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Trump, le fasciste
lundi 17 octobre 2016
La campagne de Donald Trump prend une tournure fascisante
Par Patrick Martin
Dans un discours prononcé par Donald Trump devant un public de milliers de personnes à West Palm Beach, en Floride, le candidat républicain a orienté sa campagne dans une direction plus nettement fascisante. Se présentant à la fois comme le sauveur de l’Amérique et la victime d’un establishment politique et économique impitoyable, Trump a cherché à faire le lien entre la colère sociale profonde chez les masses et un programme America First (l’Amerique d’abord) de xénophobie anti-immigrés, de militarisme, de nationalisme économique et d’autoritarisme.
En réponse aux dernières allégations d’abus sexuels, Trump a proclamé qu’il est pris pour cible par les banquiers internationaux, les médias contrôlés par les grandes entreprises et l’establishment politique qui craignent que son élection sape leurs intérêts.
Il a proposé comme alternative sa propre personnalité d’homme fort prêt à endosser le fardeau et faire les sacrifices nécessaires pour une lutte impitoyable contre ces adversaires puissants. Trump a averti que l’élection du 8 novembre serait la dernière occasion pour le peuple américain de vaincre les puissants intérêts qui soutiennent Hillary Clinton.
Il ressort clairement du discours que si Trump perd l’élection, la lutte contre l’establishment politique devra être poursuivie par d’autres moyens : en d’autres termes, par la force et la violence.
Contrairement à d’autres discours de Trump, qui ont largement consisté en improvisations décousues et déconnectées, celui de West Palm Beach, suivi quelques heures plus tard par de remarques au moins aussi explosives lors d’un rassemblement important à Cincinnati, a été préparée avec soin. Trump lisait un prompteur, et l’argument était présenté de manière cohérente.
Il fait peu de doutes que ce discours a été scénarisé pour Trump par son président de campagne, Stephen Bannon, en congé du poste de PDG du site Web Breitbart.com, un lieu de rassemblement pour la soi-disant alt-right [droite alternative], un amalgame de tendances de l’ultra-droite, nationalistes blanches et néo-nazies.
Le caractère fascisant du discours réside dans sa combinaison d’un appel à de réelles doléances – Trump a explicitement mentionné « la privation des droits des travailleurs » – avec des solutions racistes, chauvines et dictatoriales. Cela comprend non seulement la demande de l’emprisonnement d’Hillary Clinton, maintenant une rengaine de tous ses discours, mais aussi des appels à ses partisans pour empêcher une élection « truquée » en bloquant l’accès aux urnes pour les électeurs dans « certaines communautés ».
Trump a dénoncé la « structure du pouvoir mondial qui est responsable des décisions économiques qui ont volé notre classe ouvrière, dépouillé notre pays de sa richesse et ont mis cet argent dans les poches d’une poignée de grandes entreprises et d’entités politiques ».
Il a poursuivi : « Il suffit de regarder ce que cette élite corrompue a fait pour nos villes comme Detroit et Flint, dans le Michigan, et des villes rurales en Pennsylvanie, dans l’Ohio, la Caroline du Nord et à travers tout notre pays. Ils ont complètement dépouillé ces villes et pillé la richesse pour eux-mêmes et y ont supprimé les emplois ».
Il a poursuivi en citant les courriels internes de la campagne de Clinton publiés par Wikileaks cette semaine, documentant comment, comme l’a dit Trump, « Hillary Clinton se réunit en secret avec les banques internationales pour comploter la destruction de la souveraineté des États-Unis afin d’enrichir ces pouvoirs financiers mondiaux ».
Après le sommet du Congrès républicain, le président de la Chambre des députés Paul Ryan, a rompu publiquement avec Trump lundi déclarant qu’il ne ferait ni campagne pour lui, ni le défendrait. Trump a répondu avec la déclaration, « Il est tellement agréable que les chaînes m’aient été enlevées et que je puisse maintenant me battre pour l’Amérique comme je le veux ».
Le discours de West Palm Beach démontre clairement ce que Trump a à l’esprit.
La campagne de Clinton et du Parti démocrate ont joué un rôle essentiel pour permettre à Trump d’avancer sa campagne fascisante. Tout au long de la campagne des primaires, Bernie Sanders a attiré des foules plus grandes et plus enthousiastes que Trump en raison de ses dénonciations de Wall Street et du pouvoir et des privilèges des « millionnaires et milliardaires ».
