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Sans titre

17 octobre 2012, 13:07, par Christian Camus

Bonjour,

Tout d’abord, par rapport à mon texte que vous indiquez, la version sur mon site doit être plus récente, cliquez ici. Vous l’avez aussi en version PDF. Il y a aussi d’autres textes qui vous concernent comme Il faut raison garder.
Vous me dites : « Le scientifique est engagé dans une démarche personnelle comme l’a montré maintes fois Poincaré (le physicien, mathématicien et philosophe). » Bien entendu, mais je parlais de la science, pas des scientifiques. Les scientifiques peuvent très bien être engagés dans une démarche philosophique personnelle — d’ailleurs, je ne vois pas comment il pourrait faire autrement, les théories ayant un caractère de scientificité sont tout à fait insuffisantes à régler notre vie — mais ce n’est pas de la science. Rien ne les empêche de faire, à côté de la science, bien d’autres choses, comme de la philosophie.
Vous me dites : « Pas de problème. Peux-tu me citer un texte ou un extrait dans lequel je nie des faits. » Je ne parlais pas spécialement de vous. Mais surtout, je vous fais remarquer que j’ai dit « nier ou ignorer ». Vous ne nier peut-être rien, mais alors vous devez sans doute ignorer.
D’autre part, il existe une façon de nier où celui qui nie n’a pas l’impression de nier car il justifie cette négation par des arguments qu’il croit rationnel. Et ainsi, c’est celui qui y “ croit ” qui est, à ses yeux, naïf ou crédule. Par exemple, en ce qui concerne le principe anthropique, est-ce que vous qui niez ou est-ce moi qui me suis laisser piéger par un raisonnement qui ne vaut pas un clou ? Ce n’est pas si facile à déterminer. D’autre part, il ne faut pas confondre raisonner et rationaliser. La différence est que dans un raisonnement la conclusion est à la fin, dans une rationalisation elle est au début. Les philosophes, et les intellectuels, sont d’ailleurs remarquablement habiles à ce petit jeu, ils possèdent des outils inaccessibles au commun des mortels. L’immense majorité d’entre nous adoptent les idées qui leur conviennent, qui les arrangent, les intellectuels aussi. Ils sont seulement plus habiles à les justifier.
Ainsi, l’honnêteté, la sincérité, la volonté de regarder la réalité en face quelle qu’elle soit, sont les conditions d’une démarche intellectuelle correcte, beaucoup plus que l’intelligence. Ce sont aussi les conditions pour qu’un authentique débat soit possible.
Mais je puis affirmer que dans l’ensemble de ceux qui se réclament du matérialisme il existe bien une négation. Certains d’entre eux peuvent être de bonne foi, mais nombre d’entre eux aussi non seulement ne prennent pas la peine d’examiner des phénomènes incompatibles avec leur façon de penser, mais les écartent avec mauvaise foi quand ils y sont confrontés. C’est évidemment pareil partout, ce n’est pas un travers spécifique aux matérialistes. En ce qui me concerne, je n’ai pas l’impression de nier quoi que ce soit, comme vous sans doute. Lequel de nous deux nie, ou raisonne de travers, ou ignore quelque chose ? Il me semble qu’il est intéressant de faire porter le débat sur des questions moins complexe que le principe anthropique.
Il existe tout un ensemble d’observations dont les matérialistes se désintéressent, et pour cause, je ne crois que le matérialisme pourrait tenir sans les ignorer. Je pourrais vous citer beaucoup de choses. Je me contenterai de vous citer ce qui me paraît le plus intéressant. À mon avis, ce sont les travaux de Ian Stevenson sur la réincarnation.
Il a observé des enfants (vers 3-4 ans) qui racontaient des vies qu’ils auraient vécu et donnaient bien des détails que Stevenson à vérifier et qu’ils n’étaient pas du tout censés connaître. Il a observé 2000 ou 2500 cas, la plupart d’entre eux ne sont sans doute pas très intéressants, il en a publié 26 en français et quelque chose comme 70, je crois, en anglais. Vous pouvez lire :
