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Le contrôle de la jeunesse est une arme contre toute révolution sociale.

1er juillet 2012, 22:20, par F. Kletz

1/ De quel tabou parlez-vous ? De quelle réalité censurée parlez-vous ? Je vous trouve un peu évasif sur cette question.

S’agit-il du tabou de parler des élèves en les qualifiant de barbare ? mais dans un monde de barbarie, vous voudriez avoir des anges dans votre classe ?

2/ De plus, vous détournez le sens de mes propos.

Je propose de vous mettre à la place des jeunes, d’imaginer comment le prof peut être perçu, et j’affirme qu’il est perçu comme représentant de l’ordre à abattre. Donc il est perçu comme l’homme (ou la femme) à abattre. La question qui suit dans mon précédent message vous permettait de discuter l’idée.

Nonobstant (mot que j’ai appris par ma mère et que je n’ai jamais entendu en classe), vous préférez entendre une insulte de ma part, là où vous subissez très probablement des insultes de vos élèves. Mais les insultes vous sont-elles destinées personnellement ? Sur la forme certainement, mais sur le fond, je pense qu’il s’agit de décrypter cette haine que tout prof se prend dans la figure.

Je ne pense pas que cette haine vous soit destinée personnellement, même si tout est fait pour que ce soit vous qui la receviez. C’est en ce sens que vous êtes autant victime du système éducatif que vos élèves. Mon texte n’exprimait rien d’autre, et précisait que la solution de s’en prendre au ministre plutôt qu’au prof ne changerait rien.

De là à dire que j’ai dit qu’il fallait "éliminer les profs", j’aimerais bien savoir où vous avez lu cela dans mon texte. Mon texte n’était en rien un programme politique, il essayait juste de décrire ce que les élèves ont en tête, à mon sens lorsqu’ils s’en prennent au prof, insulte ou pas.

Il m’apparaît que vous croyez beaucoup trop que ce sont les profs qui apportent une culture ce qui est un des mensonges les plus véhiculés concernant l’école, et ce depuis sa création ; peut-être y avez-vous cru, peut-être y croyez-vous encore, peut-être avez-vous encore envie d’y croire. L’éducation nationale est cependant depuis 1882 une tôle comme les autres, comme la SNCF, comme PSA, Renault, et tant d’autres. Je vous ai proposé des pistes pour discuter d’un système éducatif alternatif.

Des centaines d’expériences éducatives, pédagogiques ont eu lieu. Des dizaines de théories existent pour développer au sein de l’école une éducation alternative. Je pense qu’une telle école alternative est impossible sous la domination du capital et de l’accumulation du capital. Une révolution sociale dirigée par les prolétaires est nécessaire pour pouvoir réformer, inventer un système éducatif qui abolirait celui que vous et moi connaissons.

Si vous voulez croire à ce système mensonger de l’éducation nationale (EN), libre à vous, mais je pense que vous vous trompez.

Moi je dis qu’il faut abandonner un tel mensonge : une certaine sociologie dite critique, en réalité bien durkheimienne, celle de Bourdieu, a précisé que l’école ne sert qu’à sélectionner selon des normes bourgeoises les détenteurs d’une culture bourgeoise.

La culture bourgeoise se transmet dans les familles, et est validée par l’école.

Vous n’êtes pas d’accord, ou vous ne voulez pas voir la portée de cette idée qui démystifie pourtant, que vous le vouliez ou non les mensonges propagés concernant l’éducation nationale et l’école de la république. Ce qui est interdit de dire, c’est que l’éducation nationale est une organisation qui fait croire à son utilité, alors qu’elle est nuisible. Et tout enseignant a pour mission de faire croire à l’utilité et de ne surtout pas dire que l’éducation nationale est nuisible.

C’est le rôle qu’on vous demande de tenir en tant que prof. Et si vous ne l’assumez pas, vous êtes mis au placard, parfois même réformé. Voudriez-vous que les élèves vous approuvent si vous acceptez/acceptiez de tenir un tel rôle ?

Vous êtes, de fait en conflit entre une institution qui vous demande de jouer un rôle, et des élèves qui trouvent ce rôle insupportable. Le problème n’est pas le comédien, ni le metteur en scène, mais bien l’auteur et le scénario et la distribution des rôles, auxquels on vous demande de ne pas déroger.

Vous êtes victime de ce système, et vos élèves également. Et en tant qu’ancien élève, je l’ai probablement été moi-même. Car même lorsque vous dites que j’ai profité de l’EN, vous vous trompez, et vous exprimez votre foi dans ce système éducatif. Il faudrait analyser l’origine sociale et culturelle du milieu social dans lequel chaque individu a grandi. Je pense cependant que cela ne ferait que masquer les choses en individualisant le problème.

Je ne sais quelle idée géniale il faut trouver pour que les victimes puissent sortir du statut de bouc-émissaire de ce système qui crée frustration, souffrance, et victimes. Il reste que discuter de cette analyse me semble fondamental pour pouvoir s’orienter jour après jour dans ce système éducatif qui détruit les individus qui le portent ou qui le font vivre, ou encore qui l’utilisent.

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