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L’Ancien Testament des Hébreux et l’invention du monothéisme

5 août 2013, 07:08

Pierre de Miroschedji écrit :
« D’une façon générale, aucun archéologue sérieux ne croit plus aujourd’hui que les événements rapportés dans le livre de Josué ont un fondement historique précis. Des prospections archéologiques, au début des années 1990, en particulier, ont révélé que la culture israélite a émergé dans les collines du centre du pays, en continuité avec la culture cananéenne de l’époque précédente2. »

Nous n’avons aucune trace d’une communauté Israélite en Égypte antérieurement à l’exil babylonien. La première trace archéologique d’une communauté judéenne en Égypte est très tardive, elle se situe dans l’île d’Éléphantine sous la domination Perse. Cette communauté est très bien documentée grâce aux nombreux papyrus araméens qui ont été trouvés à Éléphantine (voir Données archéologiques sur la communauté juive d’Éléphantine et -410).
Il n’existe aucune trace des Hébreux de la Bible dans l’archéologie égyptienne. Aucune trace archéologique ne permet d’affirmer que les Hébreux auraient été esclaves en Égypte, ni qu’ils auraient massivement quitté l’Égypte en traversant le Sinaï. Au contraire, les fouilles en Égypte montrent que l’esclavage n’existait pas : les ouvriers de Deir el-Médineh, bâtisseurs de la vallée des rois n’étaient pas des esclaves, mais des petits fonctionnaires bénéficiant d’un logement individuel. Les 20 000 ouvriers bâtisseurs de la pyramide de Khéphren n’avaient rien d’esclaves et étaient bien traités. Le dessin relevés par Champollion dans la tombe de Rekhmirê montre déjà5 que les travaux de construction sont faits par des ouvriers et que les travailleurs sémites, lorsqu’il y en a (attention, il ne s’agit pas alors d’Hébreux mais de Sémites), sont traités sur un pied d’égalité. Christiane Desroches Noblecourt, médaille d’or du CNRS, souligne ce point depuis l’exposition Toutânkhamon dont elle était l’organisatrice, à Paris en 1967, sans parvenir à le faire prendre en compte par le grand public.
La stèle du pharaon Mérenptah, datée de -1207, nomme le pays de Canaan et la population nommée Israël parmi les vaincus. C’est l’unique fois que ce nom apparaît en Égypte à cette époque. L’inscription précise, par le déterminatif, que cette population est un groupe semi-nomade qui n’habite pas dans une ville6.
Il y a consensus, parmi les archéologues, sur le fait que l’esclavage comme système est introduit en Égypte par les Grecs à la fondation d’Alexandrie. Si, antérieurement, il existait effectivement des gens qui n’étaient pas libres (ils pouvaient être vendus), ils étaient en petit nombre et répartis chez des particuliers. Ils étaient dotés d’une pleine capacité juridique, de droits familiaux et patrimoniaux, et étaient même fiscalement responsables7. Il y a également consensus sur le fait que, dans toute cette période, le seul document archéologique en Égypte faisant référence à des Israélites est la stèle de Mérenptah8. Il y a consensus enfin sur le fait que le mot Hébreux n’apparait nulle part dans aucun document historique quel qu’il soit, la première mention de ce mot se trouvant dans la Bible seulement.

Au fil des ans, l’archéologie israélienne a démenti une partie de la Bible. Mais ces découvertes sont mal accueillies, surtout pour des raisons politiques. Comme quoi la science n’est pas toujours neutre. L’archéologue israélien Zeev Herzog est au coeur d’une intense controverse dans son pays depuis qu’il a écrit un article remettant en cause certains des faits historiques relatés par la Bible.

Les découvertes archéologiques des dernières années lui donnent effectivement raison : il n’y a pas eu d’exode d’Égypte, Josué n’a pas abattu les murs de Jéricho et le royaume de Salomon ne régnait que sur un petit territoire. Mais ces vérités choquent, parce qu’ils s’attaquent aux mythes fondateurs de l’État d’Israël.

Les fouilles archéologiques, par exemple, révèlent que les murailles de la forteresse cananéenne de Jéricho ne se sont pas abattues en quelques jours, au son des trompettes de Josué. Elles sont en fait tombées en ruine sur une longue période. Quant aux origines de l’État hébreu, elles remontent au IXe siècle avant notre ère, quand deux groupes de bergers ont fondé les royaumes rivaux de Judée et d’Israël.

Jérusalem, la capitale du roi David, n’aurait été à l’époque qu’un regroupement de bâtisses dispersées, régnant sur une région si restreinte qu’on devrait parler de fief plutôt que de royaume, selon Zeev Herzog. Mais cette dernière affirmation est contestée, d’autres archéologues soutenant qu’à défaut d’être somptueux, l’État sur lequel ont régné David et Salomon était substantie

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