Accueil > ... > Forum 31696

Le matriarcat, ses causes et sa fin sous les coups de la guerre sociale

4 septembre 2018, 07:24

Le matriarcat chez les Bororos du Brésil, rapporté par Lévi-Strauss, dans « Tristes tropiques » :

« Les Bororos ne sont pas les seuls à posséder des villages circulaires… Ils semblent typiques de toutes les tribus du groupe linguistique gé qui occupent le plateau brésilien central, entre les rivières Araguaya et São Francisco, et dont les Bororos sont probablement les représentants les plus méridionaux. Mais nous savons que leurs voisins les plus proches vers le nord, les Cayapo, qui habitent sur la rive droite du Rio das Mortes et chez lesquels on a pénétré depuis une dizaine d’années seulement, construisent leurs villages de façon similaire, comme font aussi les Apinayé, les Sherenté et les Canella. La distribution circulaire des huttes autour de la maison des hommes est d’une grande importance… Le village circulaire de Kejara est tangent à la rive gauche du Rio Vermelho… Un diamètre du village, théoriquement parallèle au fleuve, partage la population en deux groupes : au nord, les Cera, au sud les Tugaré… La division est essentielle pour deux raisons : un individu appartient toujours à la même moitié que sa mère, ensuite, il ne peut épouser qu’un membre de l’autre moitié. Si ma mère est cera, je le suis aussi et ma femme sera tugaré. Les femmes habitent et héritent les maisons où elles sont nées. Au moment de son mariage, un indigène masculin traverse donc la clairière, franchit le diamètre idéal qui sépare les moitiés et s’en va résider de l’autre côté. La maison des hommes tempère ce déracinement puisque sa position centrale empiète sur le territoire des deux moitiés. Mais les règles de résidence expliquent que la porte qui donne en territoire cera s’appelle porte tugaré, et celle en territoire tugaré porte cera. En effet, leur usage est réservé aux hommes, et tous ceux qui résident dans un secteur sont originaires de l’autre et inversement. Dans les maisons de famille, un homme marié ne se sent donc jamais chez lui : sa maison où il est né et où s’attachent ses impressions d’enfance est situé de l’autre côté : c’est la maison de sa mère et de ses sœurs, maintenant habitée par leurs maris. Néanmoins, il y retourne quand il veut : sûr d’être toujours bien accueilli. Et quand l’atmosphère du domicile conjugal lui paraît trop lourde (par exemple si ses beaux-frères y sont en visite) il peut aller dormir dans la maison des hommes où il retrouve ses souvenirs d’adolescent, la camaraderie masculine et une ambiance religieuse nullement exclusive de la poursuite d’intrigues avec des filles non mariées. Les moitiés ne règlent pas seulement les mariages, mais d’autres aspects de la vie sociale. Chaque fois qu’un membre d’une moitié se découvre sujet de droit ou de devoir, c’est au profit ou avec l’aide de l’autre moitié. Ainsi, les funérailles d’un Cera sont conduites par les Tagaré, et réciproquement… Le chef de village est choisi obligatoirement dans un clan déterminé de la moitié cera, avec transmission héréditaire du titre en ligne féminine, de l’oncle maternel au fils de sa sœur… »

Un message, un commentaire ?

modération a priori

Ce forum est modéré a priori : votre contribution n’apparaîtra qu’après avoir été validée par un administrateur du site.

Qui êtes-vous ?
Votre message

Pour créer des paragraphes, laissez simplement des lignes vides.