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Que feraient les militants de Lutte Ouvrière s’ils défendaient une politique prolétarienne à PSA (Aulnay) ?

24 septembre 2012, 01:57, par Max

PSA : les réactions de Anne Valleron (CFE-CGC) et Jean-Pierre Mercier (CGT) à l’annonce de la suppression de 8 000 emplois en France (interview exclusive) - 12/07/2012

PARIS, 12 juillet 2012 - Jean-Pierre Mercier et Anne Valleron, respectivement délégué syndical central adjoint de la CGT et coordinatrice groupe de la CFE-CGC, réagissent à l’annonce (1) de la suppression de quelque 8 000 emplois au sein du groupe PSA en France, dont la fermeture du site d’Aulnay-sous-Bois (93), programmée pour 2014. La bataille est désormais engagée : il faudra gagner du temps et organiser une vaste mobilisation, indiquent-ils.

Liaisons Sociales : La direction vient d’annoncer la suppression de 8 000 emplois. Pouvait-on éviter cela ?

Jean-Pierre Mercier : Bien sûr qu’on pouvait l’éviter. Nous aurions pu répartir le travail sur les usines existantes et maintenir les emplois. Mais à la CGT, nous ne sommes pas surpris. Nous avions déjà révélé les plans de la direction il y a un an. Et c’est quasiment la même chose qui a été présentée aujourd’hui en CCE. Aujourd’hui, nous arrivons à la conclusion d’un an de mensonges de la direction qui nous disait notamment que la fermeture d’Aulnay n’était pas d’actualité. Ultime provocation, ce matin : la direction de l’usine a autorisé les salariés à appeler leur famille pendant une heure, avant de revenir au travail, comme si de rien n’était ! Outre la décision en elle-même, la manière montre le vrai visage de PSA, loin du dialogue social tant vanté, qui reste un groupe qui fait des bénéfices. Monsieur Varin a d’ailleurs rappelé ce matin que PSA disposait d’une sécurité financière de 10 milliards d’euros.

Anne Valleron : Depuis un an, on a perdu beaucoup de temps, notamment en raison du contexte électoral de la France. On pouvait faire les choses autrement. La direction aurait dû communiquer davantage, notamment sur la surproduction et les sureffectifs du site d’Aulnay. Ainsi, nous aurions commencé à imaginer les solutions, la reconversion industrielle, prévoir davantage la montée en gamme des véhicules, mais là le temps manque, nous dit-on

LS : Qu’attendez-vous des pouvoirs publics ?

J.-P. M. : Nous serions en droit d’attendre que le gouvernement contraigne PSA à ne pas supprimer les emplois et empêche la fermeture de l’usine d’Aulnay. Depuis notre rencontre du 18 juin (2) avec Arnaud Montebourg, nous n’avons reçu aucun coup de fil. Maintenant, on évoque de nouvelles aides de l’Etat pour PSA, mais avec toutes les subventions publiques déjà englouties par la direction, on peut être sceptiques sur les résultats, en termes d’emploi. Si c’est pour sauver seulement quelques centaines de postes sur les 3 000, cela ne suffira pas. Et pour l’instant, le gouvernement est passif. Nous ne devrons compter que sur nous mêmes pour changer la donne.

Anne Valleron : Les situations ne sont pas les même selon les sites. A Rennes, où PSA a annoncé la suppression de 1 400 emplois, cela va être très difficile, après des coupes sombres déjà effectuées ces dernières années (3). Même si la direction prévoit d’y faire construire un nouveau véhicule, ce qui devrait pérenniser le site. Mais c’est un site isolé de PSA, contrairement à Aulnay, situé en région parisienne, où d’autres sites du groupe peuvent permettre la reprise d’une partie des salariés. C’est un coup très dur porté, d’une ampleur véritablement choquante. Nous espérons que les pouvoirs publics se saisissent du dossier de PSA pour proposer une véritable politique industrielle, avec une reconversion. On a beaucoup parlé d’un label produit en France par exemple. C’est une idée à reprendre.

LS : Que comptez-vous faire désormais ?

J.-P. M. : PSA pense que nous sommes résignés, abattus, mais nous ne le sommes pas. Nous n’allons pas négocier la fermeture du site d’Aulnay. Nous allons nous battre comme des lions pour maintenir le site et les emplois menacés ailleurs. Nous n’allons pas rester les deux pieds dans le même sabot. Déjà, nous allons nous réunir sur le site, faire une grande assemblée générale à Aulnay, après le changement d’équipe. Nous allons nous organiser et réfléchir à la stratégie à mener. Puis il y a les vacances. Le 25 juillet (4) démarrera la phase de consultation des organisations syndicales, le début de la procédure classique de PSE. A partir de septembre, nous allons faire des actions médiatiques, qui feront mal à PSA. Et je précise que cela ne concernera pas que les salariés de PSA Aulnay. Nous nous adresserons aux autres salariés du groupe qui subissent déjà les dégâts, que ce soit à Rennes, mais aussi à Sevelnord ou à Sochaux. Nous irons aussi à la rencontre des travailleurs victimes aussi de ce patronat de combat, comme ceux d’Air France et de Sanofi. Il y aura aussi des débrayages, mais pas nécessairement, dans un premier temps, de grève massive et durable.

Anne Valleron : Nous ne sommes pas dans une logique de guerre, contrairement à nos homologues de la CGT. Car souvent quand on dit guerre, il y a des dommages collatéraux. Nous ne sommes pas forcément pour le maintien à tout prix de l’usine d’Aulnay, car si c’est pour faire couler tous les autres sites, ce n’est pas productif. Cependant, nous allons réagir. La CFE-CGC de PSA va se réunir le 18 juillet à la Bourse du Travail de Paris, avec nos représentants de tous les sites du groupe pour analyser les documents présentés par la direction et prendre une décision sur notre mobilisation. Il y aura aussi le début de la procédure, avec la nomination d’un expert chargé d’étudier le PSE. Nous devrons gagner du temps, et nous utiliserons tous les recours possibles. Outre le CE, il y aura probablement le CHSCT.

(1) Lire nos dépêches du 11/07/12 et du 12/07/12.
(2) Lire nos dépêches des 18 et 19 juin 2012.
(3) L’usine de Rennes-La Janais est passée en sept ans, de 12 000 à 5 800 salariés, en 2012.
(4) Outre la présentation des résultats semestriels, la direction de PSA dévoilera lors du CCE extraordinaire du 25 juillet la stratégie financière du groupe et détaillera les ajustements de ses investissements.

© AFP–Liaisons–Sociales
12/07/2012 - Dialogue et relations sociales - GRH et formation
Propos recueillis par David Giraud - Liaisons Sociales

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