mondiale du nucléaire
    article du CAN84
    Après la faillite d’Areva en France, le sur-endettement et l’éjection du CAC40 d’EDF : le plus grand constructeur mondial de réacteurs nucléaires, l’Américain Westinghouse racheté par le Japonais Toshiba, s’effondre, accumule 10 milliards de dettes, se déclare en faillite et dépose le bilan. L’autre Américain, General Electric, tout comme le Japonais Hitachi, sont en survie. Le suisso-suédois ABB a baissé le rideau et le Canadien HydroQuebec a mis en arrêt définitif son réacteur de Gentilly. L’Allemand Siemens a abandonné la filière nucléaire pour sauver sa peau : partout dans le monde la filière nucléaire est en déliquescence ...

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    Le nucléaire est dans l’impasse et sans voie d’issue

    10 milliards de dettes cumulées : le principal constructeur mondial de réacteurs atomiques l’américain « Westinghouse » (90 réacteurs implantés de force dans le monde) dont les réacteurs français sont sous sa licence états-unienne, jette l’éponge, rayé de la carte, plombé notamment par l’équivalent de l’EPR français (l’AP 1000). Et ce malgré son rachat en 2006 par le japonais Toshiba au prix fort, plus de 4 milliards de dollars (1) . Toshiba qui s’est trouvé englué dans une spirale de dérive des coûts et de calendrier (à l’identique de ses projets chinois) et qui finalement n’a pu trouver repreneur pour sa filiale nucléaire américaine. Toshiba qui, il y a peu, avait déjà du notifier une dépréciation de 712,5 milliards de yens (5,9 milliards d’euros). Le patron du groupe japonais en a démissionné et Toshiba s’est résolue à vendre un de ses joyaux : ses activités de semi-conducteurs. L’effet nocif des dominos nucléaires.

    Une situation financière catastrophique en grande partie liée à ses déboires dans la construction de quatre réacteurs aux Etats-Unis : pas rentable, trop complexe et techniquement pas maîtrisé l’ADN du business des réacteurs dit de « troisième génération » est dégénéré et mortel. A l’image d’Areva « Westinghouse » sera dépecé. Dans les cinq ans, l’Etat français, qui a créé une structure de défaisance pour loger les actifs à risque d’Areva, ­connaîtra d’ailleurs la facture du contentieux croisé autour de l’EPR d’Olkiluoto de Finlande : potentiellement plusieurs milliards d’euros. Toshiba a décidé d’abandonner les grands projets à l’international. On le comprend.

    "Cela pourrait être le coup de grâce" a indiqué Charles Fishman du cabinet d’analyse financière Morningstar tandis que l’Agence Standard and Pools dégradait la note du nucléariste de AAA à AA+

    Toshiba va devoir inscrire d’importantes dépréciations d’actifs, qu’il chiffre aujourd’hui à 5,8 milliards d’euros en attendant l’audit final de ses commissaires aux comptes. D’autant que là aussi les ténèbres ont été de règle : de graves irrégularités dans l’acquisition par Westinghouse, fin 2015, du constructeur de réacteurs américain « CB & I Stone & Webster » ont été divulguées quelques mois après la mise à jour de falsifications comptables durant sept ans, au Japon même.

    Comme pour Areva en Finlande ou le client de l’EPR engage des poursuites contre son fournisseur français, deux clients de Westinghouse (Géorgie et de Caroline du Sud) viennent de solliciter à leur tour leurs juristes. Ces deux projets états-uniens en cours ne sont achevés qu’à 40% (Vogtle) et 31% (Summer) et n’ont aucune chance d’être terminés comme prévu d’ici 2019/2020. Tout comme pour l’EPR tricolore de Flamanville dans la Manche (4) les délais se rallongent à 2025/2030 avec un coût annuel qui augmentent de 1,5 à 2 milliards de dollars. Pour Scana les surcoûts de construction dépassent à ce jour 5 milliards de dollars, tandis que pour Southern Co. ils sont de plus de 3 milliards de dollars au delà du budget.. Or il pourrait falloir dépenser 8, 5 milliards de dollars de plus pour achever les deux réacteurs. Selon la banque Morgan Stanley, ce seul risque représenterait plus d’un tiers des profits de Scana et 7% de ceux de Southern Co. La logique voudrait que ces projets qui dès le départ n’étaient pas viables soient abandonnés purement et simplement afin de ne pas creuser un peu plus le gouffre financier et les menaces sur la planète.

