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Luttes de classe en Afrique

27 juin 2017, 12:35

Les conditions actuelles en Afrique sont peut-être la plus grande remise en cause du capitalisme moderne. Considérons les points faits dans le dernier rapport de la Banque mondiale : le revenu total de l’ensemble des 48 états africains sub-sahariens est à peu près égal à celui d’un pays aussi petit que la Belgique. En moyenne, chaque état a un revenu avoisinant $2 milliards par an, c’est-à-dire à peu de chose près ce dont dispose une petite ville occidentale de 60.000 habitants. Si l’on fait le calcul, cela revient à moins d’un dollar par jour.

Le produit intérieur brut de ce vaste continent représente moins d’un pour cent du produit intérieur brut mondial. Les conditions sociales se sont détériorées par rapport aux gains minimes faits après l’indépendance dans les années soixante. Si on exclut l’Afrique du Sud, il y a moins de routes dans toute l’Afrique qu’en Pologne et il n’y a que 5 millions de téléphones. On peut présumer que ces statistiques consternantes ne sont pas exagérées étant donné que la Banque mondiale doit admettre au moins une part de responsabilité pour ce qui est arrivé.

Dans le domainde de la santé, une plus grande partie de la population meurt maintenant de maladies infectieuses qu’à aucun autre moment depuis le début du vingtième siècle. L’impact du sida en Afrique est absolument dévastateur. Les chiffres des Nations unies estiment à 24,5 millions le nombre de personnes infectées par le virus du sida en Afrique, dont 4 millions rien qu’en 1999. Le sida a tué 2,2 millions de personnes en Afrique l’an dernier, 80 pour cent du total de morts dans le monde. Dans certains pays, comme au Zimbabwe et au Botswana, les écoles et les usines ne peuvent plus fonctionner en raison de l’énorme taux de mortalité parmi les travailleurs. Comme nous l’avons précisé dans nos articles sur le sida, il n’existe pas, à l’heure actuelle, la possibilité de prendre les mesures d’urgence qui s’imposent et de mobiliser les ressources et les médicaments nécessaires pour empêcher ces millions de personnes de mourir, et encore moins de mener une discussion sérieuse au sein des gouvernements occidentaux.

En cherchant une explication dans les médias de ce qui s’est passé en Afrique, nous sommes immédiatement confrontés à des préjugés réactionnaires qui ont plus ou moins cours. La Banque mondiale et les politiciens occidentaux prétendent que l’Afrique a été socialement dévastée à cause de la corruption de ses dirigeants qui à ce jour n’ont toujours pas appliqué les règles de la « transparence » et de « bon gouvernement ». Ces dirigeants se sont engagés à des « dépenses gouvernementales excessives », etc. Aucune explication n’est cependant avancée quant à savoir pourquoi cette espèce particulière de dirigeants n’est un problème qu’en Afrique. Lorsque des tentatives sont faites en vue d’élucider le problème de régimes corrompus, celles-ci se font généralement en des termes pseudo-sociologiques de la « domination des structures tribales ». Par conséquent, au lieu des valeurs de la classe moyenne urbaine que nous trouvons en Occident, ce sont les coutumes locales qui prédominent. La conclusion essentielle à tirer de ces considérations est que l’Afrique a besoin d’une « mission civilisatrice », ce qui revient essentiellement aux conceptions racistes avancées pendant la période victorienne.

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