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Le contrôle de la jeunesse est une arme contre toute révolution sociale.

28 juin 2012, 09:29, par F. Kletz

Sans le savoir, cher lecteur, vous apportez de l’eau à mon Moulin.

La bourgeoisie a créé l’école pour des fins qui lui étaient propres : éviter une révolution sociale.

Elle est en train de saboter les conditions d’apprentissage de la "jeune génération".

Il n’y a plus aucun sens à éduquer ou à apprendre à l’école. Pour éduquer, pour apprendre, les bandes et les religions sont bien plus utiles pour mettre la pagaille de façon à ce que les victimes s’en prennent aux victimes. Depuis au moins 20 ans, le système éducatif décrit ci-dessus est mis à mal de façon à avoir recours aux associations, aux retraités, aux militants de la lecture et de l’anti-illettrisme, et surtout ... au marché des boîtes de soutien scolaire.

Pourquoi ce soutien n’est-il pas mission de l’éducation nationale avec des formations prévues pour combattre l’illettrisme et des vrais salaires pour ceux qui aident les enfants et adolescents à domicile ?

Tout simplement parce que la bourgeoisie, celle qui a décidé un moment donné de créer l’école, a décidé depuis au moins le ministère Jospin, mais même depuis avant Mitterrand, de saboter santé et école. Le Mammouth a été dégraissé depuis Allègre : il n’est même plus un éléphant.

Attali proposait déjà cette idée de libéraliser santé et école avant l’élection de Mitterrand en 1981.

Quoi détonnant que le prof se prenne dans la figure la haine de la pensée, de la culture qui passe pour ne servir à rien puisque plus d’ascenseur social, s’il existait. Dans un monde fini, le système d’éducation est fini.

L’école dont les missions de sélection ont même été pointées par une certaine sociologie bourgeoise (Bourdieu, Les Héritiers, 1962), ne sert pas à transmettre la culture, mais à valoriser la culture bourgeoise, transmise excellemment par les familles bourgeoises, et beaucoup moins bien par les familles ouvrières ou des autres classes populaires, artisans, pécheurs, paysans.

Le seul rôle de l’école est donc de sélectionner les élites et de faire le tri. L’Éducation Nationale n’est donc qu’une sorte de plaque tournante, un Drancy généralisé pour l’orientation vers les camps que sont les usines, ou les prisons de luxe que sont les grands Lycées parisiens, les grandes écoles liées à l’armée. Exécutants ou dirigeants sont ainsi sélectionnés et orientés par l’école de la République.

Quand cette culture est remise en cause, quand même le minimum n’est plus assuré par l’école, quand le goût, bien bourgeois, de l’étude, n’est plus transmis dans les familles modestes, parce que la bourgeoisie a décidé de créer une culture populaire de masse qui permet le dégoût le la culture savante, quoi d’étonnant à ce que le prof qui aime son métier soit déconsidéré ? Quoi d’étonnant alors, qu’un prof qui croit dans la culture savante, littéraire, non-utilitaire dans un monde qui transmet la haine de la raison, la misologie, la haine de la culture, le mépris de celui qui maîtrise la langue, parce qu’il est perçu comme "parlant bourgeois", qu’il véhicule cette culture classique bourgeoise issue des Lumières, quoi d’étonnant alors qu’il se prenne cette violence subie par ses élèves dans la figure ?

Aimer son métier, aujourd’hui, est dangereux, que ce soit à l’hôpital, au collège, à l’école maternelle, primaire, au lycée, à l’université, à France, Telecom, à la Poste, au Pole Emploi, ou n’importe où.

Face à ce constat de la haine de la culture, des revendications, ou de l’envie de brûler l’école que ces jeunes subissent, faudrait-il que ce soit le ministre (plutôt que les profs) qui devienne leur interlocuteur (plutôt que les profs) qui se prenne cette violence (plutôt que les profs) ? Mais encore faudrait-il que ces élèves qui refusent toute culture, toute remise en question, parce que la remise en question permet aux violeurs d’abuser de ceux qui se remettent en question, aient accès à une connaissance de l’état bourgeois.

Et cela serait la mission d’un parti socialiste que de leur expliquer qu’il faut discuter avec un ministre. Certainement pas la mission des révolutionnaires, anarchistes ou communistes.

Que tu le veuilles ou non, que je le veuille ou non, un prof est le représentant de l’état et de la culture bourgeoise à abattre. Il est donc l’homme à abattre. Est-ce un mal ? Je ne sais.

Il reste que ces jeunes qui se révoltent aujourd’hui contre les profs seront demain le fer de lance de la révolution... ou de la contre-révolution, puisque l’une ne va pas sans l’autre.

Faut-il dénigrer ces jeunes incultes qui refusent de se cultiver bourgeoisement ? ou de se mettre à leur place, en se concevant comme victime comme eux ? et ainsi de réfléchir à la façon de leur proposer de s’auto-organiser le jour, pas si lointain, où ils souhaiteront en découdre avec cet État qui intervient en Libye pour casser la dynamique révolutionnaire du dit "printemps arabe" ?

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