    Et encore une mauvaise pioche des experts de la France nucléariste

    EDF est directement impacté par la faillite de Westinghouse et à plusieurs titres. D’une part les réacteurs à eau pressurisée (REP) qui équipe la quasi-totalité du parc français sont sous licence Westinghouse, d’autre part Westinghouse et Mitsubishi sont des fournisseurs de certains gros composants telles les chaudières des réacteurs nucléaires ou encore les générateurs de vapeur qui doivent être remplacés dans les réacteurs 1.300 MW. 12 sur 44 doivent être fournis par Westinghouse qui les fait fabriquer en Italie par sa filiale Mangiarotti racheté en 2014. Et ce ne sont pas les productions de Areva-Creusot, objets de malversations et falsifications, qui seront de nature à s’y substituer.

    Idem pour les assemblages des produits de fission appelés faussement « combustibles » : si Areva est le fournisseur principal, Westinghouse en fournit 30 % à EDF qu’il fait fabriquer en Suède et en Grande-Bretagne.

    Et cette filiale de Toshiba intervient aussi ponctuellement dans la maintenance des installations atomiquesd françaises. Ainsi c’est elle qui dans l’enceinte du réacteur de Paluel 2 (Seine-Maritime) a relevé avec le néerlandais Mammoet le générateur de vapeur qui s’était effondré. Idem pour son ingénierie qui est intervenue en 2016 à la centrale nucléaire de Gravelines après la détection d’un défaut en 2011 sur une tuyauterie en partie basse de la cuve du réacteur numéro 1 .

    Idem pour les moteurs diesels d’ultime secours (DUS) dont EDF doit équiper toutes ces centrales depuis la catastrophe nucléaire de Fukushima : une bonne part doit être fournit par … Westinghouse alliée à Fairbanks Morse Engine, un motoriste américain. Le reste étant dévolu à une filiale d’Eiffage (Clemency) associée au groupe belge ABC .

    Plutôt mal-venue au moment ou EDF vient de lancer en urgence un appel de recapitalisation de 4 milliards d’euros (souscrit aux trois quarts par l’Etat c’est à dire les contribuables) pour renforcer ses fonds propres. Le nucléariste indique déjà par la voix de son Pdg Jean-Bernard Lévy que : « Au-delà de 2020, nous finaliserons une nouvelle trajectoire financière, au vu des conditions du marché de l’énergie » (« Les Echos » du 8 mars). C’est un peu le casino et le pilotage à vue par temps de mer déchaînée. Mais ils s’obstinent. D’autant qu’il y a un petit hic : EDF va devoir négocier avec Bruxelles une modification de la régulation sur les investissements nucléaires (par exemple via des prix d’achat garantis), faute de quoi... il n’y aura pas de modèle économique.

    De l’Est à l’Ouest beaucoup d’effets d’annonces mais une réalité : la débâcle

    Si le nucléaire ne constitue que 9% de la production d’énergie aux Etats-Unis et 19% de celle d’électricité, loin derrière le gaz naturel (32%), le pétrole (28%) et le charbon (21%) c’est que l’accident nucléaire de Three Mile Island en Pennsylvanie en 1979 (un enchaînement d’incidents avait conduit à la fusion partiel du cœur du réacteur et libéré de la radioactivité dans l’environnement) a conduit à ce qu’aucune centrale atomique n’a été raccordée au réseau entre 1996 et 2016.

    « General Electric », l’autre nucléariste américain issue de la fusion d’une partie de Thomson-Houston Electric Company et d’Edison General Electric Company (2), est en apnée et tente de survivre après avoir cédé cette année pour près de 198 milliards de dollars de ses actifs. En Amérique du nord l’atomiste HydroQuebec (canadien) a laissé tomber le développement nucléaire et mis en arrêt définitif sa centrale atomique de Gentilly tandis que "Ontario Power Generation" a déjà mis en arrêt définitif les tranches 2 et 3 de la centrale nucléaire de Pickering à Pickering en Ontario (3).

