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Luttes de classes en Roumanie

jeudi 2 février 2017

La Roumanie a connu, mercredi 1er février au soir, des manifestations antigouvernementales d’une ampleur inédite depuis la chute du communisme, mobilisant des dizaines de milliers de personnes contre un assouplissement de la législation anticorruption, également critiquée à l’étranger.

Aux cris notamment de « voleurs », « honte à vous », « démission », les manifestants étaient au moins 200 000 à travers le pays, dont la moitié à Bucarest, rassemblés durant près de cinq heures dans un froid glacial, face au siège du gouvernement.

En l’absence de chiffres des autorités, plusieurs médias nationaux ont estimé qu’il s’agissait des plus importantes manifestations depuis la révolution roumaine de décembre 1989 et l’année de turbulences politiques qui avait suivi.

Les grandes villes de Cluj, de Sibiu ou de Timisoara se sont également mobilisées, tout comme des localités de taille plus modeste. « Il était temps que les gens se réveillent et cessent d’accepter autant d’abus », a confié Daniela Crangus, une informaticienne de 31 ans présente dans la manifestation de Bucarest.

Dans la capitale, le rassemblement s’est achevé par des incidents. Les forces de l’ordre ont essuyé des jets de pétards, de pierres, de bouteilles de la part de groupes isolés et ont répliqué par des tirs de gaz lacrymogène. Deux gendarmes et deux manifestants, légèrement blessés, ont été transportés à l’hôpital.

L’adoption surprise, mardi soir, d’un décret d’urgence qui pourrait mettre les hommes politiques à l’abri de certaines poursuites avait déjà fait descendre en pleine nuit des milliers de Roumains dans la rue, à peine un mois après l’entrée en fonction du gouvernement de Sorin Grindeanu.

« Je suis indignée. Le PSD [Parti social-démocrate] a gagné les élections, mais ça ne veut pas dire qu’il peut modifier le code pénal de nuit, en cachette », avait déclaré Gabriela State, 46 ans, lors d’un autre rassemblement spontané dans la matinée.

Le PSD affronte une nouvelle crise politique après avoir dû quitter le pouvoir fin 2015 sous la pression de la rue à la suite d’un dramatique incendie dans une boîte de nuit de Bucarest.

L’exécutif dit vouloir désengorger les prisons et mettre en conformité le code pénal dont une soixantaine d’articles ont été invalidés par la Cour constitutionnelle. Pour Bianca, une autre manifestante, c’est « un retour en arrière » dans la lutte anticorruption.

Démarche inédite, les ambassades des Etats-Unis, du Canada, d’Allemagne, de France, des Pays-Bas et de Belgique ont exprimé, dans une déclaration commune, leur « profonde inquiétude » devant ce décret qui « sape » les progrès réalisés par le pays dans la lutte contre la corruption.

La Commission européenne a aussi exprimé sa « grande préoccupation ». Le premier ministre roumain lui a répondu, mercredi, en assurant, dans un courrier, que « la lutte contre la corruption est l’une des priorités du gouvernement », réaffirmant son « engagement » en la matière. Il a appelé à une appréciation « équilibrée » de son action, au-delà « des réactions de l’opinion publique et dans les médias ».

Dans ce pays pauvre de l’Union européenne (UE) qui compte 20 millions d’habitants, le parquet anticorruption a obtenu ces dernières années la condamnation de nombreux élus et d’hommes d’affaires, lançant des investigations tous azimuts et s’attirant aussi des critiques sur son pouvoir supposé excessif.

Les rangs du PSD, au centre de la vie politique depuis la fin du communisme, ont été particulièrement touchés par ces enquêtes.

Aux législatives de décembre 2016, ce parti, qui compte une solide base électorale dans les campagnes, a cependant signé un retour en force au Parlement et démarré une cohabitation tendue avec le président de centre-droit Klaus Iohannis. Ce dernier a qualifié le décret de « jour de deuil pour l’Etat de droit ».