Une fois que Sanders a abandonné la course à la candidature et jeté son soutien derrière Clinton, la quintessence de l’establishment politique, les démocrates ont créé les conditions où Trump peut se faire passer comme le seul adversaire du statu quo. Il cherche à tirer parti de la colère sociale qui, auparavant, animait le soutien à Sanders. Il a effectivement dénoncé Clinton à plusieurs reprises pour ses manœuvres corrompues en coulisses visant à saper Sanders, que Sanders a lui-même cherché à étouffer maintenant qu’il mène campagne pour Clinton.
La prétention de Trump à s’opposer à l’establishment au nom des travailleurs relève de la pure démagogie. Il doit sa propre carrière de milliardaire dans l’immobilier et de magnat des casinos, de célébrité médiatique puis de candidat présidentiel à ces mêmes forces de l’élite financière, des grands médias et de l’establishment politique, auxquelles il prétend, faussement, s’opposer maintenant.
Mais la campagne de Clinton ne tente même pas de répondre à la démagogie sociale de Trump, parce qu’elle est liée étroitement à l’oligarchie patronale et de Wall Street. Clinton se présente à l’élection comme le successeur désigné de Barack Obama, responsable du plus grand transfert de richesse des travailleurs vers l’élite financière de toute l’histoire.
Ne pouvant et ne voulant pas proposer la moindre indication de véritables réformes sociales, le Parti démocrate cherche à combattre Trump sur les points les plus banals et creux. Alors que les boutades de Trump contre Clinton touchent la corde sensible à cause de sa corruption et de sa place dans l’establishment qui sont si flagrants, la campagne de Clinton est incapable de générer un enthousiasme ou un véritable soutien, en particulier chez les jeunes.
Au lieu de sérieusement démasquer Trump, les démocrates y ont substitué des provocations politiques d’un caractère réactionnaire.
La campagne de Clinton, avertie de la publication imminente de masses de documents politiquement incriminant par WikiLeaks, a cherché à anticiper ces révélations en dénonçant les fuites comme un complot conçu par la Russie et son président, Vladimir Poutine. Clinton lance ainsi un appel au soutien à des sections du Parti républicain, surtout aux néo-conservateurs qui étaient dans le gouvernement de George W. Bush, responsable de la guerre en Irak, de l’utilisation généralisée de la torture et bien d’autres crimes.
La campagne anti-russe a été combinée avec un effort pour diaboliser Trump à propos d’une série d’allégations sur des infractions sexuelles, avec un barrage d’enregistrements vidéo et audio, ainsi que les témoignages des victimes supposées.
La campagne démocrate et ses alliés dans les médias utilisent des méthodes similaires à celles de l’extrême-droite employées dans ses efforts pour évincer Bill Clinton de la Maison Blanche dans les années 1990. Ils cherchent à bousculer l’opinion publique avec des informations de plus en plus sensationnelles. Ces méthodes abaissent la discussion politique et détournent la conscience populaire des vrais problèmes à traiter lors de l’élection.
Il serait erroné de conclure que des masses de gens participent à des rassemblements de Trump et soutiennent sa campagne parce qu’ils veulent une solution fasciste à leurs problèmes. Il s’attire du soutien parce que, au milieu des miasmes pourris de la politique officielle, et y compris des égocentriques Identity Politics [mise en avant du genre et des origines ethniques] du Parti démocrate, des couches de la classe moyenne et de la classe ouvrière ne trouvent rien qui leurs convienne. L’attrait de Trump c’est qu’il est perçu comme quelqu’un qui brandit un poing collectif contre les élites politiques.
Cependant, il existe un réel danger. Si Clinton remporte l’élection, les politiques qu’elle poursuivra ne feront qu’augmenter la colère et le mécontentement social chez de larges masses de la population. Clinton prendrait ses fonctions en étant l’une des candidates les plus méprisées de l’histoire américaine.
L’élection, qui aura lieu dans un peu plus de trois semaines ne résoudra rien. La tâche essentielle est de construire une direction politique qui puisse donner une véritable expression progressiste aux intérêts des masses de travailleurs. Telle est la signification de la campagne électorale du Socialist Equality Party (Parti de l’égalité socialiste) de Jerry White pour président et Niles Niemuth pour vice-président.
Au lendemain des élections, confrontées à des guerres en perpétuelle expansion et à de plus en plus de détresse économique, les masses de travailleurs vont chercher des solutions en dehors de la structure politique existante. Cette solution doit être fournie par un mouvement socialiste révolutionnaire.
WSWS
Messages
1. Trump, le fasciste, 4 novembre 2016, 06:00
Qu’une intervention du FBI menace de renverser le vote des Américains en donnant une moitié des voix au raciste-fasciste Trump, voilà qui en dit long sur l’évolution actuelle du monde vers l’extrême droite voulue par les classes dirigeantes, d’autant que Clinton, elle, témoigne de l’évolution vers la guerre mondiale !!!!