    En Asie, hormis les chinois CNNC et CGN qui poursuivent dans le nucléaire mais aussi dans les énergies renouvelables et le coréen du sud « Korea Electric Power (Kepco) » qui s’accroche au vieux modèle après avoir remporté un contrat aux Emirats arabes unis en 2009 à la barbe d’une « équipe de France » menée par Areva, le nucléariste japonais Hitachi, est aussi en quasi mort cérébrale. D’autant que sa co-entreprise avec l’américain General Electric et Mitsubishi Heavy Industries et un partenariat avec la filière nucléaire française moribonde pour développer un « petit » réacteur atomique (Atmea) entre en concurrence directe avec l’AP1000 de Toshiba-Westinghouse … dont toute la technologie à été tranférée à Pékin en 2006. Autre moribond : le consortium nippo-français NuGen créé par Toshiba (60 %) et Engie (40 %) qui devait installer trois réacteurs AP1000 et voit déjà le premier jeté l’éponge et le second s’apprêter à le faire. Pas rassurant ni gage d’avenir.

    Soutenu puissamment par son gouvernement le russe Rosatom se trouve aussi confronté à une défiance généralisée malgré des effets d’annonces en Turquie, en Egypte, en Afrique du Sud et son propre « marché intérieur ». Fin 2016, elle avait tenté d’investir dans Areva. Mais le gouvernement français n’avait pas osé envisager cette option alors qu’il avait l’intention d’y laisser entrer la Chine. La domination de la France, avec ses fleurons EDF et Areva, et du duo américano-japonais s’est quant à elle effondrée.

    En Europe, l’Allemand Siemens (partenaire et co-concepteur de l’impossible EPR) a déserté l’an dernier cette maudite filière nucléaire afin de sauver sa peau. Le suisso-suédois ABB a tiré un trait sur l’atome et réoriente ses activités. En France, sans le soutien financier des contribuables décidé par l’Etat (bonjour les 7 milliards d’endettement supplémentaires ) :

    . Areva est en mort clinique et n’en finit pas de convulser, son cadavre est découpé en morceaux plus ou moins avariés,

    . Alstom est en fin de course tel un vieux canasson de réforme,

    . EDF est sur-endetté et en quasi faillite et s’enferre dans des projets fous tel celui d’Hinkley-Point en Angleterre qui malgré l’apport financier chinois est loin d’être démarré et mis en service d’autant qu’une contre-partie pourrait faire partie du deal : la vente par la Chine à la France et l’Europe de leur réacteur Hualong à partir de 2020. Et à Hinkley-Point le Brexit risque aussi de renchérir le coût de construction dont le « premier béton » nucléaire doit être théoriquement coulé en 2019,

    . DCNS (chantiers navals sous-marinier nucléaire) est en asphyxie chronique,

    . le CEA englouti toujours plus de millions d’euros lui aussi dans des projets fous alors qu’il bénéficie déjà de l’emprunt « sarkozy » et que 60 ans de recherches n’ont conduit à présent qu’à imposer l’enfouissement sous terre de près de 2 millions de m3 de déchets radioactifs. Chapeau les artistes.

    La France dernier des Mohicans : rendez-vous avec la mort

    En résumé : les réacteurs nucléaires français reposent sur les brevets technologiques d’une entreprise en faillite (Westinghouse) où les pièces maîtresses et « combustibles » sont façonnés par une autre entreprise en faillite (Areva) pour le compte d’un exploitant nucléaire (EDF) en quasi faillite et n’ayant pas les ressources financières pour l’entretien du parc nucléaire, la conduite de projets EPR, le financement du démantèlement des centrales atomiques ni celui de leur enfouissement des déchets radioactifs.

    2013-10-25_Tricastin_Reacteur_2_Scram_geyser-vapeur_01.jpgSeuls les fanatiques idéologiques de la secte nucléariste ont refusé systématiquement depuis des décennies de voir que le début de la fin du nucléaire avait sonné. Entêtés dans leur dogmatisme ils ont asservi a France et des pays entiers à leur entêtement et leur déni de la réalité. Ils ont contaminé la planète entière et assassiné des milliers d’innocents par leurs rejets radioactifs, essais atomiques et catastrophes nucléaires. Leur discours de modernité et d’adaptation indispensable à l’ordre économique dominant se voulait la contre-partie d’une marche radieuse vers le progrès et le bonheur au prix de quelques sacrifices toujours présentés au peuple.

