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La France entre en guerre au Mali et ce n’est bien sûr pas pour sauver le peuple malien menacé par des terroristes mais pour éradiquer la situation explosive de Bamako et s’assurer ses ressources en uranium, or et autres minerais ainsi qu’en pétrole

25 septembre 2012, 08:22

"Une centaine de membres des Forces spéciales françaises ont déjà été déployés dans la région", peut-on lire dans l’édition du Figaro, lundi 24 septembre. "Ils devraient être prochainement renforcés, notamment par les commandos de la Marine nationale. L’aide française comprend également des avions de patrouille maritimes, qui récoltent du renseignement, et un système de surveillance basé au Niger."

Un dispositif conséquent qui n’étonne guère Philippe Hugon. Si Paris milite activement pour qu’une force africaine se charge d’éradiquer la présence islamiste, l’État français s’occupe discrètement de former cette force. "La France a toujours été présente dans le pays via ses services secrets. Elle mobilise aujourd’hui son savoir faire pour former et soutenir les forces de la Cédéao, impuissantes à mener ce genre de combat seules."

Pourquoi Paris et ses alliés de la Cédéao désirent-ils envoyer des troupes au Mali ? S’agit-il d’aider Bamako à reconquérir les territoires du Nord qui ont proclamé l’indépendance de l’Azawad sous la houlette du Mouvement national de libération de l’Azawad (MNLA) ? S’agit-il de combattre les groupes islamistes d’Ansar Eddine et du Mouvement pour l’unicité et le Jihad en Afrique de l’ouest (Mujao) qui sont alliés aux combattants d’Aqmi et qui exigent non l’indépendance de l’Azawad mais l’application de la charia dans tout le Mali ? A moins qu’il ne s’agisse de défendre les femmes de Tambouctou fouettées pour relations sexuelles hors-mariage ou de punir ces jeunes de Bourem qui ont été fouettés pour avoir fumé et ceux de Gao qui ont été empêchés de jouer au football ou de regarder la télévision ? Mais pourquoi, dans ce cas, les armées occidentales n’interviendraient-elles pas en Arabie saoudite où le sort des femmes est loin d’être enviable ?

Il s’agit en réalité de prétextes car les véritables raisons pour lesquelles la France et la Cédéao voudraient envoyer des troupes résident ailleurs. La population de la région de l’Azawad a beau être très pauvre et en situation de quasi-famine, le sous-sol de cette partie du Sahel regorge de richesses naturelles (pétrole, gaz, uranium…) dont les multinationales occidentales sont avides. Le contrôle militaire de ces vastes contrées inhabitées suscite l’engouement des capitales occidentales qui souhaitent y disposer de bases militaires à l’importance stratégique avérée.

Les puissances extra-africaines cherchent par ailleurs à mettre en place des régimes stables, c’est-à-dire dociles. La démocratie instaurée en 1991 au Mali a beau être une coquille vide, elle présente le risque de voir un jour le peuple mal voter. Il convient donc de remédier au plus vite à cette inconfortable situation. C’est pourquoi la Cédéao a violé l’accord qu’elle avait signé avec les putschistes du capitaine Sanogo. En échange d’un retour de ces derniers dans leurs casernes, la Cédéao s’était engagée à lever l’embargo qu’elle avait décrété à l’encontre du Mali. Le mandat de l’ancien président Amadou Toumani Touré (ATT) était pratiquement arrivé à terme lorsqu’il fut renversé au mois de mars dernier. Une élection présidentielle était prévue pour le mois de mai. La Constitution malienne stipule que le président intérimaire ne doit rester en place que 21 jours au minimum et 40 jours au maximum. C’est la Cédéao qui a violé cette procédure en allongeant la période de transition et en accordant les pleins-pouvoirs à un Premier ministre choisi par un président intérimaire non élu par le peuple. L’objectif de cette manœuvre est de réécrire la Constitution dans un sens plus présidentialiste afin d’assurer la poursuite de politiques néolibérales qui permettent le pillage des richesses du pays – de ses terres agricoles en premier lieu – et une paupérisation continue de sa population : remise en cause de l’accès à l’éducation et à la santé, à l’approvisionnement en eau, en électricité… Même l’armée malienne a été touchée de plein fouet par les politiques d’austérité.

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