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La politique de LO/CGT à PSA Aulnay, au travers des déclarations du dirigeant CGT, second porte parole national de Lutte Ouvrière

11 octobre 2012, 20:18

Il y a de nombreuses contradictions dans le discours de la CGT/LO/Mercier de PSA Aulnay :

 quand on pense que la lutte contre les licenciements ne peut gagner dans un seul site, dans une seule entreprise, on ne met pas en avant au début de la lutte que l’on va « transformer Aulnay en forteresse ouvrière ».

 quand on pense qu’il faut lutter ensemble avec tous les autres sites frappés de licenciements de PSA, car Aulnay n’est même pas la moitié des licenciements programmés par Peugeot, on ne met pas en avant comme objectif des travailleurs d’Aulnay « la production de la C3 à Aulnay ».

 quand on affirme que l’on n’a pas d’illusions sur ce que vont faire les Etats et les gouvernements, on ne se donne pas comme objectif premier d’être reçus par Sarkozy puis par Hollande ou Montebourg.

 quand on parle de répondre à la guerre des patrons par la guerre des ouvriers, on ne dit pas à ces derniers qu’il faut d’abord retarder les échéances en faisant appel à un expert. Expert en quoi ? Expert en endormeurs de luttes ?

 quand on veut élargir la lutte, ne serait-ce qu’aux entreprises du département, on ne met pas seulement en avant une banderole « non à la fermeture d’Aulnay » et on ne revendique pas « la C3 à Aulnay » parce que les entreprises du département ne sont pas concernées par ces revendications !

 quand on veut mener la lutte des classes, par les patrons eux la mènent, on ne met pas à sa tête un responsable nommé par l’appareil syndical parce que les appraeils syndicaux ont des fils à la patte avec le gouvernement, ; lequel a des fils à la patte qui le lient aux patrons.

Je te tiens, tu me tiens par la barbichette, telle est la scène à laquelle on assiste.

L’usine d’Aulnay est présentée depuis des mois et même plus d’une année comme le point phare d’un affrontement entre des travailleurs très organisés et nombreux et un patron de choc. Tout est fait pour faire croire que ce syndicat va mener une lutte radicale, qu’il va « être le cauchemar du patrn » et, catastrophe, que constate-t-on ? Qu’il n’y a pas de lutte ! Que, loin d’étendre leur colère à toutes les entreprises qui licencient, les syndicats ne proposent même pas de grève. La CGT/LO, au moment où le patron a annoncé son plan de licenciements et de fermeture a déclaré : « on ne lance pas la grève, on attend la rentrée, il ne faut pas se presser, c’est une course de fond pas une course de vitesse ». Mais la rentrée est depuis longtemps passée et rien. Où est le cauchemar du patron, où la guerre que nous promettait les déclarations de bluff de Mercier ? Il n’y a rien !

Tous les pièges sont là, faire croire d’abord que l’on est attaqués seuls par un seul patron quand toute la classe ouvrière est attaquée collectivement, faire croire que l’on peut se battre seul pour défendre un seul site, ne pas élargir la lutte, ne pas essayer qu’une minorité combattive entraine le reste, ne pas le proposer, ne pas armer les travailleurs de la connaissance des vrais enjeux, en présenter de faux….

Quand on veut que la lutte déborde, entraîne toute la classe ouvrière parce que c’est à cette échelle qu’est l’attaque, on ne passe pas tous ses discours, et Mercier a souvent la parole dans les média au nom de la CGT PSA, à dire « Varin va fermer Aulnay » et, quand on apprend que Varin supprime des emplois dans tout Peugeot, on ne continue pas à parler seulement pour Aulnay.

Bien sûr, on ne peut pas enclencher une lutte d’envergure à la place des travailleurs, mais c’est à nous de la proposer. On n’a pas entendu Mercier proposer cela. Au contraire !

Et si les travailleurs nous disent : « on ne veut pas vous suivre, ce que vous proposez est beaucoup trop radical, on n’en est pas là », eh bien un révolutionnaire se doit de répondre « dans ce cas, nous ne sommes plus à la tête, choisissez-vous d’autres et, si vous décidez de mener la lutte comme nous vous le proposons, alors seulement vous nous choisirez comme dirigeants ».

Ce qui se passe à Aulnay, c’est-à-dire l’enfermement de la lutte dans un piège, ne concerne pas que les travailleurs d’Aulnay ou de PSA, mais toute la classe ouvrière en France.

C’est la mise en place d’une longue chaîne pour enfermer les travailleurs dans un piège, manœuvre qui menace fondamentalement et historiquement l’ensemble de la classe ouvrière : le patronat tient le gouvernement, le gouvernement tient les syndicats et les syndicats tiennent les travailleurs et chacun ne tient que grâce au chantage. Le patronat dit au gouvernement, vous acceptez tout ce qu’on veut sinon on licencie et on ferme massivement. Le gouvernement dit aux syndicats : vous acceptez de négocier les « réformes » que veut le patronat sinon le gouvernement ne pourra pas vous aider. Les syndicats disent aux travailleurs : on doit aller négocier vos droits sinon on ne pourra pas vous défendre, assurer les emplois et les salaires.

C’est du chantage à grande échelle. Les syndicats eux-mêmes le reconnaissent mais ils acceptent d’y céder et ils imposent aux travailleurs de se prétendre leur représentant dans ces prétendues négociations. Le gouvernement lui-même le reconnaît mais cela ne l’epêche pas de s’en faire l’auxiliaire.

Patronat et gouvernement ont, disent-ils, besoin d’une « solution » pour pérenniser les emplois et qui consisterait à changer le cadre du contrat de travail. Le CDI serait généralisé en transformant le CDI en une espèce de CDD. La charge et les horaires de travail deviendraient flexibles sans coût supplémentaire pour le patron !

Le capitalisme est en roue libre

Organisations syndicales et partis de la gauche de la gauche prétendent critiquer les attaques anti-sociales en affirmant qu’il n’y aurait pas de crise, que les profits se porteraient bien (comme si, dans le cas inverse, les licenciements et sacrifices deviendraient justifiés !).

Mais, en agissant ainsi, loin de renforcer les luttes, il font perdre toute boussole à celles-ci en ne donnant pas la mesure de la situation et en refusant d’admettre que l’on se retrouve dans une période où la seule manière de se défendre socialement consiste à attaquer le système. Inversement, toute action réformiste est une trahison directe des intérêts de classe des travailleurs.

Le capitalisme est en roue libre. Le moteur, l’investissement productif privé, est en panne complète depuis cinq ans ! Ceux qui affirment que les Etats et institutions financières peuvent durablement y pallier mentent. Les plans de relance successifs, aussi impressionants soient-ils en termes de déversement de fausse monnaie soient-ils, n’ont rien relancé du tout ! Ils n’ont fait que retarder momentanément l’effondrement.

Et ni le gouvernement de gauche ni les partis de la gauche de la gauche, ni les centrales syndicales ne nous expliquent ce qu’est la cause cette situation du système.

Les uns nient l’existence d’une crise du système, les autres en prennent prétexte pour justifier les sacrifices pour les salariés, prétendant les uns et les autres détenir des « solutions pour relancer » ! Alors qu’il n’y a plus rien à relancer comme l’ont montré cinq années à le tenter à l’échelle mondiale…

On se garde bien de nous dire ce qui empêche les capitaux privés de s’investir dans l’industrie comme ils l’ont fait sans sollicitation pendant de nombreuses années !

Cette question, ni un syndicat, ni un parti politique, ni un homme politique, ni un ministre ne la soulève.

Pas plus à l’extrême gauche qu’ailleurs !

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