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Film égyptien à ne pas pas manquer : les femmes du bus 678

17 septembre 2012, 19:20, par Robert

Pour ta gouverne, lecteur anti-musulmans, voici un extrait de notre texte sur l’intégrisme en Algérie qui montre à quel point nous refusons de combattre les intégristes musulmans comme tu nous en accuses..

« L’intégrisme, une option violente de la politique de la bourgeoisie

La classe dirigeante algérienne a joué tous les jeux possibles avec l’intégrisme. Elle l’a aidé, crédité, reconnu, financé, lui a accordé la gestion locale, l’a amené jusque dans l’antichambre du pouvoir. Puis, en se retournant brutalement, elle l’a combattu à mort. Demain, elle peut à nouveau s’allier avec lui. Tout cela sans que la population ne comprenne ce qui motive ces retournements et la violence de la guerre civile. Privée d’une compréhension des enjeux, la population pauvre a été complètement désarmée politiquement devant l’islamisme comme devant l’ entreprise du pouvoir militaire appelée l’“ éradication ”. Elle a été glacée non seulement par la vague de violence qui s’est abattu sur elle mais aussi parce qu’elle ne reconnaissait pas d’où venaient les coups.
Que représente l’intégrisme ? Quelle est sa force et comment le combattre ? Risquait-il de prendre le pouvoir ? Quels intérêts sociaux défend-t-il ? Quelle est la stratégie du pouvoir militaire à son égard ?
La carte islamiste a été une option politique brandie plusieurs fois par les leaders nationalistes, en particulier à chaque fois que des contestations sociales revenaient à la surface. L’islamisme n’est pas l’expression spontanée de la croyance des plus démunis. C’est un jeu politique et social d’éléments de la classe dirigeante qui, pour certains, ne sont même pas croyants. Il s’agit de mettre en avant ce drapeau de la même manière que l’on a mis en avant celui du nationalisme, afin de mettre les plus pauvres à la remorque de la classe dirigeante bourgeoise ou petite bourgeoise. La religion là-dedans occupe la place du socialisme pour le nationalisme : c’est juste la complainte. Ce n’est pas dans le texte religieux que les dirigeants politiques en question trouvent leur programme politique et social mais dans les aspirations d’une classe : la bourgeoisie. Et c’est pour cela que ces leaders ont besoin que leurs objectifs restent cachés car leurs troupes sont des pauvres et les dirigeants islamistes, eux, font partie de la bourgeoisie ou y aspirent.
Ainsi, lors de la montée du FIS, démasquer les islamistes aurait consisté d’abord à mettre en évidence ces liens entre FIS et bourgeoisie et entre FIS et pouvoir. Cela aurait nécessité qu’en face il existe une politique s’adressant aux travailleurs et à la jeunesse pauvre et qui ne soit pas seulement hostile à l’islamisme au nom de la démocratie bourgeoise républicaine mais radicalement opposée à la bourgeoisie et au pouvoir. Le radicalisme démagogique et faux des islamistes ne pouvait être dévoilé que par un véritable radicalisme social. Il n’y a pas de meilleur moyen de démasquer la démagogie islamiste vis-à-vis des milieux pauvres que de proposer aux opprimés de s’attaquer réellement aux classes dirigeantes. Mais c’est le contraire qui a été fait par les partis démocrates bourgeois.
Ils ne se sont nullement adressés aux milieux pauvres au moment où les islamistes pénétraient dans les quartiers populaires et les organisaient. Leur politique n’était en rien hostile à la classe dirigeante puisqu’ils ne contestaient que la forme politique du régime et sur le terrain social se faisaient au contraire les chantres de la bourgeoisie privée et du libéralisme. Les milieux les plus pauvres ont eu à choisir entre des démocrates bourgeois qui se souciaient de leurs souffrances comme d’une guigne et des militants qui vivaient parmi eux la vie des pauvres, qui organisaient la solidarité contre la misère, le manque d’éducation ou les tremblements de terre. Les islamistes n’ont pas gagné seulement parce qu’ils proposaient le paradis mais parce qu’ils répondaient, à leur manière, aux problèmes cruciaux des plus opprimés. Personne n’a offert d’alternative. Au moment du discrédit profond du régime après 88, les partis démocrates ne sont nullement apparus comme un pôle pour les plus pauvres pour lutter radicalement contre le pouvoir. Ils sont apparus seulement comme des officines politiciennes pour occuper la place due l’ancien parti unique. Le succès du FIS a été le produit du soutien à la fois des plus démunis et de la bourgeoisie, y compris du pouvoir.