Biologie et réincarnation aux éditions Dervy
20 cas suggérant le phénomène de réincarnation aux éditions J’ai lu
La première raison pour laquelle je trouve ses travaux intéressants c’est qu’ils tendent à montrer l’existence de la réincarnation. S’il existe quelque chose comme la réincarnation, c’est un bouleversement formidable pour la pensée.
Stevenson était chef de service en psychiatrie à l’hôpital de Virginie. Il ne peut être soupçonné d’invention. Il connaissait très bien la méthode scientifique. À ma connaissance, il n’existe pas de critique sérieuse de ses travaux.
Il faut remarquer que Stevenson n’a jamais prétendu avoir prouvé la réincarnation. Il existe, en effet, des hypothèses alternatives qui pourraient expliquer ses observations. Toutefois, toutes ces hypothèses sont totalement incompatibles avec le matérialisme.
D’autre part, Stevenson présente pour vous un autre intérêt. Les statistiques montrent qu’en occident 20 à 25 % d’entre nous admettent l’idée de réincarnation (30 % chez les jeunes). C’est sans doute ce que les matérialistes appellent la montée de l’irrationnel. Les catholiques pratiquants sont aujourd’hui moins de 5 % et ça se déglingue à la vitesse V. Les spiritualistes de loin les plus nombreux sont aujourd’hui des réincarnationistes. Ce ne sont pas encore vos adversaires, les quelques intellectuels qui l’admettent s’écrasent, c’est sans doute plus prudent pour leur carrière. Mais il va falloir compter que, demain, ce seront eux vos principaux adversaires. Mieux vaut connaître leurs arguments, mais je gage que vous aurez plus de difficultés.
Vous risquez aussi de vous embarquer « dans le monde du changement radical ». C’est une aventure qui demande du courage car « Il est bien plus facile de mourir pour ses idées que de les mettre en question. »
Vous me dites : « Je crains fort qu’en voulant prouver qu’il existe des preuves scientifiques donc matérielles de l’existence de dieu, tu ne sois le meilleur éloge du matérialisme ! » Je ne prétends pas du tout prouver l’existence de Dieu. Mais au moins, la position matérialiste pourrait devenir très scabreuse. On pourrait peut-être même prouver la fausseté du matérialisme, au moins tel qu’on le conçoit en occident. Cela conduirait, au minimum, à un élargissement du matérialisme, c’est-à-dire de devoir admettre l’existence de mondes subtils.
Vous dites : Dans ces conditions, peut-on comme le fait Christian Camus défendre le principe anthropique fondé sur des raisonnements du type "si on change les conditions initiales de l’Univers" alors que l’histoire de l’Univers n’est pas un phénomène reproductible. »
Le principe anthropique ne se fonde pas uniquement sur la cosmogonie. D’ailleurs, les exemples que j’avais pris ne relevaient pas de la cosmogonie. Je ne suis pas astronome ou physicien pour pouvoir en discuter valablement, tout au moins par rapport à la cosmogonie.
Il y a beaucoup de matérialistes qui admettent le principe anthropique et qui imaginent une hypothèse lourde avec cette idée d’une multitude d’Univers. Pourquoi ont-ils pris au sérieux une idée qui les dérange énormément si elle ne vaut pas un clou ?
Vous dites : « comme expériences dites étonnantes des expériences dites mystiques dont nous parle Christian Camus » Je ne vous en ai parlé que pour répondre à la question de la foi, je n’en fais pas un argument. Je suis bien conscient que cela n’a qu’une valeur personnelle. Et aussi, je pense qu’une analyse externe faite par quelqu’un qui n’a pas fait une telle expérience ne vaut pas un clou. De plus, de telles analyses ne prennent généralement pas en compte l’expérience telle qu’elle est rapportée, mais celle-ci est déformée pour pouvoir parvenir aux conclusions voulues, choisies en fonction de la détermination à continuer à penser de la même façon coûte que coûte. C’est ainsi que le monde fonctionne.

Bien à vous
Christian Camus

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