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Quelles perspectives pour l’économie capitaliste ?

12 avril 2012, 08:20, par Max

Un coup de tonnerre a frappé la zone euro, mardi 10 avril. Après les quatre jours de trêve du week-end pascal, les Bourses du Vieux Continent ont toutes perdu entre 2,5 % et 5 %, le CAC 40 se repliant de 3,08 %, tandis que les taux d’emprunt des Etats les plus fragiles, Espagne et Italie en tête, ont fortement augmenté. Un accès de panique causé par plusieurs facteurs.

L’Espagne, source du regain de tensions Depuis plusieurs semaines, Madrid est confrontée à une défiance croissante des investisseurs : la faute à un déficit 2011 bien plus élevé qu’attendu, à une révision à la hausse du déficit 2012 et à des interrogations de plus en plus fortes sur la récession qui touche le pays. Le mouvement s’est accéléré après l’échec d’une émission obligataire le 4 avril. Mardi, les rendements des emprunts espagnols à dix ans ont grimpé à 5,94 %, au plus haut depuis le 6 janvier, contre 4,84 % le 1er mars.

Madrid a eu beau annoncer un plan d’économies de 27 milliards d’euros le 30 mars, puis, le 9 avril, proposer 10 milliards de coupes supplémentaires dans les dépenses d’éducation et de santé des régions, la confiance est cassée : "Les marchés sont visiblement réticents à accorder (au gouvernement espagnol) le bénéfice du doute", notent les analystes du cabinet Capital Economics.

Résultat, Madrid a beau rejeter avec vigueur le scénario d’une restructuration de sa dette, le sujet est de moins en moins tabou pour les marchés. Pour preuve, les credit default swaps (CDS) sur l’Espagne, ces produits financiers permettant de s’assurer contre la faillite d’un Etat, ne sont plus qu’à quelques encablures de leur record. S’assurer contre un défaut de Madrid coûte plus cher que de se protéger contre une faillite du Liban, et une fois et demie plus que les contrats sur la Roumanie !

Austérité, scrutins... : les vieilles peurs ressurgissent Partie de Madrid, la secousse affecte durement le marché de la dette italienne. La France, pour l’heure, ne voit ses taux que très légèrement augmenter quand ceux de l’Allemagne baissent considérablement. "Les investisseurs se posent de plus en plus de questions sur les échéances à venir : les élections législatives en Grèce, le référendum en Irlande sur le pacte budgétaire ou encore la présidentielle française. A cela, s’ajoutent de très fortes interrogations sur la croissance dans la zone euro", note René Defossez, stratégiste chez Natixis.

La BCE fait moins d’effet C’était "le" leitmotiv du début d’année : en déversant quelque 1 000 milliards d’euros sur les banques à travers des prêts à trois ans, la Banque centrale européenne (BCE) avait apaisé la zone euro. Grâce à ces fonds, les banques espagnoles et italiennes ont respectivement acheté, entre novembre 2011 et février 2012, 68 milliards et 98 milliards d’euros de dette publique. Las, l’effet de ces prêts s’est estompé. "Ces opérations ne pouvaient pas tout résoudre, juge M. Beffy. La BCE a maintenu le système bancaire à flot, mais il ne fallait pas s’attendre à ce que ces prêts à trois ans soient transformés en crédits à dix ans aux ménages ou utilisés durablement pour acheter des emprunts d’Etat." De plus, notent les analystes du cabinet Capital Economics, la BCE est désormais en retrait : à l’issue du dernier conseil des gouverneurs, son président, Mario Draghi, a renvoyé les Etats à leurs responsabilités.

Interrogations sur la croissance mondiale Les secousses agitant la zone euro ont été amplifiées par une série de mauvaises nouvelles en provenance du reste du monde. D’abord aux Etats-Unis, où le nombre de créations d’emplois en mars s’est avéré inférieur aux attentes. Ensuite en Chine, où la croissance des importations a ralenti le mois dernier à +5,3 % sur un an, alors que les analystes tablaient sur 9 %. Et ce, alors que les cours du pétrole restent élevés, à cause de l’Iran.
La fin de l’euphorie boursière Les marchés sont allés un peu vite en besogne. Le rebond des grands indices mondiaux depuis l’automne est impressionnant : entre son plus bas de la fin novembre 2011 et la mi-mars, le CAC 40 a bondi de plus de 27 % ! Les principales places mondiales ont toutes gagné entre 10 % et 15 % au premier trimestre. Le retournement n’en est que plus violent. D’autant que "les facteurs qui ont soutenu les marchés au premier trimestre - bonnes surprises américaines, politique accommodante des banques centrales, réduction des incertitudes politiques - disparaissent tous en même temps", souligne Jean-Baptiste Pethe, économiste chez Exane.

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