En quoi le pouvoir et la bourgeoisie pouvaient avoir besoin d’un parti de démagogie religieuse se donnant une allure de parti radicalement opposé au pouvoir ? Au moment où le régime militaire venait de faire tirer sur la jeunesse algérienne d’octobre, le pouvoir et la classe dirigeante avaient besoin d’une fausse perspective vers laquelle orienter cette jeunesse révoltée. Il avait besoin de relancer l’option religieuse en un moment où c’est la lutte de classe, entre riches et pauvres, qui risquait de prendre le dessus avec la montée des luttes ouvrières menaçant de se lier à la révolte des jeunes et des quartiers pauvres. Après 88, le régime a choisi de reculer politiquement pour ne pas perdre le pouvoir. Il a supprimé le parti unique et organisé des élections mais il a eu besoin du coup d’un parti capable de capter les voix des plus pauvres sans être une menace pour la classe dirigeante. D’où le FIS. Jusqu’en 91, l’alliance du régime militaire et du FIS avec la caution de toute la bourgeoisie ne s’est pas démentie. Même les rodomontades des plus radicaux du FIS lors de la guerre du Golfe ne l’avaient pas vraiment remis en cause. Les attaques violentes, de type fasciste, des islamistes contre les femmes ou contre les intellectuels démocrates n’avaient pas interrompu cet idylle entre les galonnés et les barbus. Les attaques contre les grèves ouvrières, comme celle des éboueurs, avaient même enthousiasmé pouvoir et classe dirigeante.
Mais il y avait une limite. Le pouvoir militaire et la bourgeoisie qui lui est liée n’avaient entretenu le FIS que dans le but de conserver, eux, le pouvoir réel quitte à donner des ministères aux dirigeants islamistes pour les charger des licenciements dans les entreprises et de faire accepter l’austérité nécessaire au développement de la bourgeoisie. Ils n’avaient pas du tout l’intention de lui laisser les rênes. Et encore moins les coffres et les armes.
C’était compter sans la haine de la population pauvre à l’égard du pouvoir. Puisque l’on demandait à cette population de voter, elle a choisi de voter FIS pour exprimer non le soutien aux thèse réactionnaires des barbus du FIS mais son rejet violent du régime. Il s’en est suivi un raz de marée électoral au premier tour des élections, ce qui a amené le pouvoir à décider l’interruption du processus électoral. La guerre civile ne découlait pas immédiatement de cette seule décision. Elle provenait de causes plus profondes.
Donner le gouvernement aux islamistes alors qu’ils surfaient sur une vague populaire contre le pouvoir militaire c’était risquer de finir par leur donner tout le pouvoir. L’armée avait connu le même engouement que la jeunesse et certains milieux pauvres en faveur des islamistes. Il y avait donc le risque du développement d’une division entre pro et anti-islamistes au sein de l’armée et jusqu’au plus haut niveau si le pouvoir ne tranchait pas dans le vif. Et surtout, il ne faut pas oublier que toute la politique pour favoriser le FIS était dictée par la crainte de radicalisation sociale. Si le FIS était incapable de canaliser le mouvement social pour recréditer le régime militaire, ce dernier n’avait plus intérêt à le laisser se développer et gagner des positions.
Ce sont les chefs de l’armée qui ont décidé de la solution guerre civile pour pouvoir ainsi mener leur propre guerre, la guerre de classe, aux travailleurs et aux plus pauvres sous couvert de lutte contre les islamistes. Ils ont pu ainsi lancer des vagues d’arrestations, torturer, traiter violemment toute la population en se justifiant par la lutte contre le terrorisme. Quant à la lutte de maquisards du FIS, elle a très vite été circonscrite même si la guerre civile a continué comme mode de gestion de la société par le pouvoir, pour empêcher les grèves, les manifestations, pour faire pression sur toute la population. Pour punir les régions qui avaient voté FIS, le régime a laissé les terroristes écumer les villages, rançonner, enlever, violer, torturer. Pouvoir comme islamistes ont montré qu’ils étaient d’abord et avant tout des ennemis des classes populaires mais celles-ci étaient désarmées et prises entre deux feux.

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