    La quadruple catastrophe nucléaire de Fukushima toujours en cours depuis le 11 mars 2011, celle de Tchernobyl qui a rayé définitivement de la carte des territoires entiers et engendrée morts et désolations, la concurrence d’autres sources de production d’électricité de plus en plus compétitives et bien moins nocives et mortelles (géothermie, hydraulien, hydraulique, solaire, gaz, biomasse, éolien,…), le refus de plus en plus important et l’opposition de la population mondiale au nucléaire ont signé la mort d’une vision caduque du siècle passé.

    La libération de l’ère monstrueuse atomique est peut-être en passe d’être à l’ordre du jour. Pour le moins : une nécessité.

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    (1) Il y a dix ans, la plupart des analystes estimaient déjà que le groupe japonais avait surpayé l’acquisition. Un peu comme Areva avec l’acquisition de Uramin, un soit-disant gisement fabuleux d’uranium qui fait l’objet d’une instruction judiciaire.

    (2) EGEC deviendra par la suite en France Thomson-Brandt, puis Thomson. General Electric contrôle aussi depuis 1985 la chaîne de télévision NBC, regroupée avec Vivendi Universal Entertainment, pour former le groupe NBC Universal, détenu à 80% par GE et à 20% par Vivendi. En 2014, General Electric acquiert l’activité énergie d’Alstom et annonce en 2016 la suppression de 6 500 emplois en Europe dont 765 en France

    (3) En moyenne au Canada, les plans de déclassement des centrales nucléaires s’échelonnent sur 50 ans. Un exploitant qui souhaite obtenir un permis d’exploitation de centrale nucléaire est tenu de présenter un plan de déclassement qui précise la façon dont il compte gérer le démantèlement de sa centrale. Ce qui n’est pas le cas en France où EDF ne s’est jamais préoccupé pendant des décennies de ce que deviendront ses installations périmées.

    (4) Areva a passé 5,5 milliards d’euros de pertes sur le chantier de l’EPR en Finlande et accuse cinq années de retard… De son côté, l’EPR de Flamanville a coûté plus de 10 milliards d’euros à EDF contre 3,3 milliards prévus à l’origine.

    Autres sources :
    http://www.rtl.fr/actu/conso/la-filiere-nucleaire-en-crise-partout-dans-le-monde-7787877957
    http://lemonde.fr/economie/article/2017/03/24/nucleaire-westinghouse-proche-de-la-faillite_5100068_3234.html?h=15

  • Pour la construction de deux EPR à Hinkley Point (HPC), dans le sud-ouest de l’Angleterre, il y aura bien un dérapage financier qui pourrait être imputable à la dérive du calendrier, indiquent plusieurs sources proches du dossier. Un dérapage chiffré entre 1 milliard et 3 milliards. Plus personne ne croit que la date de fin 2025 sera tenue, puisque le calendrier d’Hinkley Point est beaucoup trop serré.La situation est la même que celle des autres chantiers de ce réacteur de troisième génération à Flamanville (Manche) et à Olkiluoto (Finlande), dont les devis initiaux ont été multipliés par trois pour atteindre 10 milliards d’euros.

  • Le coût final de la centrale nucléaire de type EPR à Hinkley Point, dans le sud-ouest de l’Angleterre, pourrait dépasser de 1 à 3 milliards d’euros le devis initial, rapporte samedi Le Monde, qui cite un audit interne d’EDF.

    Ce dérapage pourrait s’expliquer par un retard dans le calendrier de livraison de la centrale, qui est censée être mise en service en 2025, ajoute le quotidien français. Joint par Reuters, le groupe EDF n’a pas souhaité faire de commentaire.

    La Grande-Bretagne, la France et la Chine ont signé en septembre dernier le contrat de construction de deux réacteurs, un projet initialement évalué à 18 milliards de livres (environ 21 milliards d’euros), après de longues négociations parfois tendues.

  • Bruno Lemaire, nouveau ministre de l’Economie, déclare :


    « Le précédent gouvernement n’a pas budgété des dépenses quasi certaines, comme la recapitalisation d’Areva [géant du nucléaire en difficulté] »

    On en oublierait presque que tous les gouvernants nous avaient présenté Areva comme la vitrine du succès de la collaboration public-privé !!!

