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Comment Lutte Ouvrière organise une grève SNCF : comme des militants socialistes qui préparent le rôle autonome du prolétariat

6 février 2012, 18:28, par Robert paris

Prochaines grèves

Avec la journée revendicative des travailleurs de la SNCF, du Gaz et de l’Electricité les luttes grévistes prennent un nouveau départ.

Ces luttes seront ce que les travailleurs en feront mais, avant tout, pour le moment, ce que les organisations syndicales en voudront faire.

Et ce qu’elles feront peut aisément se prévoir. Il est sûr que les grandes Centrales, ensemble ou séparément, ne chercheront pas consciemment et volontairement, à organiser les luttes revendicatives à un échelon tel qu’elles puissent contraindre la bourgeoisie et le gouvernement à céder sur les principales des revendications de l’heure, comme la diminution de l’horaire de travail, l’augmentation en conséquence de tous les salaires et la garantie de ce salaire contre les fluctuations de la production et du coût de la vie. Pour importantes qu’elles soient ces revendications n’en sont pas moins des revendications minimum. Elles sont vitales au sens plein du terme pour les travailleurs. Si à l’heure actuelle la majorité des travailleurs ressent comme une nécessité la diminution de l’horaire de travail, ce qui n’était pas le cas il n’y a ne serait-ce qu’un an ou deux ans, cela tient essentiellement à la fatigue physiologique accumulée par plusieurs années de travail durant lesquelles non seulement la durée mais encore l’intensité du travail n’a cessé d’augmenter et au fait que les foyers ouvriers se trouvent maintenant équipés du minimum de biens nécessaires.

Vitale aussi, la garantie du salaire car, dans leur recherche du profit, les maîtres de la société bourgeoise nous préparent un avenir où les à-coups, sinon les crises graves, seront la règle.

Ces revendications, seul un mouvement de l’ampleur de juin 36 pourrait les imposer, or, nous savons par expérience que les Centrales Syndicales ne sont pas du tout prêtes à engager une telle lutte. Tout au plus le sont-elles à tirer profit sur le plan politique d’un mouvement semblable, si les travailleurs l’engageaient d’eux-mêmes, sans qu’elles puissent s’y opposer.

Par contre les syndicats ne renonceront pas à organiser et à entretenir une certaine agitation. Primo, parce que s’il n’y avait absolument aucune lutte revendicative de la part de la classe ouvrière la justification des syndicats auprès de la bourgeoisie disparaîtrait. Secundo, s’ils ne se donnaient même pas une apparence d’activité vis-à-vis des travailleurs, c’est ce qui leur reste de crédit auprès de ceux-ci qui s’évanouirait. Le fait qu’ils organisent en ce moment des « journées revendicatives » à l’échelon national, par corporation, ne doit pas faire illusion sur une quelconque volonté de leur part de généraliser les luttes. Cela tient uniquement au fait que les travailleurs ont fait l’expérience des grèves tournantes encore très récemment, et qu’il est de plus en plus difficile aux syndicats de les entraîner dans des mouvements limités. Il faut aujourd’hui, pour que les travailleurs entrent en mouvement, que la lutte qu’ on leur offre ait au moins l’apparence de la généralisation.

C’est cela qui permet de dire que dans les mois qui viennent, étant donné la contradiction où se trouvent enfermées les Centrales Syndicales, il n’est pas improbable, en particulier si tous les militants ouvriers d’extrême-gauche oeuvrent dans ce sens, de voir les luttes ouvrières déborder le cadre que leur ont fixé les organisations syndicales.

Les premières tâches à accomplir, dans un secteur où règne une agitation gréviste sont, bien entendu, la propagande pour un mouvement généralisé sur la base de revendications intéressant l’ensemble de la classe ouvrière, mais aussi l’élection de comités de grève, et cela avant que les mouvements éclatent, sur la base de la représentation directe des travailleurs et non des seules bureaucraties syndicales, en mandatant ces comités pour la prise de contact avec les travailleurs des autres entreprises de la localité, plus que de l’industrie intéressée.

En effet, il est facile de prévoir qu’à l’heure actuelle la lutte revendicative ne peut pas ne pas passer par la rue où, si elle y aboutit, elle est sûre de rejoindre celle des paysans.

Lutte de Classe,
n°25 (17 octobre 1961)

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