Le texte dépénalise plusieurs infractions et rend l’abus de pouvoir, un chef d’inculpation fréquent, passible de peines de prison uniquement s’il provoque un préjudice supérieur à 44 000 euros.

Il devrait notamment permettre au chef du PSD, Liviu Dragnea, d’échapper au principal chef d’accusation le visant dans un procès d’emplois fictifs qui s’est ouvert mardi. M. Dragnea convoitait le poste de premier ministre mais a dû renoncer en raison d’une condamnation pour fraude électorale.

Le gouvernement a par ailleurs soumis au Parlement un projet de grâce visant environ 2 500 détenus purgeant des peines allant jusqu’à cinq ans de prison, qui pourrait aussi bénéficier à des hommes politiques condamnés.

Grèves en Roumanie

Messages

  • Le gouvernement roumain a cédé à la pression d’une vaste contestation populaire et annoncé l’abrogation du décret assouplissant la législation anticorruption, espérant ainsi apaiser la colère des centaines de milliers de Roumains descendus dans les rues pour manifester.

    "Demain, nous nous réunissons pour abroger ce décret", adopté mardi sans l’aval du parlement, a annoncé samedi soir le Premier ministre Sorin Grindeanu. Il a affirmé qu’il ne souhaitait pas "diviser la Roumanie" avec cette réforme pénale qui visait à réduire sensiblement les peines encourues pour abus de pouvoir et introduire un seuil minimum de préjudice de 200.000 lei (44.000 euros).

    Des cris de victoire ont salué ce revirement parmi la foule rassemblée à Bucarest devant le siège du gouvernement, épicentre de la contestation.

    Mais les révoltés de Roumanie ne devraient pas s’en contenter et rentrer tranquillement chez eux ! Il faut contrôler ce pouvoir corrompu et dictatorial, il faut que le peuple travailleur, les jeunes, les femmes, s’organisent dans leurs assemblées et en fassent un véritable contre-pouvoir !

  • Tous les jours, des dizaines de milliers de personnes continuent à descendre dans la rue en Roumanie malgré la suppression de l’assouplissement de la législation anti-corruption.

    Manifestation colorée à Bucarest, dimanche 12 février. Bleu, jaune, rouge : des dizaines de milliers de manifestants ont formé dans la capitale roumaine un drapeau géant du pays, illuminé par leurs téléphones portables pour réclamer la démission du gouvernement qu’ils accusent de miner la lutte contre la corruption.

    Bravant des températures glaciales pour le treizième jour consécutif, près de 80 000 personnes, dont de nombreux jeunes et des familles venues parfois avec leur chien, sont descendues dans les rues des grandes villes de Roumanie pour exprimer leur défiance face à l’exécutif social-démocrate et « défendre l’Etat de droit ». A Bucarest, ils étaient jusqu’à 50 000 rassemblés devant le siège du gouvernement, place de la Victoire, scandant en choeur « voleurs » et « démission », selon les estimations de plusieurs médias roumains dont la télévision publique, les autorités ne donnant pas de chiffres.

    Le gouvernement avait adopté un décret d’urgence mettant en vigueur des modifications juridiques protégeant des politiciens corrompus contre des poursuites judiciaires. Il avait également soumis une loi au Parlement qui accorderait l’amnistie aux criminels purgeant des peines de moins de cinq ans de prison. En conséquence, plusieurs politiciens se trouvant en prison pour corruption devaient en bénéficier.

    Il y eut un violent mouvement de protestation mercredi dans la capitale Bucarest et dans 55 autres villes. Selon la police, quelque 250 000 personnes ont participé aux manifestations, mais d’autres situaient ce chiffre à 300 000. Les manifestations se sont poursuivies jeudi et vendredi. Selon les participants, les manifestations se poursuivront pendant 10 jours. La nouvelle réglementation entrera alors en vigueur à la condition que le gouvernement ne fasse pas marche arrière.