  • Le ministre a aussi confirmé que le gouvernement lancerait « un plan de cession de certaines participations de l’État ». « Pourquoi rester actionnaire d’entreprises qui ne sont pas stratégiques ? », a-t-il demandé. « La puissance publique garde sa pertinence dans des activités dont dépend notre souveraineté nationale : électricité, nucléaire, défense en particulier », a dit le ministre.

    Donc il est pertinent de subventionner à fonds perdus le nucléaire mais urgent de vendre Renault ?

  • Le dossier de l’EPR de Flamanville entre dans sa dernière phase. Depuis sa conception, cette centrale de troisième génération n’a fait qu’enchaîner les galères. Que ce soit en termes de calendrier et de coûts (ils ont été triplés à 10,5 milliards d’euros). Mais le plus grave incident concerne la cuve de Flamanville. Il y a deux ans, l’Autorité de sûreté nucléaire avait annoncé que celle-ci présentait de trop fortes concentrations en carbone. " Une anomalie sérieuse voire très sérieuse ", avait dit le président de l’ASN, Pierre-Franck Chevet car cet incident pourrait réduire la capacité de la cuve à supporter des pressions et des chocs thermiques. D’un autre côté, la cuve qui pèse pas moins de 450 tonnes est l’un des rares éléments d’une centrale qu’on ne peut changer. En refaire une autre prendrait des années. Cela porterait un coup fatal à Flamanville, au rachat de l’activité de réacteurs d’Areva par EDF et aux EPR anglais d’Hinkley Point (qui dépendent du lancement réussi de Flamanville). In fine, c’est toute la filière nucléaire française qui en cas d’avis négatif de l’ASN pourrait se retrouver au tapis.

  • Selon un rapport de l’ASN, le couvercle de l’EPR sera « à changer rapidement » sans quoi l’EPR ne pourra continuer à fonctionner étant donné qu’EDF s’est dit incapable d’effectuer la vérification de ce matériel !!!

    C’est de cette manière que l’ASN compte s’en tirer pour donner l’autorisation de mise en fonction tout en se couvrant en cas de pépin !!!

    La cuve du réacteur aurait donc été jugée conforme malgré la présence d’anomalies dans la composition de l’acier du couvercle et du fond.

    Tant pis pour les risques !!!

    L’important c’est de "sauver la filière nucléaire française" qui serait morte si on annonçait qu’EPR nest pas autorisé à démarrer à Flamanville !!!

    L’ASN est tout sauf une autorité de sûreté indépendante et fiable pour les populations !!!

  • La fin du chantier de Flamanville, c’est plus de 4000 salariés sur le carreau en plus des suppressions d’emploi à EDF et Areva !!!

  • Le jour de la signature du contrat d’Hinkley Point avec les autorités britanniques en septembre l’an dernier, Jean-Bernard Lévy avait eu cette petite phrase : « Le plus dur est devant nous ». Le PDG d’EDF parlait d’or, n’ignorant rien des risques pointés par la revue interne qu’il avait commandée quelques mois plus tôt à son conseiller Yannick d’Escatha, avant de soumettre le projet d’investissement de quelque 20 milliards d’euros à son conseil d’administration : des délais de construction inédits et trop contraints, des demandes exigeantes de la part du régulateur, une gouvernance du projet inadaptée. « Les risques sont bien identifiés et surmontables », avait toutefois assuré Jean-Bernard Lévy.

    Aucun EPR n’a encore réalisé ses essais de démarrage. Le retour d’expérience de cette phase d’essai pourrait avoir des impacts significatifs sur le design, sur le planning et sur les coûts du projet HPC.

    L’heure de vérité ne viendra pas avant plusieurs années, quand EDF et son partenaire chinois CGN, qui ont déjà dépensé 3,1 milliards de livres sur le chantier à fin 2016, auront commencé à éprouver le tissu industriel britannique. C’est là un gros point d’interrogation : la Grande-Bretagne n’a pas construit de réacteur nucléaire depuis plus de vingt ans. Et Areva, qui doit construire les deux chaudières nucléaires britanniques en prélude au renouvellement du parc tricolore, n’est pas non plus, loin de là, industriellement remis debout.

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