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La trahison de la révolution russe a-t-elle commencé avec la signature des accords de Brest-Litovsk comme le prétendent les communistes de gauche tels Boukharine et Radek ?

11 juin 2012, 17:23, par Table rase

La révolution Russe d’octobre 1917 est l’un des événements les plus important de notre histoire. Qu’on s’en revendique ou qu’on la dénigre, elle est gravée dans la mémoire collective et façonne notre rapport actuel au monde. Le point de vue qu’on porte sur cette période est source de tension. C’est sur cette question que se fondent les principales différences entre les groupes politiques qui se réclament de la révolution, qu’ils soient marxistes ou libertaires. La compréhension de la dynamique et de la crise du pouvoir soviétique suite à cette révolution a été l’une des question les plus débattues au sein du mouvement ouvrier. Les positions de chacun vis-à-vis d’elle évoquent la manière dont chacun envisage la « révolution ».

Loin d’avoir épuisé la question, nous pensons qu’il est nécessaire d’y revenir et de continuer à s’interroger et à débattre sur cette séquence historique qui a changé l’histoire de l’humanité et notre conception du monde. Elle a rendu l’idée du communisme possible et concrète. Mais les développements en URSS ont également détérioré son contenu et par conséquent son image, au point d’en faire une perspective ni souhaitable, ni réalisable. Qu’est-ce qui a transformé cette perspective d’une société sans exploitation en un régime oppressif pour les travailleurs-ses ? Quelles sont les raisons de cet échec ?

Les critiques qui ont été faites aux orientations prises par ceux qui ont pris le pouvoir ont été nombreuses et rapides. Les critiques qu’ont pu faire les communistes allemands et hollandais, comme Rosa Luxemburg ou Anton Pannekoek. sur la politique intérieure et extérieure de Lénine et Trotsky, et plus tard, celles de ce même Trotsky contre la dégénérescence de l’Etat soviétique, sont connues. Mais, moins connues, les premières alertes sur la situation sont venues de communistes engagés dans le parti bolchevik et dans la révolution. Sur les mesures à mettre en place pour organiser la société dans le contexte de guerre civile (qui aboutira au développement d’un capitalisme d’Etat) et à propos de la question d’accepter la paix séparée avec l’Allemagne (Traité de « Brest-Litovsk »), un débat très vif se déroule dans le parti bolchevick, aboutissant à la naissance d’un fraction (composé de Boukharine, Ossinksi, Radek, Smirnov). Toutes les questions de fond qui émergent durant la première moitié de l’année 1918 en Russie sont portées par cette fraction de gauche du parti bolchevick dans les quatre numéros de la revue Kommunist. Plus tard, l’ « Opposition ouvrière » posera les questions de la continuité de l’esclavage salarié des travailleurs et travailleuses en U.R.S.S., et des méthodes de mise en commun des moyens de production. Elle formera une génération de militant-e-s qui, parfois bien avant Trotsky, rompront clairement avec la direction du parti bolchevique au nom de la situation faite à la classe ouvrière. Persécutés, ils tenteront soit de régénérer l’organisation à la base, soit de construire, à l’extérieur, un nouveau parti communiste.

L’association Table Rase vous invite à écouter et discuter avec deux militants ayant participé à la première traduction et édition en français de la revue « Kommunist » (aux éditions « Smolny »). Le jeudi 7 juin Marc Lavoine (auteur de la préface, avec Michel Roger) nous présentera cette fraction de gauche de 1918 et leur revue Kommunist ; il nous exposera les critiques qu’ils adressaient à la jeune révolution et les alternatives qu’ils proposaient. Et le vendredi 8 juin, dans la continuité, Michel Roger (également auteur de deux brochures sur « La Gauche bolchevik » de 1919 à 1927 et sur « Le Groupe ouvrier du Parti communiste russe » de 1922 à 1937) nous parlera davantage de la période comprise entre 1919 et 1927 et des différentes oppositions qui ont existé. Ainsi, nous regarderons et analyserons cet événement non de manière dogmatique, mais dans toute sa complexité, au cœur des rapports de force idéologique qui traversent et font vivre le mouvement révolutionnaire.

Il est plus que nécessaire, dans cette période de crise du système capitaliste que nous subissons actuellement, de continuer à tirer les leçons d’Octobre 17, car le monstre qui lui succéda continue d’être un obstacle à l’adhésion à l’idée et à la perspective du socialisme et du communisme face à la barbarie du système capitaliste. Ainsi ces échanges auront pour objectifs, non seulement de mieux connaître notre histoire, mais surtout de mieux envisager l’avenir...

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