    La corruption est endémique dans la politique roumaine. De nombreux dirigeants politiques font l’objet d’une enquête et ont des casiers judiciaires ou sont placés en détention. Selon la Direction nationale anti-corruption (Direcția Național& ; Anticorupție, DNA), 2150 personnes font actuellement l’objet de poursuites judiciaires pour abus de pouvoir. Sont concernés non seulement le Parti social-démocrate au pouvoir (PSD), mais aussi tous les autres partis bourgeois.

    Les protestations ne concernent que superficiellement la corruption, ce que tout particulièrement les jeunes représentants de la classe moyenne considèrent être une entrave à leur propre promotion sociale.

    A 21 heures locales (20 heures heure de Paris), les protestataires ont tenu le défi lancé sur les réseaux sociaux en formant un immense drapeau roumain grâce à des panneaux de couleurs illuminés par les lumières des téléphones portables. « Nous voulons défendre l’Etat de droit dans ce pays », a expliqué à l’AFP Gheorghe Badescu, un médecin d’une petite ville à 100 km de Bucarest venu manifester avec son fils, Ionut. « Les Roumains veulent être représentés par des gens honnêtes », a renchéri Ionut, médecin en Grande-Bretagne.

    Dans le reste du pays, près de 30 000 personnes ont défilé, dont 10 000 à Cluj, la grande ville de Transylvanie, 4 000 à Timisoara (ouest) et 5 000 à Sibiu (centre).

    Moins d’un mois après son investiture, le gouvernement roumain dirigé par le Parti social-démocrate (PSD) a suscité un mouvement de contestation populaire sans précédent depuis la chute du communisme en 1989 après avoir pris le 31 janvier, de nuit et en catimini, un décret assouplissant la législation anticorruption. Celui-ci aurait permis aux fonctionnaires et aux responsables politiques d’échapper à des peines de prison en cas d’abus de pouvoir constituant un préjudice inférieur à 44.000 euros. Le chef du PSD, Liviu Dragnea, poursuivi pour abus de pouvoir aurait ainsi pu échapper à une condamnation, selon ses détracteurs.

  • Près de 80 000 personnes, dont de nombreux jeunes et des familles, sont à nouveau descendues dans les rues des grandes villes de Roumanie pour exprimer leur défiance...

    A Bucarest, ils étaient jusqu’à 50 000 rassemblés devant le siège du gouvernement, place de la Victoire, scandant en chœur « voleurs » et « démission », selon les estimations de plusieurs médias roumains dont la télévision publique, les autorités ne donnant pas de chiffres. Dans le reste du pays, près de 30 000 personnes ont défilé, dont 10 000 à Cluj, la grande ville de Transylvanie, 4 000 à Timisoara (ouest) et 5 000 à Sibiu (centre).

    Moins d’un mois après son investiture, le gouvernement roumain dirigé par le Parti social-démocrate (PSD) a suscité un mouvement de contestation populaire sans précédent depuis la chute du stalinisme en 1989 après avoir pris le 31 janvier, de nuit et en catimini, un décret assouplissant la législation anticorruption. Celui-ci aurait permis aux fonctionnaires et aux responsables politiques d’échapper à des peines de prison en cas d’abus de pouvoir constituant un préjudice inférieur à 44 000 euros.

  • Nouveaux scandales et nouvelles manifestations en Roumanie... Résultat, des centaines de milliers de Roumains descendent régulièrement dans les rues. Une mobilisation inédite depuis près de 30 ans, avec la fin du communisme et la chute de Ceausescu.

    Le plus gros de ces scandales a éclaté il y a quelques jours : le "Teleormanleaks". Teleorman, c’est une région roumaine, située à une centaine de kilomètres de la capitale. C’est là que se trouve la société Teldrum active dans la construction et l’entretien de différentes routes. La structure était publique, elle est devenue privée. Le problème, c’est que des millions d’euros auraient été détournés. De l’argent public roumain et des fonds européens.

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